Une solution qui soulage

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 Le président Donaldson accueille Cathy et Buck dans sa loge. Rick allume une cigarette.

« Monsieur le président, dit-il en prenant une bouffée, voici Catherine Patmore, une humble fermière.

 — Je ne suis pas une fermière !

 — Et qui est donc ce jeune homme ? demande le président en désignant Buck.

 — Oh, c’est mon adjoint. Président, dit Rick d’un ton solennel, vous avez devant vous trois réfugiés de Mars, et ils attendent qu’on leur rende leur patrie.

 — Bien entendu, dit le président Donaldson. Je suis terriblement navré de ce qui est arrivé à votre planète. Aussi, j’ai passé la nuit à faire tout ce qui était en mon pouvoir pour vous aider. Je vous ai trouvé du soutien. Et pas des moindres !

 — Vous allez envoyer l’armée ? dit Buck avec des yeux pétillants.

 — J’ai mieux, fit Donaldson.

 — Une bombe nucléaire ! s’enflamme le shérif adjoint.

 — Impossible.

 — Pourquoi ?

 — J’ai perdu le… Peu importe. Ce que je vais vous proposer dépasse de loin toutes vos espérances…

 — Ça y est, j’ai compris ! s’écrie Buck. Vous allez envoyer le Franklinator.

 — Je ne vois même pas de quoi vous parlez.

 — Mais si, le mécha géant ! Vous savez, celui qui lance des éclairs avec la Constitution.

 — Ah, ça ! Il est en révision au… bon sang, qu’est-ce que je disais ?

 — L'aide que vous alliez nous apporter.

 — C’est cela. Ainsi donc, mes tendres amis réfugiés, j’ai l’honneur de vous dire que la fine fleur, que dis-je ! la crème de la crème des États-Unis se joindra à votre cause. Après tout, Mars est américaine. Il faut les meilleurs. C’est pourquoi vous vous battrez avec l’A.N.U.S.

 — Le quoi ?

 — L’A.N.U.S. ! Pardi, vous ne connaissez pas l’A.N.U.S. ?

 — Arrêtez de répéter ce mot.

 — Mais enfin, l’A.N.U.S. ! L’Aide Nationale aux Urgences Spatiales ? Ça ne vous dit rien ?

 — J’en ai entendu parler, dit Rick. Pendant mon court séjour à la prison d’Europe, des taulards chuchotaient à propos de l’A.N.U.S. C’est une organisation secrète ?

 — Il est vrai que l’A.N.U.S. n’a pas tendance à s’exhiber. Vous comprenez, les gens n’aiment pas voir l’A.N.U.S. sur leurs écrans : cela signifie que quelque chose cloche. Mais dans votre cas, l’A.N.U.S. agira en toute discrétion.

 — Dites encore une fois "A.N.U.S." et vous pouvez dire adieu au vôtre.

 — Cathy ! Ce sont des choses sérieuses.

 — Très bien, très bien, dit la jeune femme. Alors, monsieur le président, pouvons-nous voir à quoi ressemble votre A.N.U.S. ? »

 Le président Donaldson les conduit dans sa navette privée, installée sur le toit de sa loge. « Ça risque de faire une trotte, dit le président. Le siège de l’Aide Nationale aux Urgences Spatiales a été construit loin de tous les regards.

 La navette parcourt quelques milliers de kilomètres. « Comment reconnaîtrez vous le siège de l’A.N.U.S. ? demande Rick au président.

 — L’adresse est inscrite dans le GPS. Ciel, cela faisait bien longtemps que je ne les avais pas contactés. Hier soir, quand vous m’avez fait part de votre désespoir, l’A.N.U.S. m’était complétement sorti de la tête. Je me conditionnais : armée, armée, armée. Eh bien, shérif Storm, il faut savoir élargir son champ de vision. C’est pourquoi je me rappelai : A.N.U.S. Le reste a été simple. Ils n’attendent plus que vous.

 — Vous mentionnez ’’ils.’’ Qui sont-ils, au juste ?

 — Vous le découvrirez bientôt. Nous voilà arrivés au siège de l’A.N.U.S. Vous risquez d’avoir du mal à le distinguer : il est recouvert par les gaz jupitériens.

 La navette s’enfonce dans la brume puis atterrit sur une plateforme quasi-invisible. « Mince ! monsieur le président, s'exclame Rick, ce n'est pas l'heure de vérifier l’Amérique ?

 — J’ai tout prévu, répond Donaldson. J’ai mis le Maccart-O-Tron en mode automatique.

 — Monsieur le président, je me demande…

 — Oui, Catherine ?

 — À quoi vous servez, au juste ?

 — Je… Eh bien… Ah, voici le capitaine de l’A.N.U.S. »

 Ils aperçoivent une femme d’entre deux âges. Elle est vêtue de treillis beiges et porte de nombreuses décorations militaires. Sur sa poitrine, un insigne brodé or indique : « Cap. Madeleine Farthing, division de l’A.N.U.S. » Elle s’approche du président puis lui tend la main. Celui-ci la serre vigoureusement. « Capitaine Farthing...

 — Ça se prononce farzing, monsieur le président. Bienvenue au siège de l’A.N.U.S. Vous devez être les réfugiés dont le président Donaldson m’a parlé.

