Épisode 27 - Le bon vieux temps

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 L’adrénaline déferlait dans les veines de Cacaunoy, alors qu’elle s’élançait à toute vitesse face au colosse pirate. Sa lame virevoltait, parant les assauts brutaux du Berzerk, les chocs résonnant dans toute l’arène. L’ennemi était incroyablement puissant et vif. Il se régénérait à chaque fois qu’elle parvenait à le blesser, trop vive pour le monstre malgré ses améliorations dues à la drogue. La peau distendue par les muscles démesurément gonflés, les veines saillantes d’une hypertension manifeste, le géant bien plus large et grand que Sarouh était énorme. Son corps recouvert de cicatrices avait arraché la plupart de ses vêtements de cuir par sa mutation. Mâchoire carrée et yeux enfoncés dans son crâne ridiculement épais, il ressemblait à un idiot du village. Il serait pathétique s’il n’était pas aussi dangereux.

 Naturellement, le Tsumyo s’était placé en tandem défensif à ses côtés. Punissant les ouvertures et se retirant aussitôt, ils dansaient autour de l’ennemi, toujours hors d’atteinte. Cacaunoy mettait trop de pression à l’inhumain tas de muscles pour qu’il se permette de se concentrer sur l’illusionniste. L’épéiste laissa un sourire sauvage se tracer sur ses lèvres, jubilant sans commune mesure.

 La créature en elle se taisait mais la kunoichi la sentait vibrer à l’unisson de ses violentes émotions. Etrangement, Cacaunoy ne s’en sentait que plus forte. Les frappes se multipliaient sur l’ennemi, dansant avec Sarouh. Ils échangeaient avec leur sabre, Aura tranchant impitoyablement et en profondeur la chair de leur adversaire. Le Fuuton, comprit-elle, faisait son ouvrage. A mi-distance, Chiraku harcelait de projectiles le corps du géant, couvrant leurs mouvements des inexplicables accélérations du géant muté.

— Allez crever bande de moustiques ! hurla le colosse, parant d’une main l’épée de Cacaunoy et attrapant le col de Sarouh, il les repoussa au loin. Je vais vous buter, vous pouvez pas me blesser !

— Vous pensez que c’est la drogue qui l’abrutit, ou c’est un cas désespéré ? interrogea Chiraku, moqueur.

 Sans leur laisser le temps de répondre et mêlant le trait d’esprit à l’action, il avait profité de l’ouverture pour attaquer. Un jet d’eau sous très haute pression, canalisée par une sphère flottante juste au-dessus de son majeur dressé en un mudra, pulvérisa le colosse contre le sol dans un vacarme assourdissant. Simple et brutalement efficace, approuva la brune d’un signe de tête.

 Ils eurent la désagréable surprise de voir le Berzerker se relever en se massant le cou, avant de foncer vers eux en beuglant. L’épéiste comprit simultanément que Chiraku avait échoué à décapiter l’ennemi et que Sarouh était trop exposé. Puisant dans son Chakra, elle l’expulsa sur le côté d’un coup d’épaule et encaissa à sa place une frappe des deux poings joints de son bras gauche.

 Le sol sous elle s’enfonça et le terrible impact manqua de lui briser un os. Malgré l’onde de choc, elle ne put s'empêcher de rajouter à l’énervement du colosse.

— C’est tout ce que t’as, connard ?

 Joignant les mots à l’action, elle frappa l’ennemi au flanc, dans lequel la lame resta coincée alors que le monstre mugissait de douleur. Sans se démonter, elle lui envoya un coup de pied dans les parties génitales, suivi d’un coup de genou en pleine mâchoire qui craqua horriblement. La frappe propulsa le colosse de plus de deux mètres dans les airs comme une poupée de chiffon, le sabre toujours enfoncé dans sa chair.

