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jean-alain Baudry

Certains ont le regard tourné vers le cosmos pour apercevoir des petits hommes verts. Certains contemplent l'oiseau, la fleur, le ruisseau bruissant. Moi, qui ne suis que moi, je regarde ma rue, ses personnages pittoresques, ses conflits dignes de la "guerre des boutons". Pour que rien ne s'échappe, je note, je note, je note (je ne fais plus confiance à mes neurones vieillissantes) et puis je souffle tout ça dans le vent...
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Œuvres

jean-alain Baudry

Le journal de Marius Corbeau.

Salut ! Moi c’est le renard ! C’est le surnom qu’on me donne. Il faut dire que je suis loin d’être con. Mon vrai nom, celui de l’état civil, c’est Marius Corbeau. Je suis enseignant, ou plutôt instit à la retraite. Mais en forme, pas ramolli pour un sou. J’habite une vieille ferme que j’ai retapée avec ma femme. Un bijou ! Pas ma femme, cette salope a levé le pied avec un connard que je me demande comment des types comme ça existent encore de nos jours. Bon, il est plein de fric, enfin il en montre tout le temps.

C’est le gars qui sort une liasse de sa poche pour payer une bière. Voyez le genre. On m’appelait déjà le renard que j’avais pas dix ans. Mon père (il faisait dans le commerce des vins de Bordeaux), habitait une grande maison à l’entrée du village. Quand il a divorcé, c’est de famille, un gène sûrement, on est allé s’installer près de la rivière. Il y est toujours, passant son temps à fureter le long des berges. Ma mère, elle est partie avec mon petit frère, je les ai revus une fois, pour le mariage, celui de mon frère. Depuis, on s’écrit pas, on se téléphone pas, c’est juste si j’ai appris la mort de ma mère par le notaire. Je me suis même pas déplacé, il y avait rien à hériter, j’ai tout laissé à Marcel. Faut dire que la générosité c’est en quelque sorte mon point fort. D’ailleurs tout le monde le dit, Corbeau, il a le cœur sur la main. Je suis pas ce qu’on appelle un beau mec, mais j’ai pas mal de succès, surtout auprès des femmes. Je vous dis pas combien j’en ai eu, j’ai jamais été fort en math, malgré que ça soit mon métier. Heureusement, j’enseignais que dans les petites sections. Et puis à l’époque, la mienne, les gamins la ramenaient pas comme aujourd’hui. Y  en a pas un qui bronchait. Avec moi, les mouches, c’est ce qu’il y avait de plus bruyant dans mes classes.
Ce que vous venez de lire, c’est les premières lignes de mon journal. Oui, j’ai décidé, maintenant que j’ai plus rien à faire, de tenir mon journal. Un réflexe de vieux ? Peut-être parce que j’ai plus personne à qui parler depuis que ma douce moitié s’est tirée et que les gamins se sont fait la malle. Un journal, c’est comme un interlocuteur, un confesseur, on peut tout lui raconter. Ce qu’on a vécu. Ce qui a marqué la journée. Pourquoi j’écris ce journal, ben c’est dans l’espoir qu’il sera lu par ma progéniture quand elle fouillera mes tiroirs… Après ma mort.
Lundi, j’étais au bistro à faire des parties de dames avec Étienne, deux types rentrent, se piquent au comptoir et commandent une bière chacun. Étienne et moi, on fait pas attention à eux, surtout Étienne qui est sourd de l’oreille gauche. C’est pour ça qu’il s’installe de façon à ne rien entendre des bruits de la télé quand il joue. Moi, je joue surtout pour passer le temps, ce qui fait que je perds trois parties sur cinq, en moyenne. Bon, c’est pas ce que je voulais imprimer. Ce que je voulais dire, c’est que les types engagent la conversation avec Jojo, le patron. D’ici, je veux dire de la table où je joue aux dames avec Étienne, j’entends pas ce qui se dit. Jojo, m’apostrophe : « Maître ! » Parce que certains m’appellent maître, c’est un jeu de mots en rapport avec ma profession et mon nom. Maître CORBEAU, maître d’école… Pigé ? J’en vois qui me prennent pour un demeuré, là-bas, au fond de la classe.
Je continue, Jojo me dit que les deux types cherchent une ferme isolée pour un week-end, genre logis pour recevoir des dames. Si je veux me faire un petit supplément ? Je réponds, faut voir… Les deux types terminent leurs bières et me disent qu’ils m’attendent dehors, dans leur voiture. Je bâcle la partie en train, ce qui n’est pas bien difficile, Étienne, comme d’habitude m’a déjà pris trois pions de plus, et je sors. Les types sont à fumer dans leur Mercedes grise. Je m’approche, le conducteur baisse sa vitre, me demande si c’est loin. Je leur dis de me suivre, et le cortège se met en branle, à petite vitesse. J’aime pas obliger les gens que je guide à jouer les pilotes de formule 1. 
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jean-alain Baudry

