Chapitre 3

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Après m’avoir détachée, l’homme me fait monter quatre étages. Nous arrivons en même temps que les autres soumis et leur garde dans un long couloir. De part et d’autre, il y a des portes marquées d’un large numéro.

Le garde m’emmène devant la porte 1 et l’ouvre. Puis il me lâche et s’adosse contre le mur :

« Tu as quinze minutes pour t’habiller. Il y a des vêtements dans l’armoire. »

Je reste quelques instants sans bouger, observant la pièce. Cette dernière est brillamment éclairée par deux fenêtres sur le mur qui me fait face. J’aperçois des barreaux à l’aspect solide encastrés de l’autre côté de la vitre.

A ma gauche, le long d’un mur se trouve un large bureau et deux chaises. Et à ma droite, je vois une petite armoire en bois usé.

De part et d’autre du mur contre lequel se dresse le bureau se trouvent deux ouvertures : la plus proche de moi possède une porte, ouverte pour le moment, et mène à une petite salle de bain. L’autre, sans porte, mène probablement à la chambre.

Mon premier réflexe est d’aller dans la salle de bain et de me frotter vigoureusement la joue pour la nettoyer du sperme que madame Notat a étalé. Puis, la joue rouge mais propre, je ressors et fais timidement quelques pas dans la chambre, embarrassée par le regard de l’homme. Je me dirige vers les fenêtres. A ma gauche se trouve en effet le lit. Les draps ont l’air propres et le matelas pas trop inconfortable.

En levant les yeux, j’aperçois une large paire de menottes fixée au-dessus de la tête de lit et reliée au mur par des câbles électriques. Je déglutis difficilement et fais demi-tour.

Un bras en travers de la poitrine et une main cachant mon entre jambe à la vue de l’homme dans la pièce, je me dirige vers l’armoire et l’ouvre.

La partie gauche comprend une belle collection de cordes, chaines, menottes et autres objets inconnus qui me font frémir. La partie droite contient des vêtements à l’aspect simple. J’en sors un t-shirt noir à manches longues et une sorte de pantalon fait dans le même tissu souple que le t-shirt. Je cherche en vain des sous-vêtements puis, résignée, me décide d’enfiler directement ce que j’ai trouvé.

« Non mais c’est une blague ! » Je marmonne pour moi-même, aussi furieuse qu’inquiète.

Le pantalon est fait de telle sorte que le sexe du porteur soit visible. Et en enfilant le t-shirt, je fais face au même problème : deux trous béant laissent ma poitrine à l’air libre.

Je fouille un moment dans l’armoire sans rien trouver d’autre. Toujours en cachant ma nudité, je me tourne vers l’homme :

« Heu… Il n’y a rien d’autre comme vêtements ?

- Non.

- Mais… On va vraiment devoir se promener ainsi ? Ça ne cache rien !

- Non, et tu sais pourquoi ? »

Je ne réponds rien et recule tandis que l’homme s’avance dans ma direction. Je me retrouve collée dos à l’armoire, face au garde. Ce dernier sourit puis, d’un geste ample, m’attrape par la taille, me rapproche de lui et enfonce son index dans mon anus.

« Non ! » Je hurle sous l’effet de la surprise et de la douleur.

Le garde éclate de rire et me lâche. Je tombe sur les fesses et me recroqueville.

« Tous vos orifices doivent être accessibles facilement. »

Je reste un moment tremblante, terrorisée tant par le geste obscène et violent que par la désinvolture avec laquelle le garde l’a réalisé. C’est donc ça sa vie : garder des étudiants prisonniers et avoir le droit de les tripoter autant qu’il le souhaite ?

Jusqu’à présent, personne ne m’avait jamais touchée et là, en l’espace d’une demi-heure, ça fait deux fois que l’on me touche sans mon consentement, sans même me laisser la possibilité de me défendre.

Je reste plusieurs minutes assise par terre à lutter contre les larmes.

« Dépêche-toi ! » Me dit le garde.

Je me relève donc, et, les jambes toujours flageolantes, trouve une paire de chaussures en toile dans l’armoire que j’enfile rapidement. Puis je m’approche du bureau. Une nouvelle bouffée de terreur m’envahit quand je m’aperçois que les bras et les pieds des deux chaises sont équipés de menottes. Je reste debout, indécise, puis en entendant le grognement d’impatience du garde, je m’approche enfin du bureau. Sur ce dernier, je trouve un sac d’école et tout le nécessaire pour prendre des notes.

« Il y a une remise au fond du couloir avec du matériel scolaire. Tu es autorisée à prendre tout ce que tu veux dedans. »

Je commence à remplir mon sac lorsque mon regard se pose sur une feuille de papier volante.

Les yeux écarquillés, je m’en saisis. Il s’agit de mon nouvel emploi du temps.

