Je rentre chez moi, j'ai les yeux fixés sur mon téléphone. J'attends un message de sa part. Impatiemment. Sur la carte, j'ai noté mon adresse postale, mon adresse mail et mon numéro de téléphone portable, au dos. Il y a mon nom aussi, précédé de Mademoiselle. J'avais déjà fait cela pour un garçon, une fois. En Troisième. J'avais noté toutes mes coordonnées sur un petit bout de papier, que j'avais précieusement placé dans la poche à fermeture éclair de son manteau favori. Il ne m'a jamais recontacté, j'avais passé un été désespéré à attendre un mot de sa part. Tout ce qu'il avait trouvé à me dire à la rentrée : « J'avais perdu ta feuille ». J'espère que Louis ne va pas perdre ma carte et qu'il aura la jugeote de la retourner pour m'envoyer un SMS. Les minutes passent, mon téléphone ne vibre pas. Soudain, des vibrations.

Mes parents. Nous avons parlé longtemps, très longtemps. Quand je raccroche, je m'aperçois de la présence d'un nouveau message. Numéro inconnu. Mes mains tremblent, que peut-il m'envoyer ? Est-ce vraiment lui ? Oui. Oui, c'est lui. Louis m'a envoyé un message ! Il a pris le temps de me contacter ! Et quel mot charmant !

Bonsoir Mademoiselle, lors du colloque, vous m'avez laissé vos coordonnées, avec un certain courage je dois dire. Je me permets ainsi de vous recontacter, n'étant pas insensible à votre démarche. Louis
Je fonds. Je fonds devant ce style doux, si délicat et élégant. Je suis sans voix. J'ai envie de lui répondre quelque chose d'emballé, de fou, d'explosif. J'ai envie de passer ma nuit à lui parler, de tout savoir sur lui. Mais il est tard et je ne veux pas paraître trop accro, déjà. Alors je décide d'aller dormir, de lui répondre le lendemain, de laisser passer une nuit pour que mon emballement s'atténue un peu. Il paraît que ça fait fuir les garçons l'emballement. Je m'endors toute rêveuse de ma journée. Lorsque je me réveille, ma première pensée s'envole vers Louis. Je souris à l'idée de lui répondre.

Je n'arrive pas à trouver un texte à lui envoyer. Je me prends à écrire deux phrases sublimes mais trop enthousiastes. Finalement, sur des conseils d'amies, je me retrouve avec un message plat que j'exècre. Je l'envoie quand même, je suis les conseils. J'attends une réponse. Un jour, deux, trois, quatre, cinq. Rien. Je suis en plein concours blanc et mes brouillons sont remplis de son nom. J'attends, encore et encore. Plus de nouvelles. Le silence radio. Les vacances arrivent. Je rentre chez mes parents, s'il me recontacte, il me sera donc impossible de le revoir avant l'année prochaine. Noël arrive. Toujours rien. Je n'espère plus maintenant...

Le midi du 25, pendant le déjeuner avec mes parents, je parle de Louis. Ma maman me dit de lui envoyer simplement « Joyeux Noël Louis ! ». Je suis dans l'euphorie, la magie de Noël, alors je me lance. Une réponse ne tarde pas à venir. Merci beaucoup ! Joyeux Noël ! Me permettez-vous de vous tutoyer ? Je n'en crois pas mes yeux. Il est toujours aussi délicat, élégant. Mes yeux pétillent comme jamais. Un merveilleux cadeau de Noël. Je lui réponds plus tard dans la soirée, un message plus drôle, conseillée par mon papa. Nous engageons une discussion.