                            LE PERCEPTEUR
 Où notre héros rencontre des vents contraires.
 Guy Lamotte descendit les marches du café et empoigna le guidon de son vélo. Mais, au moment de démarrer, en appuyant sur la pédale, il perdit l’équilibre et s’affala au beau milieu de la ruelle, sous les rires des cinq ou six habitués perchés sur leur tabouret de bar comme une meute de singes sur un rocher. «  Tu y arriveras pas Percepteur, tu ferais mieux de rentrer à pied ». « T’aurais dû partir dans l’autre sens, le vent t’aurait aidé à tenir ». Guy Lamotte ne répondit pas, comme s’il n’avait entendu ni les rires gras et bruyants, ni les quolibets. Il se relève avec d’évidents efforts et, bien campé sur ses deux jambes écartées, il constate avec un air mi-songeur, mi-interrogatif, que le vélo est resté à terre, avec le cadre entre ses jambes.
Il le lève. Mais en le relevant, le vélo le déséquilibre une fois encore, et il s’écroule de l’autre coté, sur le trottoir. Les quolibets reprennent de plus belle « Non arrêtez, vous êtes pas sympa ». Loulou, qui officiait sans un mot jusque là, derrière son comptoir, tel un prêtre devant l’hôtel insista « Allez les gars, il est pas en état de vous répondre » « Mais Loulou, t’avait qu’à pas le servir ». Loulou ne répliqua pas, et avec une humeur égale qui faisait tout le charme de ce géant débonnaire, il descendit les marches de son sanctuaire pour accomplir sa « B A » quotidienne. « Attendez M’sieur Lamotte, vous feriez mieux de rentrer à pied ». « Ah ! Mais non Loulou, t’est gentil mais je vais être en retard et mes petites poulettes vont encore râler ». « Mais M’sieur Lamotte, vous irez bien plus vite à pieds, avec le vent qu’il y a...Et de face en plus ». Insensible à la diplomatie de Loulou, Guy Lamotte s’obstinait pendant que les autres, toujours perchés sur leurs tabourets, ricanaient. Mais en silence, tant était fort l’ascendant que Loulou faisait peser sur son petit monde de clients réguliers. Guy Lamotte, toujours à son obsession de se jucher sur sa bicyclette, essaye encore une fois de la redresser. « Ah ! Non que je la  laisserai pas dans la rue, y a huit jours on m’a piqué ma sonnette » « Peut être qu’elle s’est détachée une fois que vous êtes tombé » Loulou n’est pas du genre à mettre de l’huile sur le feu. Mais Guy est aussi un bon bougre. « Ouais ! Peut être bien que tu à raison Loulou. Tiens ça y est. J’suis dessus ma bécane... Allez c’est partit ».
Miracle ! Enfin si l’on peut parler d’un miracle pour un événement quasi quotidien. Le vélo reste droit. Guy Lamotte reste en équilibre dessus, et en serpentant un peu, mais beaucoup moins qu’on aurait pu s’y attendre, il descendit la rue et disparu en un clin d’œil. Les lois de l’équilibre furent respectées jusque devant le petit pavillon qui servait à la fois de bureaux et de logement de fonction. Il essaya de freiner mais la roue arrière chassa sur les gravillons que les services de la voirie répandaient régulièrement tout au long de l’année. Dans un grand bruit de ferraille il se retrouva assis devant la porte du bureau.
Ce moyen de signaler son arrivée ne fit même pas sursauter Paulette bien trop habituée. Quant à Virginie sa petite cousine, elle n’eut pas plus de réaction que si elle avait eu un Walkman branché à pleine puissance.

 « M’sieur Lamotte, vous avez vu l’heure ? Le maire a déjà téléphoné deux fois. Je lui ai dit que vous étiez en rendez-vous. J’ai eu du mal, il voulait juste vous dire un mot. » « A quel sujet ? » « Ah ! Ça, il a rien voulu dire... Non mais dans quel état vous êtes... Vous feriez mieux d’aller faire une petite sieste... Mais pensez qu’à six heures il y a réunion à la Mairie. » « Ah c’est pour ça qu’il téléphonait l’Amiral de mes fesses ! » « Ah ! Non M’sieur Lamotte soyez poli, et puis il y a ma cousine » « Elle a du naître avec des boules Kies ou alors sa mère lui a crevé les tympans avec un coton tige. Elle entend rien, elle répond jamais. Et puis d’abord t’est sûre qu’elle est pas sourde tout bêtement ? » « Mais non elle pas sourde, justement. Bon allez au lit et penser à vous réveiller. Qu’est ce que je dis au Maire s’il rappelle ? » « Y a plus de sous, y z'ont tout bouffé. » « Non soyez sérieux, qu’est ce que je lui dis ? » Guy la planta là et se dirigea vers la porte marquée privé. Au fond du bureau. « Allez mes petites poulettes je vais faire un petit somme et ça va repartir comme en quatorze ». Il était temps, les premiers contribuables frappaient à la porte 
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jean-alain Baudry

