Qui frappe à la porte ?

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Quelques semaines plus tard, n'y tenant plus, j'appelle Florence au téléphone.

Je lui remets une lettre écrite dans la souffrance, avec pour mission de lui remettre sans commentaires, ce qu'elle fait avec gentillesse, mais assez rétive néanmoins.

Je parle d'elle, de moi, de nous, de sentiments que je ne connaissais pas..

Je ne sais pas quoi lui dire au final, si ce n'est que je l'aime, et que je ne comprends pas qu'elle ne veuille me voir une dernière fois.

Je me souviens de son aversion à rompre par messages, on en avait discuté plusieurs fois.

Je lui rappelle qu'elle m'a souvent dit ne pas être lâche à éviter les discussions, je lui rappelle sans vraiment trop y croire.

Ce ne sont que des mots, que l'on pose et mélange selon sa volonté.

Personne n'est dupe d'un voyage entrepris en lisant un ouvrage, mais une fois refermé, cela n'est qu'un objet que l'on déplace, comme mon écrit.

Quelques semaines passent, je pense sérieusement à me noyer dans l'alcool, mais mon foie n'y résistera sûrement pas, donc je sursois, parce que je n'aime pas cet état de délabrement.

Réponse brève de florence un matin :

__ Je lui ai bien remis ta lettre, mais nous n'avons pas parlé de toi, je suis désolé.

J'envoie donc un dernier messages à mon ex-belle, et lui demande ce qu'elle pense faire de mon linge, sinon de le brûler, je n'en ai plus usage.

Ma vie amoureuse ne tenait plus que par une épaisseur de draps, ce dont je me foutais allègrement d’ailleurs, parce que si j’avais pu les nouer et les tresser en fil d’Ariane, j’aurais ainsi pu la revoir.

La réponse laconique tombe sous forme de SMS.

Elle remettrait le paquet à Florence pour me le rendre, ne souhaitant pas me rencontrer une dernière fois.

Je prends mon téléphone et appelle Florence, en lui narrant brièvement nos derniers échanges :

__ Je sais, je suis actuellement sur un parcours de marche au lac de la Ramée, vous commencez à me fatiguer tous les deux. Elle vient de me contacter et si elle a du temps, elle me ramène ton linge.

__ Je n'ai pas apprécié sa forme de lâcheté. Je lui ai dit. Par contre, je ne veux voir personne, tu peux jeter tout ça, le donner ou le garder, je n'en veux pas.

__ D'accord, je lui dirais, mais pas plus, je ne veux pas me mêler de vos histoires. Elle est déjà assez compliquée avec ses humeurs changeantes, je t'avais prévenu de ne pas t'attacher. Ce n'est pas une fille pour toi, je ne comprendrais jamais pourquoi vous êtes resté ensemble, et pourtant c'est dommage, je trouve que ça vous allait bien.

J'avoue ne pas toujours comprendre Florence.

Certaines fois elle me dit de faire attention, et d'autres que nous l'enchantons.

Elle doit se faire un de ces mélanges entre nous deux, qui la prenons pour confidente et messagère, elle doit avoir du mal à gérer.

Je suis d'une humeur noire, toutes nouvelles que j'aurais pu obtenir, et pourtant je ne dois pas, seraient par l'intermédiaire de Florence, et je viens de lui clore la porte.

Je vais mettre des mois et des mois à m'en remettre. Il fallait que je bouge, au moins ce soir, j'ai donc accepté l'invitation à dîner de mon ami, Stéphane.

Que je sois heureux ou mécontent, il était toujours là, non pas à chercher des raisons pour ou contre, mais juste à être là, un bienveillant ami.

Il ne faut surtout pas que je reste seul, je me connais quand je suis mal, je commence à regarder mes bouteilles d'alcool d'un œil bienveillant.

Je lui dirais brièvement ce qu'il s'est passé, mais sans m'appesantir, je ne tiens pas à gâcher son invitation avec mes soucis.

Je sors de la douche et je suis en train de me vêtir, quand j'entends le chat qui gratte le mur comme à son habitude vers la porte d'entrée.

Il est encore en train de me déchirer la tapisserie pour se faire les griffes et je me précipite pour le prendre sur le fait.

Pas de chat, par contre, un léger bruit venant du dehors.

Elle était appuyée sur la porte, un sachet à la main, les yeux emplis de larmes et se précipite dans mes bras que j'ouvre largement.

Elle sanglote en murmurant :

__ Je ne suis pas lâche, j'avais envie de te revoir. Je sais bien qu'il ne faut pas. Ça fait au moins cinq minutes que je frappe, j'allais partir quand je t'ai entendu crier après le chat.

Pris au dépourvu, je ne peux que bredouiller que j'étais sous la douche et que j'allais partir.

Nous sommes restés de longues minutes, après que j'eus fermé la porte, à nous cajoler et nous embrasser.

Le temps filait inexorablement, mais elle était à moi, contre moi, je pouvais la toucher, sentir son odeur, mon nez dans ses cheveux.

Je ne sais que dire, tout s'est arrêté en moi.

Je crois que c'est à ce moment-là que quelque chose d'étrange s'est passé. Une chose vient de me piquer au plus profond, et fait troublant, je me sens détaché comme si cela ne m'intéresse plus.

Non pas que je ne tienne pas de tout mon être à cette fille qui se love contre moi, mais comme si cela est évident, l'impression d'être neutre parce que c'est ainsi.

__ Que vais-je faire de toi.

Ce leitmotiv qui nous amusait, d'un seul coup me devenait trop sérieux, parce que j'avais peur justement de ne savoir quoi faire et d'avoir encore mal d'elle.

Et si je me trompe, et si elle se trompe, tout ça tourne et retourne. Je l’écoute sans vraiment l'entendre, je veux rester impassible, et réviser mes classiques amoureux auxquels je n'ai jamais vraiment cru, un livre est en train de s'écrire entre elle et moi.

J'ai vraiment envie de pleurer comme elle, je n'y arrive pas.

Nous avons discuté longuement, plus qu'il n'en faut pour que je sois en retard. De nos non-goûts communs, de nos vies, nos dérives, nos contradictions, nos malheurs, rien ne coïncidait.

Elle me raconte une histoire d'amour non conclue dans une autre vie, notre rencontre qui n'est pas un hasard.

Je ne crois en rien, si ce n'est notre histoire en cette vie, mais Dieu que ça fait mal d'aimer et d'en avoir envie.

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