 — Rick Storm, shérif de San Cohete, Mars, dans l’État de Mars. Voici Catherine Patmore, une humble…

 — Une humble taxidermiste, le coupe Cathy.

 — Un plaisir, dit Madeleine Farthing. Et qui est ce jeune homme ?

 — Je suis…

 — Peu importe, dit sèchement Rick. Et si nous parlions de ce qui nous amène ?

 — Absolument. Veuillez me suivre. »

 Le capitaine Farthing les conduit à l’intérieur d’un bâtiment en béton. « ’’Taxidermiste’’ ?

 — Je préfère déjà ça à ’’fermière’’, Rick. Et puis, c’est un rêve de gosse.

 — Vous allez bientôt rencontrer notre meilleure — et unique — escouade, dit Madeleine. Je crois savoir que Mars est en danger ?

 — C’est exact.

 — C’est bien dommage. J’ai placé un oncle, là-bas. Vous le connaissez sûrement : il s’appelle Bill Fetchson. On a tous plus ou moins un vieux sur cette planète. En fait, je pense que les gens s'intéresseraient à Mars s'ils tenaient plus à leur famille. Moi, je tiens à Bill, et il n’est pas question qu’on lui fasse du mal. »

 Le capitaine Farthing les mène dans un garage aéronautique mal éclairé. Ils voient six silhouettes : cinq sont humaines, et la dernière est d'une forme étrange. « Je vous présente l’escouade Tempête, dit Madeleine.

 — Tempête ? dit Rick.

 — Oui, Tempête.

 — Vous avez appelé votre escouade ’’Tempête’’ ?

 — Parle pour toi, lance Cathy.

 — Je vais vous faire les présentations. »

 Ils s’approchent des silhouettes humaines et distinguent leurs visages. Madeleine désigne un homme corpulent et chauve. « Voici le soldat Wrecklerton.

 — Salut, dit Wrecklerton. Je suis Wrecklerton.

 — Salut, Wrecklerton. »

 À côté de Wrecklerton, il y a Moon, une femme d’une trentaine d’années avec des cheveux roux. Elle contraste en tout point avec son camarade. Elle est fine et se présente d’une voix douce : « Salut, je suis Kate Moon.

 — Salut Kate, dit Cathy.

 — Dis, tu ne ferais pas de la batterie ? »

 Moon ne semble pas comprendre la vanne de Rick.

 IIs passent au troisième membre de l’escouade Tempête. Il s’appelle Chuck W. Chuck. Il porte la barbe et a un air jovial. « Salut, dit Chuck Chuck.

 — Enchantée, dit Cathy.

 — Tu aimes prendre le train, Chouck Chouck ? »

 À côté de Chuck, Mary Pappins. « Mais où est donc ton para…

 — Ta gueule, Rick ! »

 Le cinquième membre de l’escouade est un homme d’une surprenante élégance. Son armure est l’étrange combinaison d’un costard et d’un treillis. « Voici notre gentleman, dit Madeleine Farthing. Ne vous fiez pas de ses airs délicats : il ne fait pas dans la dentelle. Je plains déjà ceux qui vont devoir l’affronter.

 — Bonjour, dit le soldat. Je m’appelle André Bassine.

 — BONJOUR, André ! » s’exclame Cathy pour empêcher Rick de faire une remarque.

 Le président Donaldson sort une télécommande de sa poche, puis presse un des boutons en direction de l’engin. Celui-ci s’éclaire aussitôt, révélant à tous sa vraie forme. « Ne me dites pas… C’est… C’est un escarpin géant ?! 

 — L’A.N.U.S. écrase les problèmes avec classe, scande Madeleine Farthing. C’est le résultat d’une longue réunion entre le président et moi-même.

 — C’est sûr qu’une grosse chaussure, ça fait très discret.

 — Ne vous en faites pas, monsieur Storm. Le P.E.T. est on ne peut plus furtif : nous l’avons équipé des dernières technologies en matière d’invisibilité.

 — Le P.E.T. ? Vous en avez d’autres, des noms comme ça ?

 — Madame Patmore, l’A.N.U.S. est une organisation gouvernementale fondée par le président Donaldson. Aussi je vous avertirais que bafouer l’A.N.U.S., c’est bafouer l’Amérique.

 — Le Propulseur Energétique Transsidéral vous emmènera jusqu’à votre planète, dit le président. J’ai cru comprendre que la place était limitée dans votre cheval, shérif Rick ?

 — Tout à fait. Cela fera le plus grand bien à Tempête.

 — Tempête ?

 — Je refuse d’avoir cette conversation, capitaine. »

 Madeleine fait signe à l’escouade d’embarquer dans le P.E.T. « Je crois que le moment est venu, dit sentencieusement le capitaine. À chaque minute qui passe, Mars est un peu plus détruite. Vous devez agir vite, et si vous voyez ce vieux Bill Fetchson, dites-lui que je l’embrasse. Bonne chance, Rick Storm. Bonne chance, Catherine Patmore. Bonne chance, petit homme.

 — En fait, je m’appelle…

 — Allons-y ! braille Rick. Il est temps de montrer à Zéphistos de quel bois l’A.N.U.S. se chauffe. »


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