Animaux et Guerre Domestique

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Seul, dans la salle de bain, je contemplais mes possibilités. La cuisine venait de tomber aux mains de l'ennemi, nous étions acculés de tous côtés. Avec les réserves qui nous restaient, j'estimais notre survie à une semaine. Le temps nous était compté, il nous fallait agir vite. Il était grand temps que je convoque le conseil de guerre. Je tirais la chasse, puis sorti de la salle de bain pour rejoindre mes alliés dans notre avant-poste, le cagibi. Le sergent Guizmo, et le colonel Ulysse m'attendaient. Ils étaient déjà en train de discuter des modalités de l'attaque. Une fois que j'eu refermé la porte derrière moi Guizmo dit de sa voix rauque : " Nous t'attendions Alexandre, nous avons besoin de ton avis sur la proposition d'offensive du colonel Ulysse. ", Ulysse poursuivit de sa voix chantante : " Tu n'es pas sans savoir que nos ressources s'amenuisent de jour en jour, nous devons attaquer au plus vite. Comme tu le sais, l'ennemi va recevoir des ravitaillements demain à la première heure. Il nous faut à tout prix profiter de cette diversion pour les prendre par surprise. Voici mon plan, quand la sonnerie retentira le sergent Guizmo et toi allez sortir de la salle de bain pour vous précipiter dans le salon, feintant une attaque. Pendant ce temps, je serais sorti par cette fenêtre, je rentrerais alors par celle de la cuisine pour récupérer les provisions avant d'entamer mon vol de retour. Une fois que mon opération sera terminée, j'activerais la chasse d'eau qui signalera votre repli. Ce plan, vous convient-il mon commandant ? "

Mais le commandant était loin, perdu dans ses songes, se remémorant le temps où il n'en était pas un. Notre relation avait pourtant si bien commencé. Nous nous étions rencontrés un soir tard après une pièce de théâtre, je prenais un verre au comptoir. Quand je vis arriver cette femme resplendissante, les larmes aux yeux, légèrement alcoolisée, j'engageais la conversation. J'appris qu'elle avait écrit un drame, qu'elle s'était empressée de proposer aux acteurs de la pièce de boulevard à laquelle nous venions d'assister. Ils avaient alors refusé dans un éclat de rire. Pendant que nous parlions, les commandes n'avaient cessé, si bien que je me sentais d'humeur à me prendre pour un acteur. Elle me tendit le texte que j'interprétais devant ses yeux avec passion. À peine avais-je fini la première phrase qu'elle éclata de rire, mais sans me laisser abattre, je continuais, prononçant chaque réplique avec plus d'ardeur que la précédente, se prenant au jeu elle se mis à interpréter les autres personnages. Et c'est ainsi qu'à 3 heures du matin le patron du bar nous trouva tous les deux jouant un drame antique. Il nous mit à la porte, on continua donc dans les rues jusqu'à chez moi, où on passa le jour à dormir. Après cette première nuit, on continua à se voir de plus en plus fréquemment. Si bien qu'après peu, je finis par emménager chez elle. Mais un événement inattendu vint s’initier dans notre foyer semant les graines de la discorde.

" Commandant !! Il faut prendre une décision rapidement, la situation est critique. ". Je regardais le sergent Guizmo qui venait de me baver dessus, puis en soupirant, je lui répondis : " Pourquoi ne pas retenter la négociation ? ". Le sergent et colonel me regardèrent dépiter, ce fut Ulysse qui prit la parole le premier : " Enfin, vous perdez la tête, je sais que la situation semble désespérée, mais on ne peut pas abandonner après autant de sacrifice". Il avait raison, mais comme tout grand général, j'étais parfois pris de doute. Je répondis : " Nous procéderons donc demain à l'offensive proposé par le colonel Ulysse, que chaque soldat soit prêt à l'aube, nous attaquerons dès que le livreur arrivera. Repos colonel ". Je retournais dans mon lit improvisé, pour une nuit de calme avant la tempête.

