Chapitre 10 - Spell Magic

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Tw : Tw : Explicit Sexual Scene / Bully / Drowning



 C’était leur premier rendez-vous depuis sa “pause” pour ses révisions. Aujourd’hui marquait l’avant dernier examen semestriel, Emi avait donc décidé de reprendre du service. Pas par gaité de coeur, loin de là, mais le frigo se vidait. Au moins, elle avait pu prévenir Natsu et faire en sorte que ce soit son premier client pour sa reprise, elle n’avait pas la tête à supporter quelqu’un d’autre de toute façon. Il lui restait encore un examen le lendemain, il fallait qu’elle soit un minimum en état pour le passer. Natsu ne lui ferait rien, il n’y aurait pas de mauvaise surprise.

 Et pourtant elle avait le ventre noué. Le bruit de ses talons résonnant sur l’asphalte la stressait plus que prévu. Le même salaryman que d’habitude la précédait, et elle n’avait pas eu à attendre longtemps sur le trottoir pour que Natsu lui envoie son émissaire favori. Mais elle ne se sentait pas bien. Ils n’avaient pas reparlé de ce qui s’était passé cette nuit là, échangeant de simples banalités par messages tout au plus. Elle le confronterai ce soir au sujet de son adresse, elle était tout aussi angoissée que déterminée à cette idée. Certes, elle se tracassait pas qu'à ce sujet.

 L’homme qui l’accompagnait regardait son téléphone de temps à autre afin de vérifier le trajet. Natsu avait décidé d’un nouvel hôtel et le pauvre homme bataillait pour trouver l’adresse exacte ; ils étaient revenus sur leurs pas plusieurs fois, éprouvant une terrible difficulté à se servir correctement du gps et Emi commençait à avoir les mains gelées. Elle avait oublié à quel point elle pouvait avoir froid, à arpenter ces trottoirs par ces températures glaciales. Mais après plusieurs minutes de marche et de “Je me suis trompé de direction, désolé”, l'hôtel cinq étoiles où Natsu l’attendait était enfin devant elle.

 Comme à son habitude, l’homme qui l’accompagnait était rentré avec elle dans le hall, lui indiquant le numéro de chambre et s’installant au bar. Il lui avait dit qu’aujourd’hui il l’attendrait, il avait eu pour nouvelle consigne de la raccompagner afin de s’assurer qu’elle rentre chez elle sans encombre.

 Un membre du personnel l'escortait jusqu’à la chambre, et les quelques minutes d'ascenseur qui la rapprochait de Natsu semblaient durer une éternité. Elle en avait presque envie de vomir. Pourquoi ? Car elle avait peur de sa réponse. Elle devait reconnaître qu’elle s’était… attachée à lui. Elle était terrifiée qu’il lui mente sur toute la ligne. Pourquoi connaissait-il son adresse ? Est-ce que leur rencontre au conbini était véritablement une coïncidence ? Il fallait qu’elle lui demande, et tant pis si la réponse ne lui convenait pas. Devant la porte, elle inspira à plein poumon, comme pour se charger de courage.

 Son coeur rata un battement. Oui, bien sûr qu’elle avait prévu de le confronter, mais comment le pouvait-elle ? Assis devant elle, il avait revêtu cette chemise blanche qui lui seyait à merveille, ses cernes avaient disparu, l’éclat de ses iris était revenu, ses cheveux de jais toujours en bataille. Bordel. Lorsqu’il avait relevé le regard vers elle pour lui adresser son sourire en coin habituel, Emi sentit une nouvelle sensation dans son ventre. Elle n’avait plus envie de vomir, c’était autre chose. Putain. C’était quoi ça. Elle ferma les yeux pour reprendre ses esprits. Concentre-toi Emi, n'oublie pas l'objectif de la soirée. D'accord. Peut-être après l'avoir embrassé alors. Ses lèvres étaient toujours aussi douces et agréables, il portait toujours le même parfum mais aujourd'hui il ne sentait absolument pas la cigarette, c'était inédit. Elle adorait le contact de ses mains sur ses hanches lorsqu'il goûtait ses lèvres…

 Non Emi. Garde la tête sur les épaules.

 Il s'était éloigné d'elle et rejoignait d'ors et déjà le bar où il prit une bouteille de whisky.

— Je te sers un verre ?

— Natsu, il faut qu'on parle.

— Je sens que je vais avoir besoin d'un verre, n'est ce pas ?

 Il ignorait totalement Emi qui s’était installée dans un fauteuil, jambes et bras croisés. Natsu prit tout son temps pour se servir puis s’installa face à elle, verre en main, attendant sagement de subir l'interrogatoire qu’elle lui avait préparé.

