Chapitre 28 :

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Sa mère courue pour s’interposer, son fin katana dans sa main gauche. Elle bloqua un coup et hurla quelque chose à son adversaire, l’homme ne répondit pas, et d’un geste rapide trancha la tête de sa propre mère. Quelque chose souleva l’enfant qui regardait terrifier la scène, son père lui chuchota quelque chose à l’oreille, mais il ne comprit rien, il ne pouvait que voir le cadavre de sa mère sur le sol.

Le meurtrier les rattrapa en quelques foulées, comme si son énorme arme ne pesait rien, son père le déposa au sol, au milieu des flammes qui dévoraient la maison. Les lames s’entrechoquèrent, et le vainqueur du duel apparu directement.

Grand frère non !

Le cri ne dépassa pas ses lèvres, et l’arme s’enfonça dans le torse de son père au sol. Il leva les yeux, et croisa le regard de son ainé. Des larmes coulaient sur ses joues, et son visage été crispé, comme s’il souffrait énormément. Ses lèvres bougèrent, sans qu’aucun son n’en sorte, et il ne comprit pas tout.

Sho’Ryu, tu dois... sauver... pitié....

Il sembla hésiter entre deux choses, puis finalement il se détourna, laissant son petit frère seul au milieu de la maison enflammé.

Reviens ! Sale lâche !


— Reviens grand-frère !

Un cauchemar, le même que la dernière fois, même si cette fois il avait presque pu comprendre ce que Lao’Fu avait voulu dire. Il avait chaud et transpirait abondamment, il avait mal partout et coups de marteaux résonnaient dans sa tête.

— Tu crie toujours en te réveillant ? demanda une voix féminine à côté de lui.

La jeune femme lisait tranquillement à côté de lui, avant d’être interrompu par le cri du bretteur.

— Tu ferais mieux de rester couché, lui intima-t-elle calmement. Tes blessures sont très sérieuses.

Sho’Ryu se recoucha lentement, le lit était assez douillet, et la chambre en bois sentait bon et respirait le calme. La jeune femme lui sourit en fermant son livre, elle avait de beaux cheveux blonds lui tombant sur les épaules et des yeux bleu comme l’océan. Les traits de son visage était élégant et doux, elle avait vingt ans, un de plus que Sho’Ryu., Il la reconnut tout de suite, c’était serveuse du bar ou il s’était battu.

— Enfin réveillé ? Le docteur avait dit deux jours, mais ça fait déjà cinq, t’aimes bien dormir je me trompe ? Désolé au fait, je l’ai payé avec le peu que tu avais dans les poches, mais tu luis dois encore de l’argent. Tu as soif ?

— Euh... balbutia Sho’Ryu, surpris par son enthousiasme débordant. Oui avec plaisir.

Elle se leva pour aller chercher un verre d’eau. Il remarqua que ses deux épées étaient posées près de la porte. Elle revint rapidement et lui tendit un gobelet.

— Puis-je vous demander votre nom ? dit-il en buvant doucement.

— Maria, la fille du propriétaire du bar que tu as décidé de saccager, plaisanta-t-elle avec un grand sourire.

— Je... Je suis désolé, bafouilla-t-il. Mais je tiens à vous remercier d’avoir gardé mes sabres, c’est tout ce qu’il me reste.

— Ce n’était pas très difficile, avoua-t-elle. Des ivrognes ont voulu te les voler, mais ces idiots n’ont rien dans la vie à part l’alcool, facile de les convaincre avec quelques verres gratuits.

Sho’Ryu laissa échapper un petit rire, sans s’en rendre compte, il ne savait pas pourquoi, mais la bonne humeur de la jeune femme était contagieuse.

— Je peux savoir pourquoi vous vous êtes battus ? l’interrogea-t-elle. Il t’a appelé petit frère, vous êtes de la même famille non ? Pourquoi s’entretuer ?

— C’est une longue histoire, répondit Sho’Ryu en baissant la tête. Mais tout cela n’a plus d’importance à présent.

— Hum, dit-elle en le regardant du coin de l’œil. La manière dont il a fait apparaître son arme m’a fait frissonner, avoua Maria. C’est lui le méchant j’ai l’impression ?

— En quelque sorte, dit Sho’Ryu en laissant échapper un nouveau sourire.

— Dommage que tu n’aies pas gagné alors ! Enfin l’important c’est que tu sois encore en vie.

Tu aurais pu le tuer si tu étais plus fort, tu aurais dû triompher.

Sho’Ryu sursauta, surprit par cette autre voix féminine, il avait bien entendu quelque chose, pourtant les lèvres de Maria n’avait pas bougées.

— Quelque chose ne va pas ? s’enquit-elle.

— Non non... Tout va bien.

— Parfait, malheureusement je dois te laisser, j’ai du travail. Qu’est-ce que tu vas faire à présent ?

— Je... pris de court Sho’Ryu regarda ses deux armes. Je ne sais pas encore.

