Chapitre 14 :

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Une vingtaine de minutes plus tard, le calme était revenu ainsi que les clients du bar. Le gérant amena leur repas à Luke et son groupe, un ragoût appétissant, composé de patates et de quelques morceaux de viandes.

— J’ai bien l’impression que vous vous êtes tombés dans une arnaque, leur dit-il en posant le plat.

— Je l’ai vu faire un signe au soldat, soupira Luke, avant de fusiller Elise et Eddie du regard. C’est vraiment dommage qu’ici les gens parlent sans réfléchir !

— Désolé... dirent-ils en se servant copieusement.

— Écoutez, ajouta le patron en se retenant de rire. J’ai assisté à bon nombre de tournoi, et jamais je n’ai vu Borcha perdre. Il frappe fort, encaisse bien, et malgré sa taille il est assez vif.

— Si vous essayez de me rassurer, c’est réussi, l’interrompit Luke.

— Excusez-moi, ce que je veux dire c’est qu’il parait invincible, mais je suis sûr qu’il a une faiblesse. Je vous promets de parier ce que vous m’avez payé sur votre victoire, c’est ma façon de vous soutenir.

— Autant jeter votre argent par la fenêtre, plaisanta l’amnésique.

Le barman les salua, puis les laisse pour s’occuper d’autres clients. Le groupe mangea rapidement, puis monta à l’étage se reposer dans leurs chambres. Celles des trois hommes comportait trois lits, ainsi qu’un accès au balcon commun. Sho’Ryu déposa son sac et ses armes, puis se jeta sur le matelas le plus proche.

— Demain je t’entraîne Luke, marmonna-t-il. Tu vas lui montrer.

— C’est ça, t’as vu la différence de poids ? A main nue j’ai aucune chance.

— Rien n’est moins sûr, affirma Eddie. Moi je te vois bien l’envoyer au tapis.

— C’est plus facile à dire qu’à faire.

Luke termina de ranger ses affaires, puis se décida à sortir prendre l’air. Il ouvrit la porte et trouva Elise assise à une table, emmitouflé dans une couverture épaisse.

— Tu vas prendre froid, prévint l’amnésique.

— Je préfère faire ça dehors, répondit-elle en montrant un livre. Le mana est plus simple à entendre.

— Qu’est-ce que tu fais ?

Il s’approcha d’elle pour regarder par-dessus son épaule, encore une fois il tomba nez à nez avec des caractères illisibles.

— Tu réécris ton grimoire ? Il était abimé ?

— Non il est en parfait état. Je suis entrain d’en faire un autre, avec des sorts de foudre cette fois-ci. J’ai entendu le mana lorsque Livink utilisait sa lance, j’essaye de reproduire la même chose.

— Wow... T’es sacrément douée tu sais.

— Je fais de mon mieux, dit-elle doucement. Si mes parents étaient-là, j’aimerais qu’ils soient fiers de moi.

— En tout cas je suis sûr que Fulbert l’est, assura Luke.

La jeune femme ressentit un pincement au cœur, mais se concentra davantage sur son travail, pour ne pas laisser ses émotions la dominer. Après une dizaine de minutes elle releva la tête, Luke regardait le ciel étoilé en silence.

— C’est quoi ton objectif ? demanda-t-il, pensif. Qu’est-ce qui t’as fait venir avec nous ?

— Eh bien... J’aimerais retrouver mes parents, ou au moins savoir qui ils étaient.

— Et si tu ne les trouves pas ?

— Alors j’étudierais la magie, et je serais la meilleure dans ce domaine, ajouta-t-elle en souriant. Et toi qu’est ce que tu feras si tu ne retrouves pas la mémoire ?

— Je... Luke marqua une pause, et toucha l’arrière de sa main droite. Je ne sais même pas si je veux vraiment la retrouver.

— Pourquoi ? s’étonna Elise.

— J’ai des visions parfois, des morceaux de mon ancienne vie qui passe devant moi. Je ne comprends pas tout à chaque fois, mais j’ai l’impression que je n’étais peut-être pas quelqu’un de bien. Quand je t’ai aidé pour ton village, j’avais l’impression d’y être obligé, comme si j’avais des péchés à expier.

La jeune femme vit de la fatigue, ainsi qu’une profonde tristesse sur le visage de son ami.