 Elle trépignait ; comment aborder la question ? Il semblait impassible, savourant son whisky et ne semblait pas inquiet le moins du monde. Elle le détestait. Même dans ce genre de moment elle souhaitait se lover contre lui comme ils avaient tant pris l’habitude de le faire lors de leurs rendez-vous.

 Elle se leva, décidée, et s'assit sur ses jambes face à lui, plongeant son regard plein de détermination dans le sien. Il ne prit pas la peine de réagir, son sourire en coin indiquant qu’il se délectait de la scène.

— Natsu, comment ça se fait que tu as mon adresse ? questionna-t-elle, la colère perceptible dans sa voix.

— Quitte à m’en prendre plein la tête, tu ne souhaites pas retirer ton manteau ? Que je puisse au moins apprécier la vue.

— Ça ne me fait pas rire. Et qu’est-ce qui me dit que notre rencontre au conbini tenait du hasard aussi ?!

 Elle s’était agrippée à sa chemise, afin de pouvoir passer sa colère sur quelque chose. Mais Natsu eu pour seule réaction d’éclater rire, désarçonnant la jeune femme au passage. Il profita de ce court instant pour passer ses mains sous son manteau qu’elle n’avait pas pris le temps d’enlever, et les balada sur le corps quasi dévêtu d’Emi, la défiant du regard.

— Réponds moi au moins, souffla-t-elle, désespérée par son comportement.

— Quelle réponse souhaites-tu entendre, la vérité ou un mensonge ? Un mensonge sera surement plus agréable à entendre.

— La vérité, Natsu.

— Tu la connais déjà, Emi. Tu te voiles simplement la face et tu veux me l’entendre dire à voix haute.

 Emi resta silencieuse. Il avait raison, elle se doutait de sa réponse.

— Alors explique moi pourquoi tu as fait autant de recherches sur moi, et comment tu as su où j’étais l’autre soir.

— Je ne peux pas.

— Et pourquoi ça ?

— Si je te l’explique, en plus d’être en colère, tu seras en danger. Tu l’as compris, Emi, n’est-ce pas ? Que je n’étais pas vraiment fréquentable.

 Oui. Il ne s’en était jamais vraiment caché. Depuis le meurtre du sénateur à sa connaissance des différents clans de yakuza de la ville, en passant par sa richesse ; elle l’avait pressenti. Elle ne voulait pas l’admettre, mais elle le savait depuis le premier soir. Elle ferma les yeux, essayant de toute ses forces de contrôler ses larmes qui montaient. Préférait-elle vivre dans son doux mensonge et apprécier chaque moment à ses côtés ou souhaitait-elle entrer dans son monde ? Elle n’était pas prête pour la dernière option. Pas du tout.

— Dis moi au moins pourquoi tu voulais me voir la dernière fois, puisque tu sembles me faire suivre. Ne me dis pas le reste, je ne veux pas savoir, tout compte fait.

 Il captura ses lèvres en guise de réponse, l’embrassant avec passion, mordillant sa lèvre inférieure par intermittence.

— Tu me manquais. Voilà pourquoi j’ai demandé à savoir où tu étais.

— Tu es un sombre idiot.

— Je sais.

— Et je n’ai aucun moyen de savoir si tu le penses vraiment quand tu me dis ça.

— Que je suis un sombre idiot ? Je t’assure, je le sais.

 Emi leva les yeux au ciel en pouffant de rire. Elle avait les yeux humides, et Natsu entreprit d’essuyer les larmes qui s'apprêtaient à dévaler ses joues. Elle se sentait vraiment stupide ; et si Natsu se jouait d’elle depuis le début ? Elle fonçait droit dedans. Le pire dans tout ça, c’est que même si une partie d’elle implorait de s’éloigner loin de lui, elle avait décidé de ne pas en tenir compte. Advienne que pourra, elle comptait bien apprécier ces moments qu’ils passaient ensemble. Et tant pis si tout n’était que mensonge.

— Est-ce que tu as de nouveau eu … un épisode de douleurs, Emi ? Comme celui que tu as eu dans le parc, demanda-t-il doucement, soudainement inquiet.

— Non, non je n’ai rien eu depuis.

— Tu as une idée de quoi ça peut venir ?

 Elle eut une moue gênée et se releva, profitant par la même occasion pour retirer son manteau. Ensemble en dentelle noire aujourd’hui.

