Prologue : "J'ai glissé Chef"

8 minutes de lecture

NDA : Hello ! Je vous partage le roman que je suis en train d'écrire et que vous pouvez retrouver également sur Wattpad. Il est quasiment terminé donc je vais accélérer la publication ici. Il y a des espaces qui se sont rajoutés avec le copier/coller, je m'y pencherai quand j'aurai un peu de temps à perdre ^^'

* * *

Cette nuit-là, Mia était morte. Son enveloppe corporelle avait à tout jamais disparu de la surface de la Terre. Elle ne foulerait plus jamais de ses pieds le sol de son université, ses amis n'entendraient plus jamais son rire hystérique, ses parents ne s'émerveilleraient plus jamais devant son sourire radieux. Cette nuit-là, son existence sur cette terre s'était arrêtée. Comme ils devaient la pleurer, elle, morte si jeune. Une tragédie.

Une tragédie ? Pouvait-elle vraiment qualifier cet incident de tragique ? Incroyable, merveilleux, complètement absurde, peut-être, mais tragique ? Mais ça, bien sûr, ses proches ne pouvaient le savoir. Pour eux, cet événement resterait à tout jamais la fin de quelque chose. Pour elle, c'était le début de l'aventure la plus phénoménale de sa vie.

Ce soir-là, elle avait rendez-vous avec ses amis Eva, Lydie et Maxime. Comme tous les jeudis, c'était soirée étudiante. Comme tous les jeudis, ils allaient faire la tournée des bars et finissaient la soirée sur le toit d'Eva qui faisait office de terrasse clandestine.

Ce soir-là, ils fêtaient le cœur brisé de Lydie, avec tout l'alcool qu'annonçait cet événement particulier. Ils étaient affalés tous les quatre sur un petit canapé délabré, chacun un verre à la main.

– Allez quoi, arrête de tirer la gueule ! Tu sais ce qu'on dit, un de perdu, dix de retrouvés ! se marrait Eva en sirotant son verre de Vodka orange.

– Si on me sort encore une fois cette phrase à la con, je fais un malheur, éclata Lydie en agitant le poing devant le visage de son amie.

Sa réaction créa l'hilarité générale.

– Et puis d'abord, c'est qui qui a inventé ce proverbe ? Genre, c'est censé s'appliquer à quoi ? Un mec dans un harem ? Putain, on est quand même au vingt et unième siècle quoi, continua-t-elle dans son délire, imperméable aux fous rires de son public. De toute façon, les mecs c'est tous des pourris. C'est décidé, je deviens lesbienne.

– Tais-toi Eva ! Je vais mourir de rire si tu continues, s'esclaffa Maxime.

– Tiens, Mia, enchaîna-t-elle en ignorant l'intervention de son ami, se rapprochant de la concernée, toi t'es jolie, t'es gentille, t'es intelligente. Tu veux pas sortir avec moi ?

Le malaise remplaça le rire sur le visage de Mia. Elle se leva brusquement, pâle, et s'approcha du rebord en titubant.

– Quoi, même toi tu veux pas de moi ? Mais euh, je rigolais hein ! Tu fais quoi, tu vas pas te suicider, hein ? paniqua Lydie.

Elle voulut lui répondre « non, t'es conne ou quoi ? », mais la seule chose qui put traverser ses lèvres fut le contenu de son estomac. L'hilarité générale s'amplifia encore une fois, recouvrant ses bruits de régurgitation.

– Putain Lydie ! Tu l'as tellement dégoûtée qu'elle a vomi ses tripes, la pauvre ! hurla Eva en renversant son gobelet et en posant ses bras sur son ventre. J'ai mal au bide tellement je rigole !

Mia se redressa en s'essuyant la bouche avec sa manche, ignorant totalement le côté répugnant de ce qu'elle venait de faire, l'alcool aidant.

Elle se tourna vers ses amis et esquissa un sourire malicieux en haussant les sourcils plusieurs fois.

– Vous imaginez si il y avait quelqu'un qui marchait là en bas ? leur demanda-t-elle.

