Naissance

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Angoissée, les doigts crispés sur les bords du lit, Sybille ressent des bouffées de chaleur tout en ayant froid aux mains et aux pieds. La douleur qui l'envahit, lui donne l'impression de perdre le contrôle. Au bout de deux heures interminables de travail, le haut du crâne du nouveau né apparaît, puis la tête toute entière, jusqu'au niveau des épaules. Mais d'un seul coup, le petit corps reste bloqué, tous les efforts de sa mère n'y changent rien, la situation est dangereuse, il est vital d'intervenir et le gynécologue choisit d'employer la ventouse obstétricale. Il la positionne sur le sommet de la petite tête et par effet d'extraction, tire. Peu à peu, l'enfant se dégage du ventre endolori de sa maman, vidée de toute énergie.

Cependant, en une fraction de seconde, l'appareil lâche prise et le nourrisson s'envole littéralement, pour retomber sur le ventre de sa mère, la tête la première. Sans délais, le praticien empoigne le bébé, hurlant de douleur, le transmet à une infirmière, qui l'enveloppe et l'emporte à toute vitesse, afin d'effectuer les premiers soins.

Au bout du couloir, le va et vient des visiteurs, ne fait qu'accroître l'anxiété de Max. Il se lève, fait les cents pas, se rassied, puis recommence son manège 10 minutes plus tard. Dès qu'il voit passer l'une ou l'autre infirmière, il l'interpelle et reçoit sans cesse une réponse évasive, ce qui a le don de l'exaspérer. Le meilleur moyen d'apaiser son impatience, est de fumer une cigarette. Il prend son briquet et le paquet dans la poche de son manteau et entame nerveusement la cinquième de la journée.

Dans le couloir, un grincement de roulettes, le tire de ses pensées. Il écrase en vitesse son mégot dans le cendrier, bondit sur ses pieds et en trois enjambées, aperçoit une jeune infirmière poussant un lit. Les traits tirés, les cheveux en bataille, Sybille, peine à sourire à l'approche de son mari.

— Sybille ! Est-ce que ça va ? Tout s'est bien passé ? Et le bébé, fille ou garçon ? Se hâte de questionner Max, en les suivant jusqu'à la chambre.

— Votre femme est épuisée. Elle a besoin de repos. Le médecin viendra vous voir tout à l'heure. Déclare l'infirmière en installant Sybille, qui à bout de force, s'écroule de fatigue.

— Mais, tout s'est bien passé et......

— Oui. Ne vous inquiétez pas. L'interrompt-elle se dirigeant vers la porte.

— Et le bébé ? Garçon ou fille ?

— je ne saurais vous dire, je n'étais pas en salle d'accouchement. Répond la jeune femme en sortant de la pièce coupant court à la conversation.

« Eh bien ! Ils ne sont pas communicatifs, dans cet hôpital. » Pense Max, en déposant son   manteau sur le panneau de pied du lit pour ensuite s'asseoir sur la chaise, près de son épouse. Ses yeux bleus posés sur son beau visage, il se remémore le jour où Sybille lui apprend qu'elle est enceinte et la joie indescriptible qui l'envahit à ce moment-là.

— Mmmm....Mmmm.....

— Ma chérie, comment vas-tu ?

— Ah ! Mon Max. Ca va. Encore un peu fatiguée. Mais où est notre fille ? Dit-elle examinant la pièce du regard. Un léger coup frappé à la porte, l'empêche de répondre, celle-ci s'ouvre cédant la place à une infirmière d'âge mûr et un médecin corpulent.

— Bonsoir, firent-ils ensemble. Je vous amène votre petite fille. Parle cette dernière s'avançant vers les parents, avant de placer le nouveau-né endormi au creux du bras protecteur de sa mère.

— Une petite fille ! Quel bonheur ! Mais qu'est-ce qu'elle a sur la tête ? S'inquiète Max en voyant le bandage.

Le gynécologue prend alors la parole et explique au nouveau papa, le déroulé de l'incident.

— Qu'est-ce que vous dites ? Elle est tombée ? Comment est-ce possible ? S'irrite Max écarquillant les yeux.

— Monsieur, ne vous énervez pas. Tente d'apaiser le spécialiste. Le principal, c'est que votre enfant se porte bien. Dès que la plaie sera refermée par une petite croûte, la pousse de ses cheveux la camouflera. Continue-t-il calmement.

— A vous entendre, rien d'anormal là-dedans ! S'insurge le papa, fixant le médecin droit dans les yeux.

— Monsieur. Je comprends votre sentiment. Mais, soyez rassuré, le traumatisme est seulement externe et ce déplorable incident, n'aura aucune conséquence.

— Espérons-le. Parce que je....

— Max. Je suis sûr que tout ira bien. Regarde, comme elle est belle et si paisible. Tu ne veux pas la prendre dans tes bras ? Intervient Sybille d'une voix tendre, qui calme d'emblée son mari. Il se penche alors vers son épouse, de ses grosses mains, prend délicatement sa fille et dépose un baiser sur son front.

Profitant de cet instant de tendresse, le médecin échange un regard tacite avec l'infirmière, qui en comprend le sens et tous deux prennent congés des parents en les saluant.

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