La porte des dieux

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Les premiers interrogatoires furent rapides : les cyborgs expliquèrent rapidement que leur rôle était d'arrêter ou de ralentir au maximum toute personne qui pénétrerait dans la station pour laisser le champ libre à EagleNest et Vener qui sont passé quelques heures plus tôt.

De son côté, Zuko examine l'IA essayant de déterminer sa part de responsabilité dans l'affaire. Contrairement à leurs craintes initiales, elle n'avait pas tenté de s'enfuir et elle s'était autodétruite. Heureusement, des fragments important peuvent être récupérés sur le support physique du serveur ; il faudra toutefois beaucoup de temps machine pour les analyser.

EagleNest… Tsadir ne parvient pas à associer ce nom à une personne : pour elle c'est un parfait inconnu. Trend, Zuko et Greenstar n'en savent pas plus. Avec un peu de chance, il peut même s'agir d'un nom d’emprunt ou d'un pseudonyme temporaire.

Plutôt que de s'acharner sur l'identité de cette personne, Trend signale aux hommes vaincus qu'ils sont en état d'arrestation. Il les installe dans l'une de salles sécurisées pendant que Tsadir enquête sur la station même et ses contacts avec l'extérieur. Sans l'IA noyau pour la gérer, la station est pratiquement aveugle et muette. Zuko vient l'aider tandis que Greenstar continue de patrouiller dans la petite station de ravitaillement.

L'installation spatiale appartient à Waylanders, la seconde puissance, juste derrière Mars. Plus précisément, elle est possédée par la société Neuman-Shift filiale de la corporation. L'entreprise est spécialisée dans le développement des nanotechnologies et elle construit notamment des constructeurs universels, des synthétiseurs et de nombreux outils d'ingénierie. Elle dispose par la même occasion d'une flotte commerciale importante qui lui permet de livrer ses clients à travers tout le système solaire. Cette station existe tout simplement pour fournir un ravitaillement orbital aux vaisseaux de la flotte lorsqu'ils s'arrêtent au niveau d'Io.

Accédant enfin au journal de bord, la supervisée découvre qu'une navette a quitté la station une heure et demie avant leur arrivée par le portail de Greenstar. Le plan de vol n'a évidemment pas été communiqué, mais le code transpondeur est toujours enregistré. Tsadir fait part de l'information au Wardner.

Une fois la communication avec les autres stations proches, et le sol, rétablie par la Game Master, la guerrière contacte les forces de sécurité de Waylanders pour les informer sur la situation dans la station et lancer un avis de recherche sur le vaisseau transportant Verner. En réponse, on leur annonce la venue du commandant Pluralis et de forces de sécurité pour s'assurer de la situation sur la station et conduire les hommes appréhendés par le Solar Wardners devant la justice de la corporation.

« Que risquent ces hommes ? » demande Greenstar. Les cercles de jeu masquent cette partie des affaires : les Gamers ne sont pas les bienvenus dans les tribunaux et ils ne sont généralement pas considérés comme des témoins fiables compte tenu de leur approche très fortement gamifié de la vie. Sa protectrice lui explique que dans les colonies, la justice est très différente de ce qui peut se pratiquer sur Terre, même si la jeune réplicante n'a en réalité jamais eu la moindre expérience de la Terre.

Chez les solaires, la punition seule n'a généralement pas de sens : on emploie des méthodes plus rationnelles et on choisit de guérir, de réparer, plutôt que de châtier. Il n'existe pas de peine irréversible car la possibilité que le consensus commun évolue rend l'établissement d'un verdict définitif impossible. C'est pourquoi la peine de suppression, équivalente à la peine de mort sur Terre, y est interdite. Dans notre cas présent, la cour, après des examens très poussés, évaluera les causes qui conduit ces hommes à agir ainsi. Si besoin, elle leur proposera des correctifs comportementaux et dans ce dernier cas, s'ils refusent et qu'ils représentent un danger pour d'autres solaires, ils seront mis de côté dans une stase, jusqu'à ce qu'une solution acceptable soit trouvée.

Quelle solution acceptable ? Zuko avoue qu'elle n'en a aucune idée, mais elle fait remarquer qu'autrefois tout ce qui était possible de faire consistait à isoler les individus pour protéger temporairement la population en espérant que la punition parvienne à les dissuader de recommencer. Quelques mesures réparatrices avaient aussi lieux par des amendes ou des travaux d'intérêt généraux. On n'avait alors aucune idée de ce que permettraient la psychochirurgie, la stase et les sciences comportementales à l'époque. Même si aujourd'hui le moyen n'est pas encore trouvé, rien n'exclue qu'une meilleure solution puisse être découverte à l'avenir. Et c'est, entre autre, pour cette raison qu'aucune peine dans les colonies n'est irréversible.

Ces explications semblent suffire à la joueuse et Zuko qui n'avait pas abandonné son inspection des données informatiques pour autant indique avoir du nouveau : la navette qu'ils ont empruntée n'a pas assez de carburant pour quitter l'orbite de Io, que ce soit pour s'en échapper ou se désorbiter. À moins qu'ils aient été rejoints par un vaisseau, ils n'ont pu faire qu'un rendez-vous orbital avec l'une des autres stations proches.

Tsadir rappelle Trend : elle a besoin de lui se mettre en contact avec les stations proches. Le cybernétique interrompt ses derniers entretiens avec les prisonniers. Puis, usant de ses prérogatives, il obtient l'assurance que les forces de sécurités des stations atteignables le préviendront si elle arrivait chez eux. Il en profite ensuite pour contacter son réseau, espérant obtenir plus d'information sur ce fameux EagleNest.

Lorsque les forces de sécurités arrivent, la navette manquante n'a toujours pas donnée de nouvelle et les solaires se résignent dans l'idée qu'un vaisseau plus lourd l'a récupérée en vol. Heureusement pour eux, avec ses entrées au sein de Vranberg-Lytan, le Wardner obtient les données du suivi orbital effectué par l'une des colonies pouvant observer la partie du ciel concerné. Recoupant sa trajectoire avec celle d'un autre vaisseau ; observant sa disparition au moment de leur croisement et la très forte déviation conduisant le second appareil à suivre l'orbite de la navette ; il peut rapidement identifier le vaisseau renégat qui les a aidés à fuir. Et vu la manœuvre de désorbitation effectuée par ce qu'il classe parmi les corvettes, il est à peu près certain qu'ils sont probablement revenus au sol.

En revanche, la trajectoire descendante ne permet pas, à moins d'effectuer de très fortes et coûteuses corrections après la perte du signal, d'atteindre une colonie et seule une installation minière automatisée pourrait être atteinte avec une déviation très minime. Selon toutes vraisemblances c'est par là qu'ils doivent aller et Trend s'apprête à négocier un vaisseau avec le commandant Pluralis.

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