La population avait reçu pour ordre de ne plus sortir de leur domicile, que pour se promener dans un rayon de 3 km. Au début, cela ne nous avait pas dérangé, cette situation nous donnait l'occasion de passer du temps ensemble, mais petit à petit cette routine commença à nous peser. L'appartement qui nous avait paru immense rétrécissait, on se retrouvait toujours l'un sur l'autre. Tout commença par des petites contrariétés. Puis avant même que l'on ne s'en rende compte on ne pouvait plus se supporter s'évitant, on ne faisait plus rien ensemble à peine si on se voyait. Alors quand je revins d'une balade avec Guizmo tout ce qu'on avait chacun gardé pour soi éclata. Les insultes fusèrent, la vaisselle aussi. Elle me reprocha de faire ce que je voulais dans son appartement, où je n'étais qu'un invité, qu'en tant que tel je n'avais pas le droit d'héberger qui que ce soit sans son accord. Sur ce, je sortais de mes gonds, comment pouvait-elle être égoïste au point de vouloir laisser le pauvre Guizmo passer ses nuits tout seul, dehors, alors qu'on avait largement la place de l'accueillir chez nous bien au chaud. Elle ne voulait rien savoir, elle prit Guizmo et le traîna jusqu'à la porte. C'est à ce moment que dans un éclat de colère, je le lui arrachais des mains me précipitant dans le salon fermant la porte à clé derrière moi. Derrière elle se mit à taper comme une folle pour que je la laisse rentrer, mais ma détermination était sans faille. Puis les jours passèrent les uns après les autres, moi enfermer dans le salon, ayant accès à la salle de bain, la cuisine et le cagibi. Pendant ce temps, elle était enfermée avec Caramel, dans l'entrée, elle avait accès à notre chambre. N'ayant plus accès à la cuisine elle commandait chaque semaine des conserves que le supermarché lui livrait. Nous étions tous les deux devenu autosuffisant chacun dans sa partie de l'appartement. Chaque matin en me réveillant je regrettais un peu plus mon geste, souvent, j'eu envie d'ouvrir cette maudite porte de me jeter dans ses bras, de m'excuser, mais chaque minute qui passait rendaient les retrouvailles plus difficiles, impossibles. Seule la présence du sergent Guizmo me confortait dans ma position, je ne me battais pas pour rien, alors quand le capitaine Caramel tenta lors d'une embuscade de tuer le pauvre colonel Ulysse, je fus définitivement convaincu d'agir pour le bien, je ne luttais pas pour moi, je luttais pour eux.

Le réveil sonna 8 heures du matin, les premiers rayons du soleil illuminant la chambre, à travers les interstices des volets. Je me levais Guizmo et Ulysse était déjà à leurs postes, il n'y avait plus qu'à attendre le signal de l'offensive, le coup de sonnerie du livreur.

Je me rappelais de notre dernière attaque, au cours de laquelle Lisa avait failli m'injecter une dose mortelle de mon allergène. Cette fois, ce serait différent. Soudain, la sonnerie retentit, douce lointaine, j'inspirais profondément, avant de donner le signal d'attaque. Ulysse s'envola, sortant par la fenêtre. Tandis que j'ouvrais la porte avec violence. Guizmo se précipita en dehors et s'assit sur Caramel, moi, je courais dans la cuisine, me retrouvant face à face avec Lisa, lui barrant le passage avec la table et les chaises, elle referma la porte d'entrée sur le livreur, avant de se jeter sur les obstacles qui nous séparaient. Tout à coup, j'entendis le son de la chausse d'eau. Je battais en retraite poursuivi par Lisa qui hurlait : " Attends !", Guizmo avait relâché son étreinte sur Caramel qui était en train de se remettre sur pattes. Alors que j'allais échapper à l'emprise de mes assaillants, la porte de la salle de bain se referma sur moi. Je hurlais : " Guizmo ! Ouvre ! ", il répondit " D'abord promets moi que j'aurai un os, et que tu me feras des gratouilles sur le ven-ventre ", " Tout ce que tu voudras, mais ouvres ! ". La porte céda sous mon poids, je m'écrasais sur le carrelage de la salle de bain. Vite, je me relevais refermant la porte à clé, suivit du bruit sourd du capitaine Caramel s'écrasant contre la porte en bois.

Je tombais sur le sol soufflant comme un marathonien, Guizmo se mit sur le dos afin que je lui prodigue ses gratouilles. Ce que je fis. Puis un murmure sortit de derrière la porte : " Ouvres moi ". Je répondis : " Comment peut-on à nouveau se faire confiance ? ", " Je ne sais pas ". Comme possédé, mon corps se leva, tourna la clé dans la serrure et poussa la porte qui s'ouvrit. Lisa était face à moi aussi belle que la première fois, elle se jeta dans mes bras, je la serrais contre moi, me jurant ne plus jamais la perdre. Je sentis une légère douleur dans mon bras, je rouvris les yeux, et vit une seringue vide.

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Cohabitation forcéeChapitre4 messages | 3 ans

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