Épisode 25 - Mentorat

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 Le Jounin expira un trait de fumée, qui emplit brièvement ses narines. L’odeur du tabac lui permettait de dissiper un bref instant celle des eaux usées dans lequel il pataugeait aux côtés de son élève. La gorge piquée, Mutika toussa. Gomaki s’en sentit idiot et prit garde à diriger les prochaines bouffées le plus loin possible du Genin, s'aidant discrètement du Fuuton. Les gamins étaient suffisamment exposés aux horreurs du Yuukan, autant leur éviter autant que possible le tabagisme passif. Le shinobi expérimenté songea avec ironie à la résolution d’arrêter qu’il avait tenté de tenir lorsqu’on l’avait nommé sensei. Peine perdue, le stress de l’enseignement l’avait fait replonger avant même leur premier jour.

 Il sourit en voyant le rouquin identifier et désactiver piège après piège. Ses élèves avaient progressé bien plus qu’il ne l’avait espéré en quelques mois, mais il savait que leurs compétences en matière de mécanismes étaient grandement dues aux connaissances de la Hynomori. C’était quelque chose que Gomaki adorait avec ses protégés : leur cohésion leur permettait de déteindre les uns sur les autres. Son sens du tutorat et le leadership de Tokri y était pour beaucoup, complété par le sérieux de Sarouh. Le sensei était reconnaissant de l’implication de ce dernier qui, au regard des circonstances qui l’avaient amené au sein de l’équipe, aurait pu se contenter du strict minimum. Gomaki n’était pas assez naïf pour ignorer que certains intérêts personnels l'avaient encouragé à adopter ce comportement, mais cela ne retirait rien à son professionnalisme.

 Tout en encadrant l’Oroshi, les pensées du Myô se dirigèrent vers le cadet des Utak. S’étant préparé à réguler un Okioto, Tokri ne cessait de le surprendre. Bien différent de son frère, Gomaki soupçonnait que l’écart d’âge y soit pour beaucoup. Contrairement à son aîné qui avait vu sa vie brisée à l’âge de seize ans, le dernier né des Utak avait dû se construire à partir de la mort de leur mère. Avant même de devenir son professeur, Gomaki avait eu l’intuition que le garçon avait intégré sa peine et sa colère plus qu'il ne la portait. A l’inverse de Okioto qui ne vivait que dans l’objectif de tuer Uril Utak.

 Gomaki masqua un soupir par un trait de fumée, tandis que Mutika désactiva un piège d’un lancer de kunai. Tous deux étaient membres de l’équipe de Bril lorsque le drame eut lieu, le Jounin avait souvenir de nombreuses disputes entre leurs parents à cette époque. Okioto se réfugiait régulièrement auprès des Myô, amenant son meilleur ami à assister aux ravages de la situation sur son mental. Le garçon blagueur s’était peu à peu effacé pour laisser place à un shinobi renfermé sur lui-même. Mais ce n’est que le jour où ils furent avertis de l’assassinat de Lila que son partenaire se métamorphosa véritablement.

 Se vouant en solitaire à l'entraînement jusqu’à tomber d’épuisement, Gomaki avait fini par le confronter dans l’espoir de le ramener à la raison. Il avait alors découvert un Okioto cynique, obsédé par l’idée de venger sa mère aux côtés de son cadet. Ce n’était pas cela qui frappa le plus le Myô, jugeant la défense naturelle et lui permettant de se raccrocher à la vie. Ce qui le glaça fut ce qu’il lut dans son regard : une froideur dénuée de la lumière qu'il avait jusqu’alors toujours connue chez lui. Avec amertume, Gomaki songea que les désertions de Yakone et Karui trois ans plus tard n'avaient certainement rien arrangé.

 Aujourd’hui, l'aîné des Utak était connu de la hiérarchie pour son efficacité sur le terrain et son sens de la diplomatie, mais le Jounin n’était pas dupe. Il lui suffisait de croiser son regard pour constater que son meilleur ami n’était jamais totalement revenu.

— Ce serait dommage que ce soit vous qui vous blessiez avec un bête piège, déclara Mutika d’une voix rêveuse, pensant clairement à voix haute.

 Gomaki expira un trait de fumée et fit tomber quelques cendres en esquissant un sourire amusé.

— Tu as si peu de considération envers ton mentor pour imaginer cela possible ? répliqua t-il sur le ton de la plaisanterie, arrachant un sursaut de surprise au Genin.

