04 Baie-des-sires (3/3)

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 La cité était relativement petite, et son cœur se composait principalement de commerces. Il n’y avait qu’un seul temple, érigé en l’honneur de Mérénos. Classique. Tout le monde redoutait le dieu de la mort, qui était aussi le maître des dieux. Rien ne se faisait sans qu’il soit concerté, rien ne se décidait sans qu’il soit d’accord. Son nom suffisait à calmer les jeunes enfants et à faire naître des envies de rédemptions dans le cœur des plus vils criminels. Car rien n’échappait jamais à Mérénos, rien n’affectait Mérénos, rien ne séduisait Mérénos. Il était la fin, le néant, le juge et le bourreau.

 De tout le panthéon, il était celui que Celtica exécrait le plus. Il lui avait ravi sa mère et tenait la vie de son père entre ses longs doigts osseux. Il était aussi celui qui veillait sur la bonne transmission d’Ironie.

 Alors qu’il observait le temple avec aigreur, Cléon le tira par le bras.

 –Si ça te fait rien, j’aimerai qu’on reste pas trop près des temples…

 –Oui, oui… Excuse-moi.

 Elle lui adressa un sourire reconnaissant et l’entraîna plus loin. En avançant vers la cité, Celtica et Cléon avaient listé leur matériel et provisions, et avaient conclu d’un commun accord qu’ils risquaient de manquer d’eau assez rapidement. La chaleur était harassante et augmentait drastiquement leur consommation d’eau ; en outre, ils n’avaient rien prévu au cas où ils devraient passer la nuit à la belle étoile. Ils achetèrent donc ce qui leur ferait rapidement défaut.

 Celtica avait finalement renoncé à prendre des chevaux, la jeune fille ne savait pas monter, et il jugeait trop dangereux de voyager ainsi sans la moindre expérience.

 –On pourrait au moins en prendre un, suggéra Cléon en s’approchant de l’enclos vendeur de chevaux. Pour les bagages.

 –Ce n’est pas une si mauvaise idée, concéda-t-il après un moment de réflexion.

 Celtica observa les trois chevaux qui broutaient sans s’occuper des humains alentours. Ils paraissaient en excellente santé et plutôt jeunes. Celtica s’attendait à payer cher pour l’un d’entre eux, mais l’écriteau indiquait un prix moyen bien en deçà de ce qu’il pensait. Soit il s’agissait d’une superbe arnaque, soit le marchand n’avait aucune idée de la valeur de ces animaux. Il se tourna vers Cléon qui admirait les bêtes avec de grands yeux écarquillés, comme une enfant émerveillée.

 −Tu t’y connais en chevaux ? demanda-t-il en souriant.

 Elle lui décocha un regard noir qui le surprit.

 −Je sais pas monter, comment veux-tu que j’m’y connaisse ?

 −L’un n’empêche pas l’autre, tu sais. Viens, allons les voir !

 Celtica se dirigea vers le palefrenier qui ratissait la paille souillée, et lui demanda la permission s’approcher les animaux. Avec un large sourire, il les invita à le suivre, et saisit un premier cheval par la bride. Celtica insista pour que Cléon s’approche elle aussi, même si elle était très intimidée. L’animal alezan avait une musculature développée, ce qui le rendait plutôt bien adapté aux champs de bataille. Il possédait sans doute force et endurance. Le prince lui laissa flairer sa main et lui flatta l’encolure.

 −Il est beau, commenta la jeune fille.

 −Très, répondit le prince. Comment s’appelle-t-il ?

 −Doucette, m’sieur. Elle est gentille comme tout !

 Celtica l’examina avec l’œil d’un expert, et montra à sa nouvelle amie comment procéder. Elle l’écoutait avec une rare attention et lui posait toutes les questions qui lui venaient à l’esprit. Ainsi, ils vérifièrent l’était des yeux, des dents, des sabots… C’était une bonne bête, et le jeune homme ne parvenait toujours pas à comprendre un prix aussi bas.

