Adieu

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Je l'accompagne sous le métro, suis contente de savoir que c'est le 13, ça me fera gagner quelques pas par ce temps. Le 13, tiens je ne l'avais pas remarqué auparavant. On descend les marches, on passe nos cartes, on s'arrête pour parler. On descend les escaliers, on s'assied pour attendre le métro. On parle sous l'oeil de Balzac, il me parle de son Italienne. J'ai un pincement au cœur d'entendre la façon dont il en parle. Je suis un brin jalouse, mais je fais comme si de rien n'était, je ne vais quand même pas piquer une crise de jalousie. On continue de parler, il dit qu'il part au prochain métro. Il reste. Ça dure. On est bien là, assis. Je préfère ça à une terrasse de café. On reparle de suicide. Lui voit en « un saut en parachute sans parachute » le meilleur moyen. Je ris parce que la fin chute me paraît une grande souffrance. Il me l'accorde, me dit qu'il n'y avait pas pensé à ça. Je lui réponds que la meilleure solution c'est le gaz, on a l'impression de s'endormir, c'est simple, il suffit de mettre sa tête dans le four. Il propose même d'absorber des somnifères pour que cela soit encore moins douloureux. « Un somnifère en plus ? Quelle bonne idée ! » « Non, non, la boîte, c'est plus sûr », je suis étonnée qu'il faille toute une boîte. Je trouve que c'est une excellente idée. Il me défend de le faire. Je garde l'idée en tête, je trouve ça sympa et moins dangereux et moins douloureux qu'une balle dans la tête, qu'un saut sous des rails, qu'une chute.

Il veut me faire lire le mail qu'il a envoyé à son Italienne, me dit qu'il y pense même quand il fait l'amour à Juliette. Pincement au cœur. Le téléphone charge la page, je lis. Il me trouve un air très sérieux. Je lis. C'est beau. C'est poétique, c'est très bien écrit. Un peu bouleversant. Il y a quelques phrases un peu en trop, mais c'est tellement beau qu'on s'en fout. C'est prenant. Je me demande ce que j'aurais dû faire pour lui inspirer de pareils sentiments, ça me fait de la peine. Je suis émue. Personne ne m'écrira ainsi. Je suis trop saisie par l'émotion pour tenter de lui dire ça, je dis juste que c'est beau, que c'est compliqué d'y répondre et qu'elle a forcément été touchée. Il me dit que je lui écris trop, que je le vois trop, que je suis trop attachée. Que de lui écrire autant, je ne devrais pas. Ça me fait de la peine parce que je ne sais pas faire autrement que d'écrire tout le temps à MPL ou à lui. Ma vie c'est de leur raconter ma vie. On parle, on rit à nouveau. Il me dit que c'est la dernière fois qu'on se voit. Qu'on ne doit plus s'écrire. Il garde son air sérieux, se lève, dit qu'il prend le prochain. On marche un peu, il me fait le baise-main. Ça me fait rire, je repense à Jean. Il passe encore un peu de temps avec moi, laisse passer des métros, et finalement, c'est l'heure. On se dit au revoir. J'ai bien l'impression que c'est la dernière bulle. Je le regarde partir, m'en vais 

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