Chapitre 36 - Trahison

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Freyki s'était lavé. La fraicheur de l'eau sur son corps le réveilla totalement. Il avait l'impression d'avoir dormit pendant les derniers jours, et le sermon du capitaine paladin l'avait réveillé. Il regarda sa lourde armure, se demandant si elle était bien appropriée, puis décida de rester en tenue légère. Un gilet de cuir serait suffisant, il n'allait pas combattre de dragon dans les minutes à venir de toute manière. Il ajusta l'épée qui pendait à son côté, et sortit de la petite salle pour se rendre où l'on l'attendait.

Il y avait déjà du monde dans la salle de réunion. Elrynd attendait, regardant impatiemment la porte par laquelle le souverain devait entrer. Le général Drake était là lui aussi. Un léger sourire aux lèvres, il se demanda si son roi avait récupérer ses esprits. Si c'était le cas, il n'hésiterait pas à jouer avec lui encore un peu... Avant d'en finir. Plusieurs hommes en armes se trouvaient là, des capitaines de plusieurs divisions des armées. Chacun attendait les ordres. Car s'ils avaient été convoqués ici, c'était sûrement qu'ils allaient rapidement partir en guerre. Le roi loup apparut finalement et se plaça aux côtés d'Elrynd.

— Quelles sont les nouvelles du nord, capitaine Kervalen ?

— Les dragons noirs ont, semble-t-il, abandonné leurs attaques sur les villes et villages du nord. L'armée du général Uchen sera de retour d'ici deux à trois jours. Une troupe de paladins ainsi que des prêtres de Silverlake viendront rejoindre la capitale en renfort contre le dragon Varen Draze.

— Deux à trois jours ? Ca nous laisse le temps de mettre au point une technique d'attaque si ce dragon pointe le bout de son museau. Je me demande bien où ce monstre se cache...

Arhan manqua d'éclater de rire. Qu'est-ce qu'ils étaient naïfs. Ils pouvaient être des centaines, si le clan fondait sur la cité, pas un seul de ces humains ne s'en sortirait vivant. Feiyl venait de se glisser dans la salle. Il avait ressenti une puissance familière pendant quelques instants. Il avait cru reconnaitre l'aura d'un dragon. Le dragonnet s'était installé à part des hommes et les observait de loin.

Le général Drake écoutait vaguement le discours de son roi. Il était plus occupé à surveiller le petit dragon. Si quelqu'un pouvait découvrir sa véritable nature, c'était un de ses semblables. Par chance, auparavant, il avait réussi à cacher sa puissance à chaque fois qu'il savait Feiyl non loin de lui. Mais là... Il ne pouvait pas se permettre d'être dévoilé maintenant. Feiyl voleta jusqu'aux jambes du roi loup et observait de plus près ceux qui se trouvaient là, silencieusement. Il se doutait que quelque chose n'allait pas, mais n'arrivait pas à mettre la main dessus.

— Quelque chose ne va pas Général Drake ?

La voix de Freyki avait résonnée dans la salle si fortement que la plupart des personnes sursautèrent. Arhan se racla la gorge. Il se doutait que le souverain l'avait pris en grippe depuis les mauvais conseils qu'il lui avait donnés, mais s'en fichait totalement.

— Non, tout va pour le mieux mon roi.

Le regard du dragon noir croisa pendant quelques secondes celui de Feiyl qui frissonna. Ce dernier venait de ressentir quelque chose qui ressemblait à un avertissement. Le dragonnet savait que cela venait d'Arhan, et malgré sa peur, il continua son petit manège et ne le quittait pas des yeux. Feiyl attendait qu'il se trahisse lui-même, ce qui ne manquerait pas d'arriver... Tout du moins, il l'espérait.

Le général Drake savait que cette petite créature se doutait de quelque chose à son sujet, et malgré le message qu'il venait de lui passer, Feiyl continuait à l'observer, et il ne supportait pas ça. Il fallait qu'il remettre les idées de cet imbécile en place. Le petit dragon azur eut droit à un second avertissement silencieux qu'il ignora.

La patience d'Arhan arriva à bout, et sans attendre un instant de plus, il s'amusa à faire souffrir le dragonnet qui se mit à gémir de douleur. L'effet ne serait pas le même que sur un humain, mais qu'importe. Il l'avait bien cherché. Voyant le comportement étrange du petit dragon, Freyki se pencha sur lui.

— Qu'est-ce qu'il se passe Feiyl ?

Tout en supportant la douleur, la petite créature répondit avec difficulté :

— Le dragon... Il est là...

Son regard ne quittait pas celui du général Drake. Le roi loup hurla :

— Cessez de vous en prendre à plus faible général Drake, si c'est bien là votre véritable nom !

Freyki venait de sortir son arme de son fourreau, comme la plupart des personnes présentes. Arhan pesta. Il était découvert. Tout ça à cause de cet imbécile de dragonnet. Sachant qu'il ne pouvait cacher sa véritable nature plus longtemps, il regarda les humains autour de lui et se mit à rire.

— Vous pensez vraiment que vous pourrez vaincre un dragon aussi facilement ?

Sous les yeux de tous, dans un hurlement inhumain, l'homme se métamorphosa en une imposante créature aux écailles noires comme l'ébène. Observant la stupeur dans les yeux ceux qui se trouvaient là, il gloussa.

— Quel dommage que je ne puisse plus jouer avec vous roi loup... Ce fut véritablement amusant de vous voir vous déchirer avec cette fille.

A peine avait-il finit sa phrase qu'il se jeta sur l'homme à la cicatrice, toute gueule devant. Freyki esquiva l'attaque en se jetant sur le côté.

