Chapitre 2

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Une énorme migraine. C’est la première sensation qui m’envahit tandis que je reprends doucement conscience. Je garde les paupières étroitement closes et je respire profondément à plusieurs reprises dans l’espoir de faire passer la nausée. Pendant un instant, je ne me rappelle pas ce qui s’est passé ni pourquoi je me sens aussi mal. Puis tout me revient : la voiture, l’enlèvement !

J’ouvre les yeux, terrifiée à l’idée de ce qui m'attend.

Je reste bouche bée devant le spectacle qui s’offre à moi, incapable de dire ou faire quoi que ce soit. La pièce dans laquelle je me trouve est sombre et rectangulaire. Il n’y a pas de fenêtres, l’unique source de lumière provient d’une ampoule dénudée qui pend tristement du plafond. Sur le mur à ma droite se trouve une porte en fer, seule sortie de cette pièce. Et sur les trois autres murs sont prisonniers une douzaine d’autres jeunes, filles et garçons, dont la moitié sont encore évanouis. De là d’où je suis, j’aperçois huit filles et trois garçons.

Tout comme les autres, je suis entièrement nue. Mes poignets sont attachés au mur, à cinquante centimètres de part et d’autre de ma tête, par des sangles en cuir.

Et comble de l’horreur, je suis assise sur une sorte de chaise en forme de V, si bien que mon sexe est largement visible aux yeux de toutes les personnes dans cette salle. D’autres sangles en cuir au niveau de mes cuisses et de mes tibias m’obligent à garder cette position vulgaire et humiliante.

Je commence à tirer sur mes liens, terrifiée à l’idée d’être prisonnière de cette pièce glauque.

« C’est inutile, les liens sont trop solides. »

Je me tourne vers la voix. A ma droite se tient une très belle jeune fille. Ses cheveux blonds lui tombent sur les épaules et dans le dos en cascade, elle possède des yeux vert clair magnifiques, bien que noyés de larmes pour le moment. Et sa position, similaire à la mienne, me force à constater qu’elle a un corps superbe et des formes voluptueuses.

« Ça fait un moment que je suis réveillée, impossible de me libérer. »

J’observe avec attention les sangles qui maintiennent mes mains en hauteur. Larges de cinq ou six centimètres, elles sont étroitement serrées et attachées au mur par une courte chainette.

Je tente de me calmer et lutte contre l’instinct qui me hurle de me débattre en tous sens : la jeune fille blonde a raison, je ne pourrais pas me libérer seule.

Je me calme donc et lance un rapide coup d’œil dans la pièce.

En face de moi se tient un jeune homme noir. S’il a entendu ma voisine il ne tient aucun compte de ce qu’elle vient de dire et continue de se débattre violemment contre ses liens. Et à sa gauche est assise une jeune fille à l’allure étrange. Elle se tient très droite sur sa chaise, ne tente pas de débattre et parait très calme malgré la situation actuelle. Elle nous contemple avec curiosité et un brin de mépris.

« Moi c’est Jade, et toi ? »

Je me tourne de nouveau vers la jeune fille blonde. Je n’ai pas très envie de faire la conversation mais je me force tout de même à lui répondre :

« Moi c’est Leïla. »

Le silence retombe et je recommence à m’intéresser aux autres jeunes de la pièce. Me concentrer sur les autres me permet de ne pas céder à la panique.

J’aperçois en face de moi, un peu sur la gauche, un garçon qui m’observe. Il est grand et ses cheveux châtains ébouriffés lui donne un air un peu rebelle.

« Une idée de ce que l’on fait là ? »

Je hausse les épaules en signe d’ignorance. Il continue :

« Pas que ça me dérange d’exhiber mon matériel aux yeux de jolies filles, mais ce n’est pas exactement ma technique de drague habituelle. » Il finit sa phrase par un grand sourire dans ma direction. Je souris timidement en retour, ne pouvant m’empêcher de trouver ce garçon courageux pour plaisanter en de pareilles circonstances.

« Au fait moi c’est Fabien !

- Et moi…

- Leïla je sais. Et à côté, c’est Jade. » Dit-il en se tournant vers la belle blonde prisonnière sur ma droite. « Il m’arrive de me servir de mes oreilles ! »

Puis il sourit de nouveau tandis que Jade lâche un son qui pourrais presque ressembler à un rire.

Les minutes passent lentement. D’autres se réveillent peu à peu. Les réactions oscillent entre larmes et hébétude et personne n’ose parler. Sur le mur tout à gauche, une jeune fille reprend peu à peu conscience. Elle redresse la tête et observe la pièce à travers sa frange de cheveux auburn qui lui cache une partie du visage. Elle nous dévisage tour à tour avec curiosité puis observe les liens qui la maintiennent elle aussi prisonnière. Enfin, son regard se pose de nouveau sur moi et je la vois esquisser un petit sourire qui me fait froid dans le dos…

Nous attendons un temps qui me parait infini. J’entends Jade sangloter à ma droite mais je ne tente pas de la réconforter. Je lutte moi-même contre les larmes. J’ai peur, attachée et exposée comme je le suis dans cette pièce. Pourquoi nous avoir attaché de manière aussi humiliante et grotesque ? Et pourquoi sommes-nous ici ?

Je contemple une fois de plus la jeune fille à droite du garçon noir. Son calme apparent, sa façon de redresser la tête fièrement comme si la situation ne l’atteignait pas… Tout cela me met un peu mal à l’aise. Je décide d’engager la conversation avec elle :

« Comment tu t’appelles ? »

Elle tourne la tête vers moi et ses long cheveux noirs et bouclés suivent le mouvement gracieusement.