 Le cheval suivant était un mâle pie, plus petit et plus effilé. Il semblait doté d’une nature amicale, car il s’approcha derechef des acheteurs, et renifla avec une remarquable insistance Cléon, qui ne savait comment réagir face à ses sollicitations. Elle tourna la tête vers Celtica avec un sourire désolé alors que l’animal continuait à la pousser pour réclamer son attention. Le jeune homme vola à son secours et tira doucement sur la bride, forçant ainsi le cheval à reculer un peu. Il lui flatta l’encolure, et commença son inspection. Là aussi, il s’agissait d’une magnifique bête vendue pour un prix dérisoire.

 –J’crois qu’il vous aime bien, ma p’tite demoiselle. On appelle ce mâle Rivalis.

 –Rivalis ? s’étonna Celtica. Vous connaissez le brasien ?

 –Non, pourquoi ? Vous l’connaissez, vous ?

 Le jeune homme eut un rire gêné. Le marchand n’avait pas remarqué sa chevalière, et il ignorait si le fait qu’il la découvre serait une bonne ou une mauvaise chose. Son intuition lui ordonna instamment de taire son identité, tant qu’il ne serait pas ou au Brasier, ou entouré de gardes. Il plongea sa main dans sa poche, et y fit glisser le bijou princier, aussi discrètement que possible.

 –Je l’ai un peu étudié, à la capitale. Si mes souvenirs sont bons, « rivalis » signifie « baie-des-sire ». C’est un petit fruit rares qui pousse dans les montagnes, il paraît que ça ressemble un peu à de la myrtille. Il me semble que les chevaux en sont particulièrement friands.

 C’était aussi un nom de famille très répandu, mais il préféra garder cette information pour lui. L’homme se gratta la tête en regardant le cheval qui voulait absolument revenir renifler Cléon.

 –C’est p’t-être vrai… Le gars qui m’fourni vit dans les montagnes, il cause p’t-être le brasien. Rivalis est un sacré gourmand, vous savez !

 L’homme les conduisit auprès du troisième animal, mais Rivalis continuait à suivre la jeune fille. Pis encore, il se dressa devant le trio, tête allongée, oreilles couchées en arrière. L’autre cheval poussa un couinement, Celtica prit aussitôt la décision de reculer, en entraînant Cléon avec lui. Comme il l’avait espéré, Rivalis se détendit, et laissa en paix son congénère, qui ne devait pas avoir compris la raison de cet étalage d’agressivité.

 Le marchand se gratta à nouveau la tête, un poing sur la hanche.

 –Que Mérénos m’aveugle, j’ai jamais vu ça ! Et pourtant, j’en ai connu des chevaux avec un sale caractère, vous pouvez m’croire !

 –C’est un problème ? demanda Cléon tout en caressant le chanfrein du pie.

 –Nous le prenons, assura Celtica. Il conviendra parfaitement.

 –Et s’il vous attaque aussi ? Le dernier, c’est un mâle… Vous pourrez peut-être plus toucher votre compagne…

 Ces mots déstabilisèrent quelque peu le jeune homme. S’il s’était attendu à cela ! Un bref coup d’œil à son amie lui indiqua qu’elle aussi était tout aussi mal à l’aise que lui, trahie par la violente teinte rouge qu’avait pris son joli minois.

 –Nous n’avons pas ce genre de relation, répondit Celtica, nous sommes de simples amis en voyage, rien de plus.

 –Mouais. Faites gaffe, quand même. J’vais vous chercher les selles.

 Sur ce, le marchand entra dans sa boutique. Les deux jeunes gens échangèrent un regard, et se mit à rire de bon cœur. Aussi embarrassé l’un que l’autre, ils devaient sans doute voir leur reflet en l’autre. Pour trouver une contenance, ils s’intéressèrent à leur cheval sans pour autant cesser de rire, et le caressèrent avec douceur. L’animal réagissait très bien à leur contact, et contrairement à ce que semblait prédire le marchand, il ne présentait aucun signe d’agressivité envers le jeune homme.

 Celtica s’en sentit soulagé. Ce cheval n’était pas aussi puissant que Doucette, mais ils seraient en sécurité avec lui. Il restait à tester son comportement une fois monté. Et évidemment, il serait celui qui le testerait.

 –Tu n’es vraiment jamais montée à cheval ? insista-t-il.

