Pluie d'étoiles.

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Mon retour de chez Marion m'avait enfin apporté une joie sans pareille.

Que de douceur dans ses baisers, et dire que j'avais décidé de laisser tomber mon rôle de chevalier servant, j'étais persuadé que nos sorties devenaient stériles.

Je suis un mec normal, une jolie fille à côté de moi, mais rien, pas envie de plus que l'instant présent.

Il paraît que sa vie défile au moment de mourir, j'étais complètement à l'opposé, en train de revivre, j'ai cessé de penser tout simplement.

Normalement, j'aurais dû prévoir la suite à donner, mais non rien ne me vient à l'esprit, elle est juste là dans mes bras.

__ Que vais-je faire de toi.

Je n'ai rien trouvé de mieux à lui dire, elle s'est mise à éclater de rire.

__ Je sais, j'avais compris.

Elle se met à baisser les yeux et me dit :

__ Je ne suis pas vraiment en état d'être avec quelqu'un, mais ça doit se faire sans doute.

C'est le genre de remarque sur le destin de l'univers qui me dépasse, mais j'en ai entendu d'autres de sa part.

Je la soupçonne de savoir depuis le début qu'elle m'intéresse, malgré ses dénégations, parce que ma phrase n'est pas un mot magique qui déclenche une action.

Elle me répond que non, et m'a toujours vu comme quelqu’un de gentil et prévenant, comme un ami en fait, et ce n'est que tout récemment qu'elle me voit autrement.

Une de ses amies, la seule d'ailleurs, avait déjà remarqué mon manège, et lui en avait parlé, ça je l'ai su bien plus tard. Mais non, elle n'a rien vu venir.

Cela fait encore partie des choses sidérantes de sa part.

Un mec avec la langue qui traîne par terre, et elle ne remarque rien ?

Je veux bien croire que beaucoup la regardent comme une pochette surprise à déballer, mais moi, j'étais presque sans arrêt à la couver du regard.

Elle seule était aveugle.

Toujours est-il, que nous nous sommes séparés tendrement, je lis de la douceur dans ses yeux, elle vient de lire dans les miens.

Elle a un regard vert.

Je ne sais pas si j'ai vraiment dormi cette nuit-là tant de choses me reviennent en mémoire.

Cela fait près de six mois que je l'ai vu pour la première fois, la fin d'été de l'année dernière, et nous étions presque au printemps déjà.

Jamais je n'ai patienté autant pour une fille, on se plaît ou pas, ça casse ou ça passe pour faire simple.

Je n'ai jamais eu un parcours simple dans ma vie, autant au niveau professionnel, que sentimental, mais quand je suis décidé, je passe par l'instinct, non par la réflexion.

C'est ainsi que je suis parti dans certaines unités spéciales de l'armée pendant prés de dix ans, juste pour voir si ça me plaît.

Je suis allé travailler aussi bien en mer que sur les continents d'Arabie et d'Afrique.

Je me suis marié, eu des enfants et divorcé, je n'ai rien réfléchi.

Je ne compte pas les quelques compagnes qui sont passées dans ma vie, et là effectivement, elle avait raison.

J'ai une petite expérience, mais les séparations n'ont jamais étés de mon fait, je ne recherche que la tranquillité ne sachant m'attacher réellement, cela doit se sentir.

Là, j'ai un problème, je suis en train de m'intéresser à ce qu'elle est, et non à ce qu'elle paraît.

De ce qu'elle est, je ne vois rien qui ne soit en concordance avec mes goûts, hormis sa plastique bien entendu.

J'adore la lecture et l'objet, quatre ou cinq livres ouverts, de sujets divers, sont posés sous une table et au moins un dans la voiture pour les moments de pause.

À part quelques bouquins sur l'ésotérisme et certaines pseudos sciences magiques, elle ouvre quelquefois un roman d'amour, genre que je déteste.

Je sais démonter, programmer, construire ou modifier des ordinateurs, je ne suis pas sûr qu'elle sache changer son mot de passe.

Elle aime la télévision et ses épisodes à suivre, j'ai pourtant un superbe écran qui reste toujours éteint.

Elle croit en un Enfer, les Anges au paradis, je suis comme St Thomas, je crois ce que je vois.

Elle parle à toute vitesse, et bouge sans arrêt, je suis et reste calme.

Elle aime se lever tôt, je préfère me coucher tard.

La liste pourrait être interminable, même si j'exagère certains faits.

Rien ne va, rien de commun, et pourtant je l'écoute quand elle parle, je discute de sujets qui en temps normal, me feraient rire, comme ses passions ésotériques, ses massages et soins par les plantes.

J'ai changé ou je vieillis mal en bien.

Nous continuons à sortir ensemble, et varions les horaires et les lieux, mais ça ne va pas plus loin dans nos attitudes, nous pourrions tomber sur de ses connaissances qui n'ont pas à connaître notre nouvel état personnel.

Un soir, nous décidons d'aller en un lieu connu, ‘ La cave à bière ‘, pour un repas aux tapas et emmenons avec nous sa seule amie connue, Florence.

Un déluge de paroles à elle toute seule, pleine d'assurance dans ses convictions et ses jugements.

Je comprends facilement, pourquoi elle n’arrive pas à trouver chaussure à son pied.

C'est elle qui a compris en son temps, je l'avais déjà croisé une ou deux fois, ce que je veux réellement à Marie-Françoise, en beaucoup moins terre à terre que ce que l'on pourrait croire.

Nous avons passé une soirée bien agréable à manger et à boire, rien ne devait transpirer de notre nouvelle relation, donc nous faisons comme d'habitude.

De temps en temps, une frôlement discret de la main, une caresse de la jambe sous la table, mais rien de plus qui ne soit visible.

Il est temps de rentrer et ramener les deux filles à leurs voitures respectives.

Je dis bonsoir a Florence sur le parking et m'apprête à faire de même à Marie-Françoise.

__ Attends qu'elle soit partie, je ne veux pas qu'elle nous voit.

J'attends donc le départ de l'importune, cinq minutes de patiente pour pouvoir embrasser ma belle qui est en train de fouiller dans son coffre à faire semblant de s'occuper.

Florence démarre enfin, Marie-Françoise sort un panier de son coffre, ferme sa voiture et me dit :

__ Je viens avec toi si tu veux ?

C'était une question affirmative, il allait falloir que je m'habitue, mais je n'ai rien contre, si ce n'est le désordre habituel de mon appartement, j'ai une certaine vision du fouillis ordonné.

C'est notre première nuit ensemble à se câliner, s'embrasser en plus d'affinités.

Je découvre son corps, je sens ses caresses, je hume ses cheveux, et j'explore ses recoins jusqu'au bouquet final qui mêle nos humeurs.

Cela, je l'ai su juste après, a failli ne pas se produire.

Nous continuons à jouer avec le corps de l'autre, pour prolonger la découverte, minaudant quelques mots doux entre un baiser et une caresse.

__ J'ai failli ne pas rester, tu sais.

__ Je ne comprends pas. Ton mari ?

__ Non, j'ai dit que j'allais dormir chez une amie, ce n'est pas la première fois. Quand je suis arrivé, tu m'as montré la salle de bain, comme si c'est une habitude de ta part de faire défiler, je me sentais mal à l'aise.

__ Ce n'est pas une habitude, ne crois pas ça, mais je suis un peu perdu de te voir venir avec moi, vraiment surpris que tu sois ici. Je ne savais que faire.

Nous nous sommes endormi dans les bras l'un de l'autre, je me souviens m'être réveillé plusieurs fois pour entendre son souffle et vérifier que je ne rêvais pas.

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