— J’ai vaguement une idée, avoua-t-elle à demi voix. Mais pour tout te dire, ce n’est pas vraiment ça qui m'inquiète le plus.

 Il arqua un sourcil dans sa direction, attentif, buvant dans un même temps son verre de whisky, posé à côté de lui.

— Je t’en avais parlé la dernière fois. J’ai eu confirmation aujourd’hui en reprenant du service. Il a été décidé que je pouvais ramener plus, beaucoup plus, alors mon quota a été augmenté. Ils l’ont carrément doublé.

 Elle faisait les cents pas à côté du lit, sous le regard imperturbable du brun. Jouant machinalement avec ses cheveux et en fixant ses pas, elle continua :

— La dernière fois c’était passé de justesse, et essentiellement grâce à toi. Mais je vais devoir… diversifier mes activités.

 Elle s’était assise entre temps sur un divan, le regard perdu dans le vide.

— Et tu penses être prête à coucher avec plus d’hommes ?

— Pas vraiment, non… Mais je me disais que…

 Ses joues devinrent soudainement pourpre, un peu de honte, mais essentiellement parce qu’elle était autant gênée d’en parler que de l’envisager.

— Oh oh, ricana Natsu, te voir rougir pique ma curiosité. Vas-y Emi, dis moi donc ce à quoi tu penses.

 Il s'était assis à ses côtés, rapprochant un peu plus son visage du sien.

— Peut-être que…Je pourrais juste… Je ne sais pas, juste faire ça avec ma bouche ? Ça dure moins longtemps, et ça apporte pas mal d’argent, articula-t-elle difficilement.

— Qu’est-ce que tu entends par “faire ça avec ta bouche”, enchaîna Natsu, d’un ton sarcastique.

— Oh voyons! Tu as très bien compris ce que je voulais dire, je ne vais pas te faire un dessin !

— Pourquoi pas, tu pourrais même me montrer directement le fond de ta pensée ?

 Elle s’était figée sur place. Il ne passait pas par quatre chemins lorsqu’il voulait quelque chose, c’était certain. Emi avait les joues en feu et détournait le regard, dans quel bordel s’était-elle mise ? C’était sûr qu’il réagirait ainsi si elle lui en parlait. Elle l’avait même… Envisagé. Mais y songer et passer à l’acte restaient deux choses différentes.

 Elle ne savait même pas comment s’y prendre. D’accord, elle avait regardé une vidéo ou deux sur un site pour adulte pour essayer de comprendre un peu… Mais maintenant qu’elle était sur le point de le faire, c’était le blackout total.

 Son souffle chaud dans sa nuque la ramena à la réalité. Ses lèvres effleuraient sa peau, ses doigts caressant les parties nues de son corps ; elle frissonna. Elle croisa rapidement son regard : Natsu jubilait. “De nous deux, il y en a au moins un que ça enchante” pensa-t-elle.

— Je suis prêt à me sacrifier pour la science, me dévouer pour que tu apprennes, soupira Natsu.

— Bah voyons.

 Ils éclatèrent de rire ensemble alors qu’il la portait sans difficulté jusqu’au lit. La jeune femme essayait de se raisonner. Il avait des défauts, il lui cachait des choses, mais elle savait qu’elle ne regretterait pas si elle le faisait pour la première fois avec lui. Il ne lui ferait pas de mal, il avait toujours été compréhensif et doux. Elle se le répétait plusieurs fois alors qu’il l’embrassait tendrement dans la nuque, mordillant parfois son lobe d’oreille. Bien plus détendue qu’il y a quelques minutes, elle se concentra sur sa respiration. Ne pas paniquer. Beaucoup de personnes arrivaient à le faire, pourquoi pas elle après tout.

 Elle passa sa main dans ses cheveux bruns, tandis qu’il déboutonnait sa chemise de sa main libre. D’accord. Elle était censée faire quoi ensuite ? Aucun mode d’emploi en vue. Elle commençait à paniquer ; c’était totalement différent de ses rendez-vous avec ses autres clients où elle se laissait totalement faire.

 Comme s’il avait lu dans ses pensées, Natsu prit délicatement une de ses mains qu’il passa sous sa chemise, lui indiquant gentiment de caresser son torse.

 Emi n’avait jamais exploré le corps de Natsu ; si ce dernier avait les mains baladeuses sur sa personne, elle se rendait compte qu’elle ne l’avait jamais encore touché. Alors elle se mit à le découvrir. Sous les arabesques qu'elle traçait sur sa peau, elle sentait la forme de ses abdos, finement dessinés. Il l'embrassait avec plus de fougue au fur et à mesure que ses mains glissaient sur son corps. Emi devait l'admettre : c'était agréable de le voir dans cet état, de sentir son corps excité sous ses caresses.

