Détermination

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Manger la nourriture crue lui avait valu une diarrhée sévère qui accentuait la déshydratation. Il le savait : avant de partir en guerre, au camp d’entraînement, des notions de survie étaient enseignées. Ainsi, il apprit, quarante ans plus tôt que boire son urine était une solution en cas de manque d'eau. Ce qu'il s’apprêta à réaliser.

L'urine était sombre, d'un brun foncé, dans le verre et une forte odeur polluèrent ses narines. Il les boucha et but le tout d'une traite. Il grimaça vulgairement, exaspéré par ce qu'il venait d'avaler mais le liquide chaud le délivrerait pour la journée au moins. Assez de temps pour voler chez les frouches. Anton s'étonna de ne pas vomir.

Pistolet dans le holster, le couteau dans son fourreau, le tout attaché à la ceinture, il s'arma de courage pour remonter le Rhin en direction du proche village. Le trajet était long et pénible à pied. Il n'avait guère d'autre option.

Il s'isola près d'un arbre, - un peu d'intimité parmi les animaux, pour évacuer le mal qui rongeait ses intestins. Sans remarquer les éclaboussures d'excréments sur le pantalon, il se revêtit. Son anus piquait douloureusement. "Quelle plaie!", jura-t-il. Alors que son moral le quittait, l'image du Führer lui traversa l'esprit. L'image de l'Allemagne puissante qu'il représentait lui revint. Et ce territoire était le leur, tant qu'il respirait. Ces pensées ravivèrent sa détermination farouche et il marcha d'un pas sûr. Cette terre qu'il foulait, ce parfum qu'il humait (avec une once de déchet corporel), ce fleuve agité étaient allemands ! Oui, cette...

Il marqua l'arrêt. Un détail l'intriguait. De l'autre coté de la rive, il y avait cette cavité. Cette route, oui, elle était allemande, elle aussi. Il l'empruntait pour piquer le bétail au village. Mais il n'y avait jamais fait attention à cette sombre et étroite entrée de grotte. D'ailleurs, il en était convaincu, elle n'avait jamais été visible. La force fluviale avait occasionné des glissements de terrain, la rendant apparente, accessible. Ce fut plus que de l'intrigue : elle hypnotisait. Une étrange sensation de malaise le saisit au cou. Anton dégaina son P08 et virevolta. Quelqu'un ou quelque chose l'observait.

- Qui va là ?!

Il pointait dans toutes les directions le canon de son pistolet. Le sifflement du vent et le liquide heurtant la roche le gênait. Et cette présence l'oppressait. Par dessus l'épaule, il jeta un bref coup d’œil vers l'antre. La peau de ses bourses se rétracta.

- Ah ouais, t'es là-dedans, petite vermine, marmonna-t-il. Il haussa la voix : Hey ! Je vais venir te chercher et je vais te pendre par la peau du dos!

Les mains de Bauer étaient moites. Un craquement de branche le fit sursauter. Il vira son revolver et tira une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. La balle toucha un lièvre. Haletant, il s'approcha de sa victime pour tirer la cinq et sixième douille de son chargeur.

- Foutue bestiole.

Il lui aplatit le crâne qui se brisa sous ses épaisses bottines. Il releva la tête et porta son attention sur la mystérieuse grotte. Ses poils se hérissèrent. Il se décida d'en découdre. Il n'avait alors aucun soupçon de ce qu'il lui arriverait.

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