Chapitre 14 - Rencontre

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Le soleil descendait doucement lorsque les tours de Goldrynn apparurent dans le lointain. La bateau arriva rapidement à bon port, et chacun descendit sur la terre ferme, heureux de la retrouver après ces quelques heures en mer. Elrynd et Jaelith récupérèrent leurs montures ainsi que Feiyl, puis remercièrent rapidement Remur qui préparait déjà le prochain voyage et attirait les gens qui voulaient faire la traversée.

— Nous allons d'abord trouver une auberge pour déposer nos affaires, puis j'irais porter le message du seigneur Libram au roi.

— Et nous ?

— Profite-en pour faire le tour de la ville Jae'. Par contre, les dragons ne sont pas vraiment appréciés par ici. Feiyl devra se contenter de rester cacher.

Tous deux marchèrent le long des rues animées puis s'arrêtèrent à la « Mésange bleue ». L'auberge était propre et les prix semblaient convenables. Elrynd prit alors deux chambres à l'étage et paya d'avance pour la semaine à venir. Après tout, il ne savait pas combien de temps ils allaient rester ici.

Jaelith monta alors les escaliers et déposa ses affaires dans la minuscule pièce qui lui servirait de chambre pour les prochains jours. Il y avait un lit et une commode. Rien d'autre. Une toute petite fenêtre donnait sur la rue.

— Faire un tour en ville... Qu'est-ce que tu en penses toi ?

Elle se tourna vers Feiyl qui parut ravit. Ce dernier s'enroula dans sa couverture et attendit que la demie elfe le prenne dans les bras, ce qui ne tarda pas.

La capitale était immense. Chaque rue était pleine de vie. Jaelith se demandait si la nuit, c'était pareil. Elle avait du mal à imaginer les rues vides et silencieuses. Elle laissa ses pas la porter à travers les ruelles. Ses yeux étaient tout le temps attirés par les devantures des marchands qui proposaient de tout.

Au bout d'un moment, la jeune femme sentit ses pieds la faire souffrir. Cela devait faire une heure qu'elle marchait, et Feiyl avait l'air de vouloir sortir de sa couverture dans laquelle la chaleur devait être étouffante. Non loin de l'endroit où ils se trouvaient, il y avait un cimetière.

A cette heure-ci de la journée, il n'y avait personne. Jaelith y entra donc.

***

— Le roi n'est pas là ?

— Il est absent pour le moment, mais si c'est vraiment urgent, vous pouvez toujours passer à la première heure demain matin.

Elrynd remercia le garde qui gardait le donjon et salua rapidement le camarade de ce dernier avant de repartir pour l'auberge de la Mésange Bleue. Demain matin, à la première heure, il serait là. Et il donnerait le message du seigneur Libram à son roi.

***


— Tu devais mourir de chaud dans cette couverture.

Sur la branche de l'arbre où elle s'était installée avec Feiyl, Jaelith avait une vue magnifique de la capitale. Le petit dragon s'était installé sur les genoux de la jeune femme et semblait soulagé de ne plus porter cette couverture. Tous deux observait l'impressionnant spectacle que leurs offrait le paysage. Jaelith ferma les yeux quelques instants, puis une voix la rappela à la réalité.

— Vous n'avez pas peur de tomber de la hauteur où vous êtes ?

Rapidement, la demie elfe posa la couverture sur le dragonnet avant de regarder sous elle. La silhouette de l'homme lui disait vaguement quelque chose. Elle le regarda plus attentivement. Les cheveux noirs comme l'ébène entouraient un visage carré et orné d'une immense cicatrice. Ces yeux sombres lui rappelaient quelque chose, mais elle n'arrivait pas à mettre la main dessus.

— Pourquoi devrais-je avoir peur ?

— Il suffit d'un seul faux pas et vous vous retrouverez au sol. Plus ou moins en bon état selon votre chute..."

Feiyl bougea aux côtés de la jeune femme. Celle-ci lui fit signe de ne pas faire de bruit, mais le petit dragon couina. Jaelith lui murmura :

— S'il te plait, reste tranquille. Il y a quelqu'un en bas...

