Chapitre 25 :

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Luke se leva d’un bond, bousculant la table dans son mouvement.

— C’est n’importe quoi ! s’insurgea-t-il. Tu m’aides puis tu meurs ? Annule ce pacte tout de suite, c’est hors de question !

— Non, répondit calmement Eddie. J’ai enfin réussi à me libérer de mon destin, je peux enfin vivre sans devoir chercher des reliques constamment, je n’entends plus constamment ma famille me parler dans ma tête. Je ne me suis jamais senti aussi bien.

— Mais tu vas disparaître !

— J’aurais vécu comme je l’entends.

— C’est n’importe quoi ! il hésita une seconde avant de continuer, réfléchissant attentivement. Dans ce cas-là, je n’ai qu’à jamais retrouver la mémoire !

— La relique prendra le contrôle dès maintenant alors, répliqua Eddie. Si tu ne veux pas retrouver la mémoire, alors j’ai déjà accompli ma quête.

— C’est n’importe quoi !

Il sortit de la maison en claquant la porte, et l’on entendit Reina lui hurler par la fenêtre de ne pas s’agiter autant. Elise regarda attentivement le Chafe, il ne ressemblait plus à l’égoïste qui avait malgré tout protégé son visage, ni à la personne désespérée qui avait abandonné son ami, il avait l’air plus calme, apaisé, et surtout heureux.

— Mais dis-moi, dit la jeune femme, brisant le silence. Pourquoi jamais personne dans ta famille n’a tenté de briser la malédiction, comme toi ?

— Elle-même l’empêchait, expliqua Eddie. On devait trouver de nouvelles reliques, c’était vital, mes ancêtres ne pouvaient pas aller à l’encontre de ce besoin.

— Et toi ? Comment tu as fait ? il ne lui répondit pas, lui souriant simplement, et elle comprit. C’est grâce à Luke ?

— Il y a quelque chose en lui, je pense que tu l’as ressenti toi aussi. Je sais pas ce que c’est, mais cette magie à interféré avec celle de mon cœur, et m’a permis de le défier.

— On est deux à avoir été sauvé par lui j’ai l’impression, conclu Elise avec un grand sourire.

La porte s’ouvrit de nouveau et le principal intéressé, plus calme, rentra de nouveau.

— La nuit tombe, il commence à faire froid, dit-il, l’air gêné.

— C’est bon ! clama Sokann en revenant dans le salon. Il y a deux chambres à l’étage, Reina est assez généreuse pour nous laisser dormir chez elle.

— Merci beaucoup, dit Elise. Quant à toi, ajouta-t-elle à l’attention de Sokann. Tes explications ne m’ont pas totalement convaincu, t’as encore une dette envers nous ne l’oublie pas.

Le trio souhaita une bonne nuit à la chirurgienne, puis monta pour obtenir du repos bien mérité. Reina prit congé de Sokann, pour se rendre dans sa propre chambre.

— Euh... Et moi ? demanda-t-il, tout penaud.

— Il te reste le tapis, répondit-elle, l’air très sérieuse.

— Merci...


Les deux hommes dormirent dans la même chambre, ayant laissé l’autre à Elise. La magie de la chirurgienne commençait à s’estomper, et Luke dut d’allonger lentement pour éviter la douleur. Il réfléchissait à quelque chose depuis tout à l’heure, et il devait en parler à son ami.

— Ça te convient vraiment ? De m’aider puis de mourir ?

— C’est grâce à toi si je peux faire mes propres choix, répondit Eddie. J’ai choisi librement de donner ma vie pour toi.

— Arrête de dire des trucs aussi gênants ! se moqua Luke. Je préférais quand tu voulais tuer tout le monde.

— Je pense que dès demain j’en aurais l’occasion, plaisanta-t-il en retour.

— On va trouver un moyen de te sauver, dit sérieusement l’amnésique. Je retrouverai la mémoire, et tu vivras, libre.

— Ne fais pas des promesses que tu ne pourras pas tenir, le prévint Eddie.

Ignorant l’avertissement, Luke s’endormit rapidement.


Tout autour de lui on s’agitait, mais il n’y prêtait pas attention. Sho’Ryu avait réussis à semer ses poursuivants, puis à se cacher en attendant que la situation calme. Plusieurs heures plus tard il avait entendu des habitants discuter, parlant entre eux de leur déception de ne pas avoir pu mettre la main sur les fuyards, et que c’était les hommes de Gorlon qui les avaient capturés.

Impossible qu’ils se soient fait avoir, il a forcément menti.

Le samouraï avait de toute façon ses propres problèmes à réglés. Il demanda ou était situé le bar « Le repaire » aux premiers passants, et ils lui indiquèrent la direction, l’air surpris. Ses vêtements bleus le faisaient ressortir au milieu de l’ambiance morose et terne de la ville souterraine, ils devaient se dépêcher avant que Gorlon ne soit prévenu.

Sho’Ryu s’arrêta devant un bâtiment en bois, légèrement délabré, il n’eut pas besoin de lire l’écriteau pour comprendre que c’était ici, il sentait sa présence, il était ici.

