L'évolution du sac

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Il est Dimanche. Demain est donc Lundi. Mais pour l'instant, il est Dimanche. Une semaine vient de s'écouler. Déjà. Un semaine de plus, une semaine de moins. J'ai fait des courses chaque soir de la semaine, parfois deux ou trois fois. Aujourd'hui aussi. Mais je n'y retournerai que samedi prochain, même si ça va être difficile de tenir. Enfin j'ai beaucoup de chose à manger donc je vais pas non plus crever de faim. Ne pas voir le visage de K va me manquer. Mais j'ai vraiment envie de voir si samedi soir, après une semaine sans être venue alors que je prenais l'habitude de venir tous les soirs, K me sourira ravi. J'ai envie de voir le pétillement de ses yeux, de voir comme je lui ai manqué. Tout du moins, si je lui ai manqué.


Je l'ai vu aujourd'hui. Dernière image avant samedi prochain. Quand je suis entrée dans le supermarché, je n'ai vu qu'une caisse ouverte, celle de la vieille mégère. Mais je crois qu'elle est un peu attendrie par son K fou de moi. En effet, lorsque j'y suis allée hier, K était de dos, en train de parler à l'un des responsables. J'étais ravie, journée excellente (Quai Branly, pique-nique avec L, cocktail le soir, champagne). Je lance un grand « Bonsoiiiir », le responsable me répond « Bonsoir ! », K ne se retourne pas. J'avance et j'entends le responsable rire, rire accompagné d'un « Bah, pourquoi t'es tout rouge ? » adressé à K. Et en effet, quand je suis ravie à sa caisse, il était rouge, très légèrement. J'avais fait mes courses encore plus heureuse, la musique passant étant en plus joyeuse, je fredonnais et dansais au détour des allées, un autre gars du magasin m'a vu, m'a souri. À la caisse donc, K était un peu rouge et tout le monde était présent (la vieille mégère, le responsable, le gars) pour me voir passer en caisse. J'y suis retournée changée, quelques minutes plus tard, j'avais oublié quelque chose. Le pire, c'est que je ne feins pas d'oublier, j'oublie vraiment.


Parfois, en arrivant, je sais que je n'ai rien oublié mais je cherche quoi acheter. La plupart du temps, j'oublie vraiment. Enfin bref, aujourd'hui, pour tenir une semaine sans le voir, il fallait que j'achète du Coca (oh et Jules m'a recontacté mardi et depuis silence radio, quel con), j'étais pressée parce que mes parents attendaient mon appel. Alors je suis déçue de ne pas voir mon K mais je fonce direct vers les bouteilles. Et vous savez qui je vois agenouillé à l'angle du rayon ? K. Je crois que j'ai failli lui rentrer dedans. Je suis maladroite. Je lui dis bonjour, et je suis vraiment ravie de le voir ici. À ses côtés, le responsable super sympa, celui qui le premier a été gentil avec moi. Je lui dis bonjour, il me répond très gentiment, je fonce chercher ma bouteille de coca, le responsable me dit que ça lui fait plaisir de me voir. Je suis flattée, lui dis que moi aussi. Il me demande comment je vais (chose que K ne fait plus), je dis super, et vous. Il dit qu'il préférerait être chez lui. Je comprends. Il me dit que le coca c'est pas bon pour la santé. J'ai envie de lui dire que j'ai acheté du jus de pomme hier, que je suis en prépa et que le coca c'est bien quand on travaille, mais je dis rien et acquiesce. C'est vrai, le coca, c'est pas bon. Il regarde K et me dit de faire comme lui, de prendre de la vodka. Que les Tchétchènes aiment la vodka et que K en boit dans sa cabane avec des pommes de terre. J'ai pas très bien compris. Mais c'était drôle alors ça m'a fait rire. K n'a rien dit, il se battait contre une brique de lait qui le gênait. C'était Tainted Love la musique d'hier, un truc dansant qui me fait kiffer à chaque fois. Bref, ah si, il dit quand même que le coca c'est pas bon pour la santé. Je dis haha, et un monsieur s'interpose avec une boîte de biscuits apéritifs Benenuts en disant qu'ils n'ont pas le goût d'emmental ni de je sais pas quoi. Le responsable lui dit d'écrire à Bénenuts, que lui ne peut rien faire. Le monsieur dit qu'il a fait un autre supermarché pour vérifier et que c'était pareil. Il dit « J'vous l'dis à vous hein, c'est entre nous », ça me fait rire. Mais le monsieur prend ça très au sérieux. Je reste, mais je suis pressée et j'ai plutôt l'air d'une potiche donc je m'avance en caisse. Une fois la bouteille payée, je salue la caissière, le responsable et K, plus loin. Il ne me répond pas, sans doute un peu triste de me voir déjà partie alors que normalement je reste deux heures dans le magasin. J'espère qu'il va un peu s'en vouloir de m'avoir dit que le coca c'est pas bon, qu'il va penser que je le boude et qu'il va se rendre compte qu'il m'aime bien. Je verrais ça samedi.


Sinon, pour l'histoire du sac, il y a eu une évolution mardi, mais qui s'est éteinte hier. En effet, voici les étapes dans l'ordre :

Je demande un sac après avoir passé ma carte

Il me propose un sac avant que je ne fasse mon code Il me propose un sac pendant que je fais mon code et en profite pour y ranger mes achats

Mardi, en jupe orange et haut violet, après être venue une fois et avoir perçu un peu de tristesse quand je suis venue avec un sac (« Oh, vous n'avez pas besoin de sac? »), j'y vais sans sac. Et là, il ne me propose pas de sac quand je fais mon code. Se retourne même au lieu de me parler... Pour prendre un sac et y ranger mes affaires. Sans rien dire, il avait vu que j'avais besoin d'un sac. J'ai trouvé ça d'une délicatesse sans nom.

Samedi, après que son collègue a dit « Pourquoi t'es tout rouge ? », je pense qu'il a voulu faire genre j'étais une cliente comme les autres donc il m'a demandé si je voulais un sac, l'a ouvert, sans ranger mes affaires. Ce qui était vraiment bête cette fois parce que j'étais chargée comme une mule.

Mais je ne lui en veux pas, bien évidemment. Juste un peu chiffonnée de n'avoir pas eu ce traitement de faveur cette fois. Samedi prochain, il faut que j'achète des fraises et je sais pas quoi. Je lui demanderai comment il va. Je sais que ça va pas être facile de tenir, parce que déjà j'aime manger, et qu'en plus, j'aime sa bouille si gentille. Mais j'ai envie de voir si je vais lui manquer. Ses yeux perçants vont me manquer. Parce que merde, il est charmant. Et j'aime voir des gens charmants. Ça va surtout être dur si je passe de mauvaises journées : il est mon soleil. Ou si je passe de trop bonnes journées : il est ma cerise sur le gâteau. Mais enfin Jeudi je vais à Orsay. Voir une voyante, après ma JAPD. Enfin essayer.

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