Le cimetière et ses habitants

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 — Ce n’était peut-être que le vent. Quoi qu’il en soit nous devons continuer. Et affronter ce qui se tient derrière cette porte ! Tu es avec moi, n’est-ce pas ?

 Pour toute réponse, Annabelle qui avait attrapé la main de Lucie, se contenta de hocher la tête en signe d’assentiment. Elles se tinrent toutes les deux devant la porte, face à la gargouille qui la surplombait et qui semblait lancer un éternel regard agonisant, comme un monstre que l’on aurait pétrifié quelques secondes avant sa mort. S’efforçant de ne pas la regarder, les filles posèrent toutes deux la main sur la poignée de la porte et l’ouvrirent ensemble avec force et précision. Devant elles s’étalait le petit chemin boueux sous la lueur blafarde de la lune et prudemment, elles l’empruntèrent jusqu’à l’entrée du cimetière Pajovent. La grille du cimetière était elle aussi entrouverte et les deux battants n’avaient de cesse de bouger dans un grincement sordide, sans doute sous l’effet du vent. Elles la franchirent en se faufilant dans l’ouverture et pénétrèrent enfin dans l’enceinte du cimetière où plus personne, ou presque, ne se rendait tant son aspect avait quelque chose d’effrayant. Les quelques arbres qui avaient jadis poussé ici, étaient depuis longtemps morts. Ils semblaient calcinés et leurs branches noueuses depuis trop longtemps privées de leur vert feuillage s’élevaient vers le ciel comme de grands bras implorant un pardon divin. Quant au cimetière, de taille moyenne, il s’étalait en long et en large sur une centaine de mètres et sur le sol exempt de toute végétation, s’étalait une quantité innombrable de pierres tombales. En son centre, trônait un grand mausolée dans lequel reposaient les défunts de la famille Isse, une famille de riches commerçants qui avaient jadis habité le village. Celui-ci tout comme les tombes, tombait en décrépitude et il semblait renfermer tout le malheur et la tristesse du monde. Ses murs étaient froids, ternes et fissurés, même les statues des anges qui le surmontait arboraient un visage tordu par une affliction infinie, comme s’ils suppliaient qu’on leur vienne en aide. Tout cet endroit avait un aspect parfaitement lugubre, effrayant même.

 — Je ne vois pas de fantô… chuchota Annabelle que Lucie interrompit tout aussitôt d’un geste prompt de la main.

 — Ecoute ! répondit-elle, visiblement concentrée sur le bruit qui lui parvenait depuis un recoin du cimetière. Lucie avait l’oreille fine et Annabelle à son tour ne tarda pas à discerner le petit bruit qui s’élevait là, quelque part aux alentours.

 — On dirait… des gémissements, il y a quelqu’un qui souffre, ou qui agonise ! chuchota Annabelle, accroupie derrière une tombe. Un grand frisson parcourut tout son corps. Quelque part, des lamentations anxiogènes s’élevaient dans le noir, les lamentations d’une âme dont le corps semblait se drainer peu à peu de toute vie…

 Toutes deux prostrées derrière une épaisse pierre tombale, elles n’osaient bouger. Pourtant les râles de celui qui, par sa voix, semblait être un jeune garçon, se faisaient de plus en plus bruyants et il semblait atrocement souffrir. Dans un mouvement alors parfaitement synchronisé, les filles s’aventurèrent à se pencher légèrement sur le côté, de sorte à pouvoir apercevoir le garçon qui paraissait ainsi agoniser.

 Un peu plus loin, à une vingtaine de mètres de leur cachette, se dressait un homme très grand. Emmitouflé dans un grand pardessus noir à capuche, il semblait une ombre tant il ondulait mystérieusement dans ses vêtements sombres. Dans son poing droit, il brandissait une lame, une lame qui réfléchissait toute la lueur lunaire et qui étincelait dans la pénombre. Et de cette grande lame aiguisée, il frappait un jeune garçon qui était écroulé à ses pieds. Celui-là gémissait de douleur et parfaitement impuissant face à la force qu’employait son agresseur à l’apparence colossale, il se contentait simplement de couvrir son visage de ses mains et d’encaisser les coups de poignards impétueux et réguliers qu’on lui assénait. Alors une pluie légère, très fine s’écoula des nuages. Elle mouilla un peu le visage d’Annabelle et de Lucie et les quelques larmes qui avaient roulé sur les joues d’Annabelle se perdirent ainsi parmi les gouttes de pluie qui glissaient sur sa peau.

