02 Le maître du chaos (2/3)

13 minutes de lecture

  Plus aucun garde ne restait debout pour défendre la noblesse assemblée.

   Théâtral, l’homme au cou de taureau rengaina ses cimeterres, se posta près du banquet, attrapa un verre laissé à l’abandon, celui que Celtica avait reposé, et le vida d’un trait. Puis il promena son regard sur leur petit groupe, le prince sentit son sang se glacer. Il s’attendait à rencontrer les yeux d’un fou, pas ceux d’un homme parfaitement maître de lui-même !

   −C’est l’un d’tes meilleurs vins ?

   Faranan hocha rapidement la tête.

   −Pas fameux.

   Il fit mine de vouloir reposer le verre, mais il se ravisa au dernier moment. Comme un enfant voulant éprouver les limites de l’autorité parentale, il fixa le gouverneur dans les yeux et le lâcha. Le verre alla se briser sur le sol, arrachant des plaintes aux nobles et aux serviteurs.

   −Oups.

   Celtica déglutit. Il était tenté de faire appel à sa magie pour griller l’homme sur place, mais il n’était pas un bon magicien, malgré sa formation. Il n’aurait rien pu faire face à tous les autres. La respiration saccadée, il se sentait glacé et pouvait sans peine s’imaginer blanc comme un linge. Allaient-ils tous mourir ? Ici, ce soir ?

   L’imberbe s’avança d’un pas chaloupé qui trahissait une vie passée sur un navire ou en plein ciel. Avait-il été pirate ? Il s’arrêta à quelques pas et plongea son regard d’ambre dans ceux d’acier de son père.

   −Mes hommages, fit-il en inclinant respectueusement la tête. Mes hommages… ? Comment convient-il de vous appeler ? Votre altesse ? Votre altesse impériale ? Votre vénérable grandissime altesse impériale ?

   −Ou plus sobrement par mon prénom, avança Exodica.

   −J’aime autant ça. Va pour Exodica.

   Il tourna son regard vers Celtica. Le prince sentit son estomac se retourner. S’il avait contenu quoique ce soit, il aurait sans doute vomit copieusement. Par une triste chance, il était vide.

   −C’est vot’ rejeton ?

   −C’est exact.

   −Il a vos yeux et votre nez. Je suppose que tu tiens ta bouche de maman, hein ? Un bien joli gamin. T’en fais pas, si papa négocie bien, vous s’rez bientôt libre. J’ai deux gosses, moi aussi. Ma fille doit avoir ton âge, à peu près, mon fils est peut-être un peu plus vieux. Une plaie, les gamins, hein ? Toi aussi tu fais tourner papa en bourrique ? Ça fait ça aussi, les mômes impériaux, non ?

   −Hélas, répondit sobrement Exodica.

   Il n’y avait pas une once de frayeur dans sa voix. Ils conversaient tous les deux comme si cette situation était la chose la plus normale au monde. Celtica serra plus fort les mains de son père. Quoique décide cet homme, il serait là, prêt à risquer sa vie pour le protéger. Personne ne toucherait à son père sans en payer le prix ! Cette soudaine combattivité atténua un peu ses crampes d’estomac, et il retrouvait un peu de courage.

   Soudain, l’imberbe plongea parmi le groupe illustre, et tira sans ménagement le gouverneur par le pied.

   −Non, Aljinan, non, pitié ! couina-t-il.

   −Apportez-moi un balai, et qu’ça saute ! Les serviteurs, levez-vous !

   Des hommes et des femmes obéirent timidement. En vêtement de travail simple, ils ne pouvaient certes pas mentir sur leur condition.

   −Les musiciens, les danseurs, debout !

   D’autres les imitèrent.

   −D’autres non nobles ? Allez hop ! Debout aussi !

   Quelques autres se levèrent à leur tour. L’un des hommes d’Aljinan revint avec l’ustensile demandé. Celtica remarqua que lui aussi portait un foulard noué autour du cou. Cela commençait à ressembler à une mauvaise blague… L’imberbe jeta Faranan devant les débris de verre.

   −C’est votre patron, non ?

