Épisode 41 - De sombres nouvelles

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 Riant aux éclats à une blague de Tokri, Izul posa une assiette face à Kiame, tandis que son homme reporta son attention sur la cuisson de ses morceaux de Coquatrix, un monstre ressemblant à une poule géante qui vivait en troupeau au sein du désert.

— Vous êtes sûr de ne pas avoir besoin d’aide ? demanda Kiame, gêné de se retrouver à se tourner les pouces.

 Retournant les tranches de viande, l’Utak lui fit signe de rester assis :

— Détends-toi, le rassura-t-il. Tu l’as bien mérité.

— Tu es notre invité, ajouta Izul en un clin d'œil complice.

 Kiame rougit en ressentant la sincérité du compliment de Tokri. Depuis l’annonce par Gomaki de leur inscription à l’Examen Chuunin, tous deux passaient leur fin de journée à s'entraîner. L’Utak avait ressenti l’angoisse de son cadet et lui avait proposé tout un programme de préparation, ayant quelques idées de techniques Fuuton adaptables pour le jeune Myô. A son agréable étonnement, le taijutsuka s’était rapidement inspiré de son frère de cœur afin d’approfondir le développement de son style de combat.

 Saupoudrant la poêle de quelques épices, le chef d’équipe se fit un rapide bilan de la semaine qui venait de s’écouler. Sarouh était enfin de retour et redoublait d’efforts pour les aider pour les dernières étapes de leur formation. Le Tsumyo était également bien plus présent en dehors des entraînements, bien que l’inclusion de Nina tendait parfois l’entente entre eux, en particulier avec Izul et Nika. L’Utak avait toujours du mal accorder sa confiance à la serveuse, mais il lui était reconnaissant d’apporter un peu de lumière dans la noirceur qu’était actuellement la vie de son ami.

 Au-delà des réserves qu’il se gardait bien de formuler, Tokri ne comprenait que peu l’agressivité d’Izul envers la flamboyante blonde. Malgré l’insistance du jeune homme, la kunoichi d’azur bottait en touche à ce sujet, ne souhaitant pas parler de la serveuse lorsqu’elle pouvait l’éviter. Quant à Nika, le garçon avait vite renoncé à comprendre son point de vue. Bien qu’ils avaient renoué leur amitié, tous deux avaient bien du mal à se comprendre. Leurs entraînements aux armes de jets se déroulaient dans un silence quasi complet.

 Les viandes étant à point, Tokri les servit dans leurs assiettes et alla chercher les haricots rouges, tandis qu’Izul remplit leurs verres d’eau. Alors que le couple prit place à table, ils eurent la surprise d’entendre la porte d’entrée s’ouvrir. Tous trois échangèrent un regard interloqué, d’autant plus que le nouveau venu n’avait pas pris la peine de toquer pour s’annoncer.

— Ce que cette odeur m’avait manqué ! s’exclama une voix que Tokri reconnut aussitôt.

 Se levant précipitamment de table, le Genin bondit vers le couloir d’entrée :

— Okioto ! Enfin ! s’exclama t-il en disparaissant un bref instant de la vue de Izul et Kiame qui finirent par les rejoindre, sourires aux lèvres en retrouvant les deux frères en pleine accolade.

 Ressemblant fortement à son cadet, son visage était malgré tout imberbe, contrairement à Tokri qui avait commencé à se raser depuis plusieurs semaines. Le Jounin avait les cheveux maintenus en une queue de cheval, qui ne laissait retomber que quelques fines mèches. Bagages abandonnés au sol, Izul constata que le shinobi portait encore son katana au flanc gauche.

 Les Utak se séparèrent, laissant Okioto découvrir la présence d’Izul et Kiame. Il adressa un chaleureux sourire au jeune Myô, bien qu’un étonnement teinta la pétillance de son regard.

— Kiame ?

 Il porta alors son regard sur la jeune Leïl, vraisemblablement plus surpris encore de la voir. Okioto posa une main sur l’épaule de son frère, l’invitant à reprendre place à la salle à manger.

— Je crois que nous avons beaucoup à nous dire, mon frère.

*****

 Par chance, Tokri avait l’habitude de cuisiner avec zèle. Après avoir rapidement ajouté un couvert, le puissant ninja prenait à cœur de rattraper tous les événements manqués depuis son départ tout en savourant la cuisine de son frère.

— Ça remonte à quand tous les deux ? demanda Okioto en les désignant de sa fourchette.

— Quatre mois, lui répondit simplement le jeune Utak en se resservant un verre d’eau.

 Okioto hocha la tête et observa le couple à tour de rôle d’un air amusé.

— Et moi qui pensais que tu allais finir avec la marionnettiste, ricana le Jounin en jouant avec l’un de ses haricots.

