Ethan était un jeune vila d'une vingtaine d'années, respecté par ses pairs et craint par ses autres camarades. Ses journées se déroulaient sans accrocs, et il appréciait particulièrement se la couler douce en toute liberté, loin de ses parents qui lui mettaient la pression du matin au soir. L'Arena était son petit havre de paix. Mais ça, c'était avant qu'il ne la sente.

Il avait ressenti sa présence avant même qu'elle n'atteigne les portes de l'école. Son corps s'était réchauffé, son esprit s'était enivré, son instinct s'était réveillé. Le phénomène ne dura que quelques secondes, pour finir par être remplacé par un vide intersidéral et par un dégoût intense à la réalisation de ce qu'il venait de se passer.

Immédiatement, il quitta sa chambre et se dirigea vers le bureau de son professeur, Vassili More. Toquant deux fois à sa porte, il n'attendit pas que l'homme lui intime de rentrer, et s'installa dans la pièce, impatient et fumant intérieurement alors qu'il commençait à faire les cents pas.

– Bien le bonjour à toi aussi, Ethan, lança distraitement le professeur, occupé à réviser quelques copies. Que puis-je faire pour toi ?

– Je l'ai trouvée, marmonna-t-il, enragé.

Vassili releva le nez de ses parchemins et observa attentivement son élève.

– Ce n'est pas censé être une bonne chose ? répondit-il, dubitatif.

– Une bonne chose ?! Hurla Ethan.

Ses poings se serrèrent à en faire blanchir ses phalanges. Après un regard sévère de son professeur, il consentit à s'asseoir et à se calmer. Ou, du moins, à essayer.

– C'est une humaine ! Une putain d'humaine ! Je croyais que c'était pour cette exacte raison qu'on les avait décimés, pour que ça n'arrive pas !

– Et en quoi ce serait une mauvaise chose ? Répliqua Vassili en soupirant.

– En quoi... tu te fous de ma gueule ?

– Doucement. Je suis peut-être un ami de ta famille, mais, ici, je suis également ton professeur. Je te conseille de t'adresser à moi sur un autre ton, il y a des limites à ma tolérance, objecta-t-il sèchement.

Ethan ferma les yeux et inspira et expira plusieurs fois longuement avec de reporter son attention sur son professeur. Il bouillonnait encore à l'intérieur, mais réussit à maintenir sa rage à un niveau raisonnable pour continuer la conversation sans exploser.

– Bien. Maintenant, réponds à ma question.

– Il y a juste des dizaines de raisons de pourquoi ce serait une mauvaise chose ! Elle est faible, on va l'utiliser contre moi, ma famille va vouloir me déshériter, ou probablement la tuer avec moi dans la foulée et-cetera ! Oh, et ai-je mentionné qu'elle est ridiculement faible ?

Il pouvait imaginer des dizaines de scénarios dans lesquels toute cette histoire finirait terriblement mal. Il avait des dizaines d'exemples et d'anecdotes en tête pour soutenir le fait que ça ne pouvait pas marcher.

– Écoute, ce n'est pas comme si tu avais le choix. Aucun vila n'a jamais pu changer la donne. Ce n'est pas pour rien que nous autres appelons cela une malédiction. Tu ne pourras jamais aller à l'encontre de ce que veut ton vila intérieur. Tu es lié à elle, que tu le veuilles ou non. Lutter contre ce fait ne te rapportera que de la souffrance.

– Je préfère encore souffrir que de me lier à ça, répondit-il avec dégoût.

– Comme tu voudras, soupira son professeur.

Sans attendre, il quitta la pièce et se réfugia dans sa chambre, où il pourrait laisser sa rage éclater comme il le voudrait. Jamais, au grand jamais, il n'accepterait le destin que son vila essayait de lui imposer. Du moins, c'était ce dont il essayait de se persuader à cet instant...