Chapitre 13 - Voyage vers Goldrynn

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Lorsque Fereyan arriva sur ces terres, elles étaient stériles. Le ciel était vide et sans couleurs. Tout d'abord elle créa le soleil pour réchauffer le sol, puis la lune pour lui permettre de prendre du repos. Par la suite, elle fit apparaitre les forêts, ainsi que les elfes qui les gardaient. Vinrent alors les montagnes et les volcans, protégés par les robustes nains. Et enfin, de son sang naissent les mers et les premiers êtres humains...

***

— Alors Feiyl, ne trouve tu pas ça fantastique ?

Jaelith était assise sur son lit, un livre à la main et le petit dragon blottit contre elle. Le soleil commençait lentement à disparaitre à l'horizon. Feiyl lança un regard interrogatif à celle qu'il considérait comme sa mère. La jeune femme lui tapota doucement la tête et avait demandé dans un sourire :

— Quand est-ce que tu m'adresseras la parole pour me dire ce que tu penses ?

Elle soupira avant de reprendre sa lecture, mais fut rapidement interrompue par quelqu'un qui frappa à la porte de la chambre. Jaelith posa le livre à ses côté puis se releva avant de se diriger vers la porte qu'elle ouvrit dans un grincement qui lui était devenu familier.

C'était Elrynd.

— Que se passe-t-il capitaine ?

— Désolé de venir te déranger comme ça sans prévenir, mais c'est urgent.

— Urgent ?

— Prépare tes affaires, nous allons repartir demain matin.

— Repartir ? Mais nous sommes revenus de Rainstam hier soir !

— Je sais Jae', mais c'est vraiment urgent. Nous devons nous rendre à Goldrynn. Les dragons commencent à attaquer un peu partout. Nous devons prévenir le roi et lui demander une aide militaire.

Le visage de Jaelith se décomposa et son regard se posa sur Feiyl.

— Alors... Il faudra encore tuer des dragons ?

— J'en ai malheureusement bien peur.

— Il n'y a vraiment pas d'autres solutions ?

Elrynd secoua la tête pour lui signifier que non. La jeune femme avait les larmes aux yeux. Le jeune homme tenta de la rassurer comme il pouvait.

— Jaelith... Je ne te forcerais pas à te battre si tu n'en a pas le cœur... La seule chose que je te demande pour l'instant, c'est de m'accompagner à Goldrynn. C'est tout.

— Et qui s'occupera de Feiyl ?

— Feiyl ?

Lorsqu'il entendit son nom, le dragonnet s'approcha des deux paladins. Elrynd venait de comprendre que c'était le nom qu'elle lui avait donné et se ressaisit.

— Qu'il vienne avec nous. De toute façon, je ne pense pas que le laisser ici à l'académie soit vraiment une très bonne idée.

Il repensa à tous ces paladins qui avaient demandés la mort de l'animal. Par peur sans aucun doute. Elrynd faisait confiance à la jeune femme, il savait qu'elle ne laisserait pas Feiyl devenir un monstre. Au contraire, le petit dragon pourrait même, par la suite, devenir un allié précieux...

— Demain matin, à l'aube, nous prenons la route pour Tarwatir. Là-bas, on prendra un bateau qui nous amènera directement à Goldrynn. Ne soit pas en retard.

— Très bien...

— Repose-toi bien Jae'...

Il la salua avant de repartir.

La jeune femme referma la porte, puis se laissa retomber dans son lit en poussant un long soupir. Mais qu'est ce qui pouvait pousser les dragons à s'en prendre aux humains aussi souvent ses derniers temps ? Elle savait que les hommes n'avaient pas les mains blanches, mais c'était vraiment très étrange cette fois. Feiyl grimpa à ses côtés pour se blottir dans ses bras.

— Nous devrions dormir tous les deux, un long voyage nous attend demain matin...

Le dragon se lova dans les bras de la jeune femme et tous deux s'endormirent ainsi.

***

Lorsque Jaelith ouvrit les yeux, le soleil n'avait pas encore percé l'horizon de sa lumière. Elle laissa Feiyl à son sommeil et parti se préparer. Comme elle n'avait pas défait son sac de la veille, elle n'avait pas à le refaire. La jeune fille se lava, s'habilla de sa tenue habituelle : une chemise en lin, une armure légère de cuir, un pantalon de coton et une paire de botte en cuir noire. Elle ajusta sa ceinture et rajusta sa coiffure en se regardant dans le miroir.

Feiyl ouvrit alors les yeux, et, encore un peu endormit, poussa un petit bâillement.

— Allez, il temps de te réveiller ! Nous allons bientôt partir...

Jaelith vérifia qu'elle n'avait rien oublié, puis avec Feiyl, sorti de la chambre pour se rendre dans la cours où l'attendrait très certainement Elrynd.

A peine avait-elle refermé la porte qu'elle tomba nez à nez avec Rean. Feiyl se cacha rapidement derrière les jambes de la jeune femme. Méfiante, cette dernière demanda :

— Qu'est-ce que tu viens faire de si bon matin ?

