Épisode 12 - Affinité

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 Un poids invisible alourdissait son corps. Il tenta de remuer, en vain. Chaque fibre de son être le brûlait. Tokri Utak sentait son environnement tanguer autour de lui, au rythme des à-coups que subissait son crâne. Il n’avait pas souvenir d'avoir souffert d’une pareille migraine par le passé. Il entendit des murmures. Souffrant beaucoup trop pour essayer de déchiffrer ces chuchotements, il se laissa sombrer. Durant combien de temps ? Tokri n'aurait su le dire. Il n'avait plus les notions ni de l'espace, ni de la temporalité. Seule existait la douleur qui lui vrillait le crâne et l'ensemble de son corps. Tokri finit par percevoir de nouveau des murmures au-delà de la confusion que lui infligeaient ses migraines.

 D’abord lointain, ils semblaient se rapprocher peu à peu. Cette fois, le jeune homme parvint à se concentrer et crut reconnaître des voix familières. Plus il parvenait à les distinguer, plus les douleurs de son corps s'apaisaient.

 — Quand va t'il se réveiller ?

 La voix était celle d’une jeune fille. D'une amie. Elle semblait inquiète.

 — D’après son oncle, bientôt.

 Le timbre de la seconde voix était grave. Posée, mais inquiète. Familière également. Cet homme semblait vouloir rassurer la première personne, sans parvenir à totalement cacher ses propres doutes.

 Les souvenirs des derniers évènements lui revinrent progressivement à l'esprit. Son entraînement quotidien en solitaire, l’arrivée de ce Toshirô et le violent combat qui s’en était suivis. Rassemblant toute sa volonté, Tokri parvint à remuer un doigt. Il constata que les douleurs de son corps s’étaient apaisées et tenta d’ouvrir les yeux. Bien trop rapidement, il fut aveuglé et dût prendre le temps de les laisser s’accoutumer petit à petit à la lumière.

 Personne ne semblait avoir remarqué sa tentative.

 Tokri constata finalement qu’il était allongé dans un lit de l’une des chambres de l’Hôpital. Cela commençait à devenir une triste habitude.

 Son équipe était à son chevet, leurs silhouettes baignant dans la douce chaleur du soleil de Chikara. De par sa teinte orangée, le Genin en déduisit que l'après-midi touchait à sa fin. Quand elle constata qu'il était revenu à lui, Nika lui bondit dessus à la surprise générale.

 — Tu es réveillé ! s’exclama-t-elle avec soulagement.

 — Ne crie pas aussi fort je t’en prie, l’implora Tokri dont le mal de tête s’était violemment ravivé.

 — Que s’est-il passé ? lui demanda Mutika, d'une voix dans laquelle Tokri reconnut avec étonnement des teintes d’inquiétude.

 — Je me suis battu contre un Genin, expliqua Tokri. Pas très fort, mais adepte de l’ouverture des Portes. A partir du moment où il s’en est servi, j’étais surclassé.

 — Il a voulu employer un pouvoir pour lequel il n’était pas prêt, commenta laconiquement Gomaki.

 La phrase semblait inachevée. L'Utak fixa son sensei, l'incitant silencieusement à terminer.

 — Est-ce toi qui a provoqué ce duel ? lui demanda son mentor avec gravité.

 — Non.

 — C'est cohérent avec ce que sa famille m'a expliqué. Il a grillé les étapes en autodidacte dans son apprentissage des Portes. Il s'est laissé engloutir par l'ivresse de leurs puissances et se comportait de plus en plus étrangement.

 — Il avait l'air de plus en plus fou durant le combat, confirma le Genin. Y'a-t-il un moyen de l'aider ?

 — Le garçon est mort, Tokri. Navré.

 Un silence s’installa durant quelques minutes, laissant le temps à Tokri d'intégrer l'information. Son poing se serra instinctivement autour du drap. Était-il responsable ? Le jeune homme savait qu'il lui faudrait un jour ôter des vies. Il s'y préparait depuis longtemps. Mais pas comme ça, par accident. Et jamais il n'avait imaginé qu'il s'agirait d'un camarade de Chikara.

 — Tu n'es pas fautif, tu le sais ? tenta de le rassurer Nika en posant une main hésitante sur celle crispée de l’Utak.

 Tokri se refit le fil des évènements. Elle avait raison. Tokri avait rejeté le combat, et avait ensuite tenté à plusieurs reprises d'y mettre fin. Toshirô s'était tué tout seul en utilisant une arme qu'il ne maîtrisait pas

 Gomaki finit par briser ce silence mortifère afin d’informer Tokri qu'il ne sera pas tenu responsable du décès de Toshirô, compte tenu des antécédents du défunt. Il sera toutefois entendu par le QG dans le cadre d'une enquête administrative, mais le clan Okuggi avait d'ores et déjà informé le Jounin qu'ils ne poursuivraient pas son élève. Aux yeux des autorités de Chikara, il s'agissait d'un entraînement entre deux jeunes Genins qui avait mal tourné. Toshirô ayant volontairement usé d'une capacité qui lui avait coûté la vie, il était tenu pour seul responsable du dénouement tragique.

 Le Jounin avait également des nouvelles de ce qui les attendait pour sa sortie d’Hôpital. Le QG leur avait confié leur première mission de rang C, qu’ils auront à livrer en collaboration avec des shinobis de Gensou au sein d'un village du nom de Nikidami. Une fête importante pour la région y avait lieu et les villageois craignaient qu'une bande de bandits ne gâche les réjouissances. Leur mission consistait à les protéger.

 Ils avaient pour instruction officieuse de discréditer les Gensouards, afin que Chikara obtienne la majorité des bénéfices. Gomaki ne serait présent qu’en tant qu’observateur, le chef officiel étant l'un des envoyés de Gensou. Tokri comprit que cette mission était un test. Selon leur réussite, le QG estimerait la capacité de la Team Gomaki face à ce type d'affaires.

 Les missions étaient divisées et classées par ordre de difficulté, de D à S. Une mission de rang D était du niveau d’un Genin, tandis que les missions de rang S étaient exclusivement réservées aux Jounins les plus expérimentés.

 — Nous partirons lorsque tu te seras rétablis, conclut Gomaki. A moins que tu ne souhaites prendre une carte de fidélité ici ?

— Je n'y tiens pas, rétorqua Tokri sans réussir à laisser échapper un rictus amusé.

 — Tu t'es pris un coup trop fort sur la tête ? le taquina Mutika.

 Tokri ne sut quoi répondre. Pour la simple raison que cela faisait une année entière que l’Oroshi n'avait pas été aussi agréable avec lui. S'était-il inquiété lui aussi ?

 — Nous allons te laisser te reposer, déclara Gomaki. Avant cela, j'ai un détail à régler avec toi en prévision de ses futurs entraînements.

 Les Genins les laissèrent donc seul à seul. Gomaki plaça un papier dans le creux de la paume de Tokri. Il lui expliqua qu’en malaxant son chakra tout en tenant fermement ce papier, ils découvriraient la nature de son Chakra en fonction de la réaction de l'outil d'identification. Tokri s’exécuta, provoquant une coupure nette du papier.

 — Parfait ! s'en réjouit le Jounin. Tu es du type Vent. Cet élément correspond parfaitement à ton style de combat et à ton caractère ! Je posséde cette affinité et j'ai déjà en tête quelques tours à te transmettre.

 Le Jounin n'occupa pas plus longtemps le temps de l'Utak. La concentration que lui avait demandé cet exercice pourtant basique avait eu raison de son état d’épuisement.

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