Poussabout est une fée. Mais pas une fée déguisée en mariée avec une baguette magique qui étincelle comme une bougie d'anniversaire. Non, Poussabout, tu ne la remarquerais pas dans la rue. Pas plus que tu ne remarquerais un marabout africain dans la file des gens qui font la queue devant le bureau de vente des jeux de loto. Pas plus que tu ne ferrais attention à cette dame qui sort de la boulangerie, et qui pourtant est une voyante extra lucide. De ces personnes qui voient l'avenir dans une boule de cristal, des cartes à jouer ou de la poudre de café déjà utilisé. Poussabout en la voyant, tu ne saurais pas que c'est une fée. Elle non plus au début, elle ne le savait pas. Je vais te raconter comment elle s'en est aperçue, comment elle a vu qu'elle possédait un pouvoir magique.
Mais avant, il faut que je te dise que Poussabout est un peu enveloppé, comme dit Obélix. Elle se désolait, c'est avant qu'elle ait la révélation de son pouvoir, elle se désolait de ne pas rentrer dans les robes qu'elle voyait en vitrine ou à la télé sur les tops modèles qui défilent en présentant des vêtements extravagants. Le médecin lui demanda quel était son régime alimentaire. L'inconsciente se nourrissait exclusivement de sandwichs américains avec des frites, de moules avec des frites, de steaks avec des frites. En sortant du cabinet médical, elle avait pris la ferme résolution de remplacer les frites par de la salade cuite. Une semaine après, elle était d'une humeur à jeter par la fenêtre tout ce qui était vert dans son assiette. Personne dans son entourage n'osait plus lui parler. Même ses amies changeaient de trottoir quand elles la voyaient arriver, de loin. Elle n'y tenait plus, elle courut jusqu'au restaurant à sandwichs le plus proche et commanda une part géante de frites et une boisson gazeuse pleine de bulles et de sucre. Elle se goinfrait. Ses doigts dégoulinaient de graisse. Elle était barbouillée de ketchup comme si elle avait fait déborder son rouge à lèvres en se maquillant le matin. Et comble de grossièreté, elle poussa un rot énorme après la première gorgée de boisson.
Ses voisins de table, un monsieur très comme il faut, une dame très chic et un petit garçon très gourmand, lui jetèrent un regard désapprobateur. Sauf le garçon qui en avait vu d'autres, et des pires, à la cantine. Poussabout les regarda elle aussi, rebue une nouvelle gorgée, et re rota en faisant encore plus de bruit. Le monsieur bien comme il faut fit une réflexion, la dame chic approuva, Poussabout rougie jusqu'au creux des oreilles. Pas de honte, elle n'avait jamais honte de rien, mais de colère. Quoi, ces gravures de mode se permettaient de critiquer une brave fille comme elle ? Mais pour qui ils se prenaient, ces collets montés. "Je voudrais bien voir leurs têtes si les pneus de leur voiture explosaient, tous en même temps." Pensa-t-elle. "Ah ! La voiture, elle fume !" Cria le petit garçon. "Mais, c'est ma voiture !" Le monsieur se leva d'un bond faisant tomber sur son pantalon son sandwich surdosé en mayonnaise et en ketchup. Sans même s'essuyer, il se précipita vers le parking en renversant au passage des chaises et une table. "Maman, je peux aller aux jeux pendant que papa répare l'auto ?" – "Bien sûr mon petit chéri." Répondit la dame chic. C'est ainsi que Poussabout s'aperçut qu'elle possédait le don de se venger des adultes et de faire plaisir aux enfants que l'on obligeait à se tenir aussi sage que des images, contre leur volonté.

Poussabout, tu t'en doutes, n'est pas le nom de naissance de notre héroïne de fée. Sur sa carte d'identité, comme sur son permis de conduire est inscrit : Amélie Dupont, avec un "t". Poussabout c'est, en quelque sorte, son nom de scène, comme en ont beaucoup de chanteurs de la télé. Tu m'as dit que tu ne connais pas d'artiste en dehors de ceux qu'on voit dans les émissions de variétés, sauf un, qui vient tous les ans à l'école et qui te fait beaucoup rire parce que tu le trouves hyper marrant, lui aussi se fait appeler par un autre nom que celui que ses parents lui ont donné. Je reviens à Poussabout. Elle signe ses bienfaits, pour les enfants, et ses méfaits, pour les adultes, par son pseudonyme. Ses voisins l'appellent mademoiselle Amélie, mais ses victimes se rendent compte, très vite, qu'elle est une fée, la fée Poussabout.
A suivre...
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Questionnaire de l'Atelier des auteurs

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J'aime taper sur le clavier (deux doigts)... Dire "dans le vent" quand l'entourage n'apprécie pas ma parole (j'emmerde tout le monde avec mes théories dit mon épouse)... Il ne me reste que l'écrit et, heureusement, la technique moderne... Alors, merci Scribay !!!
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