A l'heure de la fermeture, le mec menaçant de la veille arrive toujours avec son casque de moto sur la tête. Il attrape la poignée de la porte d'entrée . Soudain, il la lâche puis déguerpit.

Claude éberlué sort de sa librairie. A côté des voitures qui klaxonnaient , une foule de jeunes et de grisonnants passent sur les trottoires avec des drapeaux libanais.

Au bout de la rue devant le commissariat des policiers gardent l'entrée. La foule hurle: "Libérez Anouar! Libérez Anouar!"

Le libraire se dépêche de rentrer. Il ferme la perde et il baisse le rideau de fer.

Il rejoint sa pièce privée au fond. Il réchauffe le dhal rapporté par Maria le matin.

Il appuie play sur son portable et Edith Piaf se remet à chanter la foule.

Il a toujours eu un lien avec la culture français. Il garde de bons souvenirs de ses promenades à Montmartre.

Et il vit dans cette librairie qui a toujours été un lieu francophone depuis 1933. Même durant la guerre civile, cette librairie est toujours restée ouverte et on y trouvait la presse et les livres français.

Il l'a racheté cette librairie à la famille Naufal qui avait créé plusieurs librairies francophones à Beyrouth.

Puis il entend des pétards et des tirs dehors. Les murs tremblaient. Il décide de mettre la radio même s'il déteste ça. Les infos; il n'y croit pas. Alors quoi bon écouter de la désinformation.

Mais là exception.

"Le quartier hamra agité ce soir. Une manifestation réclame la libération d'Anouar Bunni. Ce syrien venait porter plainte pour vol de téléphone quand il a reconnu à l'accueil un ancien tortionnaire syrien grâce à sa cicatrice sur la joue et ses yeux bleus. Anouar Bunni a été arrêté pour outrage à un agent public. Cette information a fait le tour des réseaux sociaux. Des appels à manifester ont fleuri partout. Les gens protestent contre les vestiges de l'assadisme. "