 Egarée dans l’horreur du moment, Lucie semblait, elle, parfaitement pétrifiée. Sur son visage fermé, aux traits qui trahissaient une inquiétude sévère, s’agitait la pupille de ses yeux pourtant fixés sur l’atroce meurtre qui avait lieu en ce moment même devant elle ! Peut-être Lucie avait-elle senti la peur qu’éprouvait son amie, car son bras vint lentement s’enrouler autour des épaules d’Annabelle qu’elle serra ensuite contre elle. Malheureusement, le bruit qu’elle fit dans ce mouvement alerta le meurtrier au couteau qui se retourna en direction de la pierre tombale. Les gouttes de pluie martelaient l’ample capuche noire du géant qui dans la nuit, avait l’aspect d’une grotte insondable, d’une cavité béante et obscure. Il demeura immobile pendant quelques secondes, tout aussi immobile que sa victime qui, désormais parfaitement silencieuse, gisait au sol les bras en croix. Les filles elles aussi, étaient aussi immobiles que pouvaient l’être les morts. Soudain le géant s’anima à nouveau et brandit son long poignard au-dessus de sa tête en râlant. A grand pas, il avançait en direction d’Annabelle et de Lucie et semblait plus une bête enragée qu’un homme. Se sachant repérée, Lucie empoigna fermement la main d’Annabelle et s’enfuit avec elle à toute hâte vers la sortie du cimetière et l’entrée de l’église. Mais elle sentit une soudaine colère bouillir puis monter en elle, une colère face à ce grand et mystérieux inconnu qui avait osé lever son arme sur elle et son amie. Cette colère était tombée en elle comme un éclair sur terre, très soudainement, avec une lucidité lumineuse et un grand fracas. Au portail du cimetière, le visage sombre comme la tempête, elle lâcha alors la main d’Annabelle.

— Vite ! File dans l’église ! Et cours jusqu’à chez toi sans te retourner, tu m’entends !?, lui enjoignit Lucie comme un colonel à ses soldats. Puis elle se retourna tout aussitôt, cherchant le géant au couteau du regard. Il n’avait pas beaucoup avancé, avait abaissé sa lame et semblait moins décidé à rattraper les filles. Mais Lucie, ignorant ce détail, se baissa, ramassa une poignée de grosses pierres qui trainaient au sol et s’avança d’un pas déterminé vers l’homme tout en lui lançant éperdument un à un ses cailloux au visage. Dans la pénombre, il était difficile de viser mais Lucie était d’une précision remarquable : la troisième pierre qu’elle lança atteignit le colosse en pleine épaule qui reçut ensuite la quatrième de plein fouet au visage. Il s’écroula alors sur son séant, porta ses grosses mains à sa capuche et… pleura. Tout comme pleurerait un enfant. La voix d’un jeune homme, visiblement alarmé, s’éleva tout aussitôt du lointain :

 — Arrêtez ! Arrêtez ! Mais qu’est-ce que vous faites ?

 C’était la victime. Celui que les filles croyaient mort. Il s’était relevé précipitamment, sans aucune peine et courait en direction de son supposé agresseur qui, recroquevillé sur lui même, larmoyait toujours en hoquetant. Stupéfaite, Annabelle, qui n’avait pas obéi à Lucie et qui était restée derrière elle près du portail, dit alors :

 — Hé ! Mais c’est la voix d’Henry ! Lucie, qui décidément ne comprenait pas ce qui était en train de se passer, restait parfaitement interdite au milieu de la scène, la bouche entrouverte et le bras toujours à demi tendu, aussi figée que le caillou qu’elle tenait encore entre les doigts. Annabelle, à toute hâte, rejoignit le jeune homme accroupi devant son ami à moitié assommé. Lucie, qui peu à peu reprenait finalement ses esprits et son bon sens, dit tout bas en faisant retomber ses pierres sur le sol :

 — Henry ? Edgar ? Vous ici ? Mais qu’est-ce que c’est que cette histoire ?

