Chapitre 12 - Feiyl

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Le dragonnet s'était caché dans les jambes d'Alma qui regardait le combat leurs hurlant d'arrêter. Une voix qu'elle connaissait bien lui demanda avec calme :

— Fermez les yeux, tout va bien se passer.

C'était Gareth. Accompagné d'Elrynd, il venait d'arriver sur les lieux. Comme il lui avait demandé, Alma ferma alors les yeux, et posa sa main sur ceux du dragonnet qui se laissa faire. La prêtresse n'entendit plus que la voix calme du vieux paladin.

— Lumière, ferme les yeux des personnes présentes et éclaire leurs cœurs."

Au moment où il acheva sa phrase, une lumière vive éblouit toutes les personnes présentes qui s'arrêtèrent. Un long silence s'installa, et chacun recouvrit la vue au bout de quelques minutes. Gareth, qui malgré son calme apparent était en colère, demanda :

— Qu'est ce qui se passe ici ? Les combats sont interdits en dehors des entrainements, vous devriez le savoir tous autant que vous êtes ! Dame Alma, si vous voulez bien me dire ce qui a conduit des paladins respectables à en venir aux mains...

Elle expliqua brièvement ce qui s'était passé : les paladins qui voulaient la mort du dragonnet, les menaces et le bref combat qui avait eu lieu. Gareth se racla la gorge.

— C'est moi qui ai personnellement autorisé Jaelith ici présente à garder ce dragon auprès d'elle. Si vous n'êtes pas capable de mettre de côté vos ressentiments et de leurs accorder la confiance que je leurs ai donné, alors tant pis pour vous. Ce n'est pas mon problème. Maintenant, retournez tous dans vos chambres. Rean, vous viendrez me voir dans mon bureau après le repas de midi. Alma, occupez-vous des blessures de Jaelith.

Tandis que les autres paladins repartaient têtes baissés, Alma courut auprès de la jeune fille qui était assise par terre. Elle n'avait pas de blessures graves et un simple touché lumineux de la prêtresse sur celles-ci les fit disparaitre. Jaelith se releva lentement et s'approcha du vieux paladin pour le remercier. Ce dernier lui coupa la parole.

— Jaelith, il y a autre chose dont j'aimerai vous parler. De ce rêve que vous avez fait...

— Ce rêve ?

— Oui, celui dont Elrynd m'a parlé et qui vous montrait la destruction de Goldrynn.

— Que voulez-vous que je vous dise de plus. J'ai rêvé de cette destruction, j'ai même fait un malaise en y repensant tout à l'heure. C'est quelque chose qui est déjà arrivé et qui aura à nouveau lieu...

— Est-ce que vous avez une idée de quand cette destruction aura lieu ?

— Non... Je ne sais pas... J'ai vu le feu, des dragons, des ruines, et j'ai vu aussi...

Elle s'arrêta et baissa la tête.

— Qu'avez-vous vu Jaelith ? Dites le moi.

— Un immense dragon noir. Il était plein de haine, mais il y avait autre chose...

Gareth soupira : les informations étaient minces. Très minces. Il demanda alors à Elrynd :

— Capitaine, si vous voulez bien raccompagner Jaelith à sa chambre s'il vous plait. Et si jamais il vous arrivait de rêver à nouveau de cette catastrophe jeune fille, venez m'en parler. Toutes les informations que nous pourrons y trouver nous seraient précieuses.

Jaelith ne répondit pas. Elle prit le dragonnet dans ses bras et suivit le jeune capitaine comme une automate silencieuse.

Elrynd aurait voulu se retourner pour la regarder, pour lui adresser une parole de réconfort, mais il n'en fit rien. Il avait peur de la réaction de la jeune femme à son égard. Est-ce qu'elle le prendrait bien ? Ou au contraire, s'énerverait-elle contre lui comme ce matin ?

Les minutes étaient longues, et il n'entendait que les bruits de pas faisant grincer le plancher. Pas une parole ne fut échangée entre eux durant le trajet. Elrynd s'arrêta non loin de la chambre de la jeune femme qui elle continua. Elle posa sa main sur la poignée de la porte puis tourna son visage vers celui de son capitaine.

— Merci.

La porte s'ouvrit et elle disparut.