— Je commence à en être convaincu, répondit-il en bredouillant, un soupçon de sérieux se glissant dans sa voix.

 Le Jounin prit une expression impassible afin de ne pas trahir son intention, se contentant de jeter sa cigarette avant d’en sortir une nouvelle. Il ralentit son pas au dernier moment et laissa Mutika déclencher un piège. De petites trappes s’ouvrirent au plafond, desquelles apparurent les extrémités de tuyaux. Les yeux de l’Oroshi s’écarquillèrent d’horreur, tandis que Gomaki se contenta d’attendre en posant une main rassurante sur l’épaule de son disciple. Des jets de flamme jaillirent vers eux, arrachant un sourire opportuniste au Myô.

 Au lieu de les réduire en cendre, les flammes s'arrêtèrent à bonne distance des ninjas. Gomaki ne laissa qu’une flammèche s’approcher de lui, juste assez pour lui permettre d’entretenir son tabagisme. Lorsque les lances-flammes tombèrent à sec, le Jounin constata que son élève affichait une moue boudeuse :

— C’était pour me ridiculiser ou pour frimer ?

 Le visage à demi-caché par de la fumée, le Genin ne vit pas le sourcil de son professeur se hausser de surprise. Cette intonation vexée et froide ne lui ressemblait en rien. En dehors des premières semaines de l’équipe qui avait été marquée par la rivalité entre lui et Tokri, Mutika s’était montré enjoué jour après jour, toujours le mot pour rire. Il était le principal vecteur de la bonne intégration des nouveaux membres de leur unité, en particulier de son cadet Kiame pour lequel le Jounin lui était infiniment reconnaissant.

— Pas du tout, lui répondit Gomaki aussi chaleureusement que possible. Jusque-là, je me contentais de te superviser. Je voulais simplement te prouver que même à la dernière minute, je te protégerais de tout danger.

 Ne se départissant pas de son expression attristée, Mutika reprit sa marche en portant son attention sur la détection des pièges. L'inquiétude de Gomaki n’en fut que redoublée. Gérer une troupe d’ados était d’une complexité bien plus grande que le ninja expérimenté ne l’aurait cru. Le sensei songea avec tristesse à la cruauté que leur société offrait à ses gamins : tous avaient ôté des vies avant même de vivre leur première relation amoureuse. C’était bien souvent le cas de nombre de ninjas et les Trois s’en fichaient éperdument. Gomaki était convaincu que ceci était une grave erreur. Au-delà de l’humanisme qui animait le paternel Jounin, sa carrière militaire lui avait prouvé maintes fois que des troupes en bonne santé mentale étaient bien plus efficaces que des armes traumatisées et dysfonctionnelles. Cette réflexion le rendit amère. Gomaki savait pertinemment qu’une différence fondamentale tranchait son point de vue de celui de ses supérieurs : il avait une considération pour la vie de ses camarades et ne les considérait pas comme des éléments jetables au besoin.

 Concernant Mutika, la situation était compliquée pour lui. Du peu qu’il avait tiré de leurs discussions, Gomaki avait compris que sa mère exerçait une importante pression sur la réussite professionnelle de son fils. L’équipe était devenue pour le Genin un refuge, semblable à une seconde famille. Raison pour laquelle il s’était montré méfiant, voire agressif, envers Sarouh et Kiame. Avant de finir par les accepter comme de nouveaux membres de sa fratrie de cœur. Ayant besoin d’amour, l’Oroshi avait l’amitié facile et Gomaki savait qu’il lui faudrait le mettre en garde avant que cela ne lui apporte malheur et déception.

 Une giclée d'eau face à eux remit ses réflexions à plus tard. Un crapaud rebondit sur le sol pour se diriger droit vers Mutika, tandis que Gomaki glissa sur le côté de l’hideuse créature. Réactif, le Genin composa les signes afin d'ériger un mur de roche afin de parer la langue propulsée par le monstre. Cette dernière ne fit qu'effleurer l'édifice, le crapaud se retrouvant éjecté en arrière par un violent souffle de vent, face au Jounin.

 Gomaki dirigea une paume vers le monstre, qui se retrouva pris par une flamme continue jusqu’à n’être plus qu’un amas de cendres. L’odeur de sa chair grillée ajouta une couche nauséabonde insupportable aux effluves du tunnel. Devançant de quelques pas son mentor, Mutika reprit sa marche en se bouchant le nez. Lorsqu'ils furent suffisamment éloignés, l'Oroshi libéra ses narines :

— Si Tokri ou Nika avaient été à ma place, seriez-vous intervenu ?

