Sidi & mon Business

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Sidi & Mon Business :

On avait un client permanent, ou quasi-permanent, à l'hôtel, il avait sa chambre réservée, et ne s'absentait qu'une semaine en début de mois, pour prendre le train en première classe et aller je ne sais où... C'était un Sénégalais, musulman, qui s'appellait Sidi, très pieux, qui se rendait à la mosquée de Treichville aux heures de prières, et ensuite revenait s'installer à sa table réservée au bar de l'hôtel, où il sirotait lentement un jus de fruits...

Plusieurs jeunes africains travaillaient pour lui: ils avaient une belle caisse avec plusieurs tiroirs: il y avait des cireurs de chaussures, des vendeurs de cigarettes et d'autres qui avaient un chariot roulant avec une caisse étanche qui contenait une grande brique de glace et des boissons fraîches...

Moi, il m'a flatté car j'étais débrouillard, et que j'aimais Allah, et il m'a embauché pour vendre des cigarettes, des chewing-gums et des allumettes : je les vendais à l'unité, on pouvait m'acheter une seule cigarette ou deux ou trois, et de même pour les chewing-gums, j'ouvrais le paquet et servais ce que l'acheteur me demandait. Au début, je me suis installé sur le porche de l'hôtel, mon père n'a rien dit, mais alors ma mère a fait tout un scandale, alors Sidi, mon patron m'a fait installer devant un bar "Le Toucan" à quelques rues derrière, toujours à Treichville, mais ma mère ne m'y voyait plus.

Le business était simple, je travaillais quand j'avais le temps, après mes cours du collège professionnel où j'apprenais la mécanique.

Et, chaque soir, quand je décidais d'arrêter mon business, je comptais ma caisse, rangeais tout, et donnais à Sidi, exactement le tiers de ma recette, le second tiers c'était pour ré-approvisionner et le troisième tiers était mon salaire...

Entre le salaire de mon business et les pourboires que me donnaient les Femmes auxquelles je montais un Coca-Cola, j'arrivais à me constituer un pécule pour inviter des filles pour aller à la plage, à la piscine, au cinéma et acheter des munitions pour ma Carabine El Gamo...

Eh oui, j'allais à la chasse aussi, avec ma bicyclette, je sortais d'Abidjan avec ma Carabine en bandoulière, et me rendais dans des brousses et marécages où je chassais des Kotokolis: gros oiseaux noirs, des pigeons verts et des pintades sauvages que je ramenais et grillais moi-même et les partageais avec mon père et mes sœurs, ma mère en avait horreur...

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