 –Pour te dire la vérité, c’est même la première fois que j’en approche un. J’ai toujours voulu avoir un animal rien qu’à moi, mais mon père… Il n’a jamais voulu.

 –Pas même un chat ? Ou un chien ?

 –Les chats griffent, et les chiens mordent, répliqua-t-elle sombrement.

 Ses joues reprirent une teinte rouge. Aljinan devait être un père surprotecteur, bien plus que son propre père… ce qu’il avait toujours cru impossible ! Voyant qu’il risquait de la contrarier, il décida de ne pas creuser davantage la question, et lui montra la tache en vague forme de croissant de lune sur le front de l’animal. Ce qui sembla lui redonner le sourire.

 L’homme revint avec un employé et deux selles, il installa l’une d’entre elle tout en s’assurant que les acheteurs sauraient comment procéder lorsqu’ils se retrouveraient seuls. Rivalis n’était pas le premier cheval que Celtica côtoyait, et le ton condescendant qu’il prenait lui faisait le même effet qu’une insulte. Il resta cependant patient, et veillait discrètement à ce que Cléon voit correctement la façon de procéder.

 Lorsque la selle fut en place, le prince se hissa sans peine sur l’animal.

 –Peut-être qu’il faudrait laisser votre compagne…

 –Je suis plus expérimenté, coupa le jeune homme, je choisirai la selle qui convient. Ne vous en faites pas, je ne suis pas mauvais cavalier.

 Il donna un petit coup de talon, accompagné d’un claquement de langue, et l’animal se mit en mouvement, sans rechigner. L’assise était confortable, les étriers parfaitement ajustés et la selle ne semblait pas gêner le cheval. Détendu, Celtica mena sa monture sans aucun problème, Rivalis répondait promptement à ses ordres. La personne qui l’avait élevé avait fait du très bon travail. Docile, il n’était pas non plus aveuglé par la présence humaine. Il prendrait à coup sûr les bonnes décisions en cas de danger : fuir, quoi qu’il arrive. Pour Celtica, il s’agissait d’une qualité primordiale, seul rempart qui empêchait un danger hypothétique de se concrétiser.

 Et s’ils avaient le temps, il pourrait initier Cléon à l’équitation avec cet animal. Il lui semblait parfait pour un débutant.

 Après avoir expérimenté le trot, Celtica mit pied à terre et observa la seconde selle. Il ne pensait pas avoir réellement besoin de l’essayer, mais le marchand et la jeune fille insistèrent pour qu’il le fasse. Il procéda alors de la même manière : un petit pas, puis un peu de trot. Celle-ci était plus dure, trop ajustée, Celtica craignait qu’elle finisse par blesser le cheval. D’ailleurs, il semblait moins à l’aise, et répondait moins bien à ses instructions. Il écourta donc la séance d’essayage et paya le cheval et la selle, n’amputant sa bourse que de moitié.

 Les deux jeunes gens s’éloignèrent avec leur nouveau compagnon, sortirent de la ville pour reprendre la route de Biliamis. Le chemin continuait vers le nord, se rapprochait de la frontière augustrienne avant de poursuivre vers l’ouest, le long de la côte sud. Il y avait longtemps, cette route rejoignait le Brasier et remontait vers Estalis, la capitale. Mais depuis la guerre qui avait opposé l’Arcane au Brasier, cette voie n’existait plus, et il n’était pas à l’ordre du jour de la rouvrir.

 –Biliamis est un nom dérivé du brasien, du dialecte d’Estalis plus précisément, continua Celtica. Il peut être traduit par « route du sud », tout simplement.

 –Tu te moque de moi, l’accusa la jeune fille, suspicieuse.

 –Mais non ! Tiens, même la région du Lumis porte un nom brasien !

 –Mais bien sûr…

 –Puisque je te le dis ! Le Lumis avait été une région brasienne avant la guerre. Lumis veut dire soleil.

 –Et pourquoi elle appartient à l’Arcane, maintenant ?

 –L’Arcane et le Brasier ont signé un traité de paix, après un obscur massacre qui a touché les deux armées. En signe de paix, mon pays a cédé le Lumis, et l’Arcane nous a promis une princesse, parce qu’elles étaient réputée comme les plus belles.