– Oh ça va, y a pire que de se prendre une flaque de gerbe sur la tête en marchant... ou peut-être pas en fait, réfléchit Maxime sérieusement. T'imagines un instant si sous la surprise il tombe et se brise la nuque ? Tu pourrais aller en prison !

– « Mia Bayer, une jeune étudiante de vingt ans, incarcérée pour avoir tué un homme en lui vomissant dessus », renchérit Lydie en agitant ses mains pour accompagner sa déclaration. Ça ferait les gros titres ! L'édition de l'année !

– Et laisse-moi deviner, ce serait toi qui couvrirais toute l'affaire ? lui répliqua Mia, dépitée.

Lydie étudiait le journalisme et occupait ses journées entre la gazette de son université et les quelques articles qu'on l'autorisait à publier dans le journal local de leur ville. Eva suivait le même parcours que sa meilleure amie, et Mia et Maxime étudiaient les lettres classiques. Ils en étaient tous à leur deuxième année de licence et s'étaient rencontrés tous les quatre au cours d'une soirée. Depuis, ils étaient inséparables.

– Et pourquoi pas ? J'ai pas le droit d'utiliser les déboires d'une amie pour propulser ma carrière professionnelle ? Je t'utiliserais pas avec bonne conscience si tu n'étais pas mon amie,tu sais ! Et puis tu peux bien faire ça pour moi, j'ai un chagrin d'amouuur !

– Wow, j'ai une chance incroyable, répondit-elle en roulant des yeux et en posant sa main sur son cœur, mimant d'être touchée par ses paroles.

– Tu vois ! Allez, assez parlé. Un petit verre ?

Sa proposition n'était pas tombée dans les oreilles d'un sourd. Maxime s'empressa de ramasser la bouteille de Vodka, Lydie la bouteille de jus d'orange, et Eva rassembla leurs gobelets.

Mia les regarda s'affairer en s'appuyant contre le rebord du toit avec ses coudes, ne se sentant pas encore de revenir s'asseoir sur le canapé, serrés comme ils étaient là dessus.

Ils se distribuèrent leur verre et Maxime en tendit un à Mia qu'elle récupéra à contre cœur. Elle l'approcha de ses lèvres et en renifla le contenu. Du jus d'orange. Elle remercia son ami de lui avoir servi un verre sans alcool, bien qu'elle doutait d'arriver à avaler quoi que ce soit en cet instant.

– Je rêve là ou il commence à pleuvoir ? s'enquit Eva.

Sa déclaration fut rapidement suivie de quelques gouttes de pluie, comme pour confirmer ses propos. L'averse qui s'annonçait allait mettre un terme à la soirée.

Mia n'allait pas se plaindre, elle n'était pas du genre à pouvoir continuer à s'amuser après avoir dégobillé tout le contenu de son estomac.

Ce dont elle avait envie se résumait à une chose : une douche. Ou son lit. Ou une douche et son lit. Et peut-être un petit passage par la case brosse à dent, histoire qu'elle n'ait plus besoin de sentir ce goût âpre et cette mauvaise haleine post-régurgitation.

Elle sortit son téléphone de sa poche pour vérifier l'heure.

– De toute façon, il est 3 heures du matin. Il est peut-être temps de rentrer. C'est pas comme si on avait cours demain, annonça-t-elle à Maxime. Je vous laisse vous démerder pour rassembler les affaires hein, je me sens pas encore très bien.

Ils soupirèrent en chœur et s'attelèrent à leur tâche. Pendant ce temps, Mia en profita pour regarder encore une fois tant bien que mal son téléphone. Sa vision était encore trouble de son ivresse et les gouttes d'eau n'arrangeaient en rien la chose.

– Bon, par contre, grouillez-vous un peu là, ça pleut sévère ! râla-t-elle en souriant sarcastiquement.

– T'as qu'à nous aider aussi au pire, ronchonna Maxime.

