Chapitre 38 - La fuite

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Freyki regardait autour de lui tous ceux qui s'étaient réuni pour se battre avec le terrible dragon noir. Arme au poing, il attendait que Varen Draze surgisse de la montagne pour lancer l'assaut. Les battements de son cœur s'accéléraient au fur et à mesure que les secondes passaient. Il repensa aux paroles d'Elrynd, qui doutait que Jaelith soit encore en vie.

— Jaelith...

Il murmura son nom pour lui-même. Il espérait de tout son cœur qu'elle l'attende, quelque part, saine et sauve. Peu lui importait de savoir qu'elle le détestait. Il voulait juste la savoir en vie... Feiyl restait aux côtés d'Elrynd, anxieux. Il ressentait une terrible puissance se dégager de la montagne. C'était sûrement Varen Draze. Il frissonna. Le capitaine paladin se tourna vers lui.

— Si jamais les choses tournent mal, Feiyl, ne cherche pas à te battre. Fuis. C'est un ordre. Est-ce que c'est clair ?

— Oui, capitaine.

Il serra contre lui sa courte épée. Il pensait qu'elle lui serait sûrement inutile face à cette créature monstrueuse. Tout le monde attendait, dans le calme. L'atmosphère était lourde. Le silence dura pendant quelques longues minutes, puis lorsqu'une énorme forme noir sortie de la montagne, plusieurs cris de surprises retentirent.

Freyki hurla, c'était le signal du début de la bataille. Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que Varen Draze n'était pas seul. Feiyl pouvait voir la peur dans les yeux de ceux qui se tenaient à ses côtés. Pourtant, tous avançaient pour se battre malgré leurs appréhensions. Les humains lancèrent un cri et foncèrent vers leurs cibles.

Varen gloussa quelques instants faces aux pathétiques tentatives des paladins qui cherchaient à l'atteindre tendit qu'il volait aux dessus d'eux. Puis il prit sa respiration avant de lâcher un large souffle de flamme qui, lui semblait-il, consuma tout sur son passage. Lorsque la fumée disparue, il fut déçu. Le nombre de victimes étaient quasiment nulles. Les quelques paladins qui le pouvaient avaient dressés des protections magiques pour protéger leurs camarades.

Dalvan, sous sa forme draconique, était beaucoup plus petit et plus fin que son frère. Il n'osait pas s'approcher des humains et restait près de l'entrée qu'il venait de franchir, observant la bataille. Il n'avait pas de haine particulière contre les humains et ne trouvait pas vraiment de plaisir à se battre contre plus faible que lui. Il attendait le moment propice pour faire ce qu'il avait décidé depuis quelques jours.

Freyki n'avait qu'une seule envie : se frayer un chemin jusqu'à son adversaire et lui faire gouter la morsure de sa lame à travers la gorge. Il regarda rapidement autour de lui et aperçu Feiyl, qui ne quittait pas le dragon noir des yeux. L'homme à la cicatrice pesta. Qu'est-ce que cet enfant fichait ici ? Non loin d'eux, Varen se posa au sol, attaquant les humains à coups de griffes, de queue, de gueule. Ceux qui se trouvaient autour de lui mourraient dans d'atroces souffrances. Si les paladins et les prêtres arrivaient à protéger et à soigner leurs camarades, il n'en était pas de même pour l'attaque. Recevoir à pleine puissance la lumière ne semblait pas déranger la créature plus que cela. Elle semblait immunisée. Il fallait trouver autre chose, et pas une seule fois le dragon noir ne se laissait approcher. Freyki attrapa le dragonnet par l'épaule et le sermonna rapidement.

— Qu'est-ce que tu fiche ici ? Tu as envie de te faire tuer ?

— Je veux me battre aussi !

Un souffle de flammes passe près d'eux, brûlant ceux qui n'avaient pas eu la chance de se trouver sous une protection de lumière. Certains reculaient, le cœur envahit par la peur. La panique avait gagné la plupart des hommes qui se trouvaient là.

— Regarde autour de toi Feiyl ! Tu penses vraiment que tu pourrais sortir vivant de cette bataille ?

