Un oisillon pour deux vautours

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J'ai peur d'abîmer mes chaussures, et j'ai un peu de mal à marcher. Je vais lentement. Il me demande si j'ai besoin de son bras. Je le prends, en le remerciant. On marche, quel bonheur ! La nuit, Paris, le bal. Il descend son bras pour me prendre la main. Je prends son bras. On s'arrête. Je suis dans la cour des Invalides. Il me demande si je suis déjà venue, je réponds que oui, oui, vaguement, mais jamais la nuit, dans pareille occasion. Il me rapproche de lui. Nous sommes serrés l'un contre l'autre. Il passe sa main sur ma joue, penche avec douceur son visage. Je le laisse embrasser ma joue gauche. Il veut m'embrasser, même moi je le devine. J'esquisse un pas. Il prend ma main. Je prends son bras. Il s'arrête. La nuit de Paris nous entoure, le silence laisse nos cœurs donner la cadence. Je le laisserai bien m'embrasser... Il essaie, j'hésite. Non d'un délicat et gracieux mouvement de cou (fruit de bien des entraînements lors des rendez-vous avec MPL), je blottis mon visage sous son menton. Nous reprenons le chemin du bal. Je lui avoue que c'est la première fois que je danse le rock ce soir, et que je porte des talons aussi hauts, et que je veille si tard. Il sourit, attendri, on sourit. Il me présente à son ami, je ne l'aime pas. Il me dévore des yeux comme une proie. Octave ne me regarde pas ainsi, il a plus de douceur, plus d'envie passionnée. Je suis entre les deux, j'ai l'impression d'être une proie pour l'un, pour l'autre un oiseau. L'ami m'invite à danser, avec son regard de prédateur. Je décline. En plus, mon cavalier est Octave, c'est pas lui. Quant à Édouard qui a été si patient avec moi, il a profité d'un instant où Octave était parti aux toilettes pour me dire au revoir et me donner sa carte. Octave est revenu et a dû le voir, c'était un peu gênant, mais c'est le bal. On discute tous les trois, son ami, Octave et moi, enfin je me tais et les écoute. Il y a des blancs, l'ami me regarde comme une proie avec intensité, j'ai envie de ne rester qu'avec Octave. Octave me propose de danser, je dis oui. On danse un peu puis on s'assied et on discute. Il me caresse le dos, tente de se rapprocher. Je m'éloigne un peu, enlève son autre main qui s'approche de ma cuisse. Il me dit gentiment que je suis trop rigide, il veut m'offrir une flûte, je décline poliment. Il me dit que je suis chiante de ne pas être plus légère, moins farouche, ça me fait rire. Ça me fait rire parce que je suis farouche même (et surtout) avec MPL, je sais que ça le rend fou de me voir si près de lui, les yeux scintillants, si féline dans ma façon de tourner le cou, d'éloigner une main... Ça les rend fous. Et ça me rend irrésistible. Je lui réponds que je suis timide. Il me demande s'il m'intimide, oui. On se sourit.

Je suis si bien ! On discute, il aimerait que je retire mes lunettes. Je refuse. Il les prend, les range dans sa veste. Il me regarde. Je ne vois presque rien, la salle de bal est obscure, j'ai un peu bu, je suis dans l'euphorie de l'instant. Il me dit que j'aurai mes lunettes si je l'embrasse. Je ris. Sûrement pas. Il les garde, je lui murmure « Rendez-moi mes lunettes s'il vous plaît ». Il veut un baiser. Je ris. « Mes lunettes, s'il te plaît », susurré avec un ton déterminé. J'ai mes lunettes. « Et mon baiser ? », mon cou se penche en arrière, rire charmeur. Pas de baiser. Il me demande mon numéro, je lui donne. Il l'enregistre, il se souvient de mon prénom. Bon point, bravo Octave. Il me dit que je suis très jolie. Que je dois vraiment être intelligente. Ça me fait rire. Je ris beaucoup, je suis heureuse, je ne veux pas partir. Il me dit que je devrai partir, qu'il est tard (deux heures), que je dois avoir un couvre-feu. Haha, je vis seule. Non, mes parents ne m'ont pas donné de couvre-feu. Il regarde son téléphone, je regarde le mien aussi. Aucun message. Et un message. Numéro inconnu. « Tu es très jolie... », je lui souris, me mordille la lèvre, sûrement. Il doit bientôt partir. Il habite près des Champs. Me propose de me raccompagner, je refuse. Il s'apprête à partir, me dit que je lui plais et qu'il espère me revoir. Je le laisse partir. Je reste un peu près de la piste, cherche mon dandy des yeux. Je danse un peu. L'ami vient me voir, m'invite à danser. Je refuse, je m'en vais. Dernier coup d’œil sur la piste, sur les salons, sur ce bonheur d'un soir où j'ai dansé toute la nuit. Je rentre heureuse. Octave m'a envoyé deux messages. Je ne vais pas le recontacter. Il restera le nuage fougueux d'un nuit endiablé, le doux soupir du désir qui renaît. Le lendemain mes parents viennent. Je m'endors avec un sourire béat.

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