 Profitant d'un moment de répit entre deux baisers, Emi baissa les yeux. Elle voulait le voir, le contempler. Sa chemise ouverte laissait son torse à sa mercie, son ventre se soulevait à un rythme saccadé, trahissant son excitation. Il n'y avait pas que ça qui le trahissait. Là, juste en dessous de sa ceinture, comprimé par son jean noir qu'il n'avait pas encore déboutonné, son sexe dur. Emi hésita un instant et l'effleura à travers son pantalon ; le bassin de Natsu ondula instinctivement sous la caresse, il en voulait plus. Mais l'anxiété de la jeune femme revenait en force… Elle se mordait la lèvre inférieure en le regardant, comment pouvait elle savoir s'il aimerait ce qu'elle ferait ?

— Est ce que ça va ? Dit-il d'une voix basse, un peu plus grave que d'habitude.

— Oui oui, balbutia Emi, le regard fuyant. C'est juste que… j'ai peur de mal m'y prendre.

 Il la gratifia d'un sourire rassurant, la ramenant dans ses bras par la même occasion. Natsu plongea ses yeux dans les siens, un regard si doux qu'elle se sentit immédiatement rassurée, ses angoisses envolées.

— N'aie pas peur de me faire mal, ça n'arrivera pas. Et si tu veux savoir si j'aime ce que tu fais, regarde moi, écoute moi. Il pressa un peu son bassin contre le sien avant de reprendre. Ma respiration, mon corps… Tu le sauras, ne t'inquiète pas pour ça.

— Mais comment être sûre de ce que je dois faire ?

 Il se mit à rire doucement.

— Il n'y pas de protocole particulier, Emi. C'est toujours différent, d'une personne à une autre.

 Elle acquiesça en le regardant. Très bien. Elle essaierai de faire comme il venait de dire. Ça ne devait pas être bien sorcier après tout. D'une simple pression sur ses épaules, Emi allongea Natsu et se mit au dessus de lui. Il la regardait attentivement, un sourire aux coins des lèvres, passif, ravi qu'elle prenne quelques initiatives.

 Elle le trouvait beau, lui qui semblait soudainement vulnérable. Descendant un peu plus à chaque caresses, elle se heurta une nouvelle fois à son pantalon. Elle eut un rire nerveux en s'énervant sur le bouton de sa braguette, c'était peut être ça le plus compliqué finalement ; ce foutu bouton au niveau de sa braguette. Natsu s'esclaffa à son tour et retira le bouton d'un simple geste :

— Donne moi deux secondes, souffla-t-il en riant à moitié.

 Il avait retiré son pantalon avec facilité, le balançant dans un coin de la chambre, et en profita pour se débarrasser de sa chemise.

— Voilà, plus rien qui pourrait te gêner, Princesse.

 En effet. Par "plus rien", il ne lui restait que son boxer lorsqu'il reprit sa place sur le lit. Natsu était bien plus musclé qu'il n'y paraissait sous ses vêtements, son corps parfaitement proportionné. Il dégageait de la force, de la sensualité. Emi découvrait alors pour la première fois ses bras. Son bras droit était recouvert de tatouages noirs ; ces derniers étaient indescriptibles, un ensemble de dessins, cercles et d'écritures qu'elle n'avait jamais vu. Son bras gauche était aussi tatoué, mais uniquement au niveau de son poignet. C’était hypnotisant, captivant. Merde.

 Se positionnant de nouveau en amazone sur lui, elle essayait de reprendre où elle en était. Ah, oui, elle était au niveau du boxer. Le coeur battant à la chamade, elle entreprit de caresser son sexe en érection au travers du tissu ; elle le sentait beaucoup mieux qu’auparavant. Dur et puissant. Elle glissait ses doigts tout du long, puis le prit dans sa paume, commençant des va et vient lents, elle observait Natsu. Elle cherchait sur son visage le moindre signe qui lui indiquerait ce qu’elle devait faire, et à quel rythme. Les yeux fermés, il se mordait la lèvre inférieure, ses mains s'agrippant aux draps.

 Elle décida ensuite de jouer avec l’élastique de son boxer, seul vêtement qui séparait le contact de sa peau contre la sienne. Elle tira dessus, libérant enfin sa verge qu’elle captura de sa main. Emi releva la tête tout en maintenant ses mouvements ; Natsu la regardait, la respiration saccadée. Elle qui redoutait cet acte depuis si longtemps, elle ne pensait pas que ça serait aussi bon de le voir dans cet état.