Le dragon ne répondit pas. Ses mains tremblaient. Il voulait servir à quelque chose. Il voulait protéger les hommes. Il voulait aider ceux qui avaient eu confiance en lui. Il voulait sauver Jaelith. Sans attendre un instant de plus, Feiyl courut se jeter sur Varen Draze, au grand dam du roi loup qui ne put l'arrêter. Le dragon noir le laissa approcher, attendant le bon moment pour l'écraser d'un coup de patte. Il le manqua de peu, car Feiyl était rapide. Il roula sur le côté et fit une entaille sur le torse de son adversaire. La blessure était superficielle. Il ne semblait même pas l'avoir remarquée. Un coup de patte repoussa Feiyl qui roula sur le sol quelques mètres plus loin.

Freyki s'interposa de justesse pour ne pas que son petit camarade ne se fasse tuer et Varen le frappa au visage. Le souverain tomba au sol, à moitié sonné, crachant du sang. Le dragon s'amusait avec eux. Il voulait les faire souffrir le plus possible avant de les achever. Feiyl se releva, jambes tremblantes. Il ramassa son épée et chargea à nouveau son adversaire. Varen le repoussa sans effort et il se retrouva à nouveau au sol.

— Alors comme ça, il te reste encore beaucoup d'être cher à ton cœur, roi loup ?

La voix rauque du dragon résonnait dans les oreilles de Freyki qui se releva avec beaucoup de mal. La tête du dragon se tourna vers Feiyl, et le souverain blêmit. Varen Draze prit alors son souffle. Tout se passa en quelques secondes. Freyki avait couru vers l'adolescent en dépit de ses blessures. Il savait qu'aucun des deux ne pourrait éviter la salve de feu qui allait les engloutir. Le roi loup attrapa Feiyl et le serra dans ses bras, s'interposant entre lui et les flammes qui arrivaient, brûlantes. Il ferma les yeux, se maudissant de devoir mourir ici alors qu'il ne l'avait pas revue.

Jaelith.

Les secondes passèrent, mais la morsure des flammes ne l'atteignit pas. Desserrant son étreinte sur Feiyl, il venait de comprendre ce qui s'était passé. Elrynd maintenait une protection magique autour d'eux. Vexé par cette l'intervention du capitaine paladin, Varen Draze changea de cible et se rua sur ce dernier. Le jeune homme, voyant la menace arriver droit sur lui, cessa d'utiliser la lumière pour protéger son roi et un dôme lumineux l'entoura, le protégeant contre la colère du terrifiant dragon.

Le roi loup était mal en point, mais vivant. Rien ne tournait comme il l'avait souhaité. Il manqua de retomber à terre, mais Feiyl le soutenait. Du sang coulait sur le visage de l'homme à la cicatrice, formant un rideau rouge devant ses yeux, l'empêchant d'y voir clair.

Feiyl voyait le dragon s'acharner sur la protection d'Elrynd, qui consommait sa lumière à une vitesse fulgurante. Il ne tiendrait pas longtemps comme ça. Le souverain savait que le dragonnet mourrait d'envie d'aller aider son camarade.

— Ne fait pas l'imbécile Feiyl. Tu n'y arriveras pas seul.

Freyki ramassa une épée qui se trouvait au sol. Il n'allait pas rester là sans rien faire.

***

Jaelith se tenait prête de Dalvan, qui était toujours sous sa forme de dragon. Elle regardait la terrible bataille, se maudissant de ne pas pouvoir y assister et prêter main forte à ses camarades. Son poing alla s'écraser sur le mur de pierre.

— Fait moi descendre de là ! Je dois y aller !

Elle hurlait de rage sur le dragon qui ne semblait pas l'écouter. Le regard de Dalvan observait son frère. Le moment qu'il attendait était tout proche. Se tournant vers la jeune femme, il ordonna d'une voix froide :

— Grimpe sur mon dos. Il est temps de partir d'ici.

Obéissante, la femme paladin eut le plus grand mal à s'installer sur le dos de la créature tant elle était grande. Elle demanda :

— Nous allons rejoindre la bataille ?

