Un Rick dans la nature

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 Il se réveille dans une prison sordide. De l’humidité stagne sur les murs d’acier. Il se sent beaucoup plus léger que sur Jupiter.

 « Je suis… sur Europe ! »

 Il contemple le ciel derrière les barreaux de sa fenêtre. Celui-ci porte la planète géante autour de laquelle la lune satellise. Rick hèle un garde de la prison. « Calme-toi, du genou ! répond violemment celui-ci. Tu ferais mieux de ne plus faire de grabuge.

 — Mais qu’est-ce que j’ai fait de mal ? se plaint Rick.

 — C’est ça, continue de jouer les amnésiques. Comme si ta réputation n’était pas assez exécrable.

 — Dites-moi ce qui se passe ! Sacrebleu, je n’ai commis aucun crime, je suis un shérif attentionné et je viens de quitter Mars !

 — Et puis quoi, encore ? Ça fait une semaine que tu arpentes les rues de Jupiter. Tu as même jeté ton insigne dans les vapeurs de la planète…

 — C’est faux, regardez : elle est encore dans ma poche. »

 Rick fouille son gilet sans y trouver quoi que ce soit. « Mince, les flics m’ont dépouillé ! dit-il pour soi-même.

 — C’est bien ce que je pensais, reprend le garde. T’es un gros menteur. »

 Rick est désemparé.

 « Qu’est-ce que c’est que ce pataquès ? »

 Il s’allonge sur la couchette crasseuse de sa cellule. Quelques instants après, le garde revient. « De la visite pour toi », dit-il d'un ton las.

 Cathy et Buck apparaîssent. Ils ont une mine consternée. « C’est incroyable, ce qui arrive, dit Cathy.

 — Tu auras sûrement du mal à le croire, dit à son tour Buck, mais une parfaite copie de toi-même s’amuse à semer le chaos pendant que tu es en prison !

 — Nous t’avons croisé dans le quartier chinois, après que les policiers t’aient emmené. Tu plumais un poulet sans avoir d’autorisation. Je n’en croyais pas mes yeux !

 — La police a tenté de les arrêter — ton double et le poulet —, mais tu as réussi à t’échapper, continue Cathy. Alors nous sommes partis à la recherche de l'ami dont tu parlais. Les habitants voulaient bien m’indiquer où se trouvait sa maison : nous avons toqué à sa porte, la poignée a tourné et…

 — Par pitié, abrège ! dit Rick.

 — D’accord, d’accord. Donc monsieur Wan a ouvert la porte et nous as dit que tu l’avais salement amoché. Il parlait d’une histoire de sauce, que tu serais venu lui donner des conseils de cuissons et que vous vous seriez disputé — et puis nanani, nanana — et tout cela il n’y a pas plus tard qu’hier !

 — Il y a un clone de toi sur Jupiter, Rick, dit Buck, et ce sacripant a ruiné tous nos plans.

 — Mince alors…

 — La visite est terminée, signale le garde.

 — Vous n’avez rien entendu ou quoi ? dit Cathy. Vous tenez le mauvais Rick ! Celui-ci est innocent !

 — Mauvais Rick ou pas, la visite est terminée.

 — Faites-le sortir d’ici immédiatement !

 — Calmez-vous, ou bien je vous calmerai moi-même. »

 Le garde referme la cellule.

 « Au revoir, Rick », souffle Cathy. Et Rick de répondre : « Bye, Catherine. »

 Rick se couche pour mieux réfléchir. « Si j’en crois les dires du garde, cela fait une semaine que mon clone sème la pagaille sur Jupiter. C’est bizarre… il y a exactement sept jours, Tempête nous sortait des griffes de Zéphistos. Serait-ce une manigance supplémentaire mise au point par le vil seigneur Grec ? »

 Il se retourne sur sa couchette. « C’est fort probable. Mais comment a-t-il pu me reproduire parfaitement ? Je conçois que Buck est facile à berner — car un peu simplet—, mais même Cathy a été trompée ! Je ne suis resté sur le vaisseau de Zéphistos que peu de temps et je n’ai presque laissé aucune trace. Une empreinte digitale n’est pas suffisante pour cloner quelqu'un d'une manière si précise...

 « Mais supposons qu’il ait eu accès à une grande quantité de mon ADN restée sur Mars, et qu’il ait pu me reproduire à l'identique : comment aurait-il su que nous nous rendions sur Jupiter ? Il doit y avoir une taupe dans l’affaire. Or, ce ne peut être ni Buck ni Cathy. Nous ne nous sommes pas quittés d’une semelle. C’est forcément quelqu’un d’autre : mais qui ? Qui aurait deviné que nous chercherions refuge sur Jupiter, et l’aurait révélé à Zéphistos afin de saboter mon arrivée en ruinant ma réputation là-bas ? »

 Rick s’assoit sur la crasse. Il ignore les réponses de toutes ces questions. « Alors comme ça, un double de toi se balade en commettant des crimes ? dit le garde. Et bien sûr, toi tu es innocent.

 — Écoutez, dit Rick, j’ai quelque chose d’important à vous dire. Mars a été attaquée. »

 Le garde fait des yeux ronds puis éclate de rire. « Tout le monde s’en fiche de Mars, ricane-t-il. C’est à peine s’il y avait mille habitants.

 — La plus grande ville compte trois mille âmes, dit Rick.

 — Et alors ? Tu sais que nous sommes plus de dix milliards, sur Jupiter ?

 — Ce n’est pas un concours, s’écrie le shérif. L’un des États d’Amérique est en péril ! C’est une raison suffisante pour lui venir en aide. Je dois absolument parler au président Donaldson !

 — Et ta sœur ! » rétorque le garde en lui donnant un coup de matraque de derrière les barreaux.

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