Intrusion extérieure

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Après le récent attentat qui avait échoué, Mahertis avait choisi violer le traité des colonies avec le consentement du directeur. Avec le réseau zombi qu'il avait réussi à monter et son ami Pax, un étrange informateur, l'IA avait totalement ébranlé le “réseau financier” d'Actual Communication. Les retombées seraient importantes, mais avec les preuves et simulations qu'on lui avait fourni, le directeur ne pouvait plus ignorer le complot à l'œuvre.

En quelques heures, les titres de la société sont passés de trois cent cinquante-sept euros à douze et la chute ne s'arrêterait pas aussi vite. En parallèle une attaque informatique massive sur le système informatique de la société rendait l'affaire plus préoccupante : loin d'une simple attaque par déni de service, les attaquants étaient entrés dans le système informatique avec autant de facilité que s'il n'y avait eu aucune protection. Les médias sensationnalistes accroissent la vague de panique en prétendant que l'intégralité du système informatique d'Actual Communication échappe encore au contrôle des services informatiques de la société.

Ces actes, destructeurs, règlent ainsi le problème sur le long terme car l'entreprise de Joseline Fipilli ne s'en relèvera jamais. Mais surtout, ils permettent aux hommes de la section Turing, une commission issue du conseil de sécurité chargée de lutter contre la menace que représenteraient les IA fortes, d'entrer en toute légitimité dans les locaux de la société.

Dès les premiers ordres passés par le directeur, un appel de la dame Mahut lui parvient. Celle-ci lui ordonne d'interrompre immédiatement l'opération. S'il avait souhaité un aveu direct de sa supérieure, il ne s’attendait pas à ce qu'elle le fasse aussi vite. En réponse, il lui explique la gravité de la situation, expliquant que Prest a tenté de le faire assassiner et qu'il est probablement derrière cette attaque d'une envergure et d'une précision jamais vue. Il ne s'agit pas là de cyber-hackers idéalistes, mais de quelque chose qui réclame une action rapide et systématique.

La femme le menace alors de le faire suspendre et de l'évincer de l'organisation s'il continue : sa carrière est en jeu. De-Montergny ne se démonte pas et lui annonce qu'il fera son travail comme il doit être fait. Si elle ne souhaite pas que cette opération suive son cours il lui faudra donner de véritables arguments et non de simples ordres : la situation est bien trop grave pour cela, le scénario de Vinge pourrait bien se réaliser.

En désespoir de cause, elle raccroche sec promettant des représailles qui dépasseraient de loin le petit directeur. Celui-ci se redresse comme victorieux et indique aux solaires que les hommes de la commission de surveillance des intelligences artificielles font habituellement un travail appliqué et méthodique. Ils sont si conscients de la menace qu'une IA forte représenterait pour la civilisation terrienne que toutes les menaces de Nemja ne pourront rien y faire.

Assise en face de lui Ney espère que Tsadir réussira, car si les preuves de Mahertis ont suffit à les convaincre, les tribunaux terriens ont besoin de preuves plus tangibles. L'envoi des hommes de la section Turing eu l'effet escompté : pris de panique, Joseline Fipilli et ses sbires avaient entamé le nettoyage de leur laboratoire situé dans la campagne, à une heure du centre londonien.

En hélicoptère c'est beaucoup moins long.

Dans sa tenue de spécialiste onusienne, l'héroïne des colonies débarque de l'appareil qui se pose à proximité du bâtiment. Les soldats onusiens, des renforts envoyés par la région Est Européenne, se déploient rapidement tout autour.

L'assaut est lancé et un petit commando fait sauter la porte avec un lourd bélier tandis que les hommes placés sur le toit font sauter la verrière et commencent à descendre. Plusieurs coups de feu se font entendre de l'intérieur et l'un des onusiens de l'entrée est touché. Les soldats se replient face à un feu particulièrement nourri, traînant le blessé en arrière. Les bruits de tirs continuent mais ceux des ASh onusiens se taisent les premiers. Analysant le bruit des tirs des opposants, la solaire se rend compte qu'il s'agit du son familier des rails guns coloniaux. Compte tenu du volume, et de l'état du soldat au sol devant elle, il s'agit d'une arme lourde, au recul beaucoup trop fort pour un humain.

Elle avait promis qu'elle ne ferait que regarder, mais ces soldats ne sont pas préparés à ce type de menace. D'un bond, qui surprend tous les hommes présents, la samouraï saute sur le toit du petit bâtiment. Sa tenue onusienne mute et redevient son camouflage. D'un second saut elle traverse la verrière centrale déjà détruite par les commandos qui l'ont précédée. En bas, c'est un carnage, deux hommes ont été abattus avant d'avoir touché le sol, et les quatre autres ont à peine eu le temps d'ouvrir le feu avant d'être balayé. Son IA de supervision écrase un élan d'empathie.

Ses deux pieds touchent le sol, silencieusement, l'impact amorti de la chute parfaite, pas un seul morceau de verre ne crisse. La samouraï déploie ses deux lames internes et furtivement elle s'approche du robot de combat automatisé. Quelques impacts superficiels dessus, l'un de ces hommes était bon. D'un éclair, elle fend l'air, l'espace la séparant du monstre mécanique et son épais blindage. Les deux armes automatiques tranchées entament une lente chute tandis que les deux lames convergent vers les centres d'alimentation. Avec un reste d'énergie stocké dans un condensateur, le robot tente une manœuvre pour percuter l'ange des étoiles mais ce dernier la rate et s'éteint.

