L'addition.

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Nous passons de très agréables moments, toutes ces fins de vacances.

Une alternance de moments doux et de sorties cinéma, restaurants et amusements intimes, font que je me persuade, que nous vivons presque normalement.

Quelquefois, et cela me gêne, elle ramasse le linge de la panière et l'emporte pour pouvoir laver, sécher, et repasser chez elle.

Je ne demande jamais rien, je ne proteste que mollement, parce que je sais que quand elle décide de m'aider, elle a l'idée ancrée en elle et a souvent raison.

Le tout me revient repassé et propre le soir ou le lendemain, je ne sais toujours pas quoi faire pour l'en remercier.

Toutes nos sorties, elle met un point d'honneur à participer, ce que je trouve anormal, et je lui dis.

Quand nous sommes invités, elle participe avec ses talents de cuisinière en fournissant certains plats préparés ou le dessert, alors que de mon côté, je n'amène que quelles bouteilles de vins ou apéritifs, ce qui n'est pas très personnel.

Un jour, vers la fin du mois de septembre, elle ramasse des draps en attente de lavage, et quelques-uns de mes tee shirts, pour effectuer son opération de propreté habituelle.

Ne la voyant pas revenir dans la soirée, je lui envoie un petit message et tente de l'appeler.

En retour, je reçois un message me disant qu'elle n'est pas au mieux de sa forme et a besoin de s'enfermer dans sa bulle quelque temps.

Malheureusement, je connais ce genre de réactions pour l'avoir subi ou l'avoir entendu dire.

On appelle cela le début de la fin.

Une manière polie de dire, qu'une réflexion en votre défaveur est en cours.

Je me débats en d'innombrables questionnements.

Avait-elle rencontré quelqu'un et quand ?

Avais-je démérité dans notre relation ?

Elle est partie ce matin-là en pleine forme, et d'un seul coup une chape de plomb assombrissait les sentiments.

Le plus tourmenté ou plus faible des deux, n'est pas celui que l'on croit.

Je ne suis pas en colère, la raison en était floue, mais une peur permanente me tiraille le ventre et le cœur.

La douleur intense d'une fin de non-recevoir se pointe a l'horizon.

Je tente bien quelques timides messages, mais ses rares réponses écrites ne varient pas :

__ Ne me contacte plus en aucunes manières, il m'arrive quelquefois de ne plus rien dire ou faire pendant des jours pour me re-concentrer.

Je vois tout s'écrouler autour de moi.

Pas que nous ayons construit quelque chose de solide, mais des petits bouts de bonheur, de complicité, de confiance, que je grappille de ci-de là, emportés par un vent mauvais que je ne maîtrise pas.

Je suis bien conscient de la fragilité, mais l'inconscient ne voulait rien voir, ou alors c'est l'inverse, je suis perdu.

Je suis dans un désespoir infini, et je recherche dans ma mémoire des précédents pour savoir comment réagir, j'ai mal partout.

L'on m'a quitté quelquefois, et j'ai fait de même également, mais je ne tenais pas réellement à la personne, de cette manière.

J'ai bien l'impression d'un vide, mais pas d'un gouffre aussi profond.

Lui faire peur, la menacer ?

C'est passer pour un violent, c'est complètement idiot.

Faire pitié, supplier ?

Une posture de faiblesse, il faut que je sois fort.

J'en suis à cet état jusqu'au jour de ma fête en septembre.

J'ai surveillé tout au long des jours, l'ombre d'une d'ombre d'un semblant de vie de sa part

J'envoie un laconique message sur son oubli de me la souhaiter.

La sentence vient de tomber !

Elle n'a pas oublié, et m'envoie un long courrier en pièce jointe.

Je lis, et relis, une centaine de fois, je ne comprends pas, je ne vois rien.

Je disserte les virgules, les points et les accents.

Chaque syllabe est analysée.

Je tente de réarranger le tout pour trouver une issue plus favorable, mais rien n'y fait.

Le courrier reste tel qu'il est : la fin d'un cheminement.

Elle a pris une mauvaise blague de ma part, lors d'un dîner chez des amis, pour raison de mon envie de liberté.

J'ai osé raconter, que si une jolie fille dormait à mes côtés dans son simple appareil, je prendrais sûrement ça comme une invitation.

Elle vient encore de me sidérer, sur les raisons de sa rupture, en s’appuyant dessus.

Elle m'aime à ce que je lis, mais n'accepte plus que l'on soit si différents.

Elle m'adore de tout son être, mais la raison nous éloigne.

Elle a envie de mes caresses, mais ne se résout plus à en profiter.

Elle me prodigue tous le bien du monde, mais sans elle.

Je suis effondré, détruit, dévasté.

Je tente plusieurs fois de l'appeler, d'envoyer des messages.

En désespoir de cause, n'y tenant plus, j'appelle son amie Florence, plusieurs fois pour comprendre.

La pauvre, entre le marteau et l'enclume, elle m'écoute sans faillir, avec patience, mais elle ne veut se mêler de rien, elle n'a aucun avis, si ce n'est que sa copine est juge de sa décision.

Je suis certain qu'elle doit aussi écouter un autre son de cloches, mais rien n'y fait, elle ne peut et ne veux rien faire, je respecte amèrement.

J'ai des réactions surprenantes quelquefois, pour les autres du moins, j'ai pris un grand sac-poubelle et j'ai fait le tour de chez moi, je fais disparaître toutes traces de son passage, comme si cacher les choses les faisaient n'exister.

Je ne sais pourquoi, je pense à un film "Eternal Sunshine of the Spotless Mind ", ou le héros tente d'extirper de sa mémoire toute trace d'une relation amoureuse, mais lutte inconsciemment contre l'effacement.

J'en étais là.

Je ne tiens surtout pas à ce qu'elle passe pour une ex, elle doit disparaître, s'effacer.

Je dois gommer un pan de ma mémoire, ou tout au moins, essayer.

L'affiche qu'elle m'a donné pour habiller une porte, ses produits de maquillage, ses chaussons, des serviettes de toilettes, des produits de cuisine, tout ce qu'elle a apporté, je ne tiens surtout pas à me souvenir d'elle en posant les yeux sur ces objets.

Quelques courts messages entre nous.

Elle veut me garder en ami sur le réseau Facebook et autres de discussion, nous allons continuer à papoter comme si de rien n'était.

Je passe de l'état d'amant à celui plus petit d'un ami, nous discuterons comme si de rien n'était.

Je me vois mal regarder les photos qu'elle publie, ses sorties ou je ne suis, et pourquoi pas, apercevoir un visage nouveau, ou le commentaire d'un inconnu, me posant la question de son nouvel intime.

Elle ne doit plus rien savoir de mes états d'âmes, et je ne veux pas connaître les siens, nos futures confessions amicales n'effaceraient jamais le fait, que si je tiens encore à elle comme elle tient à moi, on n'oublie pas les choses ainsi.

Je ne comprendrais jamais que la raison et le sentiment puissent s'opposer.

Tout partirait dans le grand compacteur, du moins je l'espère.

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