 A son tour elle rejoignit les autres et tous formèrent un demi-cercle autour du pauvre et infortuné Edgar qui mugissait douloureusement au sol. Henry et Edgar (deux jeunes enfants de l’âge d’Annabelle et Lucie) étaient des camarades de classe des filles, camarades avec lesquels elles avaient eu bon nombre d’altercations par le passé, tant ils semblaient apprécier les importuner.

 — Mais que faîtes-vous ici ? dit furieusement Lucie, qui lançait tour à tour des regards inquisiteurs sur les deux garçons, sans trop se soucier de l’état d’Edgar.

 — Nous sommes désolés... répondit Henry avant de reprendre :

 — On voulait simplement vous jouer un tour, vous faire un peu peur quoi ! D’ailleurs pour quelle raison viendriez-vous dans un cimetière à cette heure-ci si ce n’est pour rechercher le frisson ?

 — Et le couteau ? Vous êtes fous de jouer avec ça ! Il aurait pu réellement te blesser ! rétorqua Lucie, furieuse

 — Chut ! Ne parle pas si fort ! Nous ne sommes pas censés nous trouver ici je te rappelle ! Tiens regarde, ce couteau c’est une réplique, un vulgaire jouet. Il n’est ni pointu ni aiguisé ! La lame s’enfonce simplement dans le manche quand on y applique une résistance… Mais il faut croire que la réplique est bonne, vue votre réaction ! Lucie lançait successivement des regards noirs au couteau et à Henry et s’apprêtait à le morigéner à nouveau, lorsque Annabelle interrompit leur rixe :

 — Dites ça suffit ! Occupons-nous plutôt d’Edgar ! L’un d’entre-vous a-t-il un mouchoir ? Son front saigne.

  Annabelle était agenouillée aux côtés d’Edgar et soutenait gentiment sa lourde tête. Pour un garçon de son âge, Edgar était très grand et très imposant. Il avait les dimensions d’un géant, était très fort et mangeait avec un appétit d’ogre. Souvent à la cantine, on lui servait un repas sur mesure tant il fallait de nourriture pour sustenter un corps d’une telle envergure. D’ailleurs, quelques élèves, ainsi que certains parents d’élèves qui l’avaient aperçu l’appelaient « Pantagruel » Pourtant sous sa stature colossale, Edgar cachait une sensibilité débordante, un cœur d’hirondelle. D’une grande susceptibilité, il était facilement effarouché mais pouvait toujours compter sur le soutien de son grand ami, Henry. Henry lui, semblait le parfait opposé d’Edgar. Il était petit, avait de beaux cheveux noirs perpétuellement désordonnées et arborait toujours un air espiègle sur son petit visage fin et ovale. Contrairement à Edgar (car il est connu que bien souvent les opposés se rencontrent !) il était très fin, n’avait pas grand appétit et lors des repas, offrait volontiers son dessert ou son pain à Edgar, son ami et éternel binôme. S’ils étaient provocateurs et joueurs, Henry et Edgar n’en restaient pas moins deux jeunes gens d’une grande tendresse, attentionnés et joviaux.

 Henry fouilla la doublure de sa veste et en extirpa un paquet de mouchoirs tout froissé qu’il tendit à Annabelle.

 — Ne t’en fais pas Edgar, ce n’est rien, tu saignes un peu au niveau du front mais la coupure n’est pas profonde. Tu auras peut-être une bosse, tout au plus, dit Henry qui à son tour, s’était rapproché du visage d’Edgar.

 Annabelle, après avoir extirpé un mouchoir du paquet, posa délicatement la tête d’Edgar sur ses genoux. Elle semblait aussi lourde qu’un rocher. Délicatement, elle essuya le sang qui sillonnait sur son grand front meurtri. Ses sanglots avaient cessé et ses deux yeux noisette, qui baignaient encore dans un restant de larmes, étaient fixés sur Annabelle. Un sourire absent, un peu sot, mais d’une parfaite honnêteté se dessinait sur ses lèvres. Lucie, qui, à genoux s’était à son tour rapprochée, lui présentait toutes ses excuses.