 Son bassin ondulait de plus en plus, était-ce le bon moment ?

 Avec une certaine hésitation, elle rapprocha ses lèvres ; est-ce qu'on pouvait vraiment mettre ça dans la bouche ? C'était plus… conséquent que l'idée qu’elle s'en faisait. Sa voix rauque la sortie de ses pensées :

— Bordel Emi, suce moi.

 Sa demande lui donna finalement le courage dont elle manquait ; après avoir léché son extrémité, elle le prit en bouche. C'était assez étrange mais pas désagréable. Alors elle commença ses mouvements. Au départ un peu réservée à cette idée, elle entreprit de jouer avec sa langue, les gémissements de Natsu lui confirmèrent immédiatement à quel point il aimait ça. Il glissa sa main dans ses cheveux, la caressant tendrement, parfois un peu plus brusquement sous les affres du plaisir. Elle s'arrêta un instant ; c'était assez fatigant en fait. Elle reprit le mouvement avec sa main, contemplant Natsu, un bras sur le visage pour se cacher les yeux, la bouche légèrement entrouverte, qui se cambrai lorsqu'elle accélérait ses va-et-vient. Il semblait si proche de l'orgasme. Alors elle reprit, tantôt avec sa bouche, tantôt avec ses mains ; elle commençait à prendre plus d'assurance. Natsu avait raison, il n'était pas difficile de comprendre ce qui lui plaisait. Et elle l'aimait tellement ainsi : le voir se laisser aller sous ses gestes lui donnait une certaine forme de contrôle et pouvoir qu'elle appréciait avoir sur lui.

 Elle n'arrivait plus à savoir depuis combien de temps ça durait. Il posa la main sur celle d'Emi alors qu'elle s'affairait sur son sexe, lui indiquant clairement le rythme à adopter, ne lui laissant plus la possibilité de s'amuser avec. Il était sur le point d'exploser, elle le sentait. De son autre main, il exerça une douce pression sur sa nuque ; elle s'exécuta, le sourire aux lèvres. Une fois qu'il avait senti le contact de ses lèvres sur sa verge, il laissa échapper un long râle de plaisir, enfonçant malencontreusement ses ongles sous sa peau, basculant sa tête en arrière, se libérant enfin dans sa gorge.

 La pièce, jusqu’alors remplie des bruits de draps qui se froissent, de la respiration saccadée du brun, de leurs gémissements, devint silencieuse. Emi n’osait plus bouger ; qu’était-elle censée faire de ce qu’elle avait dans la bouche ? Elle n’y avait pas pensé... Elle devait l’avaler, c’est ça ?

 Natsu récuperait doucement ses esprits, encore embrumés par l'orgasme. Sans un mot, il ramena Emi dans ses bras afin de l'enlacer ; elle avait la mâchoire crispée et osait à peine respirer. Il arqua un sourcil, essayant de comprendre d'où venait le problème avant de rire aux éclats : elle se sentait encore plus honteuse.

 Il attrapa un mouchoir dans la petite boîte posée sur la table de chevet, lui essuya le coin des lèvres sous ses grimaces. A son tour, elle prit le mouchoir et regarda le brun d'un air coupable.

— Ne garde pas ça dans ta bouche si tu n’en as pas envie Emi, ce n’est rien.

 Elle ne se fit pas prier et recracha discrètement dans le papier en tissu ; la gêne la gagnait à nouveau. Impossible de croiser son regard.

— Surtout, n’hésite pas si tu as besoin de t’entrainer à propos de quoique ce soit, j’ai un sens du sacrifice et du devoir très important.

 Emi rit de nouveau, le remerciant d’un sourire timide ; il savait pertinemment qu’elle était gênée, et il la detendait comme il pouvait. Elle croisa alors ses yeux d’argent ; étrange, elle aurait pu parier que leur couleur était plus intense que tout à l’heure… Il se mit à la détailler, repoussant quelques mèches rebelles qui tombaient sur son visage. Il n’y avait rien à dire, elle se blottit contre lui alors qu’il la serrait un peu plus fort contre son torse. Là, entre ses bras, elle se sentait à l’abri. Elle ne devrait pas, elle le savait, il était surement tout l’inverse de la sécurité. Emi colla ensuite son visage contre sa peau, elle aimait ce contact. Quelque chose la tracassait, quelque chose manquait, mais impossible de dire quoi.

— Natsu ? demanda Emi timidement.

— Hm ?

— C’était pas trop… nul ?