— Et alors ? dit-elle.

— Et alors quoi ? répéta l’amnésique sans comprendre.

— Dans le pire des cas, qu’est-ce que cela peut faire qui tu étais avant ? Ce qui compte c’est qui tu es maintenant, et les décisions que tu prends aujourd’hui.

— Mais j’ai hésité à vous aider ! s’emporta Luke. J’avais la sensation que c’était la chose à faire ! Pourtant une partie de moi me hurlais de partir, sans Sho c’est sûrement ce que j’aurais fait.

— Au final, tu as pris la bonne décision, non ?

— Oui, mais...

— Alors tu es une bonne personne, assura-t-elle en souriant. Celui que tu es aujourd’hui n’a rien à avoir avec celui d’avant, tu es libre de faire ce que tu veux ! Que ton affrontement avec Borcha ait lieu ou non, c’est à toi de le décider ! Tu as le droit de ne pas vouloir récupérer tes souvenirs.

Dès qu’elle eut finit sa phrase, Elise se leva d’un bond en jetant sa couverture sur Luke.

— Que ?

— C’est pour que tu n’attrapes pas froid, je reviens.

Elle réapparu à peine deux minutes plus tard, avec un épais livre entre les mains. L’amnésique l’avait déjà aperçu, c’était celui qu’Elise avait fourré dans sa sacoche avant la bataille.

— Je n’ai jamais pu m’en servir, avoua-t-elle en le posant sur la table. C’est la seule chose que mes parents m’aient laissé, les sorts inscrits à l'intérieurs sont indéchiffrables à mon niveau.

Elise lui indiqua la couverture, un œil violet était représenté, et derrière lui deux spirales s’emmêlaient. Luke la regarda d’un air interrogateur.

— Et ou veux-tu en venir ? Je ne pense pas pouvoir t’aider à le déchiffrer malheureusement.

— Juste comme ça, se justifia-t-elle, l’air gênée. Il se fait tard tu devrais aller te reposer tu ne penses pas ?

— Si, approuva-t-il en se levant. Merci Elise, ça m’a fait du bien de discuter avec toi. J’espère qu’on retrouvera la trace de tes parents à Aria.

— De rien Luke, bonne nuit.

— Bonne nuit.

Il lui rendit sa couverture, puis retourna dans sa chambre. Elise soupira en s’emmitouflant, la nuit devenait de plus en plus froide. Quelque chose tomba du toit derrière elle, et la jeune femme se retourna en sursautant.

— T’es fou de me faire peur comme ça ! s’offusqua-t-elle. Depuis quand tu nous espionnes ?

— J’étais juste monté là-haut pour fuir Eddie, se défendit Sho’Ryu. C’est quand tu as sorti le livre que j’ai écouté.

Le samouraï désigna l’étrange symbole sur la couverture.

— J’ai vu exactement la même chose à deux reprises. Dans le bureau de Livink, mais malheureusement les papiers ont pris feu dans la bataille, et sur la main de Luke.

— Tu l’as vu aussi ? demanda Elise. J’ai même cru entendre Livink lui demander comment il l’avait obtenu.

— Tu as une idée de ce que ça signifie ?

— Aucune, et il ne l’a pas reconnu quand je lui ai montré, lui-même n’est pas conscient de posséder cette marque.

— Elle ressembla un peu à celle qu’il y a sur l’épée de mon frère, murmura Sho’Ryu.

En voyant la tête d’Elise, il comprit qu’il avait parlé tout haut. Il fit mine de réfléchir pour se diriger vers sa chambre mais la jeune femme le retint par son manteau.

— Je ne suis pas sourde tu sais ! se moqua-t-elle. Ton frère, c’est la raison pour laquelle tu as quitté Niijima ?

Sho’Ryu lista les options qu’il avait à sa disposition pour ne pas raconter la vérité, mais il réalisa vite qu’il ne servait à rien de mentir.

— On va voyager encore un moment ensemble, insista-t-elle. Tu peux m’en parler.

— Je n’ai pas trop le choix, soupira-t-il en s’asseyant. Je suis à la recherche de mon frère, et sur son arme il y a aussi un œil qui ressemble à celui sur ton livre.

— Mais pourquoi tu cherches ton frère ? demanda Elise.

— Pour le tuer, et venger ma famille.

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