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— Au secours ! Arrêtez, Je vous en prie, ne me tuer pas ! Je ne vous ai jamais vu, mais s'il vous plaît, laissez partir. Crie cette inconnue.

Elle rampe sur le carrelage froid de la cuisine en laissant des sillages de sang une main tendue en face d'elle, pour pas qu'il ne s'approche d'elle, sa jambe traîne quand elle recule et l'un de ses bras est recroquevillé sur son ventre.

— Sais-tu ce que je fais aux chiennes comme toi ? Je les tue, tu ne mérites pas de vivre, tu es comme toutes ces femmes qui chauffent les mecs un soir et qui les laisse en plan sans leur donner ce qu'ils veulent. Dit l'homme debout devant elle, continuant à marcher avec son couteau de boucher entre ses mains qui traînait sur le l'îlot central.

Ses yeux brûlent de haine. Il ne fait que froncer les sourcils et son rictus froid narquois est constamment dessiné sur son visage narquois.

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Le 19 mai 2011, 8 H 00 à Nottingham.

Je me lève avec une migraine carabinée, je m'assois sur le bord du transat où j'ai passé la nuit, m'essuie le visage pour organiser mes pensées, me lève et je me dirige vers la cuisine où la cafetière me fait de l'œil, je me sens hypnotisé par ses délicieuses effluves, je me sens transporté jusqu'à ce que j'appuie sur le bouton marche, je me verse un café robusta pour me redonner de l'énergie. L'heure sur le micro-ondes indique huit heures, il ne me reste que six heures pour me rendre à l'audience de quatorze heures. Je tiens ma tasse de café entre mes doigts et mes dossiers sous le bras, je m'installe confortablement dans mon canapé et pose tout le nécessaire sur ma table basse.

Pour mettre en place ma plaidoirie, je réécoute le dépôt de plainte de ma victime.

Enregistrement n°1 :

On entend un clic de bouton du magnétophone en arrière-plan, un grésillement, et enfin ma voix.

— Bonjour Mademoiselle Viton Françoise, je me présente, je suis Maître Bryans, votre avocat, après que vous avez été examiné par un médecin choisi par la police, j'ai devant moi des photographies qui montrent vos ecchymoses et de vos fractures, elles sont vraiment horribles, ce que je vois dépasse tout entendement. J'ai besoin de savoir comment s'est passé vote aggression et le moindre détail peut nous être indispensable pour pouvoir mettre un profil sur votre agresseur et si jamais vous le connaissez vous pouvez nous en informer et nous pouvons faire tout le nécessaire pour l'inculper.

Je me souviens que Madame Viton ne m'avait pas regardé une seule fois, elle s'était refermée sur elle-même, c'était compréhensible après ce qu'elle avait vécu, j'avais essayé de la calmer du mieux que je pouvais, mais rien à faire elle ne réagissait pas.

— Oh mon Dieu, que lui est-il arrivé, la pauvre ! L'ange avait choisi le bon moment pour réapparaître. Choquée par ce qu'elle voyait, ses mains couvraient sa bouche, derrière laquelle se trouvait une bouche grande ouverte qui formait un O parfait.

Encore une fois je me sentais impuissant à ce moment-là. J'ai sursauté et je suis tombé à la renverse, heurtant l'arrière de la tête. La chaise était tombée sur le côté. Madame Viton avait enfin relevé la tête et prenait une expression bouleversée, des bleus étaient apparus sur la joue gauche, et un œil au beurre noir lorgnés, l'obligeait à fermer sa paupière gonflée, je me levais et me caressais l'endroit où après quelques minutes une bosse apparait. J'avais ensuite éteint l'enregistrement pour aller aux toilettes me remettre de ce malheureux incident. Je lui ai proposé si elle voulait boire ou manger quelque chose.

Elle était restée murée dans un long silence alors que je sortais de la salle d'interrogatoire, le couloir était envahi de personnes non fréquentables parmi lesquels se trouvaient des sans-abris, des ivrognes et des criminels qui attendaient leur tour leurs culs cloués sur une chaise, certains sont menottés pieds et poings liés dans un uniforme orange, je traçais ma route en leur passant devant sans les regarder.