 –C’est pour honorer ce pacte que tu t’es fiancé ? Ou bien…

 –C’est à cause du pacte.

 Celtica se tut. Il n’avait pas envie d’en parler. Annya serait une catastrophe pour le Brasier. Il n’avait que dix-sept ans, un enfant aux yeux de son pays. Et lorsqu’il épouserait la princesse arcanne, il obtiendrait le trône, mais ne pourrait pas gouverner avant ses vingt ans. Pendant ces trois ans, Annya aurait tout le pouvoir pour s’installer durablement et modeler les lois à l’image de l’Arcane. C’était un risque qui avait été pris en compte, mais qui n’avait pas dû peser bien lourd dans la balance. S’il avait su, il aurait accepté d’aller au bal de la marquise Machin-Truc ou de la comtesse Bidule-Chouette… Faire quelques rencontres, s’ouvrir l’esprit à autre chose que le dessin ou la littérature… Et il n’aurait pas été obligé d’épouser Cheina d’Arcane ! Son père lui avait donné le choix, mais hélas, la maladie avait précipité les choses.

 –Port Soleil… dit Cléon au bout d’un moment. Ça sonne bien ! On est donc des solaires ! J’en connais un à qui ça ferait pas vraiment plaisir…

 Sans même lui demander à qui elle faisait allusion, Celtica comprit qu’elle évoquait le gouverneur Faranan Yréan. Il avait toujours voulu briller, et il était constamment humilié par la signification profonde du nom Lumis. Encore faudrait-il que ce rustre cesse de s’intéresser à l’art de mauvais goût pour ouvrir une encyclopédie quelconque… Ce qui n’était pas près d’arriver !

 –En parlant de nom, reprit la jeune fille avec un grand sourire, qu’est-ce que donne ton nom en brasien ?

 –Celtica Illis mi Alsolistim.

 –Et tes prénoms ?

 –Celtica a une connotation de chaleur, de bienveillance, de force protectrice. C’est le bon côté du feu. Il est dérivé d’un mot en brasien actuel qui veut dire feu.

 –Et Illis ?

 –Lui, c’est simplement feu dans le dialecte d’Estalis. Je suppose que mes parents ont aimé la couleur de mes cheveux.

 –Je les comprends, fit-elle en lui ébouriffant les cheveux. Ils sont tout doux !

 Il la chassa d’un mouvement de bras, provoquant son hilarité. Un rire qui venait du fond du cœur.

 –Sinon, pourquoi tu portes deux prénoms ? Un seul, c’est pas suffisant dans la noblesse ?

 –J’en porte deux parce que je suis prince impérial. L’empereur possède deux prénoms, mes tantes et mon oncle aussi. Si j’avais des frères et des sœurs, ils en auraient deux. Par contre, mes cousins germains, n’en ont qu’un seul.

 –Ceux qui héritent en ont deux, c’est ça ?

 –Oui. Et si mon père n’était pas monté sur le trône, je n’en aurais qu’un. Par contre, si je meure avant d’avoir un héritier, l’un de mes cousins prendrait ma place, et se verrait affublé d’un nouveau prénom, en plus de celui qu’il porte. C’est de tradition.

 Cléon hocha doucement la tête. Puis un sourire malicieux vint étirer ses lèvres, qui n’augurait rien de bon.

 –Si je résume, dit-elle lentement, tu es le prince impérial héritier Feu-Feu de Noblargent…

 Celtica la regarda avec des yeux ronds. Feu-Feu… Et le pire, c’était qu’elle avait tout à fait raison ! Devant son air ahuri, elle éclata à nouveau de rire.

 Installés dans la salle commune de l’auberge-relais Au gai bûcheron, Celtica et Cléon faisait le point sur leur réserve d’argent. Pour le moment, le voyage s’annonçait sous les meilleurs hospices, ils ne manqueraient de rien. Toutefois, le jeune homme espérait retrouver les mercenaires avant de traverser la frontière, ce qui risquait de s’avérer difficile.