Horrifiée, je contemple les matières que je suis censée suivre : histoire de la soumission, cours théoriques et pratiques de bondage, sport, anglais, comportement d'un soumis, littérature et quelque chose appellée PCL. Et le samedi matin est consacré aux DS.

Nous sommes jeudi, il va être dix heures d’après l’horloge au-dessus du bureau. Je frémis en voyant le cours que je suis censée suivre : bondage (théorie).

Je me tourne de nouveau vers l’homme :

« C’est… C’est une blague c’est ça ? »

Le garde éclate de rire.

« On t’a dit que tu allais apprendre la soumission. Tu t’attendais à quoi au juste ?

-Je ne sais pas… Je croyais que… que nous continuerions d’étudier les maths, les sciences, la géographie malgré… malgré…

- Tout ce que l’on te demande, c’est d’apprendre à sucer et à obéir. Tu n’as pas besoin de faire de maths ou de géographie pour ça. »

Son sourire mauvais me fait froid dans le dos. Il est très sérieux…

« C’est l’heure, suis-moi. »

Sans attendre ma réponse, il m’attrape par les bras, me fait redescendre les quatre étages, me guide à travers la cour et me fait entrer dans un autre bâtiment. Dedans, nous suivons un couloir interminable jusqu’à une porte portant le numéro 5.

Le garde frappe, ouvre la porte puis me force à entrer.

Je me retrouve alors face à la femme de tout à l’heure, madame Notat. Cette dernière m’adresse un sourire qui n’atteint pas ses yeux :

« Et voilà la retardataire. Vas t’assoir sur la rangée de droite, avec les autres soumis. »

Je balaye la classe du regard. Sur la rangée de droite sont alignés les jeunes avec qui j’étais prisonnière tout à l’heure. Et sur la rangée de gauche sont sagement assis des garçons et des filles dont aucun ne porte l’habit ridicule que je porte moi-même. Au contraire, tous portent des vêtements de marque. Leurs regards me mettent mal à l’aise si bien que, les mains cachant toujours ma nudité, je m’empresse de m’installer au troisième rang à côté de Jade.

Les deux adultes parlent à voix basse, j’en profite pour détailler la pièce. Cette dernière est assez sombre avec ses volets fermés et ses vieux néons. Mais le pire, ce sont tous les accessoires et les photos accrochés au mur : des chaînes, des menottes, des photos d’hommes et de femmes ligotés et serviles…

Près du bureau, j’aperçois même une sorte de mannequin, accroché sur un support mobile et recouvert d’un vêtement caoutchouteux.

Jade à côté de moi semble terrorisée. Les autres élèves ne sont pas beaucoup plus rassurés. Sauf Emma qui se tient droite au premier rang, indifférente à sa nudité et très à l’aise dans ce lieu.

L’homme qui m’a accompagnée finit par s’éloigner de madame Notat pour aller se poster au fond avec cinq de ses collègues. Je suppose que c’est pour nous mater en cas de besoin.

Madame Notat se tourne face à nous :

« Avec moi vous apprendrez l’art du bondage. Pour les plus ignorants d’entre vous, cela consiste à ligoter son partenaire dans le cadre d’une relation de soumission.

Nous aurons douze heures par semaines ensemble : six pour étudier la théorie et six pour mettre en pratique ce que vous aurez appris. En cours de théorie, nous verrons les différentes formes de bondage et je vous apprendrai l’utilisation de la plupart des objets utilisés dans cette noble discipline. Et comme vous le voyez, ce cours sera commun à la classe soumise et à la classe dominante. »

Elle sourit et s’arrête un instant pour nous laisser le temps d’enregistrer ses paroles. Je contemple les jeunes à ma droite. Ainsi ils apprennent la domination. Cette idée me donne envie de vomir plus encore que ma propre situation.

« L’année se divisera en trois trimestres. Le premier se finira en décembre, le deuxième couvrira la période de janvier à mars et le dernier nous mènera jusqu’à juin. Les soumis seront vendus dans le courant du mois de juillet.

Lors du premier trimestre, nous étudierons la base du bondage, à savoir les accessoires tels que les baillons, menottes, cages et autre. Nous verrons aussi l’utilisation de toute sorte de godemichets. Pour le second trimestre, nous nous concentrerons surtout sur le bondage utilisant les cordes ainsi que la momification et l’asphyxie. Au cours du troisième trimestre, nous étudierons les accessoires en latex et surtout nous nous pencherons sur quelques aspects spécifiques de la soumission, la pratique du PetPlay notamment.

Vous aurez également un stage pratique pendant l’année. Des questions ? »

Son discours me terrorise. Dans quelle maison de cinglés suis-je arrivée ? La bile me remonte dans la gorge et je crains un instant de vomir.

Dans un murmure audible de tous, je lance :

« Vous êtes malade. Complétement malade ! »

Trente paires de yeux se tournent vers moi.

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