 — Dites, comment se fait-il que vous nous ayez retrouvées ici ? Comment avez-vous pu savoir que nous nous rendrions ici ce soir ? demanda ensuite Annabelle qui maintenait toujours le mouchoir sur le front d’Edgar. Henry eut un léger soupir, s’assit en tailleur et passa ainsi aux aveux avec un air désolé :

 — C’est un pur hasard. Vraiment. Edgar et moi nous jouions au baseball dans mon jardin, mais comme Edgar lance toujours la balle trop fort, nous l’avions perdue une fois de plus. Je me suis glissé dans le buisson qui sépare le jardin de la rue pour la chercher et c’est à ce moment que je vous ai aperçues. Toutes les deux. Vous courriez comme si vous aviez la mort aux trousses. Et comme nous n’avions plus de balle pour jouer, nous avons décidé de vous suivre, on voulait juste savoir ce que vous comptiez faire dehors à une heure pareille. Et peut-être vous faire un peu peur aussi, c’est vrai. On vous a suivi sur tout le chemin; quand vous vous êtes retrouvées prises au piège chez les mangeurs de chair humaine, nous étions juste derrière, un peu plus bas dans la rue. Edgar voulait absolument qu’on parte à votre secours mais finalement vous vous en êtes sorties toutes seules et bien assez rapidement.

 L’honnêteté d’Henry fit sourire Lucie.

 — Nous, nous sommes venues pour trouver les fantômes qui hantent les lieux, entonna Lucie le plus sérieusement du monde.

 — Des fantômes ? Vraiment ? Vous n’allez pas me faire croire que ces choses-là exi… Henry s’arrêta net. Il avait entendu quelque chose, quelque chose qui remuait dans la pénombre. A nouveau, un craquement sinistre résonna dans l’air de la nuit et cette fois-ci, tout le groupe l’entendit.

 — Profanateurs, profanateurs… Oser pénétrer ainsi sur mon domaine… Soyez maudits, je vous emporterai avec moi, avec moi dans les profondeurs des caveaux, venez, venez à moi…. Misérables vermisseaux ! Ces mots, qu’une voix sépulcrale avait articulés avec de sinistres claquements de mâchoire, résonnèrent tout autour d’eux… Tout aussitôt, Edgar apeuré, releva son immense buste du sol et prit la main d’Annabelle dans la sienne. Henry avait d’ores et déjà bondi et se trouvait en extension sur ses jambes. Il écoutait, sans faire un bruit aux côtés de Lucie qui en fit de même.

 — Je vous découperai… jamais on ne vous retrouvera… Vos os ! Je veux vos os ! reprit la voix sinistre dont le corps émergeait lentement de l’épaisseur de la nuit. Cette… chose, semblait estropiée, avançait avec peine et traînait derrière elle une gigantesque faux qui émettait un grincement lugubre en raclant le sol. Le visage de la créature était difficilement perceptible dans les ténèbres ambiantes, mais il semblait blanc et flétri, aussi blanc qu’un cadavre et flétri comme une terre asséchée, où l’aridité aurait régné en maitre des siècles durant. Sur son crâne chauve pendait laborieusement une mèche de cheveux gras et crasseux.

 Cette chose qui avait tous les aspects d’un fantôme, s’avançait vers eux en tendant son bras mou et sale, au bout duquel remuaient d’affreux doigts aux ongles jaunis.

 Henry fut le plus vif et tout en bondissant, il cria à tout le groupe :

 — Vite ! Venez ! On s’en va et en vitesse ! »

 Lucie bondit sur ses jambes et appela Annabelle, qui se releva à son tour avec Edgar. Tous s’enfuirent alors en file indienne, menés par Henry qui jetait régulièrement des regards derrière lui pour s’assurer que tout le monde suivait. Par-dessus leurs épaules, Annabelle et Lucie ne pouvaient s’empêcher de regarder le spectre qui les suivait… C’était donc vrai ! Ce cimetière était réellement hanté ! Henry se trouvait déjà au niveau de la porte de l’église et s’apprêtait à y entrer, Lucie était sur ses talons, suivie un peu plus loin par Edgar, lui-même précédé par Annabelle.

 — Dépêchez-vous ! s’égosillait Lucie qui maintenait la petite porte ouverte. Mais Annabelle qui n’avait de cesse de tourner la tête, trop intriguée par cette créature menaçante qui les talonnait, se prit les pieds sur le marbre d’une pierre tombale et s’écroula de tout son long sur le sol froid du cimetière. Elle souleva un épais nuage de poussière dans sa chute et sous la violence du choc, perdit conscience. Lucie hurla son prénom mais elle était trop loin pour lui porter secours en temps voulu. Et malgré ses appels désespérés, Annabelle restait parfaitement immobile, à plat ventre sur le sol, à la merci du fantôme du cimetière !