Quand j'arrivais enfin, devant le miroir, je la voyais prostré derrière mon dos, mon attention se portait sur elle.

— Qui êtes-vous ? Ça y est je deviens fou, voilà que je vois des fantômes. Ai-je dit

— Quoi tu ne me connais pas ? Ah oui, suis-je bête.

Se tapant le front du plat de sa paume, l'ange reprit :

— Jusqu’ici tu n'entendais que le son de ma voix, je m'appelle Angèle. Ne t'inquiète pas, je ne te veux aucun mal, je suis la seule que toi et Barnes voient, je suis ici pour vous protégés, tu ne le connais pas, mais c'est avec lui, que tu vis une autre vie la nuit, vous ne pouvez pas vous rencontrer car il fait partit de toi, mais tu dois sûrement te poser beaucoup de question, je te répondrais avec plaisirs, mais pour le moment, tu dois t'occuper de la personne qui a le plus besoin de ton aide en ce moment même.

— Je n'ai pas le temps de jouer, désolé, laissez-moi tranquille, j'ai du boulot devant moi. Je lui passe devant, si je pouvais, je la bousculerais au passage.

Elle me domine à nouveau et lui passe à travers comme ci-de rien n'était. Je rebrousse chemin, où attendais ma cliente.

J'ouvrais et refermais la porte derrière moi, me rasseyais en face d'elle et ressortait tout mon matériel.

Je ré appuyais sur l'enregistrement et recommençais l'interrogatoire.

Reprise de l'enregistrement n°2 :

— Veuillez encore m'excuser, je vais reprendre là où j'en étais. Dite moi ce qui s'est passé le jour de votre agression ? Sachez que si vous restez dans vos retranchements, nous ne pouvons rien faire pour vous aider. Il peut recommencer indéfiniment. Je suis vraiment désolé de ne pas prendre de pincette, mais il faut que vous comprenez la gravité de la situation, plus vite nous avons votre témoignage, plus vite il est inculpé.

Elle se redressait un peu sur son siège toujours sans un mot, mais elle risquait un coup d'œil vers moi, et la retournait de nouveau, je finissais par voir que son profil, et elle contemplait la sortie.

— Si c'est l'endroit qui vous intimide, je peux vous proposer un rendez-vous à l'extérieur ou à mon bureau si c'est ce que vous voulez.

.

Elle secouait la tête négativement et sa voix s'est mise à trembloter pour finir en sanglots non-contrôler. Elle finissait par dire :

— Je...Ne...Peux pas...Je suis désolée…

Les larmes lui voilaient son champ de vision, les larmes lui tombaient jusqu'aux cuisses, cachées par une muraille de phalanges.

De retour dans mon salon, Je mets pause, je m'adosse sur l'appuie-tête et me frotte les tempes, ma migraine continue à me marteler le crâne. J'avale deux aspirines avec un grand verre d'eau, patiente un peu, le temps que la douleur passe. Après quelques minutes je me reconcentre et retourne encore une fois à mon affaire, ça devient urgent.

Reprise de l'enregistrement n°3 :

Je mettais rapprocher d'elle, je tirais une chaise pour m'asseoir à ses côtés.

— Ne vous inquiétez pas, plus rien ne peut vous arrivez, vous êtes en sécurité ici. Prenez votre temps, si vous n'arrivez pas à vous exprimer, je peux vous apporter de quoi noter.

— Non merci, je vais essayer de vous parler, j'ai le pressentiment que je peux vous faire confiance.

Elle respirait un bon coup et se mouche avec le mouchoir que je lui ai tendu.

— Mais avant je souhaite faire une halte aux WC pour me redonner une prestance et reprendre mes esprits, si ça ne vous dérange pas.

— Bien sûr, vous pouvez y aller, un agent va vous y accompagner pour votre sécurité.

— Très bien, elle se lève et fait route vers les cabinets.

J'éteins de nouveau et attend immobile à ma place, avachi, les jambes tendues.

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