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Banjo

Jeune étudiant qui profite du confinement pour laisser parler une voix trop longtemps enfouie.

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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus

Œuvres

Banjo


Le soleil se levait sur la ville d'azur. Marco se réveilla, il avait l'habitude de se lever à l'aube à force de travailler sur un chalutier.
Il venait à peine de retourner sur la terre ferme après des années de pêche dans les quatre coins du monde. Quand il était parti, il était un jeune père de famille qui allait en mer afin de subvenir aux besoins de celle-ci. Il se rappelait encore du visage de Marie, sa femme, le jour du départ, plein d'amour. Rien ne lui permettait de prévoir la suite. Il avait pris pour la dernière fois son fils sur ses épaules, et ils avaient couru ensemble dans le port sans se soucier de l'avenir, l'embrun leur caressant les joues et les narines. Puis le moment de partir arriva. Ils s'enlacèrent en pleure se promettant de se revoir au même endroit dans un an.
Comme chaque matin Marco marchait dans les rues désertes de la ville, appréciant les premiers rayons du soleil sur son visage, sentant la brise marine qui annonçait la mer, la seule qui ne l'avait jamais abandonné. Pendant qu'il marchait, il aimait regarder à travers les vitrines des établissements, voir les personnes à l'intérieur s'agiter comme d'innombrables fourmis se préparant pour la journée. Lui n'avait rien d'autre à faire que de les observer. Étant un pêcheur à la retraite revenu après tant d'années d'absence dans une ville qui ne le reconnaissait plus. Au détour d'une ruelle, il vit un salon de coiffure. C'était la premiere fois qu'il le voyait. Il vit son reflet dans le miroir, face à face avec la crinière hirsute qu'il avait accumulé durant toutes ces années. Il poussa la porte du salon provoquant le tintement d'une clochette.
Les premiers jours sur le bateau avaient été terrible, Marie et son gosse lui manquaient terriblement. Il se promettait que ce serait la dernière fois qu'il partirait en mer, et qu'à son retour il trouverait un travail sur la terre ferme, afin de ne plus connaitre cette terrible solitude qui l'enlaçait inlassablement. Les autres habitants du bateau étaient de vieux loups de mer à qui la solitude ne dérangeait pas plus que les vagues qui s'écrasaient sur la coque du bateau. Ils avaient accepté leur sort noyant leur chagrin dans l'alcool. Dans le peu de temps libre qu'il avait Marco écrivait des lettres pour ne pas être oublié des siens, toutefois sans mentionner son chagrin, de peur de leur faire de la peine. Les premiers temps, Marie lui répondait avec autant d'entrain que lui mais plus le temps passa, plus ses lettres devinrent succinct, parfois même elle ne lui répondait pas. Marco se disait qu'elles avaient dû être perdue par le système postal.
Le vieux pêcheur entra, une jeune coiffeuse qui était occupée avec une cliente le salua et lui fit signe de se rendre au fond du salon, où il semblait se trouver une reception. Il y trouva un jeune homme, que Marco trouva étrange par sa façon de parler, et les grands gestes qu'il faisait pour s'exprimer. Marco se dit qu'il aurait préféré se faire coiffer par la jeune femme, cela faisait tellement longtemps qu'une main douce ne s'était pas posé sur son visage rugueux. Mais c'était trop tard, il n'avait pas envie de se plaindre, il s'installa donc sur la chaise que le jeune homme lui indiqua. Il enveloppa le marin dans une grande nappe avec un trou d'où sortait la tête hirsute de Marco, qui vit son reflet dans le miroir, il se rappela alors de son visage avant son départ et se rendit compte des ravages que l'âge, la solitude, et l'alcool avait fait, rongeant peu à peu son visage, formant de longs sillons. Le coiffeur abaissa sa chaise, mit la tête de Marco dans le lavabo, déclencha le robinet. Le loup de mer sentit l'eau chaude se répendre sur son crâne, lui procurant une sensation de bien être, lui faisant oublier tous ses problèmes. Pourtant l'eau n'avait pas toujours eu cet effet sur lui.
