Scène 8 : Christiane

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...Bonjour… Alors moi, c’est Christiane… Un beau prénom de merde, je vous l’accorde, mais bon… Il paraît que ça vient du meilleur coup de jeunesse de mon père… Bon, enfin bref… Mon père c’est Jean, hein. Je crois que vous l’avez déjà interrogé… Bah, inutile de vous en dire plus, vous avez vu le profil… Ouais… On a fait mieux, je suis bien d’accord. Alors voilà, moi j’ai toujours vécu ici, à Beckwiller… Enfin, dans la forêt, quoi. Bin oui, puisque mon père c’est le garde forestier… Essayez de me comprendre, monsieur l’agent : j’ai passé toute ma vie en forêt, moi… Je vois personne de la journée, à part les sangliers ou les biches qui passent parfois sous ma fenêtre… Bon… Inutile de vous dire que je me sens un peu seule, quoi… Et puis voilà qu’il y a un mois, vous voyez, j’ai rencontré un mec… Tom... Plutôt beau gosse, faut avouer… Bon, entre nous il était un peu con, mais pour le reste… Wahou, il avait…il avait le pack de six, quoi ! Donc bon, voilà, on a commencé à se fréquenter, ça se passait bien… Et puis on a finit par sortir ensembles, voilà. Vous imaginez, ça me changeait bien des biches et des sangliers, moi, j’étais contente… Et puis forcément… Il a fallu qu’un malheur arrive… Non mais évidemment… ! C’est toujours pareil, j’ai la poisse, moi je vous le dis… J’étais chez moi à regarder passer les sangliers, et là j’entends comme un gros BOUM pas loin… Alors au début ça m’a pas interpellée plus que ça, vous savez… C’est la saison de la chasse, et puis, mon père et le Gérard, vous savez… Bin, ils tirent sur tout ce qui bouge, quoi. Alors c’était peut-être un pigeon, un lapin, une biche, qu’est-ce que j’en sais moi… Mais là tout de même, j’entends des choses bizarres… Y’a la voix de l’entraîneur de foot je crois, qui commence à crier super fort «Mais comment il va mettre des paillettes sur le terrain maintenant ?! C’était mon meilleur joueur ! Mon meilleur joueur je vous dis ! Comment je vais faire demain, moi ? On a match ! Faut qu’on gagne !»Et là vous voyez, je commence à avoir des sueurs froides… Tom, il joue dans l’équipe de foot du village… Et là je commence à faire le rapprochement… Je me dis… Attends… Le coup de feu, les cris de l’entraîneur… Je crains le pire, alors moi, je sors et je me dirige en direction des bruits, et là, qu’est-ce que je vois… Qu’est-ce que je vois… ! Tom, allongé par terre, avec une grosse tâche de sang dans le dos, et l’autre entraîneur qu’est là à lui foutre des baffes… Et Tom, il bouge pas. Il respire même plus. Et c’est là que je me dis… Mais… Christiane… Tom, il est mort… ! Alors vous comprenez, j’ai pas supporté… J’ai commencé à pleurer, et puis y’a mon père qui rapplique et qui me flanque une torgnole en me disant de rentrer à la maison… Bon bin moi, je rentre à la maison… Et maintenant je suis toute seule… A nouveau toute seule, toute seule…

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