Et tandis qu'elle arrangeait la couverture pour cacher la petite créature, elle glissa, cria et ferma les yeux. La chute fut brève et ne dura que quelques secondes. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle fut surprise de ne pas se retrouver au sol, blessée. Cet homme inconnu l'avait rattrapé. Il la dévisagea quelques secondes sans rien dire, puis lui demanda :

— Tout va bien ma dame, rien de cassé ?

— Non, je... Je vais bien, merci.

Cet homme lui rappelait quelqu'un, maintenant, elle était sûr et certaine de l'avoir déjà vu quelques part. Cette cicatrice qui lui traversait le visage lui était familière. Elle allait parler, mais il prit la parole.

— Est-ce que nous nous serions déjà vus quelque part ?

Jaelith sentit ses joues se rosir lorsqu'elle secoua la tête.

— Non... Je ne crois pas.

— En êtes-vous sûre et certaine ?

— Je ne suis jamais venue dans la capitale jusqu'à aujourd'hui. Il m'est donc impossible de vous avoir déjà vu auparavant.

Pourtant, elle pensait qu'elle le connaissait. Il l'aida à se relever puis leva la tête.

— Vous avez oublié quelque chose là-haut ma dame, je me trompe ?

Jaelith leva la tête aussi puis repensa à Feiyl. Elle cria presque le nom du dragon.

— Feiyl !

A l'appel de son nom, le dragonnet osa sortir sa tête de la couverture, la fit glisser jusqu'au sol puis voleta jusqu'à la jeune femme qui ouvrit grand les bras pour l'accueillir. Feiyl se lova dans les bras de la jeune femme, sous le regard médusé de l'homme qui observait la scène. Il demanda d'une voix rauque :

— C'est un dragon ?

Jaelith recula, serrant Feiyl dans ses bras. Elle fronça les sourcils puis s'adressa froidement à son sauveur.

— Oui, c'est un dragon. Mais il n'a rien fait de mal à personne.

— Ce n'est pas ce que j'ai dit. Mais je préfère vous mettre au courant avant d'avoir des problèmes. Les dragons ne sont pas vraiment les bienvenus ici depuis la dernière guerre.

— Je sais, mais je ne pouvais pas le laisser seul.

L'inconnu se baissa pour ramasser la couverture, se rapprocha de la jeune femme puis enveloppa le dragon, ne laissant sortir qu'un bout de son museau.

— Vous devriez éviter de le laisser sortir. Pour sa sécurité et la vôtre.

— Je le sais très bien, mais...

Jaelith baissa la tête. Le soleil venait de disparaitre à l'horizon.

— Laissez-moi vous raccompagner. Les rues ne sont plus aussi sûres la nuit.

— Me raccompagner ?

— Je ne vais pas vous laissez toute seule alors que la nuit vient de tomber. Ce ne serait pas correct. Où logez-vous ?

— A l'auberge de la Mésange Bleue...

— Je vois. Alors, allons-y.

***

Ils marchaient l'un à côté de l'autre, et chacun se lançait des regards à la dérobée. La jeune femme se sentait étrangement bien à ses côtés. Feiyl s'était endormit. Ils arrivèrent rapidement à l'auberge et s'arrêtèrent devant ses portes. Jaelith remercia l'inconnu.

— C'est très gentil à vous de m'avoir raccompagné.

— Je n'ai fait que mon devoir ma dame.

Il la salua, puis avant de repartir, lui demanda :

— Quel est votre nom ?

— Jaelith...

— Est-ce que nous aurons l'occasion de nous revoir, Jaelith ?

— Je ne sais pas.

Au plus profond d'elle-même, elle espérait que oui. Un sourire apparut sur le visage de l'homme qui se rapprocha à nouveau d'elle. Leurs visages se faisaient face, et leurs nez se touchaient presque. Il murmura :

— Je pense que nous nous reverrons très vite, ma dame.

La jeune fille ne savait pas quoi répondre. Il la salua avant de repartir au travers des rues de Goldrynn et de disparaitre.

Quelqu'un à la fenêtre d'une petite chambre avait vu toute la scène. Son cœur était remplit de jalousie. Elrynd se retint de ne pas hurler.

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