Nous ne pouvons plus nous mentir

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Le Solar Wardner mène l'interrogatoire sans prendre de pincettes. Ses premières cibles sont les mercenaires, toujours aussi impressionnés par la mise au sol de leur camarade qui avait eu l'imprudence de charger le cybernétique avec son exosquelette.

Un mercenaire est loyal et il effectue la tache pour laquelle il est payé. Dans les colonies, les devises sont assez peu utilisées dans les échanges hors corporation : les indépendants préfèrent en effet les objets porteurs d'une valeur intrinsèque comme des matériaux ou du savoir. Ils n'ont généralement pas l'assurance de pouvoir échanger les crédits à la demande, comme peuvent le faire les incorporés.

Ceux-ci ont de plus en plus le sentiment d'avoir été trompés. Avec un Solar Wardner en face, il est très probable qu'on ne leur ait pas dit la vérité, plus précisément, qu'on ait menti sur le but de l'opération. Ceci pris en considération, le paiement devient de plus en plus incertain, et la logique veut qu'il s'agisse désormais de réduire les coûts de cette opération à perte. Aussi l'un des sophontes commence à parler.

Il présente les quatre civils : Samias Hendell, homme d'affaire Terrien ; Thibault Verner, diplomate terrien ; Ezuha, chercheuse émérite d'Aesir ; Mightless, logicticien d'Aesir. De ce qu'en sait l'IA, les deux premiers sont en affaire avec les deux seconds.

Il présente ensuite son équipe du Neo-Control, apprenant au passage que les deux sophontes sont deux instances du fameux EagleNest, chef de l'escouade. Engagés par Mightless, leur mission a consisté à extraire Verner et lui fournir une protection. C'est l'IA elle-même qui a piraté le stockage de Greenstar : un psion capable de voyager de cette façon était nécessaire. La capture de Greenstar n'était pas prévue : il tire sa révérence à la cyborg et ses prestations remarquables.

En revanche, les Neo-Control n'ont strictement aucune idée des tractations entre les civils : il s'agit probablement de mémétique compte tenu des travaux d'Ezuha, mais ils ne disposent pas des détails. Le Solar Wardner se tourne vers eux : que peuvent bien vouloir des terriens dans les colonies ? Eux qui ont si peur des technologies si avancées qui y ont été développées ?

Tsadir répond à leur place : « Un moyen de blesser les leurs pour obtenir du pouvoir, de l'argent, ou les deux. Cette Terre commence vraiment à me lasser. » Trend aurait certainement aimé entendre des protestations des terriens, mais ils ne laissent rien transparaître.

Il interroge alors Ezuha, le scientifique. Ce dernier leur apprends qu'il travaille dans le domaine de la mémétique, et qu'il étudie notamment les conséquences du programme “We're all Solars” de Mars et développe des mêmes destinés à renforcer la confiance des individus envers le groupe.

Les mèmes : autrefois ils étaient appelés concepts publicitaires, slogans, image rigolotes avec du texte… Mais les études ont mis en valeur cet aspect des idées : en fonction de la population, certaines sont plus forte et survivent aux autres tandis que certaines se propagent plus facilement. Un peu comme la génétique avait été considéré à une époque comme la magie pouvant tout résoudre, la mémétique a finalement obtenu son heure de gloire avec le grand programme de Mars visant à réduire au maximum les tensions entre humains et non humains. Ça avait été une belle réussite en fait et que les Terriens cherchent à reproduire la chose n'est pas surprenant, même si cela vient des IA de recherche et de leurs simulations in sillico.

Les humains ne sont pas des habitués des recherches purement théoriques : depuis plusieurs décennies, pour des besoins politiques et économiques, les recherches appliquées sont devenues hégémoniques. Le Wardner demande alors au scientifique ce que Hendell est venu négocier. Curieusement, Ezuha reste silencieux.

Greenstar débarque dans la salle : il y a un contre-temps. La réplicante explique qu'un vaisseau inconnu est en train d'effectuer une approche. Pire encore la corvette ne possède pas assez de carburant pour décoller et rejoindre l'orbite, tout au plus parviendrait-elle a se crasher près de la colonie Little Strend. Et la navette n'est pas assez grande pour loger tout le monde. Le mercenaire bloqué dans son armure endommagée sourit : les renforts arrivent.

Trend sourit à son tour. Il n'est même pas nécessaire de se précipiter : il demande à Greenstar de se préparer à ouvrir un portail vers le point de rendez-vous si commodément mis en place par EagleNest. Tsadir cours vers le hangar pour prévenir Zuko de leur départ. Les soldats font signe aux captifs de se lever tandis que Trend maintient en respect les mercenaires qui semblent vouloir tenter leur chance.

Au retour des deux solaires, la psion ouvre un nouveau portail qu'elle a longuement préparé. Pluralis, Zuko et Greenstar franchissent en premier le portail pendant que deux des soldats et l'officier médical guident les civils prisonniers à travers.

Sans prévenir, l'un des sophontes fait détonner ses batteries, provocant une importante explosion qui balaient deux mercenaires et les trois soldats restants. Trend ne bronche même pas et pointe son arme sur le second robot. Tsadir que le souffle à aussi projeté se rétablit en l'air à l'aide de ses rétrofusées. Profitant de la débandade, les mercenaires encore valides se ruent sur les armes des soldats tombés.

« Il n'y aura pas de renfort pour vous ! », émet l'IA adverse : le souffle de l'explosion a provoqué une onde de choc qui a provoqué la fermeture du portail. Trend tir mais trop tard, une nouvelle explosion balaie à nouveau les solaires. Les mercenaires en exosquelette n'ont été que peu affectés et deux d'entre eux sont parvenus à arracher les armes des soldats au sol.

Alors qu'ils s'apprêtent à ouvrir le feu, Tsadir surgis des airs à travers le nuage de fumée et de débris rebondissants, la lame au clair. La découpe est net et visait à tuer l'enveloppe. Ici dans les colonies la mort n'a plus court et on ne se bat plus que pour conserver des souvenirs. Trend abat les derniers mercenaires d'une rafale au rythme constant. Tsadir constate que la pression est en chute libre. L'une des deux détonations a provoqué une brèche. Pire, à la lecture de la vitesse de cette baisse, elle semble s'ouvrir de plus en plus.

Heureusement sa combinaison semble indemne. Les soldats se relèvent péniblement. La tenue de celui qui était le plus proche du premier kamikaze porte une déchirure sur l'avant-bras gauche. La combinaison s'est déjà resserrée comme un étau pour stopper la fuite du précieux gaz. Trend fait signe de partir vers le sas d'entrée s'équipant une grenade. Arrivée devant la porte sabotée, Trend fait signe à tous de prendre du recul et de se mettre à couvert. Il colle la grenade, en mode bombe à minuteur, sur la porte du sas et se met d'un pas calme à couvert loin.

L'explosion de plasma produit un intense flash de lumière blanche, légèrement bleutée et, malgré l'atmosphère raréfiée, l'onde de choc secoue tout l'édifice. Lorsque les dernières perturbations électromagnétiques résiduelles se sont éteintes, l'équipe franchit le trou sphérique qui a presque parfaitement découpé tout ce qui se trouvant dans son champ.

Retour à la navette, heureusement indemne.

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