 Le son qui provenait de sa gorge ressemblait à un vague grognement.

— Franchement Emi, c’était tellement nul que j’ai eu un orgasme et que je suis toujours en train de me contrôler pour ne pas te prendre, là, tout de suite, pour te donner du plaisir à mon tour, dit-il en levant les yeux aux ciel.

— Ah d’accord.

 Merde, elle avait vraiment dit ça ?

 Il plongea sa tête dans sa nuque, étouffant son rire, la serrant plus fort, ses mains caressant son dos. Elle se sentait minuscule dans ses bras. Emi n’avait pas fait attention, mais comme il venait de le souligner, il était tendu ; ses veines au niveau de son cou étaient apparentes, sa mâchoire crispée derrière son sourire rassurant, ses muscles fermes. Etait-ce si difficile pour lui où y avait-il une autre raison ?

 Il se redressa, remit son boxer en place et se leva pour aller chercher son pantalon balancé à côté du lit. Il fouilla les poches pour en sortir un paquet de cigarettes et un briquet ; ah, ses foutues Vogue. Une fois allumée, il prit une longue taffe, avant de se réinstaller à ses côtés dans le lit, beaucoup plus détendu. Emi s’était empressée de se coller à lui, cherchant désespérément le contact de son corps. Un frisson lui parcouru l'échine, elle n’avait pas froid pourtant.

 Elle s'endormit pendant qu’il la cajolait de sa main libre, prenant soin de cracher sa fumée loin de son visage.

 Elle avait bien conscience que ça ne passerait pas ainsi avec les autres clients.



 Emi avait bien dormi. Elle s’était, certes, retrouvée seule à son réveil, mais elle ressentait une certaine forme d’allégresse à laquelle elle n’était pas habituée. D’habitude maussade lorsqu’elle mettait les pieds à la fac, elle ne pouvait s'empêcher de sourire bêtement et ce malgré la journée horrible d’examens qu’elle venait d’avoir. Elle avait hésité sur plusieurs questions, mais elle s’était très bien débrouillée dans l’ensemble.

 Emi passait dans le hall pour y déposer quelques affaires avant de retrouver son studio bien vide; le brouhaha ambiant l’interpella un instant, les étudiants étaient tous regroupés autour du tableau d’affichage mais elle décida de les ignorer. Ça ne pouvait pas être quelque chose de bien important qui la concernait de toute façon. Quelqu’un la bouscula d’un coup d’épaule sans s’excuser.Connard. Elle se frotta l’épaule endolorie. Mais qu’est-ce qui pouvait bien les exciter comme ça ?! Soudainement énervée, elle ouvrit la porte de son casier un peu brusquement, faisant tomber une photo qui s’y trouvait. Bizarre, elle n’avait pas souvenir d’avoir laissé une photo dans son casier...

 Son coeur s'arrêta un moment, l’angoisse la prenait aux tripes : la photo qui se trouvait au sol … C’était une photo d’elle sur le trottoir, prise hier soir alors qu’elle parlait avec un client. Putain de merde. D’un mouvement vif, elle la ramassa et la serra contre elle, en espérant que personne n'ait eu le temps de voir. Non non non, personne ici ne devait savoir ça, elle était déjà le vilain petit canard de sa promo, elle n’avait pas besoin de ça en plus…

 Elle jeta un regard furtif d’un côté puis de l’autre ; avaient-ils vus ? Le temps se figea. Maintenant qu’elle prenait du recul, ils la regardaient étrangement, certains s’étaient tus en passant à côté d’elle, elle entendait les gens chuchoter à son égard. Non. Pas ça. Elle referma son casier en vitesse, et se dirigea en vitesse vers le panneau d’affichage, jouant des coudes et donnant des coups d’épaules afin de pouvoir se frayer un chemin pour le voir.

 La même photo que celle qui se trouvait dans son casier, un peu plus grande, pour que tout le monde puissent mieux la reconnaître.

 “Shimizu Emi est une pute” était écrit en rouge.

 Ses tempes étaient en feu. Elle n’arrivait pas à bouger, incapable du moindre mouvement. Figée. Son regard ne se détachait pas de la photo et de ce qui était inscrit. Elle était foutue. Toute ses années d’études étaient foutues. Elle allait se faire virer, c’était sûr. Sans même avoir eu son diplôme. Si proche du but. Tout le monde s’était éloignée d’elle comme si elle avait la peste, dans un silence brisant. Elle se sentait mal. Elle allait vomir. Sa tête allait éclater. Rien de comparable au parc, mais sa tête allait éclater là, tout de suite.