« Emma. »

Fabien s’est également tourné vers elle :

« Tu as l’air plus sereine que nous. Une idée de ce que l’on fiche dans cet endroit de malheur ? »

La jeune fille brune le regarde avec mépris et siffle dans sa direction :

« Tu devrais être fier d’être ici ! »

Nous n’avons pas le temps de l’interroger davantage que la porte s’ouvre. Deux personnes entrent : un homme aux cheveux poivre et sel portant un complet gris et une femme, blonde, très belle, qui nous dévisage tour à tour de ses yeux bleus et froids.

C’est l’homme qui prend la parole en premier :

« Bonjour à toutes et à tous et bienvenue. Je me présente, monsieur Pirot, le directeur de cet établissement. »

Il s’arrête un instant pour nous sourire, d’un sourire froid qui n’atteint pas ses yeux. Je sens un frisson de peur me parcourir : cet homme est malveillant.

« Vous êtes ici dans une école. La seule différence avec les établissements que vous fréquentiez avant est qu’ici, nous n’apprenons pas les sciences, la littérature ou le droit. Non, ici, nous apprenons à nos pensionnaires l’art subtil et délicat de la soumission. »

Il se tait de nouveau afin de laisser le temps à ses paroles de se frayer un chemin dans nos esprits terrorisés.

Je sens mon estomac se tordre sous l’effet de la peur. Qu'entend-il exactement par soumission ?

« Notre école forme depuis cinquante ans les meilleurs soumis de toute l’Europe. Vous passerez un an ici avant d’être vendus aux plus offrant.

- Ça ne va pas la tête espèce de taré ! »

Je me tourne vers l’origine du cri et vois une jeune femme aux cheveux blonds et courts se débattre avec vigueur contre ses liens tout en continuant d’insulter monsieur Pirot.

L’homme ne répond rien. En revanche, la femme s’avance face à la jeune fille :

« Ton nom.

- Allez au diable ! »

La femme attrape la mâchoire de sa jeune victime et d’une voix très calme, elle répète :

« Ton nom. Ne m’oblige pas à te le demander une troisième fois. »

Son ordre ne souffre d’aucune contestation. Sans paraitre aussi mauvaise que monsieur Pirot, on comprend immédiatement qu’il ne faut pas contrarier cette femme.

D’une voix légèrement tremblante, l’adolescente répond :

« Anaïs… »

La femme lâche Anaïs et sort de la poche de sa veste un ruban de rouleau adhésif gris et épais. D’une main experte, elle enroule plusieurs fois le scotch autour de la tête de sa jeune victime, la réduisant au silence. Elle se tourne ensuite vers le reste d’entre nous.

« D’autres volontaires ? »

Nous restons tous silencieux, peu désireux de subir la même chose qu’Anaïs.

La femme reprend la parole:

« Bien. Je me présente, madame Notat. Je serai l’une de vos enseignantes cette année. Comme le disait monsieur Pirot, nous sommes une école. Et par conséquent, vous serez dans l’obligation de suivre les cours imposés. Nous avons bien sûr un système de notes. Vous serez notés sur vos résultats scolaires mais aussi sur votre comportement tout au long de l’année. »

Son regard s’arrête sur la jeune fille bâillonnée.

« Je ne peux que trop vous recommander de travailler. De vos notes dépendront vos acheteurs. Nous vendons nos meilleurs étudiants à des maîtres riches et exigeants. Les plus mauvais sont vendus à des maisons closes de luxes dans les pays asiatiques.

- Certainement pas ! Nous ne sommes pas de la marchandise que vous pouvez vendre ! »

Madame Notat se tourne vers moi. Je soutiens son regard, parfaitement consciente du fait que j’aurais mieux fait de me taire. Mais ses propos m’ont horrifiée.

La femme s’approche doucement de moi :

« Vous appartenez désormais à notre établissement. Tous autant que vous êtes, vos corps nous appartiennent et nous pouvons en disposer comme nous le souhaitons. Mets toi ça rapidement dans le crâne petite idiote. »

Pour illustrer ses propos, elle me pince les deux tétons.

« Ne me touchez pas ! » Ma voix est montée dans les aigus sous le coup de la douleur et de l’humiliation d’être ainsi touchée, sans mon consentement, et dans une pièce pleine de monde.

« Je crois que tu n’as pas bien compris, tu nous appartiens désormais. »

Elle pose sa main sur mon sexe et malaxe doucement mon clitoris. Je me débats et tente de m’éloigner de cette femme, rouge de honte et des larmes coulant silencieusement sur mes joues.

Madame Notat s’écarte et s’approche du jeune homme noir en face de moi.

« Tous autant que vous êtes, vous appartenez à l’école jusqu’à ce que l’on vous vende à un maître. »

Elle attrape le sexe du jeune homme et commence quelques mouvements de va-et-vient. Je vois le sexe se durcir alors même que son propriétaire se débat en pleurant pour échapper aux caresses de l’enseignante.

Dans le silence qui règne à présent, elle continue de masturber le jeune homme jusqu’à ce que ce dernier jouisse dans un sanglot hystérique.

Madame Notat s’approche de nouveau de moi et essuie sa main pleine de sperme sur ma joue. Je frémis de dégoût en sentant la substance sur ma peau.

« Nous avons un an pour faire de vous des soumis. Ne croyez pas pouvoir faire exception. Des fortes têtes, on en a déjà eu et à l’heure actuelle, toutes servent un maître docilement. »

Madame Notat rejoint son supérieur qui reprend la parole :

« Des gardes vont venir vous emmener dans la chambre que vous occuperez pendant un an. Vos cours commencent dans une demi-heure, un garde vous y conduira. »

Puis les deux adultes quittent la pièce et laisse la place à une douzaine d’hommes à l’allure patibulaire qui entreprennent de nous détacher.

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