Mauvaises fréquentations

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- Jonathan. Mon chéri. C'est bien demain soir que tes amis viennent manger ?Demande la tante à son fils d'un ton mielleux.

- OUAIS. Fais en sorte qu'il y ait à bouffer. Ne fais pas ta radine la vieille. Et dégage, je ne veux pas te voir demain.

L'adolescent lève la main en direction de sa mère. La femme se fait toute petite. Son propre fils lui fait peur. Il finit par lui arracher son sac et il récupère le porte-monnaie qu'il vide dans sa main en grimaçant sur le peu d'argent. Il se dirige vers le bureau de son père et lui quémande du fric avec succès.

Il va dans la cuisine où la petite fille est en train de nettoyer les chaussures. Il lui jette l'argent sur la tête et lui dicte sa liste de courses. Elle devra tout retenir de tête et effectuer les achats demain en plus de ses corvées. Si elle oublie quelque chose, Jonathan la battra. Son père recommencera le lendemain. Jonathan est le plus gentil des trois, sauf quand il est en colère.

C'est lui qui lui donne à manger. Il lui lance souvent ses restes ou les choses qu'il n'aime pas. Jonathan la bouscule plus qu'il ne la cogne. Il l'insulte très peu, probablement parce qu'il est encore jeune. Il ne réalise pas encore à quel point Souillon est maladroite, combien elle est idiote. Elle coûte si cher à son oncle qui a eu la gentillesse de la recueillir. Elle n'a aucune éducation et doit sans cesse être corrigée pour ses erreurs.

Oui, Souillon va faire très attention demain. Elle ne veut pas mécontenter Jonathan. Elle veut être utile à son oncle. Elle veut que pour une fois sa tante ne l'inonde pas d'insultes et de reproches. Souillon va organiser une fête parfaite pour les amis de Jonathan. Elle se fera discrète pour ne pas lui faire honte. Elle se fait mentalement la liste de tout ce qu'elle doit faire demain. Lemieux, c'est qu'elle ne dorme pas ce soir et commence déjà à cuisiner pour demain.

Ellipse de vingt-quatre heures

L'oncle et la tante passent la soirée à l'hôtel. La musique résonne dans tout le quartier. Les pizzas sont à moitié dévorées. Souillon en fait cuire de nouvelles. L'alcool coule à flots. La maison est un vrai chantier. Un dépotoir de canettes et de bouffe au sol. Les cinq mecs hurlent pour s'entendre. Ils sont saouls. Ils ne prêtent aucune attention à la fillette. Cela arrange Souillon. Elle ne se sent pas tranquille avec eux. Elle se fait le plus invisible possible. Jonathan est heureux, rien ne manque. Ses amis se montrent sympas avec lui.

Les mecs se sont endormis. Ils ronflent en faisant un bruit de mobylette. Souillon débarrasse les cadavres de bouteilles et de nourriture sans un bruit. Elle nettoie ce qu'elle peut et efface les traces de cette drôle de poudre blanche qu'ils ont respiré. Seul le plus âgé du groupe est éveillé. Il doit avoir dans les vingt ans. Il est celui qui a le moins bu, celui qui a amené la poudre, mais ne l'a pas respiré. Il observe Souillon d'un drôle d'air. Cela inquiète la petite. Il baisse le volume de la télé et de la chaîne hi-fi.

L'homme est grand, musclé, mais des muscles secs. Il a un regard noir. Son visage et son corps sont couverts de tatouages. Il porte des bagues à ses poings. Il est nerveux, peu souriant. À son attitude, Souillon sait que l'homme ne considère pas Jonathan comme un ami. Il n'a d'ailleurs pas participé à la soirée. Il a passé son temps à répondre au téléphone et à s'absenter dans le jardin pour voir des gens de passage. La fille l'espionnait. Il échangeait des petits sacs contre de l'argent. Les soit disant amis avaient l'air souffrants. Malgré sa jeunesse, elle a compris que l'homme est un dealer. Jonathan est un de ses clients.

L'homme se lève enfin et visite la maison sans autorisation. Sa fouille ne le satisfait guère. Il demande à Souillon si elle sait où sa tante range ses bijoux. Souillon ment. Elle les a cachés comme à chaque fois que des étrangers rentrent dans la maison. Elle dit alors au jeune homme que sa tante laisse ses bijoux dans un coffre à la banque. Elle essaye de le décourager. Elle a bien compris qu'il cherchait à voler. Si quelque chose disparaît, cela retombera sur Souillon, elle ne le veut pas.

- Ton cousin me doit cinquante dollars pour le rail de coke. Trouve-moi de quoi payer. Sinon, je le réveille et je lui dis que tu n'es pas gentille avec moi.

Ce sale type a empoigné la petite fille et lui broie le bras. Il a senti qu'elle mentait. Il fait un sourire carnassier. Jonathan se réveille à moitié au bruit et ordonne à Souillon de payer. L'enfant réfléchit à toute vitesse pour trouver une solution.

Le mieux qu'elle puisse trouver pour le payer sans avoir d'ennuis ensuite, ce sont les billets dissimulés dans la boîte de biscuits. Tous se servent dedans sans regarder. Alors, elle va à la cuisine dès qu'il la relâche. Elle farfouille et sort deux cents dollars. Tout ce qui reste. Elle cache cent cinquante parmi les produits ménagers. Puis, elle revient au salon et donne les cinquante dollars à Jonathan qui paye son ami avec un grand sourire. L'homme sort avec son fric.

Jonathan a légèrement blanchi. Il finit par se rendormir sur ses potes. Aupetit matin, les amis partent après avoir vidé le frigo, sans un merci à Jonathan. L'adolescent retourne dans sa chambre pour finir sa nuit. Sa cousine redonne un coup de neuf dans le salon et la cuisine avant que l'oncle et la tante ne rentrent. Elle vide la bouteille de désodorisant pour masquer l'odeur de cigarettes et de cannabis qui règne dans la maison.

Elle parvient à dissimuler les méfaits de Jonathan jusqu'à ce qu'il se lève. Son haleine et ses yeux rouges font comprendre à ses parents ce qu'il a fait la veille. Aucun des deux n'ose broncher. Jonathan a toujours fait ce qu'il voulait. En l'occurrence, ce matin, il redemande de l'argent à son père, le bocal à biscuit étant vide. L'oncle ouvre le portefeuille en silence et distribue cinq cent dollars à son fils.

Dans un mois, il en redemandera encore. Encore et encore. De plus en plus souvent. Jonathan devient de plus en plus colérique. Chaque jour davantage gourmand en argent. Une exigence croissante envers ses parents. Il se met à frapper sa mère à plusieurs reprises. Un jour, c'est son père qu'il frappe. L'oncle tombe à terre de surprise. Jonathan le roue de coups. L'oncle avait juste oublié de retirer de l'argent au distributeur avant de rentrer. Jonathan est entré dans une colère terrible. Il a cassé une chaise sur le dos de son père. Puis, il est sorti en trombe.

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