   Les personne qui s’étaient levées tremblaient tellement qu’elles n’osaient rien dire ou rien faire. Aljinan poussa un long soupir.

   −À l’appelle de son nom, la personne concernée sera priée de se diriger vers la sortie, sans geste brusque. Une fois les portes passée, elle sera libre de partir, mais pourra pas contacter la garde.

   −Qu… Qu’avez-vous fait ? couina Faranan d’une voix suraigüe.

   −J’ai envoyé mes gars semer le trouble parmi tes gens. J’sais pas combien tu les paie à faire ce sale boulot, mais sache que j’investie jamais mon argent au hasard. Aucun d’eux n’a dit non à une petite prime supplémentaire ! Que Sa Majesté se rassure, j’ai fait tuer personne. Exodica, vos hommes prennent un bon repas à votre santé, dans la salle à manger. Elle est gigantesque, mais très moche ! Enfin… Vous savez c’qu’on dit des goûts et des couleurs… Quant aux démons, hé bin, nous dirons simplement qu’ils attendent de voir la suite. Ils sont justes là.

   Tout sourire, il agita la main vers la fenêtre de l’autre côté de la salle, comme pour saluer un ami. Les treize observaient la scène, les bras croisés. Celtica déglutit. Avaient-ils l’intention d’intervenir ? Avant qu’il ne soit trop tard, si possible ?

   Aljinan s’éclaircit la gorge et appela une poignée d’hommes et de femmes qui suivirent scrupuleusement les instructions qui leur avait été données. Celtica se tourna vers la famille royale. Si Jesd semblait agacé, ou même contrarié, Hayne, lui, paraissait se délecter de la situation. Ce qui lui resserra l’estomac.

   L’imberbe déchira en petits morceaux le papier qu’il lisait et les laissa s’éparpiller sur le sol. Puis il se tourna vers ceux qui restaient encore debout. Ils étaient toujours assez nombreux.

   −Si mes renseignements sont justes, vous, vous êtes les vrais employés du gouverneur. Faranan a-t-il été un bon maître ?

   Les visages se détournèrent, gênés.

   −C’est bien ce que j’pensais.

   Il fourra le balai dans les mains potelées et malhabiles du gouverneur qui blêmit.

   −Nettoie-moi ça, fit-il sur un ton excédé, on se croirait dans une porcherie !

   Les assaillants se mirent soudainement à hurler de rire et à applaudir, comme s’il s’agissait de la meilleure blague qu’ils n’aient jamais entendue. Faranan serra les dents.

   −Vous n’avez pas le droit de m’humilier… Je suis le gouverneur !

   −Ah ouais ? Et toi, t’as l’droit d’humilier les gens qui vivent sur ton « territoire » ? Jesd se fiche probablement pas mal de tes vacheries, mais tes nouveaux potes ? Ouais, j’te parle des impériaux !

   Aljinan se tourna vers Celtica qui se figea. Il était vraiment impressionnant, et en dépit de son langage… familier, il avait les manières de ceux qui étaient nés dans les grandes familles. Un homme redoutable, à tous points de vue.

   −Gamin, il est temps de voir si papa a des trippes, s’il est à la hauteur de sa réputation. Exodica, si vous voulez bien me rejoindre.

   −Il ne peut pas se lever seul, objecta le jeune homme, sur la défensive.

   −Hé bien aide-le ! Et puis viens là, toi aussi. On va voir si t’as les mêmes gènes que papa, ou si toi aussi t’es un ramollo libidineux. D’autres impériaux ?

   Celtica aida doucement l’empereur à se relever. Reprenant petit à petit confiance en lui, il osa planter son regard dans le sien. Ces yeux n’étaient bel et bien pas ceux d’un fou, une intelligence remarquable brillait dans l’ambre de ses iris. Ce qui le rendait d’autant plus dangereux.

   −Les autres jouissent du repas que vous leur avez accordé. Nous ne sommes que tous les deux.

   −Ils ont du cran, chef ! cria une femme.

   −Ou alors ils sont complètement stupides, la contra un homme.

   Celtica rougit à l’insulte, mais préféra l’ignorer. Rentrer dans leur jeu n’était pas la meilleure chose à faire, s’il tenait à vivre encore un tout petit peu.

