Chapitre 7 :

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Il l’avait eu ! Presque à bout portant en plus ! Il devait être le meilleur mage du monde à coup sûr, ou au moins dans les dix meilleurs.

Théoblaste essuya la transpiration qui coulait sur son crâne lisse. Heureusement que son dernier sort avait fait mouche, il se serait évanoui s’il avait tenté d’en lancer un autre.

Il agita le bras pour faire signe aux autres de s’écarter, il méritait bien de voir le résultat de ses efforts ! Le corps calciné du fou furieux gisait sur le sol, ventre contre terre, cette espèce de malade les aurait tous tué sans sa superbe intervention.

Quand même, avec une telle explosion, c’était un exploit que l’homme soit encore entier. Pourtant il ne faisait aucun doute, son sort l’avait touché de plein fouet. Sa veste était roussie à plusieurs endroits, et son dos nu était noirâtre.

Livink avait déboursé une fortune pour acheter le grimoire que Théoblaste tenait dans ses mains. Lui seul s’était montré capable de l’utiliser, non sans difficulté. Et même s'il n'avait pas encore réussi à former sa barrière, il progressait de jour en jour dans la magie.

Le cadavre à ses pieds en était à ses pieds.

Je dois récupérer une preuve pour le général !

— Reculez-vous autres ! clama-t-il a l’intention des soldats. Je ne sais pas s’il est encore en vie !

C’était un mensonge, bien sûr qu’il savait que l’homme était à présent mort, comment aurait-il pu survivre à un sort du grand Théoblaste ?

Le mage se baissa pour récupérer l’épée dans sa main, cela ferait une preuve parfaite de sa réussite. Il tira un coup sec sur le manche, sans résultat. Malgré tous ses efforts, impossibles de lui arracher l’arme, la poigne du cadavre était impossible à défaire. Le magicien lâcha l’arme en jurant, il allait devoir emprunter l’épée d’un autre soldat.

Il se retourna, et sentit une intense chaleur lui traverser l’estomac. Théoblaste baissa les yeux et vit une lame entourée de flamme. Ses jambes se dérobèrent et il tomba comme un pantin désarticulé.

— Tu aurais dû écouter ton propre conseil, dis la voix derrière lui.

Des tâches noires parsemèrent sa vision, il n’allait pas mourir quand même ? Il était le meilleur mage de tous les temps.

Il cligna des yeux, et fut plongé dans les ténèbres.

— Co... comment ? s’exclama un soldat au visage extrêmement laid.

Débarrasse-toi de celui-là en premier, c’en est difficile de le regarder.

— Vous vouliez vraiment tuer un Chafe avec du feu ? C’est la pire idée que vous auriez pu avoir !

C’était un mensonge, le sort avait bien manqué de le tuer.

Eddie commençait à subir le contrecoup physique de ses blessures, il voyait un peu flou.

Ça n’allait pas l’empêcher de tous les tuer.

Il poussa nonchalamment sa victime du pied et attrapa la poigne d’Ignis. La relique lui répondit en dévoilant ses plus belles flammes.

— Vous êtes prêts ?

Eddie se jeta sur un premier homme, si vite que le soldat n’eut même pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait. La lame enflammée traversa l’air pour lui entailler profondément la poitrine. Sans temps mort, il effectua une rotation sur lui-même pour en attaquer un autre, qui para tardivement avec sa propre épée. Ignis dévora le métal avec voracité, et tandis que l’acier fondu coulait sur le sol, l’arme s’enfonça profondément dans l’épaule du soldat.

— Attaquez la putain ! hurla un homme un peu en retrait. Il est tout se…

Il ne termina jamais sa phrase, une épée jeté avec férocité remplaçait son nez.

Le combat se poursuivit avec brutalité. Chaque coup était infligé avec violence, sans aucune retenue. La férocité d’Eddie contrastait avec la beauté des flammes poursuivant les mouvements de son arme. En à peine quelques secondes cinq soldats supplémentaires gisaient au sol. Les deux derniers lâchèrent leurs armes. Eddie, recouvert de sang, les regarda reprendre leurs chevaux attachés sur la place du village, avant de s’enfuir en direction de l’avant-poste. Des lâches, mais des lâches vivants.

