Épisode 1 - Nouvelle vie

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 Tokri se leva tôt, déjeuna rapidement et passa à la préparation de ses affaires. Il rangea ses vêtements dans un sac et ses armes dans un second. Un troisième fut suffisant afin de réunir ses livres, de bandes dessinées aux ouvrages traitant des arts ninjas en passant par quelques romans. Une fois cela fait, Tokri jeta un œil à la pendule accrochée au-dessus de son lit. Il avait bien assez de temps devant lui pour se promener avant que le déménagement ne commence.

 Le jeune homme aimait vagabonder sans réfléchir dans les rues du Village. Le sable chaud tournoyait autour de lui, porté par quelques brises d'une tiédeur délicate. En observant les alentours, Tokri admira les habitations taillées à même la roche. Bien que brutes à première vue, les demeures chikarates révélaient leur beauté à l’œil attentif. Les murs et les toits étaient arrondis, afin de permettre au sable de glisser le long de leur surface. Cela constituait une forte économie pour le Village au niveau de l’entretien. Les bâtiments portaient les teintes du désert. Au cœur d’une tempête, Chikara était facilement caché à l'œil étranger et il se murmurait que le Kage en personne avait développé quelques Jutsus de haut niveau en cas d'attaque.

 Le tout fraîchement Genin médita sur ses prochains entraînements. Le taijutsu, l’art dans lequel Tokri excellait, regroupait l’ensemble des techniques du corps à corps. Il s’agissait de l’art premier du shinobi, et son apprentissage était une priorité lors de leur formation académique, d'autant plus à Chikara qui en avait fait sa spécialité. Le taijutsu était le secret de la formidable endurance des shinobis. Par sa formation de base, le ninja était capable de supporter un taux de souffrance physique bien supérieur à la moyenne des civils.

 Le taijutsu se divisait en deux grandes catégories : le jûken et le gôken. Tokri était un adepte de la seconde école, dit le poing dur, réputé pour sa polyvalence.

 Le ninjutsu, que Tokri souhaitait ardemment améliorer, requérait patience, discipline et persévérance. La pratique du Ninjutsu se divisait en deux catégories : l’utilisation pure du Chakra et celle des affinités. La première utilisation permettait au shinobi d'amener son corps à des possibilités hors du commun en fonction de son niveau. L'utilisation affinitaire consistait à employer des jutsus liés à un élément naturel, tel que le vent ou le feu. La détention d’une affinité était décidée par la génétique, dont Tokri n'en avait pas encore connaissance. Le Village de Mahou était le spécialiste du Ninjutsu.

 Tokri avait en horreur le dernier des trois principaux arts ninja : le genjutsu. Ce dernier désignait les arts de l’illusion. Tokri en maîtrisait la théorie pour l'avoir longuement étudié, mais était pratiquement incapable d'appliquer cet art en pratique.

 Pour user du genjutsu, l’individu devait être capable de repousser en son esprit les limites du réalisme. Le genjutsu se divisait en deux catégories : le Kuusou, les illusions non mentales, et le Kankaku, les illusions mentales. Cette dernière attaquait directement le fonctionnement interne d’autrui, tandis que la première ne faisait « que » simuler des sortes de mirages. La réputation de Gensou en matière de genjutsu n’était plus à prouver.

 Au cours de son vagabondage matinal, Tokri aperçut Mutika, qui esquiva son regard avant de disparaitre au coin d'une ruelle. Autrefois de grands amis, sa mère lui avait interdit de fréquenter l'Utak suite à leur échec à l’examen. Mutika s'était plié au dictat de sa mère et n’adressait donc plus la parole à Tokri, sans lui donner d’explication à ce brutal changement de comportement. Cela l'avait profondément touché. Depuis lors, le jeune homme s’était efforcé de ne rien laisser paraître.

 L'Utak passa devant de nombreux terrains d'entrainement, inhabituellement vidé de ses genins expérimentés par l'examen Chuunin qui avait lieu cette année à Gensou. L'adolescent reconnut vaguement quelques visages de sa promotion, certains encadrés par des gradés.

 Le soleil était à présent haut dans le ciel. Midi approchait, comme le lui indiqua le grognement de son estomac. Okioto et son ami, Gomaki Myô, étaient déjà arrivés lorsque Tokri rentra de sa promenade. Le jeune homme prépara donc un repas pour quatre. Une fois qu'ils furent rassasiés, Okioto, Tokri et Gomaki passèrent au déménagement. Bril s’était plaint de ne pas pouvoir participer. Jugé trop âgé, Okioto préférait qu'il ménage sa santé.

 — Voilà qui est fait, dit Gomaki en rangeant les derniers meubles.

 — Merci, répondit Tokri.

 Le Myô avait été l’un des partenaires de Okioto lorsque tous deux étaient Genins. Les deux amis livraient encore de nombreuses missions ensemble. Le cadet des Utak avait donc été amené à le fréquenter de nombreuses fois au fil des années, tandis qu'il devenait peu à peu un ami de la famille. Âgé de vingt-neuf ans, le Jounin était trapu et plus petit d’environ une tête par rapport à Okioto. Il se rasait le crâne, portait un bouc entourant sa bouche et s’était fait un piercing à l’arcade. Tokri appréciait particulièrement l’aura de force tranquille qu'il dégageait.

 — Je te remercie mon ami.

 Les deux coéquipiers se serrèrent la main. Quelques minutes plus tard, les Utak se retrouvèrent entre frères.