 Pris de court par l'étonnante interrogation de son pupille, le Myô en resta muet. Faisait-il preuve de favoritisme ? Ou avait-il simplement davantage foi en les capacités de certains de ses Genins ? Tokri avait une âme de guerrier, tandis que Nika possédait un esprit stratégique impressionnant pour une Genin de son expérience. A l'inverse, le manque de confiance en soi de Mutika et Izul le rendait certainement davantage protecteur.

— C'est bien ce qui me semblait, en conclut avec tristesse Mutika, interprétant à tort son silence.

 Gomaki posa une main sur l'épaule de l'adolescent aux cheveux roux, lui transmettant une douce compassion tout en lui faisant comprendre de stopper son pas.

— Peut-être as tu raison et ai-je tendance à surprotéger certains d'entre vous. Mais sache que je tiens à chaque membre de cette équipe autant que je place ma foi en vos avenirs. Vous possédez tous un grand potentiel.

— J’ai un peu de mal à percevoir le mien, marmonna Mutika en arborant une moue sceptique.

 Le Jounin rit avec affection et lui tapota l’épaule.

— Tu ne te réfères qu’à l’aspect martial. Pourtant, je pense que tu es d’accord avec moi pour affirmer que tes camarades ont d’autres talents, n’est ce pas ?

 Mutika se gratta le menton en analysant à voix haute ses amis, à tour de rôle.

— Tokri a une volonté de fer et un œil aiguisé. Et je dois admettre qu’il se débrouille bien comme chef. Izul est intelligente, apprend vite et fera une incroyable médecin. Quant à Nika, je ne la pensais pas aussi vive d’esprit et son sens de la stratégie me stupéfait. Je n’aimerais pas l’affronter.

— Et te concernant ? l’interrogea Gomaki, curieux d’entendre son auto-analyse.

 Mutika haussa les épaules, ne voyant vraiment pas où son sensei le dirigeait.

— Tu es certainement la personne la plus sociable que je connaisse. Même si un individu te fait une mauvaise impression, tu as la capacité rare de lui accorder instantanément le bénéfice du doute.

— Je ne vois pas en quoi cela va m’aider comme ninja, répliqua d’un rire jaune l’Oroshi.

 Gomaki prit une bouffée de sa cigarette, tout en repérant un mouvement à la surface de l’eau à quelques mètres d’eux. Au regard de son élève, il comprit que le Genin l’avait également repéré.

— Une fois Chuunin, vous serez amenés à naviguer entre de nombreuses équipes temporaires, bien souvent en coopérant avec des inconnus. J’ose espérer que cela soit de plus en plus le cas avec les Mahousards et Gensouards, tel que nous sommes en train de le vivre.

— Et donc ? demanda Mutika, pressé qu’il en finisse.

— La coopération et la faculté de créer des liens est décisive entre la réussite d’une mission ou l’extermination d’une unité, affirma t-il tout en jetant sa cigarette et en prenant soin d'appuyer le mot suivant. Tu seras bien souvent celui qui fera toute la différence.

 Tandis que le visage de Mutika s'illuminait de joie, l'eau à la gauche du binôme sembla entrer en ébullition juste avant qu’un crocodile mutant se jette, gueule grande ouverte, pour dévorer le shinobi. Une colonne de terre jaillit sous le reptile, le fracassant au plafond en une giclée de sang et de tripe. Le maître et l’élève ne prirent pas la peine de ralentir leur marche, tandis que l’Oroshi ne cessait de sourire.

— Vous étiez prêt à intervenir ?

— Toujours, répondit Gomaki tout en sortant son paquet.

— Merci.

 Allumant sa cigarette d’une flammèche du pouce, le Jounin lui rendit sa radieuse expression. Pas un jour ne passait sans que son attachement pour ses Genins ne se renforce. Tandis qu’ils éliminaient conjointement quelques lézards géants, Gomaki songea aux autres équipes en espérant que tout se passait au mieux. Comme pour lui répondre, la voix de Sarouh retentit dans un grésillement.

— Gomaki ? Nous sommes en position.