 Tokri manqua de s’étouffer avec un morceau de Coquatrix, tandis qu’Izul trouva la sauce dans laquelle baignait ses légumes soudainement passionnants. A la fois amusé et mal à l’aise, Kiame leva les yeux au ciel et entreprit d’analyser le plafond avec une minutie qui forcait le respect.

— Gomaki n’a pas eu le temps de s’ennuyer avec vous, continua Okioto, dont le sourire s’était un peu plus esquissé face aux réactions de chacun.

— Surtout que je suis arrivé en cours de route ! rebondit Kiame en s’esclaffant, heureux de pouvoir détourner le sujet de discussion. Le pauvre doit me supporter à la maison et au travail !

 Okioto lui adressa un sourire complice, tout en se frottant soudainement les yeux. De lourdes cernes alourdissait son regard, trahissant des longs mois éreintants qu’il venait de subir.

— Il est malheureux que ton frère ait dû forcer la main du QG pour t’offrir une formation digne de ce nom, soupira Okioto avec dépit.

 Tandis qu’il prit des nouvelles de son meilleur ami auprès du jeune Myô, Tokri jeta un regard en biais à Izul. Depuis l’arrivée du Jounin, son comportement avait subitement changé, passant de chaleureuse à un inexplicable retrait. Elle n’avait que peu participé à la conversation, laissant à Tokri le soin de résumer les aventures de leur équipe sans prendre la peine d’apporter de quelconques précisions. Son frère le gênait-elle d’une quelconque façon ?

 Percevant l'inquiétude de son petit ami, elle prit sa main dans la sienne et lui adressa un discret sourire, promesse d’une explication à venir. Izul se tourna alors vers l’ainé des Utak et lui demanda d’une petite voix :

— Comment s’est passé votre séjour à Mahou ?

 Okioto haussa un sourcil, surpris par la soudaine interrogation :

— Oh ? Tu as donc une voix ? plaisanta le Jounin en un sourire taquin.

 La jeune femme redressa une mèche en détournant le regard, tandis que le Jounin ajouta avec un peu plus de sérieux :

— Mahou est un Village rafraîchissant. L’air de la forêt a une douceur insoupçonnée pour nous autres, natifs du désert.

 Étonnamment évasif, Tokri se demanda l’espace d’un instant s’il n’était pas tenu au secret. Cela ne serait pas étonnant pour un Jounin ayant passé plusieurs mois au sein d’un Village allié. Les dossiers qu’il avait dû traité devait être conséquent pour avoir été tenu aussi longtemps de chez lui.

— Au-delà du tourisme, j’ai perfectionné ma maîtrise du Hyoton, reprit-il en coupant un morceau de Coquatrix, qu’il savoura.

 Il adressa un clin d'œil complice à Tokri à ces mots, qui esquissa un sourire carnassier. Il mourrait d’impatience de faire la démonstration de ses propres progrès à son modèle autant que d’être ébloui par le fruit de l'entraînement prolongé du redoutable Jounin.

— Et concernant votre mission ? l’interrogea Izul avec intérêt.

— Je préférerais en parler en présence de Gomaki, répondit Okioto en terminant son assiette. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas été aux Bains avec lui.

 Étonné, les Genins s’échangèrent un regard, aucun d’eux n’ayant parlé du programme prévu avec leur équipe pour la soirée.

— Cette habitude remonte à notre propre formation de Genin, avoua Okioto en un demi-sourire. Nous en avions bien besoin après avoir subi les leçons de mon grand-père.

****

 Les shinobis se laissèrent glisser d’un seul homme dans la source thermale, savourant l’instant de délectation alors que l’eau chaude soulageait leurs courbatures.

— J’en rêvais, soupira Okioto avec délice, les coudes posés sur le rebord du bassin.

— Les bains de Mahou n’étaient pas à ton goût ? plaisanta Gomaki, qui ne se départissait pas de son sourire depuis ses retrouvailles avec son meilleur ami.

 Non loin d’eux, Mutika et Kiame échangeaient à propos de l’Examen Chuunin. Le rouquin adressa un clin d'œil à Tokri, confirmant son impression que tous deux se tenaient en retrait afin de les laisser savourer tranquillement leurs retrouvailles avec le Jounin. Sarouh s’était installé discrètement entre les deux groupes, suivant les deux discussions tout en participant naturellement à celle des Genins.

— L’absence de source volcanique la rend moins relaxante, confirma Okioto en un sourire. Mais ne l’ébruitez pas, il n’en faudrait pas davantage pour déclencher la Troisième Grande Guerre en ce moment…

 A cette dernière phrase, Sarouh jeta un œil en biais en leur direction, tandis que Gomaki se pencha avec attention vers son ami.