 — Je l’aime bien, l'informa le Genin.

 — Comment ? Tu apprécies quelqu’un ! s’exclama le Jounin, mimant la surprise.

 Tokri se contenta de sourire à la boutade de son frère. Un Okioto blagueur était une scène rare.

 — Dis-moi, quels sont tes projets ? le questionna son aîné en reprenant son sérieux.

 — Tuer notre père.

 — Je ne parlais pas du long terme, précisa le shinobi supérieur.

 — Ah, réalisa l'aspirant. Simplement m’entraîner.

 Bien que peu détaillé, Okioto sembla approuver le programme de son cadet de par l’expression de son visage.

 — Cela peut prendre un certain temps avant d’être assigné à une équipe, le prévint-il. Surtout en ce moment. Tu ferais mieux de t’entraîner par toi-même en attendant.

 — Je compte me concentrer sur le ninjutsu, déclara Tokri. Tu pourrais m’aider, non ?

 — J’ai beaucoup trop de boulot pour me permettre de te superviser. Le QG m’a confié des tâches, commença-t-il avant de marquer un temps d’arrêt, cherchant ses mots. Compliquées. Je ne rentrerai que très tard le soir. Entraîne-toi comme tu le peux.

 Tokri avait bien reçu le message. Okioto semblait être sur des affaires suffisamment importantes pour ne rien révéler, même à son proche frère. Il décida de changer de sujet et demanda une information qui trottait dans un coin de son esprit depuis la veille.

 — Comment grand-père va-t-il se préparer à manger ? Cela fait des années qu’il me colle à sa cuisine.

 La question arracha un sourire moqueur au Jounin.

 — Il a déjà engagé une cuisinière. Quand j’y repense, il avait réfléchi à la question dès que je lui ai dit que je souhaitais que tu viennes vivre avec moi.

 Tokri ricana en imaginant son grand-père paniqué à l’idée de perdre son cuisinier fétiche.

 Okioto lui souhaita une bonne soirée. Il lui fallait à présent reprendre le travail. Suite à son départ, Tokri regarda par la fenêtre de la cuisine. La nuit n’allait pas tarder à tomber. Pour tuer le temps, il se lança dans un vagabondage nocturne.

 Après plusieurs heures de déambulation, Tokri estima que sa promenade était à présent terminée. La nuit était tombée depuis quelques heures. Il accéléra le pas, pressé de retrouver son doux matelas. La fatigue commençait à poindre.

 — Eh, le minable ! Sois pas si pressé !

 Tokri se retourna et reconnut Hiko, le stupide frère de l’un de ses anciens camarades de classe. La famille entière de ce type était constituée d’arriérés mentaux. Il n’y avait qu’à comparer les prénoms des deux enfants, témoignage d'une incroyable originalité : Hiko et Hika.

 Hiko n’était qu’un simple étudiant et ressemblait comme deux gouttes d'eau à son grand frère : un corps compact et un visage qui faisait penser à un gorille.

 — Qu’est-ce que tu me veux ? demanda sèchement Tokri.

 — Mon frère m’a dit que t’étais le plus faiblard de sa promotion ! Je suis sûr que je peux te battre !

 Tokri soupira. Certes, il avait des progrès à faire et n’avait jamais été le plus brillant de sa promotion. De là à ce qu’un étudiant puisse le vaincre...

 — Qu’est-ce que t’as à te la jouer, connard ? Je vais te démolir et prouver que je n’ai pas besoin de passer de stupide examen pour devenir Genin !

 — Sérieusement ? Quand on voit des crétins dans ton genre, il n’y a pas à être surpris que Chikara tienne la réputation de n’abriter que des bourrins sans cervelle, rétorqua Tokri.

 — T’as signé ton arrêt de mort, abruti ! rugit Hiko.

 L’étudiant balança son poing vers le visage de Tokri. Bien trop lent et imprécis, le Genin le dévia sans problème. Hiko enchaîna avec un coup de pied retourné que Tokri para avant de le repousser en le toisant du regard.

 — On ne joue pas dans la même cour, le provoqua-t-il.

 — Je vais te faire taire !

 Hiko enchaîna attaque sur attaque, toutes parées ou esquivées par Tokri. Bien qu’il souhaitât s’améliorer en ninjutsu, Tokri devait admettre qu’il aimait combattre au corps à corps. Dominer son adversaire, le voir se battre de toutes ses forces tandis que lui ne se forçait qu’à peine. C’était si jouissif.

 Le visage trapu de Hiko était à présent trempé de sueur, sa respiration devenait de plus en plus haletante.

 — T’es plus balèze que ce qu’on m’avait dit, parvint-il à articuler entre deux grognements.

 — Évite de prêter attention aux rumeurs, lui conseilla Tokri.

 Une idée d'enchaînement lui traversa l’esprit. Il prépara ses énergies et laissa Hiko venir à lui pour esquiver en se baissant. Tokri concentra son Chakra dans sa jambe de la même manière que pour le Chikara Sen’puu. Prenant appui au sol de ses deux mains, l'Utak le frappa en plein menton. Son adversaire fut éjecté en ligne droite dans les airs avant de s'effondrer mollement quelques mètres plus loin. Avec nonchalence, Tokri le déposa contre un mur et reprit sa route en retenant un baillement.

 La fatigue commençait à le rattraper, mais le programme des prochains jours était posé : perfectionner cet enchaînement et améliorer son contrôle du Chakra.

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