Prologue : entrevue strictement professionnelle

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— Alors, comment souhaitez-vous procéder ?

— C'est moi qui vous contacterai.

Elle me répond sans détour en écrasant sa cigarette dans le cendrier qui trône au milieu de la table.

— Vous voyez la grande villa qui surplombe la corniche, au bout de la presqu'île ? poursuit-elle. C'est chez moi, c'est là que vous me rejoindrez ; mais j'ai des domestiques, des impératifs familiaux, et puis, les conseils d'administration s'éternisent longuement parfois, donc jamais avant 22 heures. Et jamais de votre propre initiative.

Elle embrase une nouvelle clope.

— Et mes tarifs, les modalités de paiement, ça vous convient ? Parce que je n'accepte que du cash...

— L'argent n'est pas un problème.

Je la fixe longuement. Elle ne fait pas ses cinquante printemps. Soigne les apparences. Son tailleur est un peu strict, son attitude mondaine, mais dans l'intimité, je sais faire tomber toutes les barrières que ce genre de femme érige.

— Pourquoi me regardez-vous comme ça ? s'enquiert-elle, amusée.

— Pour rien... Je me disais juste que vous êtes très belle, encore à même de séduire nombre d'hommes, et qu'au fond, vous n'avez pas réellement besoin de mes services.

— Je n'ai que peu de temps à perdre en futilités et faux-semblants. J'aime autant aller droit au but en m'offrant une prestation que j'espère de qualité.

— Ça se défend ! souris-je.

— Mais je peux, moi aussi, vous retourner la question : pourquoi exercez-vous ce métier ?

— Parce que c'est mon seul talent, alors autant essayer d'en vivre...

Ma phrase reste en suspend quelques instants. Elle esquisse un sourire, mystérieuse, ne fume plus. Elle finit son café, sort de son sac griffé de quoi régler l'addition et s'apprête à se lever. Elle souhaite mettre un terme à notre entretien, maintenant que tout semble au point entre nous.

— Bon, je pense qu'on a fait le tour, reprend-elle, à moins que vous n'ayez d'autres questions.

— Non, tout est OK pour moi, vous m'avez briefé sur ce que vous attendiez de mes services. Je reste à votre disposition...

— Parfait ! Néanmoins, j'ose espérer que dans l'intimité, vous n'hésiterez pas à prendre le pouvoir... Parce que je vous paie pour me baiser, Valentin, pas pour me faire des courbettes !

— Je vous l'ai dit, Hélène, j'ai tout noté. Et vous ne serez pas déçue, je vous le garantis.

— C'est surtout votre professionnalisme qui n'a pas intérêt à me décevoir, jeune homme...

Oh, non, tu ne seras pas déçue, ma belle ! Je te plais, tu me plais, il n'y a donc aucune raison pour que ça ne matche pas entre nous, Hélène. T'inquiète, je vais te faire grimper aux rideaux avec mon chibre, tutoyer le septième ciel ; t'en auras pour ton argent, crois-moi ! A condition que tu ne sois pas du genre à fantasmer sans oser franchir le pas, comme c'est le cas parfois... Non, toi et moi, ça va le faire, ça va être torride ; tu vas lâcher prise et prendre ton pied comme jamais.

Elle me laisse. Quitte la terrasse du troquet sans se retourner. Et je me délecte déjà de la perspective qui se dessine dans mon esprit : réveiller la salope qui sommeille en elle, la baiser comme une poule de luxe qui se révèle chienne.

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