— Reste te reposer pour l’instant, je viendrais t’apporter à manger tout à l’heure. Si tu veux tu pourrais travailler pour nous, le bar appartient à mes parents, et on a bien besoin d’un garde pour la sécurité. Tu as l’air de bien savoir te battre, et tu pourras rembourser tous les dégâts que tu as causés.

— Je vais y réfléchir, accorda le samouraï en souriant.

Maria lui rendit, puis sortit rapidement de la pièce, laissant Sho’Ryu seul avec ses pensées.

J’ai perdu, et il s’est encore enfui.

Le bretteur regarda ses mains, maudissant sa propre impuissance. Il eut l’impression que ses lames aussi le jugeaient, elles aussi était déçu par celui qu’elles avaient choisis. Des larmes coulèrent sur ses joues, lui qui n’avait plus pleuré depuis la mort de ses parents. Il resta se morfondre pendant un long moment, avant de frapper du poing dans le mur.

Pleurer n’arrangera rien.

Sho’Ryu se leva en prenant tout son temps, sans écouter son corps qui lui hurlait de rester couché. Il n’avait aucune idée ce qu’il devait faire à présent, mais parler avec Maria lui avait fait du bien, alors il se décida à aller la voir.

Il descendit difficilement les escaliers, la chambre ou il était resté alité étant au-dessus du bar. Maria le repéra directement, et lui fit signe derrière le comptoir. Sho’Ryu s’installa sur un siège, l’ambiance s’était calmée lors de son arrivé, certains clients l’ayant reconnu.

— Tu avais déjà envie de me revoir ? plaisanta Maria.

— Je n’aime pas rester sans rien faire, répondit Sho’Ryu.

— J’ai remarqué ça, dormir plus de trois jours ce n’est pas ton truc, pas vrai ? Tu veux boire quelque chose ?

— Qu’est-ce que tu m’offres ?

— J’avais oublié que t’étais fauché, soupira-t-elle avec un clin d’œil.

Maria revint rapidement avec une choppe rempli d’un liquide ambré.

— Je la mets sur ton ardoise celle-là.

Le bretteur lui sourit puis commença à boire, l’alcool était parfaitement autorisé à Nijima, mais Sho’Ryu était un très mauvais buveur. A peine sa bière terminé, il se sentait déjà un peu flottant, mais cela le faisait aussi se sentir mieux. Derrière le comptoir Maria s’affairait non-stop, servant un client d’un côté, saluant les nouveaux arrivés, nettoyant les verres sales quand elle avait du temps. La jeune femme souriait en permanence, se déplaçant avec légèreté et dextérité. Un bruit de verre qui se brise coupa les observations de Sho’Ryu, suivit par des cris d’hommes alcoolisés.

— T’as renversé mon verre pauvre con ! hurla le premier.

— J’aurais du te le coller dans la gueule, répliqua le second. Peut-être que ça t’aurait arrangé !

Ils se levèrent, retenu mollement par d’autres clients, qui avaient en réalité très envie de voir une bagarre éclater.

— Oh merde, souffla Maria derrière lui.

— Comment vous faites dans ces cas-là normalement ? demanda Sho’Ryu en se forçant à articuler clairement.

— On paie Gorlon pour qu’il s’occupe de la sécurité, mais aujourd’hui il n’a pu nous fournir personne.

— Je vais te payer pour ta bière.

Sho’Ryu s’approcha calmement de la zone de conflit, il ne savait pas si c’était l’alcool, mais il avait l’impression d’être invincible.

— Calmez-vous les gueux, ordonna-t-il, sans se rendre compte des mots employés.

— T’as dit quoi l’étranger ?

En un instant, le bretteur avait réussi à capter toutes leurs agressivités, il leur indiqua la sortie du doigt.

— Rasseyez-vous tranquillement, ou je vous sors d’ici, les menaça-t-il.

— J’aimerais bien voir ça ! le défia le premier.

Son poing fonça tout droit vers le visage du Nijimien, qui eut l’impression de voir le coup arriver au ralenti. Il se décala pour éviter, attrapa le bras de son agresseur, et en utilisant son élan le fit passer par-dessus son épaule. L’ivrogne s’écrasa au sol avec fracas, Sho’Ryu se redressa avant de désigner le second perturbateur.

— C’est bon t’es calm...

Il avait foncé en avant, pour essayer de faucher les jambes du bretteur. Sho’Ryu bondit et décocha un puissant coup de pied dans le menton, qui fit tomber l’homme au sol, inanimé. Il atterrit avec difficulté, manquant de tomber avant de retrouver son équilibre.

Sho’Ryu retourna triomphalement vers le comptoir, sous les acclamations des autres clients qui avaient apprécié le spectacle. Il se rassit avant de se coucher sur le bois.

— Impressionnant ! fit Maria. Tu veux travailler pour nous alors ?

— Avant ça, murmura Sho’Ryu. J’ai un petit problème.

— Qu’est-ce qu’il se passe ? s’enquit la jeune femme, soudain inquiète.

— Je croie que les plaies se sont rouvertes.

Sho’Ryu s’endormit sur le comptoir, un grand sourire sur le visage.

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