— Tu vas enfin dégager de l'académie avec ton dragon, je ne voulais pas manquer de voir ça.

— Je ne dégage pas. Je pars en mission, c'est tout.

— T'inquiète pas, pendant ton absence on montera tous les autres contre toi.

— Le seigneur Libram ne te laissera pas faire. De toute façon, il a d'autres chats à fouetter.

— C'est ce qu'on verra alors.

Sans dire un mot de plus, ce dernier repartit vers les chambres de l'étage, laissant là Jaelith et le petit dragon. La demie elfe se tourna vers Feiyl et le prit dans les bras.

— Ne t'inquiète pas. Je ne le laisserais pas te faire du mal. Je te protègerais.

Ils restèrent ainsi quelques minutes avant de reprendre leur chemin vers la cour centrale.

Le soleil perçait enfin l'horizon. Pour une fois, Jaelith était à l'heure, mais Elrynd n'osa pas le lui faire remarquer. Tous deux n'étaient pas seuls. Gareth s'était déplacé lui aussi. Le vieux paladin prit alors la parole.

— Capitaine Kervalen, ce parchemin est à donner en mains propres au roi dès votre arrivée. J'y explique brièvement les dernières attaques de dragons qui ont eu lieues. Il y a aussi ma demande de renforts. Ensuite, pour parvenir à Goldrynn, je vous ai fait une recommandation. Vous n'aurez qu'à la montrer lorsque vous arriverez à Tarwatir pour que l'on vous fasse monter sur le premier bateau en partance pour la capitale.

— Très bien seigneur Libram.

— Que la lumière guide vos pas.

Le vieil homme s'approcha alors de Jaelith.

— J'espère que vous ne m'en voulez pas de vous éloigner aussi rapidement de l'académie. La pluparts des paladins sont bornés et ne comprennent pas que je puisse accepter qu'un dragon puisse vivre entre nos murs.

— Ce n'est pas grave. Ce voyage me permettra de voir la ville pour laquelle ma mère a donné sa vie.

Gareth resta silencieux un instant en entendant ses paroles. Puis il se reprit.

— Jaelith, peut être en apprendrez-vous d'avantage sur la femme paladin aux cheveux d'or là-bas... Mais je doute que vous trouviez grand-chose à son sujet.

— Le peu que j'en apprendrai sera déjà beaucoup pour moi vous savez.

— Je m'en doute, jeune fille. Faites attention à vous.

Puis il tapota la tête du petit dragon qui se trouvait aux côtés de la demie elfe et lui avait dit en souriant :

— Quant à toi, écoute la bien et protège là comme tu le peux.

Feiyl poussa un petit cri d'approbation.

Jaelith et Elrynd enfourchèrent leurs montures respectives. Le vieux paladin leur annonça alors.

— J'ai demandé à quatre paladins de vous accompagner jusqu'à Tarwatir. Ne vous étonnez pas de leur présence à l'entrée de l'académie.

— Merci seigneur Libram.

— Ne me remerciez pas capitaine. A présent, tout ce qui compte, c'est votre voyage jusqu'à Goldrynn. La lumière vous guidera.

Elrynd frissonna. La lumière... Est-ce que le vieux paladin avait seulement une idée de ce qu'il supportait depuis si longtemps ? Les deux jeunes gens saluèrent leur supérieur puis retrouvèrent leurs camarades à l'entrée de l'académie. Parmi eux, Jaelith fut surprise d'y retrouver Rean, qui la regardait d'un air mauvais. Il lui avait alors dit de but en blanc :

— Si je suis là, c'est parce que le seigneur Libram m'y a obligé. Ne vas pas te faire d'idées...

— Je ne m'en fais absolument pas.

Les paroles qu'ils s'échangèrent s'arrêtèrent là, et le petit groupe prit alors la route pour Tarwatir, qui se trouvait un peu plus loin, au sud.

***

Le voyage dura quelques heures à peine, et se passa dans le calme et le silence. Tarwatir apparut rapidement à l'horizon. Le soleil n'était pas encore à son zénith. Non loin de l'entrée de la petite ville côtière, les paladins prirent congés de leurs deux camarades avant de repartir pour Silverlake. Ils ne prirent même pas quelques minutes de repos.

Jaelith serra Feiyl contre elle et le cacha sous une couverture de coton, puis, sans descendre de monture, suivit Elrynd qui les menât rapidement au port. Ce dernier n'était pas bien grand, et un seul bateau se trouvait là. Sur le bois trempé, des lettres s'effaçaient au fur et à mesure des affres du temps. La jeune fille réussit cependant à les déchiffrer. Le bateau se nommait « Belle Etoile ».

Des marchands embarquaient des caisses remplies d'objets divers et variés. Certains avec des sacs remplis de grains et de céréales. Tous se rendaient à Goldrynn pour y espérer faire de bonnes affaires.

Elrynd descendit de monture et s'approcha vers celui qui, semblait-il, était le capitaine du bateau. Il commença alors à parler, mais fut rapidement interrompu :

— Excusez-moi, je...