 Cependant Edgar, qui avait entendu Annabelle chuter lourdement sur le sol, avait arrêté sa course et s’était retourné. Sans aucune hésitation et sans même regarder où se trouvait le spectre, il accourut vers Annabelle qu’il souleva sans peine d’un seul bras, avec un étonnant mélange de force et de délicatesse, tout comme il aurait cueilli une grande fleur au sein d’un jardin. A pas de géant, Annabelle sur l’épaule, il gagna ensuite l’église et Lucie referma à toute hâte la porte derrière lui, laissant là le fantôme seul dans son cimetière. Tous les quatre firent alors ensemble le chemin retour : par chance, les cannibales qui tout à l’heure mangeaient avidement autour du feu avaient disparu mais en passant devant leur maison, tous entendirent une voix de femme qui semblait morigéner quelqu’un avec colère. Comme la fenêtre de la maison était entrouverte, ils comprirent que les « cannibales » n’étaient autres que de simples adolescents qui, malgré leur inquiétante propension à la pyromanie, avaient simplement voulu jouer, à leur façon. Mais leurs parents ne semblaient pas approuver ce jeu.

 Dans son enveloppe de nacre, la lune brillait toujours haut dans les cieux. Témoin oculaire de toutes leurs infortunes, c’est sous la lueur de son grand œil de velours que tous s’arrêtèrent finalement, après plusieurs minutes d’une course effrénée. Désormais assuré de ne plus être suivi, Edgar déposa Annabelle sur un banc public avec douceur et prudence. Agenouillés autour d’elle, personne ne dit mot. Ce n’est qu’au bout de quelques minutes qu’Annabelle, peut être sous l’effet du vent qui caressait son visage, battit des paupières et ouvrit finalement les yeux.

 — Que s’est-il passé ? demanda-t-elle, comme quelqu’un qui se réveille d’un long et profond sommeil. Elle se frottait le front, encore endolori par la violence de sa chute.

 — On a vu un fantôme Anna ! Et il a tenté de nous attraper ! Nous avons dû fuir et c’est à ce moment, en pleine course, que tu as chuté et perdu connaissance, expliqua Lucie, ravie de la voir indemne. Puis elle continua :

 — Lorsque tu es tombée, nous étions déjà relativement loin et c’est Edgar qui t’a sauvée. Il a fait demi-tour, t’a soulevée et portée hors du cimetière jusqu’ici, en sécurité.

 Edgar, qui avait commencé à rougir, se grattait la tête et fixait le sol du regard, n’osant lever les yeux vers Annabelle. Henry qui avait remarqué son embarras, ne put s’empêcher de rire.

 — Oh merci Edgar ! lança gaiement Annabelle, qui, toujours couchée sur le banc, enlaçait de ses deux bras le cou d’Edgar qui semblait aussi massif qu’un tronc d’arbre.

 — De rien, c’est normal, répondit Edgar en balbutiant, à présent aussi rouge qu’un amaryllis !

 — Finalement, c’est une bonne chose que vous nous ayez suivies ! N’est-ce pas Lucie ? clama Annabelle qui reprenait peu à peu des couleurs.

 — Il semblerait oui, mais n’allez tout de même pas croire que nous nous en serions pas sorties sans votre aide !

 Henry s’approcha des autres et vint fermer le demi-cercle qu’ils formaient, tous autour d’Annabelle. L’air grave il dit alors :

 — Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi je crois que nous avons une revanche à prendre sur le fantôme du cimetière ! Je serais d’avis d’y retourner, lorsque nous serons prêts à l’affronter !

 Tous acquiescèrent et Annabelle tendit la main au milieu du cercle.

 — Tous ensemble alors ?

 L’espace de quelques secondes, Lucie considéra les trois mains tendues qui se touchaient au milieu du cercle. Elle semblait douter mais lorsque son regard croisa celui d’Annabelle, sauvée in-extremis par Edgar, elle sourit puis posa la main sur celle d’Henry. Alors d’une seule voix, les trois amis scandèrent : « Tous ensemble ! »

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