— Tu prends combien de l'heure, ricana un étudiant derrière elle.

— Si elle est pas cher, on pourrait faire une tournante, renchérit un autre, dans l'hilarité générale.

 Elle aurait dû s'enfuir. Partir de cet endroit anxiogène. Mais elle n'y arrivait pas. Sa tête était comme une bouilloire sur le point d'exploser. Le même sifflement. Contrôle toi Emi, contrôle toi ou sinon tout va recommencer…

 Elle hurla. Un cri strident, puissant, sortait de sa bouche alors qu'elle se recroquevillait en même temps. Crac. La première fenêtre du hall se fissura. Reprends toi Emi, reprends toi avant que le pire n'arrive. Ce n'était pas encore trop tard. Reprends toi. Autour d'elle, tout le monde se tenait la tête entre les mains, attendant désespérément que son hurlement cesse. Une deuxième vitre se fissura. Elle perdait le contrôle.

 “C’est un putain de monstre” murmura quelqu’un dans son dos.

 Toutes les vitres du hall explosèrent dans un fracas assourdissant, et son enfer débuta. Elle ne hurlait plus ; recroquevillée sur elle même au milieu de la foule, elle sanglotait tandis que tout le monde autour d’elle se bousculaient pour fuir l’établissement. Sauf trois jeunes femmes, de son âge environ. Elle étaient paniquées, mais ne comptaient pas fuir ; non, elles l’avaient déjà vu dans cet état là, elles l’avaient déjà vu faire bien pire que briser des fenêtres sous la colère. Patientant silencieusement derrière un casier, légérement en retrait, elles attendaient que le mouvement de foule se tasse. Quelques minutes plus tard, le chemin était dégagé ; elles pouvaient mener à bien leur petit stratagème.

 La plus âgée des trois, Noriko, était une belle brune, toujours à la pointe de la mode, ses parents ne lui refusant jamais rien. La plus effacée était Ai, assez discrète, elle suivait au doigt et à l’oeil Noriko sans jamais la contredire, elle était la plus musclée des trois et Emi avaient pu le confirmer plusieurs fois. La troisième, Kazumi, était une pâle copie d’Ai ; ses vêtements n’étaient que des contrefaçons de grande marques et elle vouait un culte presque malsain concernant Ai. Elle était grande gueule mais ses actions ne suivaient que très rarement. Séparées, elles n’étaient pas vraiment un fardeau, mais ensemble ? Elle formaient un cocktail explosif qui avait Emi dans le collimateur depuis plusieurs années.

 Aujourd’hui n’était pas en reste.

 C’était évidemment Ai qui menait la danse. Elle emboîta le pas à Noriko, et Kazumi suivaient discrètement. D’une poigne ferme, Noriko attrapa les cheveux d’Emi avant de la traîner au sol ; Emi mit quelques secondes pour comprendre ce qui se passait, avant de se débattre de toute ses forces. Mais Kazumi lui mit un énorme coup de pieds dans l’abdomen, réduisant la jeune femme au silence. Elle avait la désagréable impression d’être passée sous un broyeur, mais elle ne se débattait plus. Les années lui avaient enseignée qu’elle ne faisait pas le poids face à elles. Elle se contenta simplement de se tenir les cheveux en grimaçant afin de réduire la douleur, mais aussi d’avoir encore des cheveux sur le crâne à la fin de la journée. Elle redoutait le pire ; et dire qu'elle croyait que c'était une bonne journée.

 Elles l'avaient traînés jusqu'aux toilettes, et s'étaient empressées de verrouiller la porte pendant qu'Emi se tordait de douleur sur le carrelage froid.

— On va te crever comme tu as crevé Toma, siffla Kazumi en lui donnant des coups de pieds.

 C'était un accident. Elle n'avait jamais voulu le tuer. Un accident.

— Ça aurait dû être toi, Emi. Ça aurait dû être toi avec la tête éclatée au sol par la chute.

 Elle étouffa un sanglot, elle savait qu’elle n’avait pas le droit de le pleurer. Les coups durèrent des dizaines de minutes, elle n’écoutait plus ce que les filles disaient. Sa lèvre commença à saigner, ou peut être était-ce ses gencives, elle ne savait plus. Seule face à elles, Emi attendait. Que tout ça s'arrête. Elles allaient surement réussir à la tuer cette fois ci. La sirène des pompiers résonnait au loin, mais elle releva à peine.

— Noie la vite avant qu’ils arrivent ! Hurla Ai à Noriko.