— Bienvenue à la Belle Etoile ! Je suis Remur, capitaine sur ce magnifique navire. Je fais l'aller-retour jusqu'à Goldrynn deux fois par jour et ce, chaque jour que fait le monde ! Cela fait des années que je fais ça, et ça rapporte pas mal.

— Certes, mais je voulais savoir si...

— Peu importe les gens qui veulent monter à bord, il leur suffit juste de me donner quelques pièces d'or et le tour est joué !

— C'est justement pour ça que...

— Vous êtes jeune, vous avez une ravissante jeune femme à vos côtés, je suppose que vous avez un bon petit pactole avec vous si c'est pour aller à Goldrynn ?

— En fais-je...

— Madame veut faire les boutiques là-bas ? Ça tombe bien ! Je connais un tailleur bon marché qui peut vous faire de magnifiques robes ressemblant à celles que porte les gens de la plus haute noblesse, et ce pour seulement quelques pièces d'argent.

— Ca n'a rien à voir avec...

— Excusez-moi ! C'est peut-être d'autres choses qui vous intéressent là-bas alors ? Je connais les tavernes les plus abordables, les lieux les plus sympathiques et les...

— Vous allez m'écouter à la fin ?

Elrynd avait dû hausser la parole pour se faire entendre. Raumur s'arrêta tout net, puis regarda de plus près le jeune homme qui lui faisait face. Le paladin pu enfin véritablement prendre la parole.

— Ma camarade et moi-même sommes des paladins de Silverlake. Nous devons nous rendre à Goldrynn le plus rapidement possible.

Il sortit alors la recommandation que lui avait donné Gareth et la tendit au capitaine. Ce dernier regarda le papier rapidement avant de soupirer.

— Très bien, très bien... Le bateau part dans moins d'une heure. Montez à bord, installez-vous. Nous serons à Goldrynn en fin d'après-midi.

Remur se détourna alors rapidement des deux jeunes gens pour aller voir d'autres personnes qui venaient d'arriver au port et qui semblait intéressés par le voyage, au grand soulagement d'Elrynd.

Les deux paladins montèrent à bord, ainsi que leurs montures qu'ils emmenèrent dans les cales, non loin des marchandises. Jaelith posa Feiyl, toujours caché sous sa couverture, près des deux chevaux. Elle murmura :

— Reste ici et surtout ne sors pas de là. Je ne sais pas comment les gens réagiraient s'ils savaient qu'un dragon était à bord. Feiyl, le voyage ne sera pas très long, alors profite en pour te reposer ici, à l'ombre et au calme.

Le petit dragon poussa un tout petit cri puis s'installa entre les deux chevaux qui s'étaient allongés sur le peu de paille qui se trouvait là. Jaelith caressa la tête de son petit compagnon avant de retourner sur le pont où se trouvait Elrynd. Ce dernier regardait la mer, les yeux perdus dans le vague. La jeune fille se demanda si il ne valait pas mieux pour elle de le laisser tranquille.

Mais la curiosité reprit rapidement le dessus et elle s'installa à ses côtés.

— Quelque chose ne va pas mon capitaine ?

— Je repensais au passé...

— Au passé ?

— A mes parents...

Jaelith haussa les épaules.

— Vos parents... Ce sont eux qui vous ont poussé à devenir paladin ?

— Non... C'est moi qui ai choisi cette voie-là.

— La lumière vous a appelé ?

— Oui... Mais ma mère ne voulait pas que j'aille à l'académie.

— Pourquoi ? Au contraire, elle aurait dû être heureuse pour vous.

Elrynd secoua la tête.

— Ma mère est quelqu'un de très... Borné. Lorsque j'étais enfant, mon père et d'autres hommes ont accompagnés un groupe de paladins pour tuer un dragon.

— Pour quelles raisons ?

— Je ne sais plus.

C'était un mensonge, il le savait très bien. Le dragon faisait peur à tout le monde, et même si il n'avait rien fait de mal, tout le monde s'était mis d'accord pour mettre fin à sa vie. Elrynd continua alors :

— Il y a eu beaucoup de morts ce jour-là, dont mon père...

— Je suis désolée.

— Ce n'est rien. C'était il y a longtemps.

Le capitaine se racla la gorge avant de reprendre.

— Quoi qu'il en soit, ma mère a toujours pensé que c'était la faute des paladins qui nous accompagnaient. C'est pour cela qu'elle n'a pas voulu que j'aille à l'académie et que je devienne paladin.

— Et vous lui avez désobéit ?

— Exactement.

Un sourire triste apparut sur le visage du jeune homme. Depuis qu'il était partit, il n'avait jamais eu de nouvelles de sa mère. Et cette dernière ne cherchait apparemment pas à en avoir de son fils.

Un cri se fit alors entendre :

— Le bateau va partir ! Chacun à son poste !

Quelques minutes plus tard, le bâtiment de bois bougea et Jaelith pu voir s'éloigner Tarwatir au fur et à mesure, cheveux dans le vent.

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