L'homme qui rêvait de coopération

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Jeremy Malles avait été diagnostiqué par Ney comme le plus fragile et le plus impressionnable des fondateurs. Malgré cela, il se montrait digne de son grand savoir scientifique et, avant que le fablab lui échappe, il possédait un très grand optimiste, sans doute un peu naïf.

L'histoire qu'on lui connaît en a fait un hackeur, un de ces idéalistes qui tentent de transformer le réseau, ou la réalité avec leur tentative de fablab, pour rendre le monde meilleur. Ce sont des explorateurs, des gens qui recherchent les faiblesses des systèmes dans le but de les rendre plus robustes. Si pour certains, il ne s'agit que d'un plus d'un jeu, Jeremy y voit un véritable code de vie.

C'est vers la fin de l'après-midi, que les deux Solaires partent pour aller rencontrer cet homme. Afin de ne pas trop attirer l'attention, Tsadir transporte la semi-renarde dans le sac à dos. La pauvre créature y tient à peine, mais la nécessité impérieuse ne leur laisse pas le choix. En compensation, Ney a accès à l'intégralité des flux sensoriel de la cyborg ce qui lui permet de suivre l'action sans aucun défaut.

Suivant la ligne verte de One Tree Hill, les deux solaires arrivent dans le quartier résidentiel nord d'Alperton à Brent. Par chance, la demeure de Malles est suffisamment proche pour s'y rendre sans avoir besoin de passer par les transports publics où les zones de forte densité. Si tel aurait été le cas, les deux solaires auraient du revoir leur plan.

Employant les mots que Ney lui donne, Tsadir parvient à convaincre rapidement Malles de la laisser entrer pour pouvoir discuter du fablab sous sa couverture de journaliste. Pour faciliter les choses, elle avait même laissé sous entendre qu'elle avait déjà parlé à Nortman, l'un de ses anciens camarades.

La conversation démarre avec une facilité à laquelle la cyborg ne s'attendait pas mais l'homme se ferme instantanément lorsqu'il remarque enfin ses yeux modifiés, l'accusant d'être un agent privé travaillant pour Sol6 ou de travailler pour les services spéciaux ; sans citer lesquels précisément ironie Ney sur le réseau.

Ney décide alors d'un coup de bluff et sort du sac à dos avant de se présenter à un homme surpris et paralysé. Elle lui explique leur mission et la trahison dont elles ont fait les frais et rassure l'homme sur leurs intentions. L'homme met un peu de temps à assimiler le verbe de Ney, volontairement formulée de sorte à avoir le plus d'impact sans toutefois engendrer une réaction négative.

L'homme calmé, elle lui demande s'il n'aurait pas quelques conserves pour Tsadir, car la guerrière n'a pas eu l'occasion de manger grand-chose depuis la veille. En échange elle lui promet de lui laisser plusieurs schématiques issus des développements des colonies. Le technophile accepte et leur propose même du thé, que toutes les deux acceptent.

Une longue discussion s’ensuit alors. Ney explique leur besoin d'arriver à accéder au fablab, tandis que l'homme leur explique ce qui s'est passé, le noyautage, les menaces, la fermeture officielle du fablab. Il leur explique le constructeur universel est toujours utilisé mais que tous continuent à garder le secret car les modèles de seconde génération et plus sont normalement interdits sur Terre.

Pour en comprendre la raison, il faut revenir au principe même de ces constructeurs universels. À l'intérieur de l'enceinte de ces appareils, ce sont des nano-robots qui assemblent la matière, construisant des objets entiers atome par atome. Correctement configuré, et en utilisant des matières premières adaptées, le coût en énergie de cet appareil est par ailleurs faible ce qui en fait un outil extraordinaire. Malheureusement, les premières générations des constructeurs universels sont très lents. Pour les accélérer, il faudrait pouvoir construire des milliers de milliards de ces petits robots.

Une solution rapide pour le faire consiste à employer des nano-robots autoréplicants. Malheureusement, bien que ces robots ne puissent survivre en dehors de l'enceinte protectrice du constructeur, les politiques empoisonnés par des films de science-fiction d'apocalypse technologique, ont qualifié cette technologie de risque existentiel et ils en ont fait interdire l'usage.

De fait, l'exposition au public du constructeur universel ne ferait que provoquer la panique et la colère des autorités. Même bridé, ce qui implique que le code d'autoréplication a été retiré ou endommagé, l'appareil reste illégal et c'est la principale raison pour laquelle les personnes du fablab n'ont jamais parlé publiquement du noyautage de leur association. Les menaces des nouveaux “propriétaires” n'ont évidemment rien arrangé.

Enfin, sous l'influence discrète de Ney, Jeremy propose de leur donner toutes les informations dont les solaires ont besoin en échange de la destruction du constructeur universel. Ney et Tsadir acceptent et l'homme leur livre toutes les informations sur le fablab.

La mairie de Brent leur avait attribué un local pour l'installation de ce qui était désigné à l'époque comme une imprimante 3D. À l'époque, étudiants, les jeunes avaient ainsi installé leur fablab dans une petite salle isolée, à l'intérieur du bâtiment municipal. Sur le coup, ils n'avaient pas compris pourquoi Dunstar, dont certains de ses amis siégeaient au conseil municipal, avait soutenu le projet. Évidemment, quand il s'empara de l'association avec ses autres amis, c'était devenu plus clair.

Dans les premiers temps, les hackeurs fabriquaient des tas d'outils utiles dans la vie de tous les jours, pièces de rechanges, accessoires… Les choses commencèrent à déraper lorsque Dunstar demanda s'il était possible d'assembler une arme, ce qui était évidemment possible, mais que les jeunes ne souhaitaient pas. La méfiance s'est installée et ce qui était une simple association destinée à offrir aux gens une partie des capacités des puissantes corporations devint un enjeu pour un groupe anonyme mais bien résolu à s'accaparer ce “pouvoir”.

Par la suite, Dunstar et ses alliés prirent le contrôle de l'association et dissuadèrent les jeunes de poursuivre l'aventure. Certains tentèrent de faire réagir la mairie, mais ils ne reçurent que des menaces. Tous laissèrent alors tomber l'affaire, définitivement dégoûtés.

Mais aujourd'hui, des solaires se penchent sur la situation et Tsadir renouvelle sa promesse : elle détruira le constructeur universel lorsqu'elles en auront fini avec. Ney ajoute que s'il leur est possible de laisser un message plus fort encore, elles le feront.

Pour qui est né dans les colonies, la destruction d'un constructeur universel n'est pas un acte anodin.

Avant qu'elles ne partent, Jeremy leur donne un second sac et quelques provisions pour Tsadir. Ney regagne son sac à dos que la cyborg ramasse. Les deux quittent ainsi Jeremy, qui ne les reverra probablement jamais. Sauf s'il accepte la dernière proposition de la semi-renarde de rejoindre les colonies.

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