L'un des soldats au sol respire encore. Tsadir hurle : « Des hommes à Terre ! » avant de disparaître vers les sous-sols. Si d'autres technologies solaires s'y trouvent, il vaut mieux qu'elle passe la première.

Le sous-sol de l'immeuble couvre la même superficie que le rez-de-chaussée. Un long couloir le traverse dans le sens de la longueur et se termine sur un élévateur qui donne normalement du côté du parking. Des hommes de l'ONU devraient s'y trouver : où sont-ils ? Tsadir progresse lentement et prudemment sous le couvert de sa tenue d'invisibilité.

Les premières salles qu'elle franchit ne sont que de simples débarras où sont entreposés un grand nombre de produits chimiques et pharmaceutiques ainsi que du matériel électronique : si Ney avait été là elle lui expliquerait sans doute à quoi tout ceci sert. La samouraï continue et arrive devant l'embrasure d'une grande salle qui doit probablement occuper toute la moitié ouest du bâtiment au vu de ses dimensions. Plusieurs lits d'infirmerie sont alignés, une huitaine en tout. La plupart sont vides : seuls deux lits semblent occupés, mais il est difficile pour Tsadir si s'agit vraiment de personne car un voile blanc à été posé au-dessus d'eux.

On entre dans la pièce : deux solides infirmiers visiblement pressés entrent et se dirigent vers les lits encore utilisés. L'un des deux transporte un brancard vide : il semble que ces deux-là s'apprêtent à faire un peu de ménage. La guerrière les neutralise avant qu'ils n'aient eu le temps de s'apercevoir de sa présence. Ils gisent au sol dans des positions hasardeuses, inconscients.

Tsadir vérifie rapidement ce qui se trouve sous le voile : un corps humain inconscient, mais bien vivant. Relié à plusieurs machines médicales par de nombreux tubes. Elle remet en place le voile et sort de la pièce et progresse vers l'élévateur où un homme semble attendre, anxieux.

« Dépêchez-vous ! Le robot ne tiendra pas toute la journée ! »

L'homme n'est visiblement pas au courant que ses amis ont été neutralisés. Rasant le mur, Tsadir avance rapidement à demi-accroupie. L'éclairage vif et contrasté pourrait laisser entrevoir quelques artefacts du camouflage.

Elle n'est plus qu'a un pas de l'inconnu. Il a le maintient et l'autorité d'un dirigeant et semble encore assuré : il faut dire qu'avec un autre robot d'assaut pour couvrir ses arrières, il a ses chances de pouvoir s'échapper. Mais c'est sans compter Tsadir qui, jaillissant de nul part, le met à terre d'un puissant coup au sternum. L'homme a eu son compte et il ne se relèvera pas avant un bon quart d'heure. L'élévateur est en position basse et, en s'en approchant, elle perçoit les ondes sismiques produites par le déplacement de la plate-forme de combat située à l'extérieur. Il n'y a aucun bruit de combat et la guerrière espère que cela signifie que les casques bleus se sont bien mis à couvert.

Plutôt que d'alerter l'ennemi en mettant en marche le monte charge, la samouraï escalade le mur. Elle parvient finalement à se hisser et se retrouve juste derrière l'immeuble. Un puissant robot d'assaut lourd des colonies patrouille sur le gazon bordant le chemin goudronné qui mène à l'entrée de service. Il porte encore la marque de fabrication de Vranberg-Lytan au plus grand déplaisir de Tsadir. Elle jure de s'occuper du solaire qui aidé ces terriens à importer ces Maulers sur le sol de la planète bleue.

Avant que l'ONU ne tente quelque de vraiment stupide, Tsadir charge silencieusement le colosse de métal et découpe ses activateurs latéraux le faisant chuter sur le côté ; elle rabat ses lames sur les cannons qui visent désormais le sol avant de finir par l'alimentation. Ce coup-ci, le robot ne réagit même pas.

La transhumaine revient en arrière pour vérifier l'éventuelle présence d'autres robots lâchés en liberté. En vain, nulle autre menace ne semble se manifester et la guerrière rétablit sa tenu officielle avant de revenir vers les onusiens, qui ne s'attendent pas à la revoir. Ils lui annoncent que des renforts sont en approche : un hélicoptère de combats est en effet visible à l'horizon. Tsadir parvient avec peine à leur expliquer qu'elle a neutralisé les constructions mortelles des colonies et qu'ils ont quelques personnes à aller pêcher en bas.

En fin de compte, l'hélicoptère reçoit l'ordre ne pas ouvrir le feu après qu'un éclaireur ait confirmé la désactivation du robot posté à l'arrière. Malgré tout, plusieurs appareils continuent d'approcher pour évacuer les trop nombreux blessés.

Curieusement, le commandant de la section, William Sandtree, semble avoir changé d'opinion sur la spécialiste que le directeur lui a imposée de force. Il la remercie avant de conduire ses hommes à l'intérieur, l'assaut onusien reprend. Histoire de ne pas violer une seconde fois le protocole, la samouraï attend que la scène soit officiellement sécurisée pour mener son enquête.

En attendant, son logiciel de reconstitution travail à recréer les lieux et à analyser tout ce qu'elle n'a pas eu le temps d'étudier.

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