Eddie transpirait à grosse goutte, il en avait décidément trop fait. Il arracha la flèche de son épaule, et laissa échapper un cri de douleur quand il cautérisa la plaie. Il retira l’épée de son abdomen et fit la même chose.

Ignis se souciait peu de qui elle brulait, l’important était qu’elle puisse déchaîner ses flammes.

Eddie avait mal, tout son corps souffrait, et son cœur le punissait pour avoir autant utiliser son pouvoir. Pourtant il se sentait bien, pleinement vivant, comme à chaque fois qu’il tuait.

— J’ai soif, dit-il tout haut.

Eddie s’approcha des chevaux, qui était resté calme malgré tout le vacarme. Il enfourcha le premier et se mit en route, autant le village et ses habitants il s’en fichait bien, mais laisser Livink en vie après ce qu’il venait de faire ? Hors de question.

Ce lâche là n’allait pas s’en sortir.

Plusieurs bâtiments occupaient l’avant-poste. Il y avait des écuries, des dortoirs, ainsi qu’une tour de plus grande taille. Selon les informations des villageois c’était là que le bureau de Livink devait se trouver. Le plus grand se dressait en face de lui, avec une tour, dans laquelle devait se trouver le fameux bureau de Livink.

Luke vit Sho’Ryu sauter de la muraille du coin de l’œil, son allié roula sur le sol et se mit à courir comme si de rien n’était. Un homme tenta s’interposa entre lui et le bâtiment principal, sans succès.

Luke reporta son attention sur le reste de la grande cour, il avait ses propres problèmes. Cinq soldats les regardaient avec appréhension, les seaux d’eau qu’ils avaient emportés pour éteindre les flammes tombèrent bruyamment au sol.

J’espère que mes talents d’orateur fonctionneront aussi bien qu’au village.

— Ecoutez moi ! cria-t-il, assez fort pour que tous l’entendent. Nous ne sommes pas obligés de nous battre ! Le roi nous a lui-même dépêché pour que l’on se débarrasse de Livink. Si vous nous aidez, tous vos crimes seront pardonnés.

Un petit mensonge, qui partait du principe que les hommes comprenaient que réduire un village entier en esclavage était horrible.

Deux soldats semblèrent pris de court par cette déclaration, envisageait-il de se rendre ? Ou réfléchissaient-ils à la meilleure manière de tuer les deux intrus ?

— Tu crois qu’on va écouter deux gamins ? tonna le plus vieux des chevaliers en face d’eux. Fallait nous faire ton discours avant d’exploser la porte, maudit chien !

Il n’a pas entièrement tort.

Les deux soldats se reprirent en entendant le discours de leur collègue, et attrapèrent leurs armes. Luke aperçu d’autres hommes arriver depuis les écuries et la seconde porte de l’avant-poste.

Ils allaient se faire submerger.

Elise le tira par la manche de sa veste.

— Par ici ! indiqua-t-elle en indiquant un bâtiment sans fenêtre sur leur droite.

Luke esquiva une hache de lancer qui lui trancha quelques mèches, et se précipita vers la porte. Il l’ouvrit rapidement puis fit rentrer Elise avant de verrouiller le loquet. Il avisa l’étagère juste à côté, et il la fit basculer pour bloquer l’entrée, envoyant divers objets sur le sol.

Ça devrait les retenir un peu.

Ils étaient rentrés dans un genre de réfectoire, plusieurs tables étaient alignées pour pouvoir manger. Un escalier descendait au fond de la pièce, et six hommes armés en sortirent. Le vacarme causé par l’étagère avaient dû les avertir.

— N’approchez pas ! ordonna Elise.

Elle levait son grimoire pour le mettre en évidence, et une flamme dansait le long de sa main gauche.

— Que se passe-t-il ? demanda un des soldats, méfiant.

— Nous sommes des alliés, le roi nous as envo…

La porte tressaillit derrière lui, et une hache transperça le bois. Un homme maigrichon leva une courte épée.

— Je n’ai pas l’impression que nous soyons amis.

— Ne t’approche pas, répéta Elise en articulant avec lenteur.

— C’est la fille du maire ? s’exclama un autre soldat. Quelle chance !