Il pénétra dans l’établissement, dehors la nuit devait être en train de tomber, et le bar était rempli de clients bruyants. Une jolie serveuse blonde l’interpella, mais Sho’Ryu l’ignora, ses yeux rivés sur une seule personne. Il était calmement assis, seul autour d’une table, le fixant avec un sourire en coin. Le sang du jeune guerrier ne fit qu’un tour, il dégaina son arme et se jeta en avant. La lame frappa mais l’homme s’était déplacé sur le côté, et la table fût séparé en deux. Tous regardèrent ce qui venait de causer un tel vacarme, sans comprendre ce qu’il venait de se passer.

— J’ai cru que tu n’arriverais jamais petit frère, dit l’homme en terminant de boire sa bière.

Il se leva en jetant son verre. Ses longs cheveux noirs attachés en queue de cheval virevoltèrent autour de lui, il était le sosie de son frère, seul l’âge le différenciait. Sa veste en fourrure blanche tomba sur le sol, dévoilant un kimono noir, ainsi qu’un médaillon semblable à celui de Sho’Ryu, mais orné d’un symbole différent.

— Tu vas enfin payer pour ce que tu as fait.

— Je n’attends que ça ! répondit son ainé avec un grand sourire.

La lame noire fusa vers la nuque, mais Lao’Fu bloqua avec sa main, le katana fut stoppé comme s’il avait rencontré une autre épée. Un coup de pied frappa Sho’Ryu en pleine poitrine, l’envoyant en arrière. Le sourire sur le visage de son grand frère disparu.

— J’espère que tu as bien progressé Sho.

Lao’Fu remonta sa manche gauche et une plaie commença à s’ouvrir sur son bras, le manche d’une arme en sortit. Il l’attrapa et tira de toutes ses forces, il en dégagea une énorme épée grise à deux mains, le bout de la lame était brisé. Trois traits brillants et un œil était gravé sur l’arme, et une aura étrange s’en dégageait, la colère de Sho’Ryu s’en retrouva décuplée. Tous les clients du bar se mirent à hurler en prenant leur distance, de peur d’être prit dans le duel.

Les deux combattants s’élancèrent en avant.


Sho’Ryu ouvrit difficilement les yeux, il était allongé sur le sol son katana noir dans la main droite, sa tête contre le comptoir. Tout son corps lui faisait mal sans qu’il ne sache pourquoi. Il regarda devant lui et vite une gigantesque épée lui foncer dessus pour l’empaler. Il roula sur le côté in extremis, et la lame s’enfonça dans le mur sans aucune difficulté. Son frère la retira sans forcer.

— Qu’est-ce qu’il t’arrive Sho ? le provoqua-t-il. Tu as fais tout ce chemin pour ça ?

J’ai perdu connaissance pendant une seconde ? pensa Sho’Ryu. Lao’Fu repassa à l’attaque, il maniait son énorme arme avec une facilité déconcertante, la tenant parfois d’une main comme si elle ne pesait rien. Sho’Ryu esquiva un coup de peu, mais le suivant lui entailla le bras gauche, une blessure supplémentaire. L’ainé jouait avec son petit frère, il retenait chacune de ses attaques, n’infligeant que des blessures superficielles.

— Bats-toi sérieusement ! hurla Sho’Ryu.

— Pourquoi faire ? Tu n’arrives déjà pas à me suivre !

La haine parvint à faire oublier la douleur à Sho’Ryu, tout en lui redonnant un élan d’énergie. De sa main libre il dégaina sa seconde arme, et se lança dans une dernière offensive, sacrifiant toute défense au prix de l’attaque. Le blanc et le noir se confondirent dans une symphonie de coup, il accélérait et accélérait encore, visant chaque ouverture qu’il pouvait voir, en vain. Lao’Fu rendit inutile tous ces efforts sans difficulté, et repoussa son petit frère d’un mouvement de son énorme lame.

— Tu ne vaux pas mieux que père, dit Lao’Fu.

Il attrapa la table la plus proche, et la jeta en avant comme s’il s’agissait d’une petite pierre. D’un geste vertical, Sho’Ryu la trancha en deux. Son frère s’était jeté en avant, profitant de l’angle mort crée par le projectile. Son pied fusa, et fit mouche en pleine poitrine, propulsant le jeune samouraï en arrière. Il passa à travers la fenêtre dans un grand fracas, et atterrit lourdement au milieu de la rue, ses deux lames à côtés de lui. Sho’Ryu tenta de se relever, mais son corps ne lui répondait plus. Il entendit les pas de Lao’Fu qui s’approchait calmement.

Désolé, je suis trop faible, je n’ai pas pu vous venger, pensa Sho’Ryu, tandis que son frère s’accroupissait à côté de lui.

— C’est déjà fini ? cracha Lao’Fu avec dédain. C’est vraiment toi que les lames jumelles ont choisies ?

Sho’Ryu n’eut pas la force de répondre, il attendait juste que son frère prenne sa vie.

— Tu ne vaux même pas la peine que je te tue.

Il attrapa son petit frère pas les cheveux, pour le soulever et le regarder dans les yeux.

— Je te donne une dernière chance, rejoins-moi au Royaume d’Egen, et tue-moi.

Lao’Fu le lâcha, et s’en alla sans rien dire de plus. Son petit frère tenta de se lever, de l’insulter pour sa lâcheté, mais son corps n’avait plus aucune énergie. Il entendit des bruits de pas tout autour de lui. Sho’Ryu ne tenta pas de résister à son envie de fermer les yeux, il avait failli, une fois de plus, il ne méritait pas de vivre plus longtemps.

Juste avant de perdre conaissance, il entendit une voix de femme s'approcher. 

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