Il se rappelerait toujours du matin où la pluie martelait le pont, un lundi, jour où ils avaient pour habitude de recevoir le courrier. Pour une fois depuis de longs mois il y avait une enveloppe pour lui de la part de Marie, fou de joie il abandonna son poste, se précipita dans sa cabine, il arracha la lettre de l'enveloppe. L'attente lui avait été insupportable. Alors qu'il allait retrouver les siens dans à peine plus d'un mois. Il fut tout d'abord surpris par la brièveté du texte, mais ne s'en inquiéta pas il savait que Marie n'avait plus pour habitude d'écrire de longs paragraphes. Il commença à lire. Dehors la tempête s'intensifiait, le rythme de la pluie s'écrasant sur le pont s'accéléra, et de nombreux éclairs zébraient le ciel noir. Les vagues s'écrasaient sur la coque balançant le navire. Marco n'en croyait pas ces yeux. Il relut la lettre plusieurs fois, pourtant ceux-ci ne le trompaient pas contrairement à sa femme.
Marie lui annonçait qu'elle s'était éprise d'une autre que lui, et qu'elle allait continuer sa vie avec son amant et son fils. Ses dernier mots étaient : "Oublies nous". Le monde sembla s'effondrer sous ses pieds. Il sortit la bouteille de rhum qu'il gardait dans son veston, en vida le contenu. Lorsqu'il ouvrit la porte de sa cabine, la pluie et le vent se précipitèrent à l'intérieur, il se dirigea vers le pont pour faire face à l'océan, il n'avait plus peur de rien. Une énorme vague s'écrasa sur le bateau, le faisant basculer dangereusement les autres pêcheurs s'acharnaient à garder l'eau en dehors du bateau. Tandis que le capitaine essayait d'éviter le plus gros des vagues. Marco s'en foutait éperdument aujourd'hui il avait perdu sa raison de vivre, il n'avait plus peur de la mort. Il lutta contre le vent, pour arriver au bord du pont, faisant directement face aux vagues qui se profilaient à l'horizon toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Il resta là debout défiant l'océan.
Le coiffeur lui reposa la question « quelle coupe de cheveux voulez vous ?». Marco émergea de ses pensées, se regarda dans le miroir, remarquant une fois des plus ces cheveux blancs hirsutes partant dans tous les sens. Il était très loin de ressembler à Schwarzkopf. Son apparence criait qu'il n'avait jamais vu une paire de ciseaux, une tondeuse, ni même l'ombre d'un rasoir, comment pouvait-il savoir ce qu'était "une coupe de cheveux". Mais le jeune homme attendait toujours sa réponse, pensant que plus celle-ci serait ambitieuse, plus la recompense serait juteuse. Marco répondit d'une voix rauque « faites moi la même que la vôtre ». Le coiffeur se regarda dans le miroir comme s'il découvrait son reflet pour la première fois, offensé que celui-ci puisse plaire à un homme qui avait visiblement aucun goût. Il relança « quelle longueur pour le sabot ?». Marco le regarda décontenancé incapable de répondre. Le coiffeur fit comme si de rien n'était alluma la tondeuse électrique et commença à couper les longues mèches blanches, témoins de tant d'années, qui tombèrent au sol, avant d'être balayées.
Le vent balayait le pont, forçant les hommes à s'accrocher aux rambardes de sécurité pour ne pas être jetés à la mer. Les plus chanceux réussirent à rentrer dans l'habitacle du bateau, les autres se bloquèrent dans un coin dans l'espoir de ne pas rejoindre les poissons. Seul Marco était debout à l'avant du bateau, les autres l'observaient fascinés. Tandis qu'ils voyaient des montagnes bleues se former dans le lointain, avant de s'écraser violemment sur leur compagnon. Les unes après les autres, il les encaissa. Disparaissant sous l'embrun avant de réapparaître debout, face à l'ocean, une entité immuable que rien ne semblait déstabiliser. Une autre vague s'abattit sur le pont, cette fois Marco fut jeté à la mer comme un vulgaire insecte à qui l'océan apprend le respect. Marco avait été aspiré par la déferlante, projetée par-dessus bord. Il s'écrasa dans l'eau glacé, essayant tant bien que mal de garder la tête hors de l'eau mais les vagues le submergeaient les une après les autres. Pourtant il n'avait pas peur, il avait accepté sa fin, plus personne ne l'attendait sur la terre ferme, à quoi bon lui servait-il de continuer à vivre. Seul parmi le flot de vagues incessants, qui montaient telles de gigantesques montagnes avant de s'abattre sur elles-même dans un fracas inouï, balayant tout sur leur passage.
Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas songé à son ancienne famille, et au vide qu'elle avait formée en lui. Il regarda alors le jeune homme, et pensa que son fils devait à présent approcher le même âge, il essaya de se rappeler de son visage mais n'y parvint pas, il avait enfoui ce souvenir profondément dans sa mémoire afin qu'il cesse de le hanter. Il éprouva alors le désir de communiquer avec le coiffeur, pour essayer de savoir à quoi pouvait ressembler la vie de son fils, pour créer un lien avec ce passé depuis si longtemps disparu. Marco se lança, du silence monacal émergea une voix rauque, qui avait peu servie « Alors les affaires marchent bien ? ».
Alors qu'il regardait au travers de la vitre, le coiffeur laissa tomber le sabot qui se trouvait sur la tondeuse, puis comme pour le rattraper fit un mouvement brusque vers le bas. Une énorme touffe de cheveux tomba au sol, laissant un trou béant dans la chevelure blanche du vieil homme. Celui-ci sortit alors brusquement de son silence, le coiffeur ne sachant pas s'il faisait allusion à sa bourde répondit par inadvertance « Plutôt bien ». Il n'était pas d'humeur bavarde, il avait envie d'en finir au plus vite afin de mettre derrière lui cette inconfortable erreur, qui pouvait lui coûter des points sur google review, et potentiellement lui faire perdre de nombreux clients. Il fit un grand sourire à son client extraterrestre puis replongea dans les cheveux. Il dégaina la tondeuse sortit un sabot plus court le clipsa avec conviction sur son appareil, le ralluma. Le vrombissement du moteur lui donna courage, puis commença à égaliser la chevelure. C'est alors que le vieil homme posa une autre question : « Quelle relation avez-vous avec votre père ? ». Le coiffeur décontenancé regarda, le vieil homme dans les yeux, le sabot tomba à nouveau, il essaya de le rattraper de la même manière, et rasa la même partie du crâne à nouveau, cette fois il ne restait plus aucun cheveux blancs. Mais le coiffeur ne s'en rendit pas compte, il repensait à son père, cet homme qu'il avait à peine connu malgré quelques souvenirs heureux, l'homme qu'il avait vu dans le cercueil lui était étranger.
Il se rappela de son enfance, comment son père le portait sur ses épaules, lui donnant un sentiment de toute puissance. Mais en grandissant leurs rapports étaient devenu plus compliqué, son échec scolaire les avaient beaucoup séparés, et plus le temps passait le moins de points communs ils avaient. Son père avait alors porté toute son attention sur son plus jeune frère, qu'il avait éduqué à son image. Le coiffeur se rappelait très bien de l'enterrement, où il n'avait éprouvé aucune peine pour cet homme dont il ne reconnaissait même pas l'apparence.
Il répondit d'un air distrait, essayant de reprendre son calme, et de finir sa coiffure : « Une bonne relation. ». Il n'allait tout de même pas faire part de ces états d'âme à un étranger.
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Banjo

- Ce que tu vois, ce sont des stars.
- J'en reconnais aucune. Elles sont pas brillantes tes stars !
- Celle-ci c'est Betelgeuse.
- Et il est où Brad Pitt ?
Il prit une encyclopédie, l'abattit à plusieurs reprises sur sa tête, jusqu'à ce qu'elle rejoigne les étoiles.
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Défi
Banjo
Texte court sur un premier émoi.
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