— Quelque chose est arrivé ? s'inquiéta-t-il.

— Tadaka Hakodate a été démi de ses fonctions, répondit-il du tac au tac, avant de se détendre la nuque en la craquant sur la droite.

— C’est possible ? s’étonna Tokri, qui n’avait en mémoire aucun Kage ayant été amené à démissionner.

 Le Tsumyo leur consacra sa totale attention et se rapprocha quelque peu de Tokri.

— Suite à l’acharnement du vieil homme à s’agripper au pouvoir, le Conseil a fait passer l’attribution d’un mandat de vingt ans à leur dirigeant. Ken Nagatory est le premier à en bénéficier.

— Je n’en ai pas été informé, s’étonna Gomaki, se demandant pour quelle raison l’information pourrait être un temps caché par le Village de la Forêt.

 L'aîné des Utak remua la tête, comme pour chasser tout soupçon de l’esprit de son ami.

— Sa nomination est récente, le rassura t-il. Dans quelque temps, tout Yuukan connaîtra son nom.

 Tokri se mordit une lèvre, l’esprit en ébullition. Dans l’équilibre précaire des pouvoirs entre les Trois, un bouleversement dans la direction prise par l’un des dirigeants pouvait tout changer.

— Quel genre d’homme est-ce ? l’interrogea le jeune homme, qui ne parvint à masquer l’appréhension dans sa voix.

 Okioto passa une main dans ses longs cheveux, cherchant les mots juste pour son explication.

— De ce qu’on m’en a rapporté, Nagatory est à la fois un puissant shinobi et un fin politicien. Lors de son discours d’investiture, j’ai été témoin de son talent d’orateur.

— Nous avons donc tout intérêt à en faire un allié, commenta le Myo, pensif.

 L’épéiste secoua la tête par la négative.

— C’est là tout le problème, ricana-t-il, un sarcasme ironique se mêlant soudainement à sa voix. Nous avons à faire à un Villagiste convaincu. Il affirme œuvrer pour la pérennité de l’Alliance, mais ses premières décisions visent à concentrer ses efforts exclusivement sur Mahou. Mon retour en est la preuve. Tous les ressortissants de Gensou et Chikara ont été priés de rentrer au bercail.

 Un silence s’abattit parmi les ninjas, le temps d’intégrer l’information et les conséquences qu’elle pouvait potentiellement engendrer. Un conflit était-il à craindre entre les Trois ?

— Si on ajoute le Boost S, ça sent vraiment pas bon ! laissa échapper Kiame.

 Les paroles du pirate revinrent à l’esprit du cadet des Utak. Peut-être avait-il raison ? La vanité des shinobis risquait de leur coûter cher si les Trois se révélaient incapable de maintenir leur union.

 Surpris, Okioto haussa un sourcil tandis que Gomaki jeta un regard sévèrement réprobateur à son petit frère qui baissa les yeux, rougissant de honte à sa bêtise.

— Vous avez été mêlé à cette affaire ?

— Lors de notre première mission en extérieur, nous avons dû affronter des Boostés, l’informa Gomaki qui commençait à comprendre la raison de la longue absence de son meilleur ami. Cela remonte à six mois.

 Le Jounin aux cheveux de jais se laissa à nouveau choir, laissant transparaître un bref instant sa fatigue.

— Vous faites donc partie des premiers shinobis à les avoir affrontés, soupira-t-il.

 Jetant un regard à Sarouh, il sembla hésiter un bref instant à continuer son explication. Le Jounin se tourna finalement vers lui :

— Est-ce à cette occasion que vous vous êtes rencontrés ?

 Le Tsumyo hocha la tête par l’affirmative, amenant un nouveau soupir de la part de Okioto.

— Vous êtes donc tous en droit de connaître les détails de mon séjour à Mahou, décida-t-il en faisant signe à Sarouh, Mutika et Kiame de se rapprocher.

 Lorsqu’ils furent suffisamment prêts, Okioto inspecta l’espace qui leur avait été attribué. Gomaki l’ayant privatisé, aucun client ne pouvait entendre malencontreusement leur conversation. Et fort heureusement, pas un membre du personnel ne travaillait actuellement dans leur secteur.

— Ma visite initiale n’était à l’origine que purement diplomatique, expliqua Okioto. Quelques visites protocolaires, tout au plus. Tout a changé lors de l’apparition de cette substance.

 Il marqua une pause, durant laquelle Tokri dut prendre sur lui pour ne pas trahir son impatience, pressentant qu’ils allaient en apprendre énormément sur la drogue qui menaçait le monde shinobi.