 Un puissant geyser d’eau le frappa directement dans la poitrine alors qu’il planait encore dans les airs pour le fracasser contre un mur plusieurs mètres plus loin. La brune devrait se passer d’arme pour les prochains échanges, l’acier ayant été emporté avec lui avant de glisser sur le sol, dégagé par la pression. Sans attendre, plusieurs kunaïs suivirent. Le monstre n'eut pas le temps de réagir que les parchemins qui y étaient accrochés explosèrent, le ramenant vers les shinobis. Immédiatement, Sarouh et Cacaunoy furent sur lui. Ils frappaient sans relâche, amenant le colosse aux limites de sa capacité de régénération. A la douleur et la fureur commença à s’ajouter la peur dans les pupilles dilatées du monstre.

 Il était déjà impressionnant qu’il soit encore en vie, devait admettre la brune en son for intérieur. C’était parfait. Elle ne voulait pas que ça s’arrête si vite. La kunoichi échangea un regard avec son partenaire de danse, lui aussi tout sourire. Il hocha la tête et fit un bond en arrière, rejoignant Chiraku.

 Le titan fonça vers elle d’une rage renouvelée, profitant de n’avoir qu’un adversaire pour déployer toute sa puissance, chaque coup résonnant dans toute l’arène improvisée. Cacaunoy n’était pas en reste, parant chaque attaque de ses bras sous le flot d’insultes continu beuglé par le colosse. Elle ne les entendait pas, mais savait que les deux adolescents mettaient au point un plan. Le déferlement brutal de violence du monstre égalait l’agilité meurtrière de l’épéiste. Sous ses coups, la brune avait la satisfaction d’entendre les os se briser et les tendons céder. Immédiatement régénérés par la substance. Aux prises avec son ennemi, elle pu lui brûler le visage d’une gerbe de flammes avant que ses coéquipiers ne prennent le relais.

 Ils s’étaient tous deux dédoublés et le quatuor de shinobis se jeta sur son adversaire. Ils l’entourèrent et une chorégraphie de frappes aériennes et de projectiles se mit à harceler le titan.

— Comme au bon vieux temps, murmura Cacaunoy.

 Un poing gargantuesque s’enfonça dans le corps d’un Chiraku fantomatique sans le toucher. Un autre ne déclencha qu’une explosion de pluie alors que le genou du pirate détruisait le clone d’eau. Décontenancé de n’affronter que des simulacres, ses poings s’enfonçant sans toucher les doubles inconsistants, le colosse réalisa soudain qu’aucun de ses partenaires de jeu n’était réel.

 Il releva la tête et aperçut soudain le Mizu dans les airs, un sourire narquois aux lèvres. Un véritable déferlement d’aiguilles aqueuses fondit sur l’ennemi et déchira la peau du Berzerk. Les innombrables projectiles, aussi rapides que puissants, trouèrent la peau de l’ennemi en de multiples endroits, laissant un amas de chair difficilement reconnaissable s’effondrer. Les tirs qui rencontraient le sol le retournait dans un bruit sourd comme s’ils s’agissaient d’obus.

— Tu as vu, j’ai quelque peu progressé moi aussi, fanfaronna le Mizu en atterrissant en souplesse à côté d’un imperturbable illusionniste

 Les tatouages du Mizu brillaient, recouvrant ses avant-bras et grimpant jusqu’à sa mâchoire. Il avait encore de la marge. Même en combattant régulièrement à ses côtés, l’épéiste devait reconnaître que sa quantité de Chakra était terrifiante. Il la manipulait avec finesse, capable de prouesse d’artillerie magique ridiculement puissante pour son rang.

 Alors que la brune allait récupérer son épée, le trio fut horrifié de se rendre compte que la chair de l’ennemi s’était déjà réorganisée pour rendre vie au terrible colosse. Il hurlait, convulsant d’une souffrance sans nom alors que son corps lui refusait le repos. Le titan sembla même devenir encore plus grand.

— J’aurais dû en profiter pour le décapiter, pesta Sarouh. La capacité de régénération de ce truc est dingue. Encore pire que Nikidami, ajouta-t-il en se mettant à nouveau en position à côté de la brune.

 Cacaunoy lui envoya un clin d’oeil, lame en position haute. Son bras gauche la lançait, ils n’avaient pas de nouvelles de Gomaki, les Genins étaient en proie avec le chef pirate. La situation pouvait encore dégénérer. Il fallait clore.

