J'ai lu: "qui est Charlie" d’Emmanuel Todd !

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J’ai acheté l’essai Emmanuel Todd, d’abord parce que j’ai déjà lu certaines de ses œuvres, ensuite parce que, en voyant à la télé la manif de janvier « décrétée » par le président Hollande lui-même, j’ai eu le sentiment que ce n’était pas une manif pour « Charlie » mais une manif anti-islam ! Emmanuel Todd a eu, vraisemblablement la même impression.

Emmanuel Todd étant un scientifique, sa méthode est basée sur le classement, je suis né en 1940 je rentre donc dans la case « MAZ ». Ça fait drôle d’être étiqueté. De préjuger d’un comportement philosophique qui n’est pas le sien, personnellement ! Mais l’élection est un système démocratique de choix de masse. Si un atome ne s’agite pas comme ses congénères, la science sociale n’en tient pas compte. Cette remarque mise à part, il reste que certaines déductions d’E Todd me questionnent.

Mais avant cela il assène comme des vérités allant de soi ses opinions sur Israël, sur l’union européenne et sur l’euro sans en faire une seule ligne de démonstration. Sur Israël, vers la fin de l’essai il « dévoile » ses antécédents familiaux « juifs ». J’ai toujours considéré que le fait de se dire juif était l’équivalent de se dire catholique, protestant ou musulman, entre autre. Défendre l’état d’Israël « ne va donc pas de soi ». Il est nécessaire d’argumenter. E Todd ne le fait pas. Parce que ce n’était pas le sujet ? Alors pourquoi en parler de cette façon ?

L’union européenne. Il n’est pas franchement pour. C’est mon impression. Celle d’un lecteur lambda. Il accuse cette organisation d’états « souverains » d’être inféodés à l’Allemagne. Est-ce la « faute » à l’Union ? De tout temps les pays dominants économiquement et militairement ont dominé politiquement. Et ce partout sur la planète. La nouveauté c’est que l’Allemagne n’a plus d’armée. Evolution vers une paix générale ? Si l’on fixe son attention sur un seul pays, où en principe règne la paix civile, on remarque que les zones dirigeantes sont les zones les plus actives dans les échanges de denrées, de services et la recherche d’innovations techniques. Et les périphéries s’y soumettent. Volontairement. Les individus les plus motivés s’y massent s’ils ne peuvent pas peser sur leur société locale. Dans mon jeune âge, ceux qui voulaient « s’en sortir », fuir leur « campagne », filaient vers Paris. Comme dirait Yves Coppens : « le cerveau humain évolue moins vite que la technique qu’il développe ». Pour conclure : « ne jetons pas l’Union avec l’eau dans laquelle elle baigne ».

L’euro. E Todd accuse cette monnaie de tous les maux de notre société. Délocalisation, chômage, ghettoïsation voire exclusion. Plus pauvreté croissante d’une part importante de la population. La monnaie n’est pas comme la pluie, elle ne tombe pas du ciel, c’est une construction humaine, une technique, un outil. Au début elle était le prolongement de l’épée, mais on se civilise petit à petit et elle devient plus autonome de la force brutale, mais pas de la force politique qui évolue vers le compromis. C’est un souhait ! La monnaie reste quand même un outil. Une preuve, du temps du « dollar roi » il servait de monnaie d’échange dans les régions du monde où la monnaie n’avait aucune valeur internationale. Avec quelques dollars dans sa poche on allait partout sur la planète. Ce dollar ne rendait pas les Américains plus riches et les Européens plus pauvres quand ils se servaient de ces billets verts. Leurs différences de niveaux de vies venaient d’ailleurs. De l’innovation, des mentalités autres, des systèmes de prêts bancaires etc. Alors pourquoi s’en prendre à l’euro ? Parce qu’on aurait voulu, ou cru, que la même monnaie ferait les mêmes revenus partout dans la zone ? Alors qu’à l’intérieur de chaque pays l’égalité entre régions n’existe pas.

Au milieu des années soixante dix l’entente des producteurs de pétrole en fit grimper le prix. C’était la « crise ». Dans bien des régions les usines ne travaillaient plus que vingt heures par semaine. L’inflation autour de quinze pour cent essorait les capitaux flottants et faisait le bonheur des emprunteurs. Seul restaient debout le capital « réel » basé sur des biens « durable », le travail et les échanges. Pour faire face aux dévaluations et à la baisse d’activité du secteur industriel les gouvernants de l’époque ont mis en place le fameux serpent qui soudait les monnaies européennes entre elles. Ceci pour dire qu’à mon avis l’euro est le rejeton de cette crise. Et LA réponse. Mais, je le répète, personne n’a dit que cette monnaie qui, au moment de son lancement était au même niveau que le dollar, devait unifier les revenus partout dans tous les états de l’Union qui la faisait sienne.

Après ces considérations personnelles, je reviens sur le fond de l’essai. Il paraît crédible et correspond à mes impressions personnelles. Toutefois je me demande si le collage de statistiques qu’E Todd a installé en décor n’est pas un effet d’optique. Je suis surpris par la relation catholicisme zombie / rejet de l’Islam. Les catholiques ont depuis longtemps fait la paix avec les protestants ! Alors, l'Islam ? Pourtant cet essai me rappelle une carte de l’Europe centrale dessinée avant la fin de l’URSS. Sur le schéma était tracée une ligne continue allant de la Baltique à l’Adriatique délimitant à l’Est la zone d’influence de la religion orthodoxe, à l’Ouest la partie catholico-protestante. J’ai mémorisé cette césure. La suite a donné raison à l’auteur de ce partage idéologique. La Tchécoslovaquie s’est coupée en deux suivant cette ligne. Quant à la Yougoslavie, elle a éclaté aussi séparant la Serbie de la Croatie (1ére guerre) puis la Serbie de la Bosnie musulmane (2éme guerre) visiblement plus proche de la Croatie que de la Serbie. Alors, si la carte "religieuse zombie" d’il y a plus de trente ans s’est révélée prédictive, je pense que l’on peut faire confiance à E Todd. Le prétexte des alliances de la guerre de 40 qui fut avancé à l’époque de la guerre des Balkans était-il la réalité ? Ce conflit a tourné guerre de religion officielle quand il s’est déplacé en Bosnie. Sauf que ce n’étaient pas les catholiques mais les orthodoxes qui écrasaient ce nouvel état.

 

Jean-Alain Baudry, 30 juin 2015.

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