— Je ne vous apprend rien sur le fait que les Trois ont formé diverses équipes d’investigation afin de démontrer leur attachement à l’Alliance tout en éliminant une menace potentiellement immense. Tout comme Gensou et Chikara, l’ancien Mahoukage avait à cœur de montrer patte blanche envers ses alliés et a dépêché des shinobis pour mener l’enquête aux côtés de ressortissants étrangers.

— C’est pour cela que tu y es resté aussi longtemps ? en déduisit avec pertinence son cadet.

 Okioto hocha gravement la tête, amenant le jeune homme à comprendre le travail titanesque que son frère avait dû abattre.

— A chaque avancée, nous faisions face à un afflux de paramètres à décortiquer. Mon séjour fut donc prolongé avec l’objectif de démanteler les réseaux de Mahou. Ce fut mon objectif jusqu’à l’élection de Nagatory.

 Gomaki se passa une main sur son crâne, puis sur ses lèvres. Le chef des Genins se doutait que s’il l’avait pu, son sensei serait déjà en train de stimuler ses méninges en s’allumant une cigarette.

 Okioto sembla hésiter à aller plus avant dans ses explications. Il jeta un regard en biais à Sarouh, avant de se décider.

— La veille de mon départ, l’un de mes collègues Mahousard m’a fait parvenir un rapport. Tadaka avait autorisé des expérimentations sur des ninjas, peu avant sa destitution.

— Et donc ? le tanna Mutika, qui n’en pouvait plus des pauses du Jounin.

 Le shinobi expérimenté ricana face à l’impatience de l’aspirant, mais ne se priva pas de reprendre son souffle tout en veillant à ce que chaque mot ne tombe pas dans des oreilles civiles.

— Il y a une totale incompatibilité génétique, affirma t-il, tranchant. Toute utilisation de Chakra est impossible dès lors qu'un corps a procédé à une injection de Boost S. Les flux se retrouvent altérés à jamais. Au mieux, il se trouvera incapable de faire appel à son Chakra. Dans le pire des cas, le sujet en meurt.

 Tokri et Sarouh échangèrent un regard, leur esprit d’analyse en ébullition.

— Le pirate que nous avons affronté à Sengo ne s’était pas augmenté, fit remarquer Tokri du tac au tac. Cette drogue doit avoir la même effet sur les autres formes de manipulation d’énergie.

— Elle est clairement destinée aux civils, conclut Sarouh, lisant dans les pensées de son ami tout en se mordillant le pouce.

 L'exposé lui ayant demandé ses dernières forces, Okioto se passa une main fatiguée sur le visage. Il avait clairement besoin de repos.

— On peut donc supposer qu’un groupe anti-shinobi œuvre contre nous, chuchota Mutika en un souffle sidéré.

— Si ce n’était que cela…

 Okioto fut une fois de plus le centre de toute leur attention.

— Je ne vais pas insulter vos intelligences en vous informant que les Trois souffrent de nombreuses désertions. Depuis le déclin de Shinobi, jamais aucun Village du Yuukan n’avait vu proliférer autant de traîtres en à peine quelques années.

— Tu as appris quelque chose à ce sujet ? l’interrogea Gomaki, qui laissa transparaître un zeste d’anxiété à travers la dureté de son regard.

 Okioto laissa glisser ses bras à travers l’eau et leva la tête pour observer le ciel étoilé du Village du Désert. Sa brève contemplation sembla lui apporter quelque réconfort, suffisamment pour reprendre la parole avec justesse.

— Lors de mes enquêtes, je suis descendu de nombreuses fois dans les bas-fonds. Incognito, bien entendu. Et j’ai eu vent de quelques rumeurs.

 Il baissa alors la tête, plongeant son regard dans celui de son ami d’enfance.

— La source du Boost S réunirait toute personne s’opposant à l’Alliance des Trois.

 Il détourna alors le regard pour le plonger un bref instant dans celui de Tokri, qui y reconnut la froide détermination se mêlant à la rage intérieure que peu ne parviennent à soupçonner chez son brillant frère aîné. Une hypothèse envahit les réflexions du Genin, se doutant instantanément que cette dernière devait hanter Okioto depuis de nombreuses semaines.

 De douloureux souvenirs de sa mère frappèrent l’esprit du jeune homme. Il ressentit le dernier câlin partagé, prélude à la mise à mort de son cœur d’enfant.

 Oubliant les enjeux géopolitiques, toute l’attention de Tokri n’était plus dirigée avec obsession que sur une unique personne. Mâchoire crispée, son poing vengeur se serra discrètement alors que son cœur se mit à palpiter d’excitation, stimulé par l’espoir qui venait de se présenter à eux.

 Uril Utak ne lui avait jamais semblé aussi proche.

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