   Lorsque son père et lui furent près du chef des rebelles, Aljinan frappa des mains pour attirer toute l’attention de l’auditoire. C’était inutile, tout le monde avait bien trop peur de prendre le risque de manquer l’information qui pourrait les laisser en vie !

   −La nuit d’hier était absolument fantastique. Le ciel était dégagé et le reflet de la lune blonde miroitait calmement dans l’océan. Il faisait bon, très bon, même. J’avais décidé de m’promener sur le port, sentir l’odeur de la mer, le goût du sel sur mes lèvres, bref, me livrer à quelques élans poétiques. J’avais passé une excellente soirée, avec mes amis…

   Quelques uns des assaillants se manifestèrent joyeusement.

  −…autour des meilleures truites aux amandes que j’ai jamais mangées, goûteuses à souhait, cuisinées avec art et gourmandise, un verre du cidre le plus frais et le plus sucré, enfin bref, un vrai régal et une soirée mémorable ! Il me fallait me reconcentrer sur mes responsabilités de chef de cité…

   −Autoproclamé, grinça Faranan.

   −J’ai été élu, moi ! protesta l’imberbe, offusqué. Comme je disais, il fallait que je me recentre sur mes responsabilités de chef de cité et de père. Tu sais, ma môme m’en fait voir de toutes les couleurs ! Tu la connais bien, hein, ma gamine ? Et qu’est-ce que je t’ai dit, si tu osais poser le moindre regard sur elle, ou que tu oses juste penser à elle ? Qu’il faudra que tu vendes tes maudites statues car elles seront inutiles à un aveugle !

   Les Lumissiens se mirent à rire à gorge déployée.

   −En fait, je crois que chacune des filles du port sont en danger, avec un type comme toi qui rôde dans les parages. Mais contrairement aux femmes de Tarabin, elles ne manquent pas de ressource. Tu sais, Tarabin ? Le village que tu as ravagé hier, hum ? Ça te dit rien, peut-être ? Tu veux que je te rafraîchisse la mémoire ? Tu veux que j’en parle à Monsieur Exodica et Monsieur son fils ? Hum ?

   D’une lueur glaciale, l’empereur fixa Faranan qui s’accrochait au balai comme à une épée. Celtica se détendit. Il comprenait peu à peu qu’Aljinan n’en avait pas après eux, et qu’il n’avait aucune raison de leur faire de mal. Par contre, il n’enviait pas la place du gouverneur.

   −Qu’a-t-il fait ? siffla l’empereur.

   Aljinan leva les bras, pour englober toute la pièce.

   −Avec une décoration pareille, vous devez bien vous en douter, non ? Il est venu au village. A martyrisé tous les enfants. A violé toutes les femmes. Devant les yeux de tous les hommes. Et ce juste avant votre venue, bien entendu. Jesd ferme les yeux sur ses exactions, et d’habitude, nous nous accommodons tant bien que mal de ses vacheries. Tout du moins, tant qu’il s’en prend qu’au commerce et à l’argent. Ou directement à moi-même. Puis j’ai entendu cette histoire de la bouche d’un d’mes lieutenants. Ouais, sur les quais, où je me promenais. Je me suis mis à la place de ces parents. C’était facile, parce que j’ai une petite fille que je sais constamment en danger avec cet énergumène. Et cette petite fille, même si c’est une fichue bourrique, est la prunelle de mes yeux. S’en prendre à des adultes passe encore. S’en prendre à des gars armés passe encore. Mais des enfants et des villageois, sans même une fourche pour se défendre !

   Il se tourna vers Exodica et le fixa dans les yeux.

   −Jesd se fiche de sa fille, tant qu’elle rapporte. Mais vous, Exodica, vous ! Votre fiston est tout pour vous, ça crève les yeux ! Alors je parle de papa à papa. Tous les deux, on est taillé dans la même fichue roche. On a élevé tout seul nos enfants. Je vous demande simplement de rappeler vos loyaux cabots, qui sont derrière la vitre et de me laisser punir ceux qui doivent l’être. Oh, ils ne risquent pas la mort, enfin tant qu’ils se laisseront faire !