Elle haussa les épaules et se reconcentra sur son téléphone, rapprochant son gobelet de jus d'orange de sa bouche pour essayer d'en boire quelques gorgées. Peut-être aurait-elle du s'abstenir. L'acidité du fruit ne fit qu'empirer ses nausées, et elle se sentait prête à régurgiter à nouveau.

Le téléphone dans une main, son gobelet dans l'autre, elle se retourna et posa ses avant-bras sur le béton, attendant les conséquences de son acte. Et ils ne tardèrent pas à arriver. Alors qu'elle vomissait une deuxième fois ses tripes, son corps faiblissait. La poigne sur son téléphone se desserra. Du coin de l'œil, elle le vit glisser, mais ne put rien faire de plus. Bizarrement, le coup de l'émotion fit immédiatement disparaître ses nausées pour les remplacer par des sueurs froides.

– Les gars... Euh... mon téléphone vient de tomber.

Ses trois amis se retournèrent brusquement, interloqués, et s'approchèrent rapidement de la jeune femme pour observer la scène du crime.

– Il est là ! Sur le petit rebord ! Tu crois qu'on peut le récupérer ? s'agita Eva.

Mia s'adossa un peu plus sur le béton, sa tête dans la vide, pour essayer de repérer son appareil. En effet, il avait atterri un petit mètre et demi plus loin, sur un rebord large d'une dizaine de centimètres. Elle souffla un bon coup, remerciant sa bonne étoile.

– Maxime, tu vas me tenir les jambes et je vais essayer de le choper, ça marche ?

– T'es sérieuse là ? Ça pue pas un peu la mauvaise idée ?

– T'en as une autre ? Ça va aller.

Il ne répliqua pas et hocha de la tête. Quand elle grimpa sur le rebord, elle commença également à douter de sa fausse bonne idée. Heureusement, sa vision trouble l'empêchait de voir le vide qui régnait en dessous d'elle.

Elle hésita quelques instants avant que Maxime pose ses mains sur ses chevilles nues -elle portait une robe- et lui donna le signal de départ.

Ce serait quand même stupide de mourir comme ça, non ? Elle se laissa tomber dans le vide, lentement, tendant la main pour attraper son téléphone.

– Par contre, dépêche-toi, ça glisse et je suis pas au top de ma forme !

– Je fais ce que je peux !

Elle tâtonna quelques instants, ne voyant pas grand chose sans lumière, et sa main se referma enfin sur son appareil.

– Je l'ai ! Remonte-moi !

Clairement, elle aurait du y réfléchir à trois fois avant de se lancer dans le vide. Elle n'était pas très lourde, mais ils avaient bu et la pluie rendait sa peau glissante.

L'angoisse s'implanta rapidement dans son cerveau alors qu'elle sentait les mains de Maxime glisser.

– Aidez-moi ! Vite ! lança-t-il aux deux autres filles, figées.

Lydie ne réagit pas, tétanisée par la situation. Eva s'empressa d'attraper le bout de sa robe, comme si ça allait la sauver. Malheureusement, Maxime allait lâcher. Elle le savait. Ce n'était qu'une question de secondes.

Quand la poigne du jeune homme ne s'accrochait plus qu'à ses sandales, elle comprit que c'était déjà trop tard. Elles cédèrent, la laissant nu pieds, alors qu'elle allait mourir. Un bout de sa robe se déchira également dans sa chute.

Vraiment ? Tu vas mourir et la seule chose qui te vient à l'esprit c'est qu'on va te retrouver sans chaussures, la robe déchirée et probablement la face écrasée dans ton vomi plus bas ? Elle est où ma vie qui défile devant mes yeux ? se dit-elle.

Elle ferma les dits yeux tellement fort qu'elle avait l'impression qu'ils s'enfonçaient dans ses orbites. Elle ne voulait pas voir le sol se rapprocher.

La chute ne dura que quelques secondes. Les dernières secondes de sa vie sur Terre. Et elle les passait en ayant envie de vomir. Une mort digne d'un Darwin Award.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Nelliël ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0