L'amarrage avec la station s'effectue sans le moindre souci et les occupants sont rapidement invités à quitter la capsule et à gagner la section sécurisée de l'installation. On les y débarrasse des imposantes tenues spatiales et, à nouveau, Ney crée la surprise avec sa frimousse.

Heureusement, cette fois-ci aucun incident n'éclate : les hommes et femmes en charges de l'orbitale ont visiblement été prévenus. Conduite à l'une des salles de repos, on leur indique que leur vaisseau n'arrivera pas avant une heure car quelques débris et une erreur d'aiguillage ont décalé sa trajectoire.

Pour passer le temps, Ney inspecte sa blessure qui ne s'est pas encore complètement résorbé. De toutes façons les dégâts, même s'ils n'imposent pas un pronostique vital, ne pourront pas être soignés par la seule force de ses nanites.

Tsadir, semble méditative : elle songe au désordre que leur venue a provoqué en bas : le plus haut responsable en dessous du conseil de sécurité onusien renvoyé, et malheureusement tué, deux puissantes sociétés terrassées par la manipulation de flux financiers, une vingtaine de soldats et de contrebandiers tués et surtout l'enfant. Alexandre Verner ne verra jamais les colonies et le directeur a été formel : le corps ne pourra pas quitter la Terre pour des raisons sanitaires.

Il fut un temps où la Terre avait été la grande menace, mais aujourd'hui elle paie l'inefficacité et la corruption de ses institutions, son retard technologique et le rejet de tout ce qui a permis aux solaires de vaincre la mort elle-même. Marth Iron Lady, leader d'Aesir l'avait bien dit : « Il n'y aura pas d'autre guerre, seulement la paix. »

L'échec de leur mission ne fait que renforcer les convictions de Tasdir : il devient urgent que les colonies règlent le problème Terrien. Il manque à la Terre une véritable politique responsable. Les humains sont dépassés et leurs dirigeants ne parviennent même plus à apprécier la complexité de leur tache, ni les conséquences de leurs choix.

Un jour, les solaires redescendront et mettront fin à leurs guerres, apportant la prospérité des colonies et ouvrant ce puits interdit à l'univers.

Ses considérations sont interrompues par l'une des femmes travaillant pour la corporation terrienne : le vaisseau des colonies est en train d'effectuer son approche. Afin d'écourter la présence de leurs invités à bord, elle les guide vers le sas auquel le vaisseau doit s'arrimer.

Quelques minutes plus tard, l'indicateur de pression du sas indique que Mahertis est bien arrimé et que la pression à été équilibrée des deux côtés. C'est l'heure d'embarquer pour le grand voyage retour. La femme de Sol6 ouvre le sas et les invite à traverser, leur souhaitant honnêtement un bon retour.

Le sas automatique de Mahertis se referme derrière les solaires et l'avatar de l'IA leur fait une grande référence. Il leur présente ensuite Pax tout en les conduisant à la salle d'observation. La jeune IA ne s'est pas encore décidée sur son avatar, mais ce n'est pas important en fin de compte.

Pendant les présentations, Mahertis met l'équipe au courant des opérations dans les colonies. Évidemment, l'annonce du réveil de la sauvegarde de Tsadir surprend tout le monde à bord. Mahertis explique alors que cet événement est du fait du Solar Wardner Trend.

Tsadir lui demande depuis combien de temps, l'IA pilote est au courant. Il lui répond que le “fork” date du lendemain de leur arrivée sur Terre. Il ajoute que tant que les deux solaires se trouvaient dans l'espace terrien, l'IA ne pouvait pas leur en parler : ce type d'information aurait justifié l'exécution de Tsadir. Si le système des sauvegardes des colonies n'est déjà pas dans le cœur des autorités terriennes, les instances multiples représentent le grand mal qu'il faut éradiquer.

Peu importe, la situation est telle qu'elle est et Ney ne croit pas de toutes façons aux effets des malédictions et blasphèmes. Trend s'expliquera à leur arrivée et il est inutile que Tsadir se prépare à rencontre son alter-ego : le choix ne peut se faire qu'ensemble.

Mahertis met fin à la discussion en indiquant qu'ils sont arrivés au point de manœuvre et qu'il va s'apprêter à effectuer la manœuvre d'évasion. C'est reparti pour un “g” de poussée continu.

Ney regagne rapidement le côté sol où se trouve déjà Tsadir. Une fois la gravité stabilisée, la samouraï conduit la chimère à l'infirmerie du vaisseau : il est temps de réparer les dégâts que cette aventure sur la Terre lui a infligé.

L'opération supervisée par Mahertis et Pax se déroule sans encombre : les nano-robots de l'installation médicale remplacent les cellules hybrides endommagées et restaurent les organes touchés. Un flux constant de nouvelles cellules produite par le constructeur universel viennent compléter les parties manquantes. Enfin, le pelage hydrophobe roux est régénéré de la même façon.

À nouveau pleinement opérationnelle, Ney se redresse et, en guise de remerciement, étreint Tsadir avant de reporter son attention vers la salle d'observation. Après tout, il se passera du temps avant qu'elle ne soit aussi proche de la Terre.

Le vaisseau continue sa puissante accélération et devrait atteindre Mars d'ici un peu moins de quatre jours.