   −Nous souhaitons rentrer chez nous, déclara le vieil empereur. Nous avons mené les accords qui nous intéressaient et avons su obtenir des avantages satisfaisants. Votre majesté Jesd, ce fut une délicieuse entrevue, et il nous tarde de célébrer les noces de nos enfants, comme prévu. Vous êtes un hôte remarquable et tout à fait charmant, mais nous convier dans cette… demeure, où visiblement la sécurité fait défaut, fut une regrettable erreur. Cependant, les affaires des Arcans restent en Arcane, et, tant qu’aucun lien concret n’est tissé entre nos deux pays, nous sommes au regret de ne pouvoir intervenir en votre faveur. Nous repartons ce soir, avec nos hommes et les démons, et vous souhaitons de remettre promptement de l’ordre dans cette crise. Monsieur Faranan Yréan, je souhaite personnellement que vous balayiez ce sol, et repensiez à votre place. Que votre route ne recroise plus celle du Qirin d’argent, car la maison Noblargent ne répondra plus de ses actes, que vous soyez protégé par la famille d’Arcane ou par Mérénos en personne.

   L’homme replet était livide. Il baissait les yeux sur les franges de son balai, qu’il tenait si fort que ses phalanges blanchissaient. Il tremblait. Soit de rage, soit de peur.

   −Ainsi parla l’empereur ! s’exclama Aljinan en frappant dans ses mains. Soh Yuun, accompagne ces messieurs à l’extérieur et fait chercher leur garde. Les Brasiens doivent partir libre, entier, et en bonne santé, compris ?

   Une jeune femme, qui avait récupéré le pistolet alchimique, se présenta aux deux Brasiens. Elle portait une longue chevelure blonde et épaisse, des petits yeux bridés, un visage plutôt rond, une peau cuivrée. Elle était sans doute originaire de l’est, mais en dépit de ses airs de poupée exotique, elle semblait savoir parfaitement manier le sabre qu’elle pointait sur eux. Elle leur fit signe de la suivre. Voyant que son père jeta un regard par la fenêtre, Celtica l’imita. Les démons n’y étaient plus…

   Ils sortirent docilement de la salle de bal. Contrairement à ce qu’il avait cru, d’autres hommes et femmes du port montaient la garde dans le couloir, montrant l’impressionnante force d’assaut du chef de la cité. Qui était également le seul à porter ce titre dans tout l’Arcane… Les Lumissiens saluèrent la jeune femme avec chaleur, tout en dévisageant les deux hommes qui l’accompagnaient.

   Des rires dans la salle de bal firent sursauter Celtica.

   −Ne te retourne pas, lui enjoignit son père. Reste digne, nous ne risquons plus rien.

   −Oui… mais eux ?

   −Eux ne sont pas le Brasier. Techniquement, nous sommes toujours ennemis.

   −Et le traité ?

   −Même signé, il ne sera effectif que le jour où tu seras marié.

   −Mais ils vont nous reprocher de ne pas les avoir aidés…

   −Jesd est intelligent. Et Aljinan un chat. Laissons le chat jouer avec sa proie, il ne s’intéressera à rien d’autre si tout suit ses plans.

   −Comment peux-tu le savoir ? J’ai entendu dire qu’il était imprévisible !

   −Je n’emploierai pas ce qualificatif pour le décrire. Je dirai plutôt créatif. Il parle très bien le brasien, tu sais.

   −Quoi ?

   Exodica eut un petit rire. En l’entendant, Soh Yuun se retourna et scruta leur visage d’un air méfiant. Bien évidemment, l’empereur avait mené la conversation en brasien, sûr qu’elle ne pouvait pas en comprendre un seul traitre mot. Par contre, elle avait sans doute entendu le nom de son chef, et cela ne semblait pas particulièrement lui plaire.

   −Bien avant ta naissance, il est venu à Estalis, étudier dans la grande bibliothèque du palais. J’étais au tout début de mon règne, et lui devait avoir ton âge, à peu près. Il ne portait pas encore le nom d’Aljinan Xiàzù, l’Enquiquineur. C’est ce que signifient les deux idéogrammes de son nom, un patronyme qu’il s’est monté de toute pièce, de la même manière qu’il a réarrangé son prénom. En entier, il peut être traduit par « Notre frère Jinan, l’Enquiquineur ».

