L'enfer

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L’obscurité… Des cris ! Léo éventré tombe… encore, sous le dernier coup fatal de ce monstre. Elle court, encore. Il est trop tard. Toujours trop tard.

L’obscurité. Un jeune homme court, poursuivi par ce monstre. Léo ? Non. Peut-être ! Elle saute sur le monstre. Il la jette au sol. La regarde.

Noway court. Non ! Vers le monstre, vers le vide. Noway bascule dans le vide emportant le monstre avec lui. Trop tard. Il est toujours trop tard.

Elle crie. Elle se réveille. Encore. Comme toujours, un goût de sang envahit sa bouche après cette plongée dans ses pires souvenirs.

  • Encore un cauchemar, ma belle ? lui demande une voix étrangère.

Elle est étendue sur une surface froide et lisse, dans la pénombre à peine éclairée par de petits points lumineux qu’elle a du mal à distinguer. Pourtant, elle cherche la source de ses paroles.

  • ça fait des jours que tu cries dans ton sommeil, poursuit l’étranger. D’habitude, je te donne une petite injection magique et pouf, tu te rendors. Mais là, le doc a dit que ça suffisait… Il va falloir te cogner la réalité, je suis pas sûr que t’apprécies beaucoup plus.

En fond, elle perçoit désormais des gémissements, des frottements. Où qu’elle soit, elle n’y est pas seule avec cet homme.

  • Où sommes-nous ? demande-t-elle d’une voix rauque.

Elle a soif.

  • Bah, en prison. Tu comptais pas l’emporter au paradis avec le bordel que vous avez foutus.

Ses paroles ravivent sa mémoire. La bataille à l’entrée de B2, le massacre plutôt. Hélio qui s’enfuit après avoir vu Téodime tomber pour le protéger. Elle, qui couvre ses arrières, sûre que sa dernière heure a sonné. Elle se rappelle qu’elle était presque soulagée d’en finir même sans avoir tenu sa promesse.

Elle s'est battue sans faire cas de sa vie. Pourtant, elle ne ressent aucune douleur. En réalité, elle sent à peine son corps alors que les réminiscences de ses combats lui soufflent qu'elle devrait souffrir le martyre.

  • Depuis combien de temps suis-je ici ? Que m'avez-vous fait ?
  • Cela fait beaucoup de questions, lui répond l'homme dont elle n'aperçoit toujours que la silhouette. Tu as de la chance, je me sens d'humeur généreuse aujourd'hui. Alors, je vais répondre. Cela fait dix-huit jours. Tu étais bien abîmée mais un passage dans le doc en boîte, un peu d'hypersommeil et les cocktails en intraveineuse t'ont redonnée une allure un peu plus présentable... Même s'il reste encore beaucoup de travail pour que tu sois conforme à l'usage auquel on te destine, finit-il en riant doucement.
  • Qu’allez-vous faire de moi ?
  • Au début, MAGIE voulait vous laisser agoniser en place publique pour que les rats du Dehors comprennent bien qu’elle a tout pouvoir sur eux mais… on l’a convaincu que ce serait du gachis. Elle a changé d’avis, elle vous a vendu à des clients aux besoins disons particuliers. Quand ils se seront bien occupés de vous, on vous renverra dehors, morts ou vifs, pour montrer ce qui arrive à ce qui se prennent pour des héros.

Vous ? Cela signifie que d'autres ont survécu. Ces silhouettes qu'elle croit voir désormais, malgré la pénombre. Les siens, ceux qu'elle a convaincu de se lancer dans cette entreprise suicidaire. Comme elle, ils ont échappé à la mort mais est-ce réellement une chance ?

Savoir ces gens autour d'elle l'aide à lutter contre la léthargie que lui imposent les produits qui courent dans ses veines. Cela lui donne la force de se redresser malgré le violent mal de tête qui l'assaille aussitôt. Elle cligne des yeux, se mord les joues pour retrouver un peu de vitalité. Elle voudrait hurler pour se réveiller pleinement, pour affermir cette fragile détermination naissante. Cela ferait trop plaisir à son interlocuteur alors elle retient ses larmes et son cri. Un jour, il retentira.

Elle n'abandonnera pas, elle tiendra pour tous ceux qu'elle a entraîné avec elle.

  • Et vous, vous êtes qui ? s'enquiert-elle en tentant d'apercevoir son interlocuteur.
  • Ah, tu retrouves un peu d'énergie. Tu vas pas te laisser abattre comme ça, hein ma jolie ! Ton maître, mon employeur va t’adorer.
  • Vous êtes qui ? répète Kaly avec insistance.
  • J'ai vu juste ! Une coriace juste comme il les aime ...

Un homme de haute stature s’approche de la cage de Kaly. Son visage pâle est encadré de très courts cheveux aussi noirs que ses yeux. Ses traits fins et réguliers pourraient lui conférer une certaine beauté si elle n'était pas gâchée par l'acidité de son expression. Il la toise en silence, une lueur cruelle s'allumant dans ses prunelles. Un sourire cynique apparaît sur son visage alors qu'il s'approche un peu plus. La jeune femme met un point d'honneur à soutenir ce regard sans broncher. Il paraît prendre plaisir à cet affrontement silencieux et inégal.

  • Je me nomme Faro. Je suis responsable du pool d’esclaves de mon maître, Emir, le directeur de toutes les bulles Ter d’Europe. Et toi, quel est ton nom ?
  • Kaly.
  • Oh, éructe-t-il, d'un air dégoûté, je n’aime pas du tout. Trop doux, trop... Bullite. Il nous faut quelque chose de plus sauvage. À partir de maintenant, tu t’appelleras… Akira. Oui, c'est bien ça. Akira, c’est compris ! Je ne veux plus jamais t’entendre prononcer ton ancien prénom à moins que tu ne souhaites souffrir plus encore que dans tes cauchemars. Et crois-moi, je suis quelqu'un de très créatif.

Sans autre forme de procès, il se détourne d’elle pour s’en aller.

  • Comment t’appelles-tu ? beugle-t-il en revenant sur ses pas, pour se jeter sur les barreaux de sa cage.
  • Akira, crache-t-elle sans bouger d’un pouce, ni baisser les yeux.
  • Bien. Je vois que tu apprends vite. Repose-toi un peu. Je reviendrai d’ici peu pour te nourrir et te laver… Tu empestes ! conclut-il avec un sourire mauvais avant de lui asséner un violent coup de poing dans le plexus. Comme ça, la prochaine fois que je t’appellerai, tu penseras à baisser les yeux.

Tandis qu’elle s’écroule sur le sol, il s’éloigne en ricanant.

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