 Le duo Tsumyo-Utak était donc les premiers arrivés. Ce fait était une agréable surprise pour le Myô, qui en déduisit que le binôme avait fait preuve d'une osmose plus importante qu’il ne l’avait envisagé.

— Je pense que nous n’allons pas tarder à en voir le bout, répondit le Jounin après avoir porté une main à son oreillette.

 Gomaki et Mutika arrivèrent face à une imposante porte à double battant. Ils n’attendirent pas longtemps avant que les deux autres équipes ne les préviennent être arrivées au terme de leur trajet.

— J’entre en gardant le contact, décida le ninja expérimenté. Attendez mon signal.

 Le Myô poussa la lourde porte sans manifester le moindre signe d’effort, Mutika veillant à rester hors de vue. Le trentenaire pesta intérieurement en constatant qu’il débouchait sur une immense salle, sans moyen de se mettre à couvert. Le Chikarate regretta de ne pas avoir suivi les conseils de son ancien partenaire Yakone en apprenant quelques genjutsu d’invisibilité, un art qui lui faisait toujours défaut. Le vaste espace devant lui était vide. Une plate-forme métallique trônait en hauteur, où était posté un homme qui le toisait d’un sourire sarcastique. Quelques caisses semblaient disséminées derrière lui, trop éloignées pour que le ninja en tire d'amples réflexions.

— Bienvenue, shinobi, l’accueilla-t-il en tendant les bras, joignant la parole au geste.

 Le Myô détailla son hôte : piercing à l’arcade droite et boucles d’oreilles, des tatouages tribaux étaient visibles sur ses avant-bras nu. Il était vêtu d’une chemisette blanche, complété par un manteau de cuir marron. Ses cheveux blonds mi-longs étaient maintenus au-dessus du front par un bandeau rouge, desquels seuls quelques mèches s’échappaient. Le Jounin nota que le pirate ne portait aucune arme apparente, mais mieux valait se méfier de sa probable fourberie.

— Quel accueil chaleureux, répondit le ninja sur le même ton railleur, tout en continuant de détailler les environs.

 Le lieu ne lui plaisait pas, sentant le coup fourré à plein nez. S’attendant à de nombreux stockages de par les activités commerciales de la bande. Cet aménagement faisait planer une menace invisible au-dessus de sa tête. Sous le promontoire se trouvait une nouvelle porte, qui ne fit qu’aiguiser les soupçons de Gomaki.

— Vous vous trouvez au milieu de notre salle de recrutement, répondit le blondinet, ayant remarqué la pourtant discrète inspection de Gomaki. Bien trop de minables survivent à mon goût aux égouts.

— Et en dégageant la vue, vous gardez un œil sur les arrivants, compléta le pertinent Jounin. Ce lieu me semble tout de même bien désert.

— Faites donc venir vos collègues, l’intima l’homme. Les pauvres doivent s’ennuyer et étouffer dans ces écoeurants tunnels.

 Le regard du ninja expérimenté se fronça face aux trop nombreuses informations que détenait ce type. Il avait bien du mal à imaginer une bande sans envergure avec des informateurs capables de les espionner sans que ni lui, ni les Chuunins ne les remarquent. Deux solutions lui venaient à l’esprit : soit la théorie de l’implication de Sengo et d’un Village était exacte, soit ils faisaient face à un ennemi inconnu bien plus puissant qu’il ne se l’était figuré. Dans tous les cas, la confiance affichée par cet homme maintenait ses sens en éveil.

— Rejoignez-nous, ordonna-t-il à son escouade.

 La situation l’inquiétait, aucune des potentielles vérités ne lui plaisaient. Mais tandis que les shinobis le rejoignaient, Gomaki était certain d’une chose : il fallait capturer ce pirate vivant et lui soutirer ses informations.

— Comme vous pouvez le constater, nous sommes bien plus nombreux que vous, déclara-t-il en tendant à son tour les bras pour accueillir ses alliés. Vous n’avez aucune chance.

— Si vous ne le faites pas, nous serons ravis de nous amuser avec vous, ajouta Chiraku sur un ton que le Jounin devinait être faussement décontracté.

 S’appuyant sur la rambarde qui lui faisait face, le pirate se pencha légèrement en avant, un rictus sadique aux lèvres.

— Votre vanité vous perdra, shinobis. Vous ne vous en rendez même pas compte.