 Alors qu’il rangeait sa bourse, Celtica examina les autres clients. Pour la grande majorité, il s’agissait d’homme de passage, il devait y avoir un ou deux habitués, et le reste formaient un groupe restreint de femmes vendant leurs charmes. Et Cléon était la seule voyageuse. Dans un tel contexte, le jeune homme se sentait anxieux, et craignait que l’alcool ne vienne tourner la tête à quelques uns de ces types, et qu’ils décident de venir importuner son amie, sous prétexte que les professionnelles étaient trop chères…

 Le serveur vint leur apporter une assiette de poulet trop cuit accompagné d’une purée de carotte à l’odeur suspecte. Après s’être souhaité bon appétit, ils entamèrent leur repas en discutant joyeusement. Le brouhaha couvrait leurs voix, ils purent ainsi aborder des sujets qui auraient pu les mettre dans une fâcheuse situation, comme Port Lumis, Aljinan, ou encore le Brasier.

 −Au fait, pourquoi t’as autant d’argent sur toi ? demanda Cléon alors qu’elle terminait sa purée.

 −Faranan me traite comme un enfant, et pour mes fiançailles, il a cru bon de m’offrir une bourse pleine d’argent. Sans le savoir, il finance notre voyage.

 −Ça n’a pas l’air de te faire plaisir.

 −De l’argent, j’en ai, comme tu peux bien t’en douter, et savoir d’où viens son don…

 Cléon pencha légèrement la tête sur le côté, comme pour demander une explication.

 −Il vient de vos impôts, expliqua-t-il. Il vous vole pour faire des cadeaux inutiles à ceux qui sont plus puissants que lui, afin de s’octroyer leurs faveurs.

 −Donc, Rivalis, c’est un peu Port Lumis qui l’a acheté ?

 −En gros, c’est ça. Tu ne manges pas ton poulet ?

 –Euh… J’ai dû faire un faux mouvement, et je me suis fait mal au poignet, j’peux pas l’couper…

 –Donne-le-moi.

 Rouge comme une pivoine, elle lui passa son assiette, et observa le prince lui couper sa viande comme à une enfant. Elle le remercia d’une petite voix, très embarrassée, et recommença à manger, en silence. Celtica avait appris qu’elle était un peu plus jeune que lui, de quelque mois, et qu’elle ne passait pas beaucoup de temps avec ses amis. Elle n’en avait pas évoqué les raisons, et il ne les avait pas cherchées. Après tout, chacun avait le droit à son petit jardin secret.

 Leurs assiettes terminées, la jeune fille proposa une petite partie de carte au moment où l’une des femmes s’approcha de leur table. Celtica roula les yeux, agacé, et aperçut non loin d’eux un groupe d’hommes qui regardait dans leur direction. Ils attendaient probablement que Cléon se retrouve seule…

 −Allons plutôt jouer dans la chambre, souffla-t-il en lui faisant un discret signe de tête pour lui montrer les ours mal léchés.

 Elle se retourna et pâlit.

 −T’as raison, nous serons plus tranquilles.

 Ils se levèrent avant même que la femme n’arrive à leur hauteur, Celtica se plaça tout près de son amie et posa sa main dans son dos pour bien signifier aux autres qu’elle était sous sa protection. Et pour appuyer son geste, il les gratifia d’un regard noir.

 Ils avaient choisit de partager la même chambre, pour des raisons de sécurité, et ce qu’il s’était passé dans la salle commune leur donnait tristement raison. Pour plus d’intimité, Celtica avait demandé un nouveau paravent qu’il avait placé entre les deux lits, créant ainsi une cloison éphémère. Des commodités avaient été installées dans une pièce minuscule à part, et une bassine destinée à recevoir de l’eau pour une toilette rapide se trouvait dans un coin, derrière un paravent.

 Cléon et Celtica jouèrent une petite partie, puis le sommeil, impérieux, les réclama sans leur laisser la possibilité de résister. Ce premier jour de voyage fut assez tranquille, et laissait espérer que la suite serait tout aussi calme. Néanmoins, Celtica n’avait pas revu les mercenaires, ce qui l’inquiétait. Pourtant, bien qu’ils aient pris de l’avance, un groupe aussi important ne pouvait pas se déplacer aussi discrètement. Surtout avec un prisonnier. Ils finiraient par les retrouver.

 Il fallait y croire.

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