***

Jaelith n'avait pas participé à l'entrainement cette matinée-là. Elle n'était pas non plus descendue au réfectoire pour manger avec les autres. Elle s'était contentée de quelques fruits secs qui étaient restés dans son sac. Elle n'avait pas envie de voir plus de monde aujourd'hui. La matinée avait été éprouvante.

Elle attendit d'être sûre et certaine que tout le monde se trouvait à la chapelle pour sortir de sa chambre, le dragonnet sur les talons, et se rendre à la terrasse. Comme prévu, il n'y avait personne. Elle sortit son épée de son fourreau et se défoula sur les pauvres mannequins de bois qui n'avait rien demandés. Elle se fatigua ainsi pendant presque une heure au bout de laquelle, exténuée, elle s'assit, le dragon à ses côtés, pour observer le ciel, ferma doucement les yeux et se laissa aller dans les bras de la déesse du sommeil.

***

Des cris, des hurlements inhumains, des bruits de batailles, la chaleur des flammes...

Elle court à travers la cité, cherchant une aide qui ne viendra sans doute jamais. Elle fuit le dragon noir qui la poursuit. Elle sent son souffle chaud dans son dos. Elle ose regarder derrière elle un instant.

Il est là, la gueule grande ouverte. Elle sait que tout est perdu. Pourtant elle espère...

Elle court toujours, essoufflée, mais le chemin s'arrête là. Un mur l'empêche d'avancer. Elle se retourne complétement et lui fait face. Son souffle se réchauffe de plus en plus.

La dernière chose qu'elle voit, ce sont des flammes.

***

Jaelith se réveilla en sueur. Combien de temps s'était-elle endormie ? Il n'y avait personne dans les environs. Le dragonnet s'installa alors sur les genoux de la jeune femme, soucieux de son état. Elle lui lança un petit sourire.

— C'est vrai que tu n'as pas encore de nom. Il serait peut-être temps de t'en donner un.

Le soleil jouait à cache-cache avec les nuages, et les rayons de lumières qui les traversaient illuminaient le sol.

— Qu'est-ce que tu penses de Feiyl ?

Le petit dragon jappa joyeusement.

— Ça a l'air de te plaire... Dans la langue de mon père, ça veut dire Petite Lumière.

Elle repensa alors à son père et son sourire s'évanouit aussitôt. Feiyl s'était mis à gémir, inquiet. Jaelith lui caressa la tête.

— On va retourner dans la chambre. Je vais terminer de lire ce livre sur la création, et après... Peut-être que j'aurais le courage de descendre pour aller manger avec les autres...

***

— C'est le troisième message de ce genre que nous recevons aujourd'hui. De plus en plus de dragons attaquent les humains ! Est-ce que c'est une coïncidence ?

Elrynd posa le parchemin au-dessus des autres sur le bureau du vieux paladin.

— Une coïncidence ? C'est ce que je souhaite... Ce sont des petits villages sans fortifications qui sont visés pour le moment. Je pense qu'il est temps d'en rendre compte à sa majesté.

— A la capitale ? Mais que voulez-vous qu'ils fassent ?

— Capitaine, vous êtes bien placé pour savoir que le nombre de paladins aguerris que nous possédons est bien bas. Il est temps de prévenir le roi et de lui demander de l'aide. Les dragons n'ont pas à attaquer les humains de cette façon. Et je doute fortement que Jaelith puissent parler avec eux de la même manière qu'à Rainstram.

Elrynd baissa la tête et repensa aux paroles de la jeune fille. Les dragons n'attaquaient jamais les humains sans une bonne raison, et elle lui avait prouvé.

— Préparez-vous à partir à nouveau en voyage. Je suis désolé de ne pas vous laissez plus de repos depuis votre retour, mais la situation est vraiment urgente.

— Très bien seigneur Libram.

Elrynd allait sortir du bureau, mais le vieil homme l'arrêta.

— Capitaine... Emmenez Jaelith avec vous. Je ne veux pas qu'elle s'immisce dans les futurs combats contre les dragons. C'est une situation qui lui briserait le cœur. Elle ne voit pas les dragons comme une menace. Je préfère la savoir à Goldrynn, à vos côtés. Ce voyage lui changera les idées.

Elrynd prit congé de son supérieur et referma la porte. Emmener la demie elfe avec lui était un ordre cette fois, il n'avait pas le choix.

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