Les carnets d'Hélène (partie IV)

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Je quitte le bureau après une journée de travail bien remplie. En regagnant ma Tesla, mes pensées pérégrinent, divaguent et s'entrechoquent dans mon esprit, fantasmant sur ce qu'un voire plusieurs hommes pourraient me faire ici, dans ce parking souterrain.

Je ne rêve pas d'ébats romantiques ou plan-plan enrubannés de draps de soie, non, mais de coïts sauvages, comme lorsque Étienne me prenait à la hussarde, n'importe quand, n'importe où. Je me rêve comme par le passé, soumise... Avec lui, j'étais désinhibée et me sentais merveilleusement femme. Une putain de femme même ! Je me souviens combien j'aimais qu'il me possède, me domine. Combien j'aimais être catin ou chienne sous son joug, véritable objet de plaisir entre ses mains. Ça fait si longtemps... Parfois, nos regards se croisent encore l'espace d'un instant, et l'éclat du désir s'éveille, luit à nouveau.

Depuis la disparition de Marc, je n'ai plus refait l'amour avec personne. Je ne m'autorise plus à être l'amante que j'ai été, seulement à être mère. Pour ce faire, j'ai érigé des barrières imaginaires pour ne plus jamais être infidèle à feu mon mari. Mais mon corps, lui, est en manque. De caresses, de volupté, de luxure. De sexe... Et les leurres que j'utilise quand l'envie se fait trop forte, trop intense, ne sont qu'un pis-aller qui ne suffit pas.

Installée derrière le volant, naviguant nonchalamment dans ma playlist Spotify, je repense à ce contrat passé avec Valentin, à cette soirée que j'ai voulue avec lui, au cours de laquelle je n'ai pas pu... Je le désirais et aimais ce qu'il me faisait, la manière dont il me touchait, embrasait mes sens, mais ça m'a trop violemment renvoyée à l'infidèle épouse que j'ai été, celle qui se faisait ardemment baiser sous des plafonds nus tandis que son époux s'écrasait dans un désert de sable, à bord d'un bimoteur dérisoire.

Il est trop tard pour avoir des remords ou regretter. Regretter Marc. Et Étienne. Et Valentin. Je les ai envoyés valser dans ma mémoire, mais ils me hantent encore. En corps...

***

De retour à mon domicile, j'ai très vite été intriguée par la présence de deux véhicules dans la cour gravillonnée. Si j'ai identifié sans peine le premier comme appartenant à ma fille aînée, je me suis longuement interrogée sur le ou la propriétaire du second - une antique Alfa Roméo.

L'heure était tardive, les domestiques n'étaient plus de service, et la surprise de découvrir Valentin assis dans mon salon, en train de deviser avec mes progénitures, fut de taille.

Virginia s'enthousiasma à outrance lorsqu'elle se rendit compte de ma présence, arguant qu'ils m'attendaient tous depuis longtemps en s’empiffrant d'amuse-gueules. Gwen se précipita dans mes bras pour m'embrasser, son aînée l'imita dans la foulée tandis que l'importun qui s'était invité chez moi se risquait à me baiser la main de manière chevaleresque. Sa présence me crispait, d'autant que je ne savais pas ce qu'il avait pu dire de notre relation à mes filles...

Son charme, sa désinvolture, son assurance, son sex-appeal... Tout en lui m'agaçait autant qu'il me séduisait. J'avais envie de lui ; j'avais envie de les foutre dehors. Je ne maîtrisais plus rien et j'ai horreur de ça, de sentir que les choses m'échappent, excepté dans l'intimité d'un corps-à-corps.

J'ignorais totalement où tout ceci allait me conduire, et j'étais à mille lieues de m'en figurer l'improbable dénouement.

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