Feiyl s'était caché dans un coin pour souffrir en silence. Ce dragon noir lui avait faire quelque chose, mais il ne savait pas exactement quoi. Il avait mal à la tête, et la douleur se propageait dans tout son corps, le brûlant de l'intérieur. Haletant, en sueur, il observait le combat qui se déroulait face à lui et se maudit d'être incapable de faire quoi que ce soit pour les aider.

Le seul dragon que Freyki avait véritablement affronté était Varen Draze, et il était loin d'être sorti vainqueur de cette bataille. Mit à part Elrynd qui se tenait non loin de lui, il savait que personne ici n'en avait affronté. Le capitaine se tourna vers sons souverain. D'une voix assez forte pour qu'il l'entende, mais pas assez pour que le dragon y fasse attention, il demanda :

— La seule manière de s'en débarrasser, c'est d'atteindre sa gorge. Vous pensez pouvoir y arriver ?

— Je le décapiterais !

Freyki s'était élancé, mais Arhan, le voyant venir, le repoussa en lançant sur lui les quelques courageux guerriers qui avaient eu l'audace de l'attaquer. Tous tombèrent à terre. Le dragon noir scruta la salle.

— Je pourrais tous vous tuer d'un souffle de flammes, mais ce ne serais vraiment pas amusant. Montrez-moi à quel point vous voulez survivre, misérables humains !

Sa gueule se referma sur l'un des hommes qui avait eu le malheur de se trouver non loin de lui et il le brisa tout simplement en deux avant de le laisser tomber au sol. Certains guerriers avaient quitté la salle en courant, trop peureux pour continuer à se battre. Ils n'étaient plus qu'une quinzaine encore debout à faire face à la terrible créature.

Freyki regretta de ne pas avoir mis son armure pour cette réunion. Le gilet de cuir ne le protégerait pas si jamais il venait à se prendre un coup de griffe du dragon noir. Elrynd, que ce dernier n'avait pas encore remarqué, se glissa discrètement derrière. Arme au poing, il savait que ce qu'il allait tenter était dangereux, mais si il ne le faisait pas, alors s'en était finit de tous ceux qui se trouvaient ici. Le roi loup devina ce que comptait faire le paladin et attira l'attention du monstre.

— Je croyais que tu voulais nous tuer, qu'est-ce que tu attends ? Viens te battre !

La provocation fonctionna à merveille et Arhan tourna sa tête vers l'homme à la cicatrice.

— J'arrive, roi loup ! Et tu souffriras comme cette fille !

A l'évocation de Jaelith, le regard de Freyki se durcit d'avantage.

— Je t'interdis de parler d'elle !

— De toute façon, tu ne risques pas de la revoir là où elle est. Peut-être même que mon frère s'est déjà débarrasser d'elle, qui sait ?

— Ferme là !

— Il l'a peut-être fait brûler à petit feu dans les flammes de la montagne noire... Ha !

Arhan sentit une vive douleur au niveau de sa gorge. C'était Elrynd qui venait d'y enfoncer son épée. Malheureusement, il n'arrivait plus à l'en sortir. Le dragon noir secoua rapidement son corps, se débarrassant de l'opportun qui roula sur le sol. Délaissant le roi loup, il s'approcha du capitaine, les yeux dorés remplis de rage.

— Misérable créature ! Tu as cru qu'un simple coup d'épée allait me détruire, moi ? C'est mal me connaitre !

Un large sourire apparut sur le visage d'Elrynd. Et avant qu'Arhan n'ai eu le temps de comprendre pourquoi, Freyki, qui s'était glissé jusqu'à lui, venait de saisir l'épée et fit plusieurs aller-retour dans la gorge de la créature, agrandissant la plaie, se frayant un chemin jusqu'à la carotide qu'il sectionna. Le dragon tomba dans un gargouillis affreux et convulsa. Quelques minutes plus tard, Arhan Drake n'était plus qu'un mauvais souvenir. Un long silence envahi la salle. Chacun regardait son voisin d'un drôle d'air. Puis enfin, quelqu'un prit la parole.

— Alors n'importe qui pourrait être en fait un dragon ?

Freyki, encore essoufflé, secoua la tête.

— Non... Et même si un autre dragon se cachait parmi nous, je suis sûr que Feiyl saurait le découvrir.

Feiyl... Le roi loup s'approcha du coin ou le dragonnet s'était caché, derrière les bancs de pierre, prêt d'une des bannières qui était tombée. Ce qu'il découvrit le surprit au plus haut point. Recroquevillé contre le mur de pierres glacées, un adolescent qui ne devait pas avoir plus de douze ans le regardait de ses grands yeux dorés. Nu, tremblant comme une feuille, Feiyl cherchait une explication pour le souverain.

— Je ne sais pas ce qu'il a fait exactement... J'ai entendu la voix de ce dragon dans ma tête, il ne cherchait pas à me tuer, mais à me faire souffrir le plus possible. C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour atténuer la douleur...

La petite voix claire ne pouvait pas tromper ceux qui avaient côtoyés le dragonnet azur.

***

Varen Draze secoua la tête, déçut. Dalvan ressentait ce qu'il venait d'arriver, mais n'avait aucune certitude. Il demanda à son frère :

— Arhan est mort ?

Le terrible dragon noir acquiesça d'un signe de tête.

— Cet imbécile n'a eu que ce qu'il méritait. S'il avait été plus malin, il aurait pu rester parmi les humains et continuer à m'informer de leurs desseins. Mais il a voulu jouer avec eux et ça s'est retourné contre lui.

— Et ça ne te touche pas plus que ça Varen ? C'était notre frère !

— C'était un idiot. Il a joué, il a perdu. C'est tout ce qu'il y a à retenir.

Dalvan sortit de la salle où tous deux se trouvaient. Décidément, il comprenait de moins en moins son frère.

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