 Kazumi aida Noriko à trainer Emi jusqu’aux toilettes, pendant qu’Ai faisait rapidement le guet. Personne ne venait aux toilettes, parfait. Amorphe, Emi ne réalisait même pas qu’elle avait la tête au dessus de la cuvette. Elle voulait paniquer, mais elle n’avait plus de force. Ses études étaient foutues de toute façon. A quoi bon ?

 Étonnement, c’était Kazumi qui avait appuyé sur sa tête. Elle pensait que ça serait Ai, mais non. Difficilement, elle retint sa respiration et comptait les secondes. Cinq...Dix… Quinze…… Vingt… Elle suffoquait.

— Attends! À mon tour.

 C’était la voix d’Ai, cette fois ci. On lui releva la tête et elle reprit sa respiration bruyamment, avant d’y être replongée un court instant après. Cinq… Dix… Quinze… Sa tête lui refaisait mal… Vingt… Elle allait craquer… Vingt-cinq...Trente…

 Elle remplit ses poumons d’air, profitant de chaque secondes.

 Quatre fois. Elle avaient fait ça quatre fois, en rajoutant quelques secondes de plus à chaque essais, leur rires bruyant couvrant les spasmes d’Emi.

— Vas-y Kazumi, achève la. Personne n’a l’air de vouloir venir par ici de toute façon.

— Tu es sérieuse Ai ? On avait dit qu’on la faisait morfler, pas plus.

— Repense à ce qu’elle a fait à Toma. Tu lui pardonnes, toi ?

— Non.

— Alors fais le. Pour Toma.

 Kazumi hésita, puis remit la tête d’Emi dans le fond de la cuvette. Ai entonnait “vas-y, vas-y, vas-y”. Bordel. Mourir la tête dans les chiottes. Pas vraiment ce qu’elle avait imaginé. Elle se débattait à peine, résignée. Mais la douleur à l'arrière de sa tête devenait de plus en plus forte à mesure qu’elle restait sous l’eau. C’était sur le point de recommencer. Les filles sursautèrent en étouffant un cri ; le miroir des toilettes se brisait sous leurs yeux. Paniquées, elles s'éloignèrent d’Emi qui se laissa rouler sur le côté pour reprendre sa respiration une fois de plus.

— Cassons-nous d'ici avant qu'on nous attrape. Ai, tu as le panneau ?

— Oui, dans mon sac.

— Parfait. Personne ne viendra la chercher comme ça.

— Peut-être qu'elle mourra de ses blessures comme ça, ria Noriko.

 Emi était à peine consciente, allongée à côté des toilettes, elle comprenait à peine ce que manigançaient les filles. Sa vision était flou, et elle commençait à trembler ; mais elle réussi à percevoir le petit écriteau qu'Ai sortit de son sac. "Fermé pour travaux" Ah. Il n'y avait donc aucune chance qu'on vienne la chercher. Elle soupira.

 Les garces étaient parties en fermant la porte à clé des toilettes derrières elles. Bien sûr, Ai avait la clé, elle avait dû les subtiliser à sa mère. Tout son corps était douloureux, elle suspectait un truc de cassé, ou fêlé. Il fallait qu’elle cherche de l’aide, mais personne ne l’entendrait si elle hurlait. Elle ne pouvait pas se lever non plus pour taper à la porte… Natsu. Elle pouvait envoyer un message à Natsu.

 Dans un mouvement pénible, elle sortit son téléphone portable de sa poche arrière. Merde, elle voyait carrément double et trouble… “Université” et “Toilettes” ; c’était ce qu’elle avait pu lui envoyer avant de se sentir partir ; elle faisait confiance au brun pour la retrouver.

— Tu aurais pu me dire qu’il y avait les flics.

 C’était la première chose qu’elle entendit en ouvrant les yeux. Natsu était accroupi, devant elle, son sweat à capuche et des lunettes de soleil. Pourquoi donc avait-il des lunettes de soleil en pleine soirée. Elle aurait voulu lui répondre, mais seul un gémissement de douleur sortit de sa bouche.

— Il faudra que tu m’expliques ce qu’il s’est passé, Princesse. Commençons déjà par sortir d’ici, veux-tu.

 Ah oui, et tu comptes sortir d’ici comment, hein. Elle rassembla le peu de force qu’elle avait pour se redresser et regarder Natsu ; ce dernier fixait le plafond. D’un geste lent, sa paume droite tournée vers le plafond, il referma le poing : l’ampoule des toilettes explosa, l’alarme incendie se déclencha et toute l’université était plongée dans le noir.

— Voilà qui nous facilitera la tâche.

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