Les six hommes commencèrent à s’approcher en dispersant dans toute la pièce. Elise tendit le bras gauche et une sphère enflammé -bien plus petite que celle qui avait explosé la porte – jaillit de sa paume avant de frapper le maigrichon en plein visage. Ses cheveux ainsi que ses vêtements prirent feu quasi instantanément.

— Attention !

Un soldat s’était jeté en avant, et Luke dégaina son épée pour dévier un coup de hache adressé à Elise.

— On n’est pas obligé de se batt...

— Ferme la ! rugit son adversaire en se préparant à frapper horizontalement.

J’aurais essayé.

Luke se baissa au dernier moment pour éviter le coup, et balança sa lame qui frappa au genou. Emporté par son élan, son adversaire tomba en avant et s’empala sur l’arme de Luke. Elise avait jeté deux sorts supplémentaires, la première boule de feu avait manqué sa cible, mettant le feu à une table, la seconde attaque avait touché à l’épaule, mais le soldat s’était débarrassé de sa manteau avant qu’il ne prenne feu.

Il restait quatre hommes, et derrière eux la porte résistait encore. Luke croisa le regard d’Elise.

On va s’en sortir.

— Arrêtez ! tonna une voix.

Un homme apparu au fond de la pièce, il venait du sous-sol lui aussi. Il avait coiffé ses cheveux noirs en une longue queue de cheval, et portait une tenue bleue semblable à celle de Sho’Ryu. Un katana pendait à sa ceinture. Ses yeux bridés semblaient s’amuser de la situation. Il caressa son bouc du bout des doigts. Elise paru surprise par son arrivé, et Luke aussi.

L’inconnu n’était pas habillé comme les hommes de Livink, et l’aura qu’il dégageait était tout aussi différente.

— Qui es-tu ? demanda Elise. Je ne t’ai jamais vu au village avant.

— Mes excuses, je n’ai pas eu l’occasion de venir vous rendre visite. Enchanté, je suis un mercenaire venu de Niijima. Je me nomme Lan'Ru .

Lan’Ru s’avança avec souplesse, et l’instinct de Luke lui cria de fuir.

Ce n’était pas prévu dans le plan ça, il est dangereux.

Livink avait renforcé ses effectifs ? C’était sans doute la pire nouvelle possible. L'homme en face de lui était combattant d'élite, aucun doute là-dessus.

Les trois soldats restants reculèrent pour se ranger derrière lui.

— Réglons ça tous les deux, tu veux bien ? Inutile que le sang des faibles coules davantage.

Un des hommes allait prendre la parole pour contester, mais le regard de Lan'Ru le fit taire. Il dégaina nonchalamment son katana et s’avança vers Elise et Luke.

— Je n’ai aucune idée de ce que vous venez faire ici, mais si tu comptais défier Livink, j’espère que tu sais te battre. Montre-moi donc ce que tu vaux.

Inutile d’essayer de le convaincre celui-là, j’aurais dû écouter Eddie putain !

Luke se mit en position, prêt à mener le combat.

Livink arrivait enfin à l’avant-poste, son cheval n’en pouvait plus, le général l’avait poussé jusqu’au bout pour rentrer le plus rapidement possible. A sa grande surprise la porte était détruite, ainsi qu’une partie de la muraille. Il énuméra mentalement les différentes possibilités; il était impossible que les villageois aient des explosifs, de toute manière une explosion aussi précise ne pouvait être du qu’à un grimoire.

Comment ces paysans ont-ils obtenus un tel objet ?

Livink cessa de réfléchir s'avança, sur sa droite ses hommes tentaient de défoncer la porte du réfectoire, tandis que d’autres apportaient de l’eau pour éteindre le début de feu.

Ce fut cependant autre chose qui capta toute son attention. Des bruits de lutte et des cris de douleur sortirent de la tour, de sa tour. On voulait atteindre son bureau.

Ils osent me défier sur mon propre territoire. Très bien, les intrus du réfectoire peuvent attendre.

Livink sauta de son cheval et s’avança d’un pas rapide vers le bâtiment principal. Quiconque s’y trouvait, il allait devoir mourir. Personne ne devait mettre les mains dans ses affaires.

Fulgur grésillait dans sa main.

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