— Cac’, il est pour toi, sinon on va y passer la nuit, fit leur chef d’équipe qui avait eu la même idée qu’elle, pas impressionné pour un sou.

— Avec joie, jubila la brune en joignant ses mains, malaxant son énergie spirituelle.

— Sarouh, avec moi, ordonna Chiraku, ne laissant pas au Tsumyo le temps de comprendre.

 Ils se clonèrent à nouveau et foncèrent vers le titan alors que la brune préparait son attaque. Après plusieurs échanges, les deux Chuunins durent reculer de force, projetés par des coups violents dans l’abdomen.

— Alors, on s’en sort pas sans moi ? taquina l’épéiste, une aura rouge sang déployée toute autour d’elle

— Défonce le, tu frimeras après, grimaça le Mizu, coupé en deux au sol et peinant à récupérer son souffle.

 Chargée de Chakra comme d’adrénaline, l’épéiste fonça. Après le gyo vient le ko, lui avait enseigné Asori. Rapidement elle avait appris à passer de l’un à l’autre, ses faibles prédispositions au ren lui demandait toujours un temps de préparation cependant. Temps que venait de lui fournir les garçons.

 Si les premiers échanges entre la brune et le colosse avaient semblé équilibrés, cette fois, il n’en était rien. Fusant autour de l’ennemi, elle tranchait, coupait, perçait et cautérisait par des gerbes de feu les blessures de l’ennemi, qui ne touchait plus que le vent. Elle lui trancha un bras, brûla le moignon, qui se mit tout de même à repousser, avant d’échapper à la riposte en se baissant.

 Ce petit jeu ne dura que quelques secondes, qui semblèrent bien plus longues à la brune. Après avoir profondément entamé la jambe gauche du colosse qu’elle faisait patauger dans un océan de sang et de souffrances comme un ivrogne dans la fange, Cacaunoy trouva l’ouverture qu’elle désirait.

 Pour le titan, ce fut très rapide. Il cligna des yeux et son adversaire n’était plus là. En un battement de cil, la kunoichi était sur son dos, sabre enfoncé à travers sa nuque jusqu’à travers sa poitrine. Alors qu’il tentait de se débattre, se noyant dans son propre sang malgré la régénération, un nouveau sourire de prédatrice se dessina sur le visage de la kunoichi.

— Katon, souffla-t-elle, Uneri !

 Elle prit feu en un gigantesque brasier qui déferla à l’intérieur du pirate, les flammes ressortant à travers tous ses orifices, spectacle de sons et odeurs écoeurant. Alors qu’elle sentait ses forces la quitter, l’épéiste eut le plaisir de voir Sarouh au-dessus d’elle, comprenant immédiatement son intention.

 Leur Chakra se mélangèrent dans une osmose parfaite et une véritable tornade de feu prit vie autour de la Marwais. Cacaunoy était le cœur d’un véritable volcan, alors que l’impétueuse tempête ardente dévorait la chair de son adversaire. Pendant une seconde, elle se sentit vivre. Lorsque l’illusionniste atterrit à côté d’elle, il ne restait que les os léchés par les flammes.

— Régénère moi ça un peu pour voir, souffla la kunoichi en retirant sa lame d’un geste sec.

— Bon travail, fit Chiraku, en marchant vers eux d’un pas traînant.

 Cacaunoy ne put retenir sa joie et se retourna toute sourire vers Sarouh, levant la main pour taper la sienne. Le Tsumyo accepta naturellement. Les yeux noisettes croisèrent momentanément l’émeraude éclatant du Chuunin aux cheveux bleus, savourant cette connexion.

 On ne lui laissa pas ce plaisir bien longtemps. Un bruit encore plus sourd que l’impact des coups du titan retentit alors que le corps du Jounin traversa l’arène, filant devant les yeux écarquillés de Cacaunoy pour mieux s’encastrer dans un mur avec fracas, manquant de s’effrondrer sur lui même. La brune échangea un regard avec Chiraku et Sarouh.

— Bordel de merde, firent le Tsumyo et Chiraku, synchrones.

 Immédiatement, ils prirent position en face des Genins, prêt à réceptionner l’odieuse menace. Ils avaient encore du travail.

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