   −Ça en dit long sur le personnage, grommela Celtica, de moins en moins convaincu de leur sécurité.

   −Certes. Et ce n’est pas un nom que j’aurai aimé transmettre à mon enfant.

   −Je l’imagine mal marié…

   −L’a-t-il seulement été ? Port Lumis n’obéit pas aux mêmes codes, ni aux mêmes lois que l’Arcane, dont il est censé dépendre, ou le Brasier. Ne le juge pas pour ses mœurs, ni pour ses habitudes, il s’agit d’un peuple différent. Comme je te le disais, il est venu au Brasier. Il était déjà chauve à l’époque, et je croyais qu’il se rasait la tête, par pur esprit de contrariété. Aujourd’hui, je m’interroge.

  « Je n’avais jamais vu une telle soif d’apprendre. Il s’intéressait à tout, les langues, les mathématiques, les arts, l’alchimie, la magie… Tout sauf la religion. Il n’est jamais allé trouver aucun prêtre, c’est en partit pour cela que je pense qu’il n’a jamais été marié. Mais à la façon dont il parle de sa fille, je sais qu’elle a été conçue dans l’amour.

   « Après son séjour, il est partit vers l’est, et on ne l’a plus jamais revu rôder autour du palais. Il n’a pas changé, depuis l’époque où je l’ai aperçu pour la première fois.

   À ce souvenir, l’empereur eut un doux sourire. C’était une bonne anecdote, concéda Celtica, même s’il ne comprenait pas ce qu’un tel homme puisse faire avec ce genre de connaissances.

   Soh Yuun les fit passer devant elle, et leur indiqua où avaient été entreposé le carrosse impérial et les chevaux de leur garde. Les soldats n’étaient pas encore là, mais les démons, si. Caché dans des armures somptueuses, ils ne se découvraient la tête qu’en de très rare occasion. Le seul que Celtica n’était jamais parvenu à percevoir était le treizième, Sabik, le Serpentaire, qui prenait aussi le rôle de chef. Celui-là était le plus effrayant, il s’exprimait peu et avait la fâcheuse faculté de se rendre invisible aux moments les moins opportuns. On ne savait jamais s’il se trouvait à quelques pas de soi ou à l’autre bout du monde ! Il avait beau être le représentant du démon du mois le plus court de l’année, il n’en était pas moins impressionnant. Celtica avait prit l’habitude de les éviter autant qu’il pouvait. A proximité, il se sentait toujours mal à l’aise.

   Soudain, le jeune homme s’arrêta net, frappé par une pensée. Ironie ! Ils l’avaient oubliée dans le château !

   −Papa, il faut retourner à l’intérieur !

   L’empereur fronça ses sourcils, accentuant ses rides.

   −L’épée ! On ne peut pas partir sans elle !

   −Non, Celtica. Je te défends de jouer avec la patience d’Aljinan !

   −Mais cette épée est vitale, tu le sais mieux que moi ! Il faut que je… qu’on la retrouve !

   −Reprenez le couloir, tournez à gauche, suivez le nouveau couloir jusqu’aux escaliers, montez et prenez à droite, continuez jusqu’à la pièce au fond, l’épée devrait s’y trouver, intervint Sabik, d’une voix affreusement douce. C’est un Noblargent qui doit la tenir, vous en l’occurrence. Allez-y seul, sans courir, ne traînez pas, les envahisseurs s’agitent et perdent patience.

   Celtica écarquilla les yeux, incrédule. Que valaient les indications d’un démon ? Exodica ferma les yeux et poussa un soupir contrit.

   −Vas-y, Celtica. Nous t’attendons, ne tarde pas.

   Le jeune homme eut un large sourire. Sans se faire attendre, il se précipita vers le château.

   L’empereur le suivit tristement du regard jusqu’à ce qu’il disparaisse.

   −Le moment est arrivé, soupira Exodica.

   −J’en suis sincèrement navré, répondit le démon.

   –J’avais pourtant espéré…

   Le reste se perdit dans une brusque et violente quinte de toux.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Irastir ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0