— Ne m'as-tu pas dis que tu voulais partir au sud ?

— Oui, mais le plus urgent...

— C'est fichu pour ceux qui se trouvent là. Nous ne pouvons qu'en profiter et prendre la fuite tant que mon frère est occupé.

Dalvan s'éleva haut dans les airs, et Jaelith cru qu'elle allait tomber dans le vide. Elle s'accrochait avec force aux écailles du dragon noir qui contourna la montagne avant de s'éloigner doucement de la bataille.

***

Varen Draze sentait que quelque chose n'allait pas. Laissant pendant quelques second Elrynd, il releva la tête et balaya le champ de bataille du regard. Dalvan n'était nulle part. Le dragon noir s'envola, ignorant les humains, et retourna rapidement dans la cité naine qui était vide de toute vie. Il cria le nom de son frère une fois, puis deux. La seule réponse qu'il obtint, ce fut l'écho de sa propre voix. Varen Draze hurla de rage. C'était un cri inhumain qui résonna dans la montagne et aux alentours. Dalvan avait provoqué sa colère. Il avait pris la fuite avec la fille. Il allait payer pour sa trahison.

Chacun avait vu le dragon s'envoler dans la montagne pour en ressortir hurlant de rage. Et personne ne comprenait ce qui se passait vraiment. Varen Draze semblait les avoir totalement ignorés. Il tourna autour de la montagne pendant quelques minutes, puis s'envola vers le nord, laissant là les humains qui le regardait s'éloigner les yeux écarquillés de surprise. Freyki demanda à voix haute :

— Qu'est-ce qu'il se passe ? Il lui arrive quoi à ce maudit dragon ?

— Il est très en colère... Il a hurlé qu'il se vengerait. Je ne sais pas de qui, mais il semblait véritablement le haïr de toute son âme.

Autour d'eux, les prêtres et les paladins capables de soigner s'occupaient des blessés. Un prêtre s'approcha du roi, mais celui-ci le repoussa vivement, se relevant et ne quittant pas la montagne noire des yeux.

— Elle est là-bas... Il faut qu'on aille dans la montagne ! Jaelith doit sûrement être là-bas !

Feiyl secoua la tête. Il ne ressentait pas la présence de la jeune femme, mais ne voulait pas faire de peine au souverain. Ce dernier rassembla autant d'hommes valides qu'il pouvait, et ils se dirigèrent vers ce qui semblait être l'entrée de la cité naine. Il leur fallut presque une journée entière pour déblayer l'entrée. Et il leurs fallut une autre journée pour parcourir la citée de fond en comble. Mais il n'y avait pas de trace de la jeune femme.

Freyki s'était laissé tomber à genoux. Où était-elle ? Elle ne pouvait pas être morte ! C'est impossible ! Ses poings martelèrent le sol de rage, et il hurla. Son cri de douleur résonna dans toute la cité. Puis un lourd silence entoura les personnes présentes. Certains repartaient déjà rejoindre leurs camarades au bas de la montagne. Au bout de quelques minutes, ils n'étaient que deux dans la grande salle de pierre. Tête baissée, le roi loup ne voyait pas que Feiyl était resté. La petite voix résonna faiblement.

— Elle n'est pas morte, roi. Elle ne peut pas mourir aussi facilement. Elle a dû trouver le moyen de s'enfuir. Peut-être est-elle sur le chemin de la capitale ?

Le dragonnet n'attendait pas de réponse. Il voulait juste quitter cet endroit qu'il trouvait oppressant. Il sentait que Jaelith avait séjournée ici.

— Si elle avait été tuée, nous aurions retrouvé son corps, mais ce n'est pas le cas ! Il faut partir et attendre roi loup ! Elle reviendra ! Je suis sûre qu'elle reviendra !

Freyki soupira un grand coup, puis se releva. Il tapota doucement la tête du petit dragon qui le regardait de ses pupilles dorées, puis tous deux partirent rejoindre leurs camarades. Au fond de son cœur, l'homme à la cicatrice espérait qu'elle reviendrait.

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