 Quelques gestes discrets de la main signifièrent à l’équipe de se préparer à l’assaut. Cet homme avait eu une unique chance de se rendre, le temps de la conversation était terminé. Le pirate éclata de rire et tapa dans ses mains. Les ninjas furent stoppés dans leur élan par diverses trappes, jusque-là imperceptibles, qui s’ouvrirent un peu partout autour de leur position, laissant un grand nombre d’individus fonçait droit sur eux. En un coup d’oeil, Gomaki reconnut les marques caractéristiques des Boostés : peau pâle, tempe noirâtre et gonflée…

 Le Myô ne prit pas la peine de les compter. Mettant à terre les premiers qui se jetèrent sur lui, il estima que la menace était pratiquement nulle face à la compétence de leur unité. Le Jounin aurait pu s’en charger seul et il ne doutait pas que ce fut également le cas des Chuunins. Cela n’apaisait en rien ses inquiétudes. Comme pour répondre à ses pensées, de violents coups se firent entendre contre la porte.

— Ils vont encore me la démolir ces débiles, soupira le pirate.

 Réalisant sa prédiction, les gonds sautèrent en un éclat de bois. Un Berserk venait d'apparaître, bien plus grand qu’un humain lambda et forgé de muscles. Le monstre était aussi imposant que celui de Nikidami juste avant qu’il ne meurt. Mais ce n’est pas lui qui fit sonner l’alarme interne du Myô à son maximum. Sans lui laisser le temps de le détailler, une seconde créature fila vers Izul et Tokri, en pleine lutte non loin du chef d’unité. Ce dernier fut le seul à le percevoir et s’interposa sans que ses élèves ne perçoivent leurs mouvements.

 Les Genins ne comprirent le danger qu’après le choc de la frappe assourdissante chargé au Kô, le niveau supérieur du renforcement physique par le Chakra, qui éloigna le monstre sur quelques mètres. Le bref instant de répit permit au Jounin d’analyser la monstruosité. Presque aussi grand qu’un Berserk, la créature aux traits vaguement humains était munis de griffes et de crocs, ainsi que d’une longue crinière évoquant celle d’un lion. Contrairement aux autres mutés, son regard trahissait sa furie animale. Aucune conscience ne semblait régner en son esprit. Sentant que l’hybride allait vite repartir à l’assaut, Gomaki aboya ses ordres :

— Je prends cette chose ! Chuunins, sur le Berserk ! Genins, les Boostés !

 Ne tenant pas compte des directives du Jounin, la créature semi-féline bondit cette fois en direction de Cacaunoy, prête à frapper de son sabre. Décidé à attirer son attention, Gomaki stoppa sa course d’une colonne de terre avant de sauter en direction de sa tête, frappant de ses deux poings. La violence du choc se ressentit tout autour d’eux. D’instinct, le Myô se jeta en arrière pour éviter une lacération mortelle.

 La chimère ne lui laissa aucun répit, amenant le shinobi à enchaîner les esquives tout en réfléchissant à toute vitesse. Si ce monstre était résistant au Kô, il lui faudrait peut-être sortir le grand jeu. Mais avant cela, plusieurs stratégies naissaient en son esprit rompu aux affrontements difficiles.

 Une puissante bourrasque fit décoller les pattes de la créature du sol. Ne lui laissant aucune chance de se rétablir, Gomaki le frappa à trois reprises à l’estomac pour lui couper le souffle. Profitant d’un bref instant d’hébétement, il plaça une paume contre son ventre et produisit un souffle ciblé qui l’envoya à travers l’un des égouts.

 Le Jounin jeta un bref coup d’œil à son équipe. Les Genins semblaient maîtriser plus ou moins la situation, bien qu’il constata quelques dysfonctionnements qui lui firent grincer les dents. Il fut étonné de la symbiose des Gensouards, en particulier par la position en première ligne prise par Sarouh aux côtés de Cacaunoy, tous deux couverts à la perfection par Chiraku.

 Craignant que l’hybride ne les rejoigne, Gomaki s’empressa de la rejoindre, espérant avec foi que tout se passe pour le mieux dans l'arène. Lorsqu’il fut à nouveau face à son adversaire trempé par les eaux usées, le Jounin nota qu’il ne semblait nullement avoir souffert de ses destructrices attaques. Ne songeant en aucun cas à s’allumer une cigarette, il esquissa un sourire serein et leva les poings, autour desquels se formèrent des gants de roche.

— A nous deux, mon grand.

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